vendredi 30 août 2019 - par Dr. salem alketbi

Un «  deal  » avec les mollahs bientôt conclu ?

Aucun spécialiste du Golfe n’a douté que tout le battage médiatique sur la crise irano-américaine se terminerait inévitablement un jour par une nouvelle entente et un nouvel accord. La guerre des mots, les affrontements fréquents et les déclarations intenses ne font que renforcer la position de négociation de chaque partie.

Je ne serais pas surpris si je me réveillais un jour devant des fuites médiatiques de négociations secrètes entre Iraniens et Américains qui se déroulent depuis des mois. Je ne serais pas surpris non plus que les parties soient sur le point de parvenir à un accord final. C’est ce que nous ont appris les expériences passées.

Hier, un responsable présidentiel français a indiqué que le président Emmanuel Macron avait rencontré son président Donald Trump au sommet du G7. Il y a eu des convergences sur plusieurs questions, dont le programme nucléaire iranien.

Le président Macron avait dit qu’il ferait tout son possible pour que les grands pays industrialisés s’entendent sur une stratégie unifiée. Il a ajouté qu’en ce qui concerne l’escalade des tensions entre Washington et Téhéran, par exemple, Trump a confirmé qu’il ne voit aucun conflit et qu’il veut un accord avec l’Iran. Le président américain Donald Trump a une fois de plus confirmé qu’il ne voit aucune chance d’un conflit militaire avec l’Iran. Il ne cache pas son désir exprès de conclure un accord.

Ce qui se passe maintenant, c’est le début de la phase de discussion des propositions ou de recherche de sorties de crise. C’est une phase où les Iraniens et les Américains tenteront de se rencontrer à mi-chemin, après les déclarations dures ou la déclaration de rejet absolu par le régime des mollahs du dialogue avec les Etats-Unis et en particulier l’administration Trump.

Les diplomates français poussent maintenant l’idée d’une levée des sanctions américaines sur les exportations de pétrole iranien vers l’Inde et la Chine, ou de l’introduction d’une nouvelle ligne de crédit pour Téhéran. Le président français a publiquement proposé d’assouplir les sanctions contre l’Iran ou de prévoir un mécanisme de compensation «  pour permettre au peuple iranien de vivre mieux  » en échange du plein respect de l’accord.

De telles idées n’ont pas été retirées d’un chapeau. Le ministre iranien des Affaires étrangères était en visite en France récemment. Il a déclaré que Téhéran était prêt à travailler sur les propositions françaises pour sauver l’accord nucléaire international qu’il avait signé avec les puissances mondiales en 2015, mais ne tolérerait pas l’intervention des États-Unis dans le Golfe. Zarif a déclaré à Paris qu’«  il y a des propositions sur la table des parties française et iranienne, et nous allons travailler sur ces propositions.  »

Jusqu’à présent, les mollahs s’opposent visiblement au déploiement de la force de sécurité américaine dans le détroit d’Ormuz, à laquelle se sont joints des pays comme la Grande-Bretagne, l’Australie et Bahreïn, pour garder les navires cargo. Les mollahs se rendent compte que la présence d’une force multinationale dans les eaux du Golfe affaiblira les plans iraniens là-bas. L’Iran se mettra face à une coalition internationale s’il cible cette force.

Le régime des mollahs renforce rapidement sa position de négociation et annonce parfois de nouvelles armes et de nouveaux équipements militaires. Plus récemment, le Président Hassan Rouhani était présent à la cérémonie de dévoilement du système de défense antimissile Bavar 373, un système surface-air mobile fait maison. Le ministre iranien de la Défense, Amir Hatemi, a déclaré qu’il pouvait surveiller des cibles ou des avions à plus de 300 kilomètres, tirer des missiles à environ 250 kilomètres et les détruire à une distance de 200 kilomètres.

Il s’agit là de tentatives iraniennes évidentes visant à influer psychologiquement sur l’autre partie et à limiter la participation de l’État à la force de protection maritime des États-Unis. Mais le président Trump est un négociateur qui sait comment s’y prendre avec la politique iranienne de la corde raide. L’Iran pense qu’il serait difficile, surtout pour les superpuissances, de faire marche arrière. C’est peut-être le cas, mais cela s’applique surtout aux anciennes administrations américaines.

Trump a une étonnante capacité de manœuvre. Il n’hésite pas à revoir ses positions et à revenir d’où il vient sans embarras politique ou diplomatique. Et à chaque fois, il parvient à justifier ses positions et ses revirements.

M. Trump lui-même a semblé satisfait après que les nouvelles d’un accord avec les dirigeants du G7 eurent fait surface, ce qui est survenu par la suite d’une série de tweets combatifs qui suggéraient qu’il ne voulait faire de compromis avec ses pairs du G7.

En juillet, le président Trump a critiqué la «  bêtise  » de son homologue français et les «  signaux contradictoires  » que Macron a envoyés au régime iranien concernant la position américaine, puis il est revenu pour écouter et applaudir aux propositions du Président Macron à Paris. «  Nous avons beaucoup en commun, Emmanuel et moi. Nous sommes amis depuis longtemps. De temps en temps, on s’y met un peu, pas beaucoup. Nous nous entendons très bien, nous avons une très bonne relation. Je pense que je peux dire qu’il s’agit d’une relation spéciale,  » a-t-il dit.

