mercredi 19 novembre 2014 - par PETINOS

Turquie : le sultan Erdogan en son Palais blanc

Par Charalambos Petinos

« La République turque a été consacrée en 1923 par une double rupture politique et culturelle. En faisant table rase du passé théocratique et cosmopolite de l’empire ottoman, Mustafa Kemal, a voulu arrimer son pays à la modernité. Miroir négatif de l’identité turque, l’islam a été extirpé de la mémoire collective. Religion civique du nouvel Etat, la laïcité est devenue le point de départ et d’aboutissement obligatoire du projet d’ingénierie sociale des élites kémalistes. »

Tancrède Josseran, « Turquie : repenser l’Empire »

Je commence mon article avec la citation d’un passage du texte de Tancrède Josseran car je considère qu’il reflète parfaitement la réalité et l’idéologie qui ont dominé la pensée de Kemal Atatürk. Cette situation a perduré pratiquement un siècle.

Cet état des choses a changé fondamentalement avec l’arrivée, en 2002, au pouvoir en Turquie, des islamistes de l’AKP, avec à leur tête Recep Tayyip Erdogan. S’appuyant sur les masses populaires et surfant sur la vague de la croissance économique extraordinaire de la dernière décennie, Erdogan a imposé petit à petit l’islam comme le ciment de la société et de l’Etat turc. Il a réussi à ringardiser totalement les élites laïques, noyées dans les affaires et en manque de leadership charismatique. L’Etat laïc dont rêvait Atatürk est devenu peau de chagrin.

Pour arriver à imposer sa conception de l’Etat, le tandem Erdogan-Davutoglu (son conseiller diplomatique, devenu ministre des Affaires étrangères et ensuite, depuis cette année, Premier ministre) ont procédé à l’instrumentalisation des principes de la démocratie occidentale : au nom de la démocratie et de cette liberté, le pouvoir turc a remis le foulard dans les universités, a interdit la vente d’alcool à proximité des lieux de culte, pratique le prosélytisme à l’encontre des Alévis, etc.

Ahmet Davutoglu, le maître à penser et idéologue de cette politique, estime que le retrait et le désintérêt marqué d’Ankara pour l’ancien espace ottoman a créé un décalage défavorable à la Turquie moderne. Il considère que la Turquie moderne, née des révolutions menées par Atatürk, n’a rien accompli de bon excepté l’invasion à Chypre et le succès obtenu concernant Alexandrette (gagnée aux dépens des Syriens - et devenue Iskenderun - après une intervention musclée de l’armée turque à la fin du Mandat français dans les années 1930). Le maître de la diplomatie turque (en tant que Premier ministre, il continue à avoir la haute main sur les affaires étrangères) estime également, que la Turquie doit redevenir un « Etat central » sur l’échiquier mondial. La Turquie, selon Davutoglu, possède tous les atouts pour y parvenir. Il suffit tout simplement, de les mette en œuvre. Dans cette optique, son pays a, à tort, pense-t-il, délaissé, depuis un siècle et l’instauration de la République, son rôle de pôle d’attraction et de leader, qui lui reviennent naturellement. 

La Turquie d’Erdogan-Davutoglu aspire à redevenir le leader et l’exemple à suivre pour le monde arabo-musulman. Parallèlement, elle réclame sa place dans l’Union européenne, comme s’il s’agissait d’une chose qui lui est également due, d’une chose naturelle, qui ne peut, en aucun cas, lui être refusée. Cette perception frôle par moment l’incompréhension. Si l’on observe ce qui s’est passé ces dernières années sur la scène régionale, mais également à l’intérieur de ses frontières, nous ne pouvons pas dire que le fameux adage « zéro problème à l’intérieur, zéro problème avec les voisins » du tandem au pouvoir soit appliqué.

