mardi 29 septembre 2020 - par PETINOS

Turquie et Azerbaïdjan, risque d’embrasement du Caucase

J’ai lu énormément d’articles, études, essais et livres portant le titre « Où va la Turquie » ou un titre similaire. J’ai même publié un essai portant ce titre précis…

Cependant, je ne pensais pas que ce pays qui se dit européen, qui souhaite (officiellement) adhérer à l’Union européenne, qui est membre de l’OTAN et du Conseil de l’Europe, irait si loin…

Son comportement à l’ère de l’ « erdoganisme » est celui d’un empire ou aspirant à le devenir, même s’il n’en a pas les moyens…

A force d’ouvrir de nouveaux fronts, à force de se disputer avec tous ses voisins, la Turquie risque de s’effondrer mais en créant le chaos autour d’elle. Le gouvernement turc actuel, sous la férule de son président autocrate, et national-islamiste, se comporte comme un pirate prêt à tout et ne respectant pas le droit international. Irak, Syrie, Libye, Chypre, Grèce, Israël, Égypte, France, OTAN, Russie, Arménie, Union européenne, aucun pays ne trouve grâce à ses yeux. La Turquie applique partout la politique de la force et de la menace…Elle se voit en puissance mondiale ou plutôt elle se prend pour une grande puissance, capable de rivaliser avec des puissances telles que la Chine, les Etats-Unis, la Russie…

Son dernier terrain de jeux ? Le Caucase.

Les nouveaux affrontements dans la région suscitent des inquiétudes. Un conflit armé à grande échelle impliquant l'Azerbaïdjan et l'Arménie pourrait provoquer l'intervention de forces rivales dans la région du Caucase, c’est-à-dire la Russie et la Turquie.

Les affrontements se sont poursuivis dans la région du Haut-Karabagh hier (lundi, 28 septembre), sans aucun signe de désescalade. L'Azerbaïdjan et l'Arménie ont décrété une mobilisation et déclaré l'état d'urgence.

Ce qu’il faut remarquer encore, c’est que les combats au Haut-Karabagh ont de nouveau amené la Turquie et la Russie dans des camps opposés. Bakou est soutenu par Ankara, tandis que Moscou entretient de bonnes relations avec les deux parties, mais soutient davantage Erevan et vend toujours des armes aux deux parties. Pour de nombreux analystes, le conflit auquel nous assistons ces jours-ci dans le Caucase n'est que le troisième front, après ceux de la Syrie et de la Libye, dans lequel les forces soutenues par la Turquie se heurtent aux forces soutenues par la Russie.

Nous savons, par ailleurs, qu'Ankara, a amené environ 4 000 mercenaires syriens dans le Caucase pour combattre aux côtés les forces azéries.

La Turquie, qui a longtemps nourri des ambitions géostratégiques dans le Caucase et les pays d'Asie centrale qui ont émergé de l'éclatement de l'Union soviétique, a fait de l'Azerbaïdjan, un pays turcophone riche en hydrocarbures, son principal allié dans la région. Ces nouveaux affrontements lui donnent l'opportunité de renforcer son emprise sur l’Azerbaïdjan et de promouvoir davantage ses intérêts dans la région.

Néanmoins, la Turquie donne clairement l’impression d’utiliser ce conflit pour « finir le travail » commencé il y a plus d’un siècle ; car il ne faut pas se tromper : si le Haut-Karabagh tombe, l’Arménie sera la cible suivante et le nettoyage ethnique que la Turquie kémaliste n’a pas réussi à faire totalement en 1915 pourra alors être réalisé…

Une petite revue de Presse (de la presse turque) démontre clairement l’ampleur de l’instrumentalisation du conflit caucasien par la Turquie et la propagande nationaliste qui va avec.

Le quotidien Milliyet (28/09/20) rapporte que les officiers turcs ont officiellement déclaré leur soutien à l’Azerbaïdjan.

Selon le même quotidien, le président turc Tayyip Erdogan, a déclaré : « Le peuple turc soutiendra les frères azéris par tous nos moyens, comme toujours ». Erdogan a également déclaré avoir eu une conversation téléphonique avec le président azéri Ilham Aliyev, à qui il a réitéré le « soutien de la Turquie à la nation frère de l'Azerbaïdjan ».

Le vice-président turc Fuat Oktay a également exprimé le soutien de la Turquie à l'Azerbaïdjan, affirmant que « l'attaque de l'Arménie » était inacceptable. Un communiqué publié par le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères, Hami Aksoy, a déclaré : « La Turquie condamne l'attaque, qui est une violation flagrante du droit international et a fait des victimes civiles ». Il faut préciser ici que la Turquie et l’Azerbaïdjan tentent de persuader la communauté internationale que l’agresseur est l’Arménie, ce qui justifierait, à leurs yeux, toutes leurs actions contre le Haut-Karabagh et éventuellement, l’Arménie.

Dans la déclaration de Hami Aksoy il est souligné également que l'Azerbaïdjan utilisera bien entendu son droit de légitime défense pour protéger son peuple et son intégrité territoriale. « Dans ce processus, le soutien de la Turquie à l'Azerbaïdjan (…) est total. Nous serons à ses côtés comme le veut l'Azerbaïdjan », indique le communiqué.

Aussi, des déclarations de soutien à l'Azerbaïdjan et de condamnation de l'Arménie ont-elles été publiées par presque tous les partis politiques turcs - le Parti d'action nationaliste, le Parti républicain du peuple, le Bon Parti ainsi que d'autres formations et partis plus petits.

Enfin, Cumhuriyet (28.09.20) écrit que son soutien à l'Azerbaïdjan a également été exprimé par le ministère turc de la Défense dans un message sur Twitter sous le titre : « Une nation, deux États », où il est déclaré que le ministère turc de la Défense est toujours aux côtés des frères Azéris.



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