Y a-t-il encore des doutes qu’un accord avec les mollahs d’Iran ne soit pas très loin ?



8 réactions


  • Ilan Tavor aka Massada 30 août 2019 13:12
    Mis à part l’arrivée surprise de Mohammad Javad Zarif, ministre iranien des Affaires étrangères, ... Qui a plus étonné la galerie que Donald TRUMP
    Il y a quand même quelque chose à retenir.
     
    Si Mohammad Zarif a fait le déplacement, c’est que les sanctions portent leurs fruits.
    Et si les iraniens admettent que le sanctions deviennent insupportables, c’est quelles sont insupportables.
     
    Pour une fois,... L’Iran s’est invité par la « petite » porte en catimini, alors qu’ils ne cessent de toiser le Monde entier !
    La victoire de Donald TRUMP n’est plus très loin.
    Mais de cela, la presse Française n’en parle pas, puisqu’elle ne cesse d’encenser maladivement, Emmanuel MACRON.

    • Eric F Eric F 31 août 2019 10:42

      @Ilan Tavor aka Massada
      oui, les sanctions ont un effet désastreux sur la vie quotidienne des Iraniens, mais de deux choses l’une, soit cela pousse le pays à une surenchère belliqueuse, soit un accord est trouvé. Le précédent nord-coréen parait corroborer l’hypothèse du présent article, et on peut s’attendre à ce que Trump prenne le monde de vitesse et conclut un accord avec des concessions purement formelles ...et en profite pour décrocher pour son pays les contrats qu’il a interdit aux autres pays de passer (le business avant tout).


  • Ilan Tavor aka Massada 30 août 2019 15:09

    Autorisé à publication - voici les hauts-gradés iraniens qui, depuis le Liban, dirigent le projet des missiles de précision du Hezbollah.

    https://www.facebook.com/tsahalfr/videos/383985932283488/?v=383985932283488


  • Samy Levrai samy Levrai 30 août 2019 15:46

    Pas d’accord possible avec un pays qui n’en respecte aucun, les iraniens refusent une négociation qui n’a pas lieu d’être.


    • Samy Levrai samy Levrai 30 août 2019 18:50

      @OMAR
      Trump ne fait que suivre la politique de ses prédécesseurs, les USA ont toujours eu la langue fourchue.


  • Christian Labrune Christian Labrune 30 août 2019 18:05

    Un « accord final » avec les mollahs impliquerait qu’ils renoncent à la bombe atomique et qu’un pareil engagement puisse être plus sérieusement contrôlé que celui qui avait résulté des accords de Vienne : beaucoup de sites nucléaires plus ou moins secrets n’étaient pas visités et il était admis, pour les autres, que les gens de l’AIEA préviennent de leur arrivée en accordant un délai qui permette de faire le ménage.

    Un tel accord impliquerait aussi que l’Iran renonce à ses milices au Liban, à Gaza, au Yémen, que celles-ci soient désarmées , et démolies les implantations militaires en Syrie, au Liban et en Irak. Bref, que le régime change complètement de nature. Ce qui reviendrait à exiger d’un charognard qu’il devienne du jour au lendemain un paisible herbivore.

    Personne n’a évidemment envie de faire la guerre au peuple iranien, mais le régime qui le tyrannise depuis plus de quarante ans n’est pas tolérable. Les lâches tentatives d’un Macron ne sont pas plus acceptables, et si les déclarations de Trump n’étaient pas pas une ruse stratégique avant de porter un coup fatal au régime de Téhéran, je ne pourrais plus jamais le prendre au sérieux.


    • Eric F Eric F 31 août 2019 11:00

      @Christian Labrune
      « Un « accord final » avec les mollahs impliquerait qu’ils renoncent à la bombe atomique »
      il se trouve que les mollahs ont toujours affirmé qu’ils ne cherchaient pas la bombe atomique, donc sur le principe, il ne feront pas de difficulté pour le confirmer

      « et qu’un pareil engagement puisse être plus sérieusement contrôlé que celui qui avait résulté des accords de Vienne »
      sauf qu’avoir déchiré ces accord a conduit à supprimer tout contrôle ! S’il y avait quelques trous, il n’y a désormais plus que des trous. Donc oui, rétablir les contrôles, que la France (Fabius) avait fait renforcer par rapport aux premiers projets. Combler les quelques trous si nécessaire.

      La « renonciation aux milices » ne sera pas difficile au niveau formel, le Hezbollah étant « formellement » indépendant. Après ça, les USA et les occidentaux subventionnent des mouvements rebelles en Syrie et d’autres pays le font, cela ne peut être exigé unilatéralement sans un désengagement global, ce qui serait une excellente chose, le gouvernement légal ayant recouvré l’essentiel de son territoire.

      Un changement de régime ne relève pas d’un accord international et moins encore d’une contrainte extérieure. Par contre un accord international peut comporter un engagement sur l’absence de volonté de détruire d’autres pays de la région.


  • the clone the clone 31 août 2019 14:42

    Tout cela est du théâtre comme Trump et la Corée du Nord .


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