 

Sur la scène régionale différents sujets sont en souffrance. Voyons comment la Turquie envisage les questions européennes ainsi que ses relations avec les pays de son voisinage :

- La Turquie ne comprend pas pourquoi elle doit changer quoi que ce soit dans son comportement et son attitude dans ses relations avec l’Union européenne. A la limite, ce n’est pas à elle d’adopter l’acquis communautaire pour adhérer à l’Union européenne, c’est, si j’ose dire, à l’Union européenne d’adopter le mode de vie et de comportement turcs, afin que l’adhésion de la Turquie soit possible sans heurts ! Nous pouvons aller encore plus loin : si l’Europe ne veut pas accepter la « particularité turque », comme disent la plupart des politiciens turcs, alors la Turquie constituera à elle seule, un pôle d’attraction, « un centre », plus important que l’Europe, qui concurrencera cette dernière. La conclusion est aisément tirée : soit l’Europe cède à la Turquie sans aucune condition, soit elle sera marginalisée dans le monde turco-centrique !

- Sur Chypre, la Turquie joue le temps. En schématisant, nous pouvons affirmer que son objectif est de conserver tous les « acquis » de l’invasion, avec le contrôle total de la partie nord de Chypre et acquérir, parallèlement, un droit de regard sur l’ensemble de l’île. De plus, aux yeux d’Erdogan l’occupation de la partie nord de Chypre constitue aussi une victoire pour l’islam, un djihad réussi en quelque sorte, raison de plus qui ne milite pas pour un changement de la politique turque à l’égard de l’île méditerranéenne.

- En ce qui concerne la Syrie, Erdogan, après avoir tenté de jouer aux intermédiaires de paix entre la Syrie et Israël, a fait de la chute d’Assad son cheval de bataille, quitte à soutenir comme il l’a fait, les groupuscules islamistes radicaux.

- En Irak, elle apporte son soutien aux sunnites contre les chiites, quitte à appuyer l’Etat Islamique, en laissant transiter par son territoire les islamistes de toute provenance pour aller renforcer ce monstre moyenâgeux ou en permettant le transit par son territoire du pétrole des puits saisis en Irak et en Syrie par l’EI et vendu au marché noir par les islamistes, le plus souvent aux trafiquants turcs.

- Tout le monde se souvient du voyage officiel d’Erdogan en Egypte. Erdogan, alors Premier ministre, s’est rendu en Egypte, dès le lendemain de la prise du pouvoir par Morsi et les islamistes. La Turquie n’a jamais accepté le nouveau pouvoir égyptien et l’a fait savoir.

- Les relations avec Israël ont été détériorées de façon durable depuis l’affaire du Mavi-Marmara. Rappelons que le navire portant ce nom a été acheté en 2010 par une ONG humanitaire musulmane turque IHH Insani Yardim Vakfi et qu’il a rejoint une flottille de navires des groupes d'activistes, qui avaient l'intention de briser le blocus de Gaza. Le 31 mai 2010, en route vers la bande de Gaza, des commandos de l'armée israélienne ont arraisonné et ont saisi le Mavi Marmara après avoir averti la flottille de l’existence d'un blocus naval de la région de Gaza. Dans le violent affrontement qui a suivi, neuf militants turcs ont été tués. A propos de cette affaire, Recep Tayyip Erdogan déclarait à Al Jazeera, le vendredi 9 septembre 2011 : « Les navires de guerre turcs sont habilités à protéger nos bateaux qui acheminent une aide humanitaire vers Gaza. Désormais, nous ne permettrons pas que ces navires soient attaqués par Israël, comme cela s’est produit avec la Flottille de la liberté. » Les relations entre les deux pays se sont fortement dégradées et la Turquie a annoncé la suspension de ses échanges avec Israël en matière de défense. Les bonnes relations entretenues depuis 1949 entre Israël et la Turquie semblent refroidies pour longtemps, sinon irrémédiablement.

- La question du génocide arménien est au point mort : aucune volonté et aucun signe de sa reconnaissance par la Turquie, à la veille de son centenaire. D’autre part, la Turquie maintient toujours ses frontières avec la petite république caucasienne fermées, ce qui crée des difficultés supplémentaires à cette dernière.

 

En ce qui concerne la politique intérieure, les choses ne sont pas mieux :

- La seule chose que craint vraiment le « sultan turc » depuis son palais blanc aux mille chambres (1) c’est la création d’un Etat kurde à la frontière sud de la Turquie. Sa diatribe contre la Coalition Internationale contre l’Etat Islamique à Kobané en est l’illustration parfaite. En effet, lors de la conférence de presse avec le président Hollande, et comme le rapporte l’AFP (31 octobre 2014), « le président turc Recep Tayyip Erdogan a vivement reproché à la Coalition Internationale luttant contre l'offensive des djihadistes du groupe Etat islamique (EI) en Syrie et en Irak de concentrer ses bombardements sur la ville syrienne de Kobané. "Pourquoi les forces de la coalition bombardent continuellement cette ville de Kobané (...) pourquoi pas d'autres villes", a demandé M. Erdogan en présence du président François Hollande qui le recevait. Il a notamment cité parmi d'autres villes syriennes Idlib (au nord-ouest du pays). "On ne parle que de Kobané, qui est à la frontière turque et où il n'y a presque plus personne à part 2.000 combattants", a ajouté le président turc, visiblement très remonté. »

Ce que le président turc souhaite par-dessus tout, c’est d’empêcher l’unification des Kurdes et la création à ses frontières d’un Etat kurde indépendant, qui menacerait l’intégrité territoriale de la Turquie. D’ailleurs, les négociations avec le PKK sont au point mort… Le refus ostentatoire de la Turquie d’intervenir contre l’Etat Islamique notamment à Kobané ainsi que le refus opposé aux Etats-Unis d’utiliser l’espace aérien turc et les bases militaires, en sont le témoignage inébranlable.

- L’autre volet provoquant de difficultés internes est le dossier des Alévis. L'alévisme regroupe des membres de l'islam dits hétérodoxes et revendique la tradition universelle et originelle de l'islam et plus largement de toutes les religions monothéistes. Il s’agit d’un large syncrétisme qui donne une approche très libérale de la religion. Les alévis sont musulmans mais n’ont pas l’obligation des cinq prières quotidiennes ni du pèlerinage à La Mecque, ils boivent de l’alcool et les femmes ne sont pas voilées.

Leur lieu de culte n'est pas la mosquée mais le cemevi, (cem evi) qui signifie, en turc, maison ou lieu du rassemblement. Pour les alévis, les textes relatifs au foulard des femmes n'ont aucun caractère universel et ces textes sont, selon les conditions sociales et de vie d’aujourd’hui, caduques.

L'alévisme constitue la seconde religion en Turquie après le sunnisme. Si officiellement ils constituent les 10 et 15 % de la population turque, les sources alévies estiment qu’ils sont entre 20 à 25 % de la population.

Néanmoins, comme cette religion n’est pas reconnue par l’islam officiel turc, l’établissement des statistiques précises est impossible. En outre, la répression dont les alévis ont été victimes durant la période ottomane, répression qui a continué sous la République turque, a provoqué chez eux un sentiment de peur ; ils se sentent rejetés et mis au ban de la société par les autorités turques, religieuses et politiques. Cela a conduit à une pratique clandestine du culte.

Aussi, tant que la liberté de conscience religieuse et politique ne sera pas totale en Turquie, aucune estimation ne pourra être tout à fait fiable et les alevis se sentiront toujours persécutés et marginalisés.

Récemment, le quotidien Le Monde (3 octobre 2013) a publié un long article sur les soulèvements et les manifestations des alévis en Turquie, à cause de la politique du gouvernement islamo-conservateur en place qui procède insidieusement à l’islamisation de la vie et de la société turques. Ces manifestations ont commencé par un acte symbolique du gouvernement turc. On lit notamment dans cet article : « Cette minorité religieuse au mode de vie libéral, dans un pays majoritairement sunnite, a souvent été victime de massacres et d'exactions qui jalonnent l'histoire de la Turquie moderne – et ce bien avant l'arrivée au pouvoir du Parti de la justice et du développement (AKP) – et celle de l'Empire ottoman. Mais aux yeux de beaucoup, M. Erdogan a franchi un nouveau pas symbolique en baptisant le futur troisième pont sur le détroit du Bosphore du nom de "Sultan Yavuz Selim". Selim Ier (1512-1520), le sultan responsable de massacres contre les alévis  ».

La lente islamisation de la société turque, pratiquée par le parti islamo-conservateur au pouvoir, ne présage rien de bon pour les alévis.

En effet, toutes les lois ou règlementations récentes vont dans ce sens. La liste de ces lois est longue. Citons, en guise d’exemple, la dernière, rentrée en vigueur à la fin du mois d’octobre 2013. Elle concerne le port du voile dans les administrations. Cette loi a été présentée par le gouvernement Erdogan comme une « preuve de la vigueur de la démocratie turque ».

 

En conclusion, nous pouvons affirmer que le fameux adage « zéro problème à l’intérieur, zéro problème avec les voisins » promu avec la propagande nécessaire qui l’accompagnait n’est plus de mise ; la Turquie a des problèmes avec tous ses voisins et avec des franges importantes de sa population, à l’intérieur.

 

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1. Le nouveau Palais présidentiel vient d’être inauguré à Ankara. Il est quatre fois plus grand que Versailles et il est sensé symboliser la nouvelle puissance turque. En réalité il symbolise la mégalomanie néo-ottomane d’Erdogan. Dès son inauguration, la présidence turque a annoncé une extension du nouveau palais avec la construction de 250 nouvelles chambres !



12 réactions


  • cathy30 cathy30 19 novembre 2014 22:59
    Erdogan en rajoute un peu tous les jours :
    Erdogan persiste et signe : les musulmans ont découvert l’Amérique !

    Rien ne l’arrête dans sa folie. Un futur Khadafi ?

  • Le p’tit Charles 20 novembre 2014 10:34

    Depuis sa terrasse il doit voir les djihadistes qu’il soutien.. ?


  • njama njama 20 novembre 2014 10:40

    Le parti d’Erdogan, un faux-nez des « frères musulmans » !

    "C’est sous son long règne -1983 à 1993- (Turgut Örgal président du parti de la Mère Patrie - Anavatan Partisi ou ANAP) que se développe le parti « Refah » à la coloration fortement islamique [Refah Partisi, « Parti de la prospérité »], ce qui est une nouveauté dans un pays qui se vante de son régime strictement laïque. Ce parti acquiert 158 sièges sur 550 à l’Assemblée législative en décembre 1995, ce qui en fait la parti disposant du plus grand nombre de sièges. Son chef, Necmettin Erbakan, devint premier ministre en janvier 1996. L’armée intervient cependant dès février 1997 et l’oblige à démissionner, cependant qu’en janvier 1998 la Cour constitutionnelle prononce la dissolution du parti « pour atteinte à la laïcité de l’Etat » **

    Ce dernier se reconstitue sous la dénomination de « Parti de la justice et du développement » [AKP, Adalet ve Kalkınma Partisi], et sous la direction de Recep Tayyip Erdogan. En novembre 2002, c’est un raz-de-marée électoral pour le parti, qui obtient la majorité absolue au parlement, avec 363 sièges. Erdogan, inéligible en 2002 à la suite d’une condamnation de 1998 * pour « incitation à la haine religieuse » (il avait évoqué dans un discours public des symboles islamiques comme moyens de lutte politique), peut accéder aux fonctions de Premier ministre en mars 2003 - grâce à une réforme de la loi électorale qui lui permet de se présenter et d’être élu à une élection législative partielle. L’armée laisse faire et le nouveau Premier ministre s’impose sans difficulté comme un « modéré ».

    Histoire du Moyen-Orient De l’antiquité à nos jours. Page 127 / La Turquie et ses relations avec l’Union Européenne.
    Auteur, Georges Corm, homme politique, historien, consultant économique, financier international et juriste libanais. Ancien ministre des Finances (1998–2000) de la République libanaise.

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    * En 1998, Erdoğan est condamné à une peine de prison - peine encourue dix mois de prison, peine effectivement purgée quatre mois -, après un discours qualifié « d’incitation à la haine » incluant un poème du poète nationaliste Ziya Gökalp * , au cours d’un meeting à Siirt, dans l’est du pays. Il cite ainsi ce passage : « Les minarets seront nos baïonnettes, les coupoles nos casques, les mosquées seront nos casernes et les croyants nos soldats » .
    * promoteur du « pan-touranisme » voir « panturquisme » (wiki), concept popularisé par certains courants des Jeunes-Turcs et en particulier par [le sinistre] Enver Pacha  ; - inspirateur de la politique du laik (« laïcisation de la société ») de Mustafa Kemal Atatürk. Il désirait faire de l’islam une « culture éthique rationaliste et scientifique ».

    ** voir réquisitoire, commentaire séparé ci-dessous


    • njama njama 20 novembre 2014 10:59

      suite

      COUR EUROPÉENNE DES DROITS DE L’HOMME
      GRANDE CHAMBRE
      AFFAIRE REFAH PARTISI (PARTI DE LA PROSPÉRITÉ), ET AUTRES c. TURQUIE
      ARRÊT STRASBOURG 13 février 2003

      [...]

      B. Procédure devant la Cour constitutionnelle
      1. Réquisitoire du procureur général

      12. Le 21 mai 1997, le procureur général près la Cour de cassation saisit la Cour constitutionnelle turque d’une action en dissolution du Refah. Il reprochait au Refah de constituer un « centre » (mihrak) d’activités contraires au principe de laïcité. A l’appui de sa demande, le procureur général invoquait notamment les actes et propos de certains dirigeants et membres du Refah, à savoir :

      Le président et les autres dirigeants du Refah soutenaient, dans toutes leurs interventions publiques, le port du foulard islamique dans les écoles publiques et dans les locaux d’administrations publiques, alors que la Cour constitutionnelle avait déjà déclaré qu’une telle pratique irait à l’encontre du principe de laïcité inscrit dans la Constitution ;

      – Lors d’une réunion relative à la révision constitutionnelle, le président du Refah, M. Necmettin Erbakan, avait formulé des propositions tendant à abolir le système laïque de la République. Il avait suggéré que les fidèles de chaque mouvement religieux suivent leurs propres règles et non plus les règles de droit de la République ;

      – Le 13 avril 1994, M. Necmettin Erbakan avait posé devant le groupe parlementaire du Refah à l’Assemblée Nationale la question de savoir si le changement de l’ordre social dans le sens prévu par son parti allait être « pacifique ou violent, et se faire en douceur ou dans le sang » ;

      – Lors d’un séminaire tenu en janvier 1991 à Sivas, M. Necmettin Erbakan avait invité les musulmans à adhérer au Refah. Selon lui, seul son parti pouvait instaurer la suprématie du Coran à l’issue d’une guerre sainte (djihad) et pour cette raison, les musulmans devaient verser leurs dons au Refah au lieu de les distribuer à des tiers (** voir note ci-dessous) ;

      – Pendant la période de Ramadan, M. Necmettin Erbakan avait accueilli les chefs des mouvements islamistes dans la résidence réservée au Premier ministre et leur avait ainsi manifesté son soutien ;

      Plusieurs membres du Refah, y compris ceux qui remplissaient des fonctions officielles importantes, avaient prôné, dans leurs discours publics, le remplacement du système politique laïque par un système théocratique. Ces personnes avaient également plaidé pour l’élimination des opposants de ce projet, si nécessaire par la force. Le Refah, en se refusant à engager des procédures disciplinaires contre ces membres et même, dans certains cas, en facilitant la diffusion de leurs discours, avait tacitement adopté leurs points de vue ;

      Un député du Refah, M. Ibrahim Halil Çelik, avait indiqué le 8 mai 1997, devant des journalistes dans les couloirs du Parlement, que le sang allait couler si on tentait de fermer les écoles religieuses (d’Imam-Hatip, écoles formant les futurs fonctionnaires religieux), que la situation pourrait être pire qu’en Algérie, que personnellement il désirait que le sang coule pour que la démocratie s’installe dans le pays et qu’il répliquerait à celui qui le frapperait, et enfin qu’il se battrait jusqu’au bout pour l’instauration de la charia (la loi islamique) ;

      – Le ministre de la Justice, M. Sevket Kazan (député et vice-président du Refah), afin de marquer son soutien au maire de Sincan, lui avait rendu visite dans la maison d’arrêt où ce dernier se trouvait en détention provisoire après son inculpation pour avoir fait l’apologie de groupes terroristes islamistes internationaux.

      Le procureur fit également observer que le Refah n’avait engagé aucune poursuite disciplinaire contre les auteurs des actes et propos susmentionnés.

      13. Le 7 juillet 1997, le procureur général présenta à la Cour constitutionnelle de nouvelles preuves à l’encontre de ce parti.
      ...
      http://mbarral.webs.ull.es/refah.html
      --------------
      UNE EUROPE TRÈS COMPLAISANTE AVEC LA TURQUIE !
      .
      Quand on va à la conclusion de cet ARRÊT de STRASBOURG du 13 février 2003, on s’aperçoit que la décision du CEDH va à l’inverse de la justice turque et blanchit le Refah :
       !!!! ...
      PAR CES MOTIFS, LA COUR, À l’UNANIMITÉ,
      1. Dit qu’il n’y a pas eu violation de l’article 11 de la Convention ;
      2. Dit qu’il n’y a pas lieu d’examiner séparément les griefs tirés des articles 9, 10, 14, 17 et 18 de la Convention et des articles 1 et 3 du Protocole no 1.
      Fait en français et en anglais, puis prononcé en audience publique au Palais des Droits de l’Homme, à Strasbourg, le 13 février 2003.

      Et même de prendre à partie (voir en bas de l’Arrêt) en : "OPINION CONCORDANTE DE M. LE JUGE RESS A LAQUELLE M. LE JUGE ROZAKIS DÉCLARE SE RALLIER« , lequel écrit pourtant dans sa conclusion :
       »Je ne doute pas que les buts défendus – pour le moins vigoureusement – par le parti requérant et ses principaux dirigeants étaient incompatibles avec les règles fondamentales de la démocratie et justifiaient la dissolution."

      .

      En résumé, (je comprends) c’est, "circulez, il n’y a rien à voir, il ne s’est rien passé ...", et la Cour Européenne de Droits de l’Homme (CEDH) qui ré-écrit après coup au travers de son prisme culturel, politique et juridique l’histoire turque ...


    • njama njama 20 novembre 2014 11:02

      Convention des droits de l’homme
      ARTICLE 11
      Liberté de réunion et d’association
      1. Toute personne a droit à la liberté de réunion pacifique et à la liberté d’association, y compris le droit de fonder avec d’autres des syndicats et de s’affilier à des syndicats pour la défense de ses intérêts.
      2. L’exercice de ces droits ne peut faire l’objet d’autres restrictions que celles qui, prévues par la loi, constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité nationale, à la sûreté publique, à la défense de l’ordre et à la prévention du crime, à la protection de la santé ou de la morale, ou à la protection des droits et libertés d’autrui. Le présent article n’interdit pas que des restrictions légitimes soient imposées à l’exercice de ces droits par les membres des forces armées, de la police ou de l’administration de l’Etat.


  • njama njama 20 novembre 2014 11:09

    La question du génocide arménien est au point mort : aucune volonté et aucun signe de sa reconnaissance par la Turquie, à la veille de son centenaire.
    ...
    Est-ce l’affaire de la politique ? ou celle des historiens ?
    tant que la politique s’en mêlera il ne pourrait y avoir de sérénité sur ces pages controversées de l’histoire.


  • sirocco sirocco 20 novembre 2014 12:35

    « - Les relations avec Israël ont été détériorées de façon durable depuis l’affaire du Mavi-Marmara. »

    Enfumage médiatique !
    La Turquie d’Erdogan et Israël ont les mêmes ennemis (la Syrie de Bachar el Assad et l’Iran) et les mêmes amis (USA, OTAN). Ils sont partenaires en matière politique et militaire, contrairement à ce qu’ils cherchent à faire croire à ceux qui gobent tout ce que la télé raconte.


  • L'enfoiré L’enfoiré 20 novembre 2014 14:01

    « En conclusion, nous pouvons affirmer que le fameux adage « zéro problème à l’intérieur, zéro problème avec les voisins » promu avec la propagande nécessaire qui l’accompagnait n’est plus de mise ; la Turquie a des problèmes avec tous ses voisins et avec des franges importantes de sa population, à l’intérieur » ;


    Oui, mais comme elle a encore de très bonnes relations avec les Etats Unis, tout va apparemment bien sur la scène internationale.
    La Turquie est encore une destination privilégiée par les touristes à cause des ses prix avantageux, de son patrimoine historique. Erdogan veut devenir le Kemal par l’autre bout.
    Cap en Capadoce tant que c’est encore possible, tant que le pays ne rejoigne les pays d’Afrique du Nord où le tourisme a pris un sérieux coup de vieux. 

  • Aldous Aldous 20 novembre 2014 14:21

    La Turquie ne peut pas redevenir un empire car par définition un empire est multiethnique et la Turquie moderne s’est fondée sur l’epuration ethnico-religieuse de l’Anatolie.


    Le principe national kémaliste, c’est la haine des différences, des autres peuples, des autres religions. C’est même la haine de toute référence politique autre que Kémal. Tous les ponts, les ports, les places, les barrages, les aéroports doivent s’appeler Mustafa Kémal Attatürk. Un monde irréel schyzophrène et forcément violent où « Arménien » est une insulte, « Turc des montagnes » signifie « Kurde » et ou les minorités chretienns sont des « gavours » signifiant, selon que vous êtes politicien, militaire ou religieux « traitres/ennemis/infidèles ». 

    Un pays où Erdogan peut traiter la ville d’Izmir, la plus occidentalisée de Turquie de « gavour Izmir » ! (Ville d’infidèles)


    Se penser en empire obligerait l’oligarchie de l’Etat Profond turc à remettre en cause ses principes et sa violence . Ca n’arrivera pas. Turc signifie « fort », et c’est le seul principe politique valorisé par l’esprit national. Par contre, faute d’empire, la Turquie peut se rêver en IIIe Reich, exterminant ou aliénant les « sous-hommes » des régions conquises. 


  • njama njama 21 novembre 2014 11:57
    « La Turquie soutient le terrorisme » (« As-Safir »)
    vendredi, 21 novembre 2014
    IRIB- "La Turquie a joué un rôle crucial, dans le soutien au groupe terroriste Daesh, qui représente, actuellement, une menace réelle, pour les pays européens", ont affirmé les autorités européennes.

    "Les terroristes de Daesh utilisaient le sol turc, pour leurs déplacements, et sont soutenus par le gouvernement turc. Ils hospitalisent leurs blessés, dans les hôpitaux de ce pays", a écrit le quotidien libanais, « As-Safir », citant Elmar Brok, le Président de la Commission des affaires étrangères du Parlement européen, (AFET), et politicien du parti de la chancelière allemande.

    "La Turquie n’a pas le droit de donner refuge aux terroristes, comme Daesh, dans son arrière-cour. Les autorités turques ne doivent, absolument, pas soutenir ce groupe terroriste. La Turquie doit coopérer davantage, pour ce qui est des déplacements, sur ses frontières. Il faut combattre la menace que représente Daesh, pour les politiques sécuritaires et défensives", a souligné Elmar Brok

    http://french.irib.ir/info/moyen-orient/item/349484-la-turquie-a-soutenu-le-terrorisme-as-safir


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