Un « deal » avec les mollahs bientôt conclu ?
Aucun spécialiste du Golfe n’a douté que tout le battage médiatique sur la crise irano-américaine se terminerait inévitablement un jour par une nouvelle entente et un nouvel accord. La guerre des mots, les affrontements fréquents et les déclarations intenses ne font que renforcer la position de négociation de chaque partie.
Je ne serais pas surpris si je me réveillais un jour devant des fuites médiatiques de négociations secrètes entre Iraniens et Américains qui se déroulent depuis des mois. Je ne serais pas surpris non plus que les parties soient sur le point de parvenir à un accord final. C’est ce que nous ont appris les expériences passées.
Hier, un responsable présidentiel français a indiqué que le président Emmanuel Macron avait rencontré son président Donald Trump au sommet du G7. Il y a eu des convergences sur plusieurs questions, dont le programme nucléaire iranien.
Le président Macron avait dit qu’il ferait tout son possible pour que les grands pays industrialisés s’entendent sur une stratégie unifiée. Il a ajouté qu’en ce qui concerne l’escalade des tensions entre Washington et Téhéran, par exemple, Trump a confirmé qu’il ne voit aucun conflit et qu’il veut un accord avec l’Iran. Le président américain Donald Trump a une fois de plus confirmé qu’il ne voit aucune chance d’un conflit militaire avec l’Iran. Il ne cache pas son désir exprès de conclure un accord.
Ce qui se passe maintenant, c’est le début de la phase de discussion des propositions ou de recherche de sorties de crise. C’est une phase où les Iraniens et les Américains tenteront de se rencontrer à mi-chemin, après les déclarations dures ou la déclaration de rejet absolu par le régime des mollahs du dialogue avec les Etats-Unis et en particulier l’administration Trump.
Les diplomates français poussent maintenant l’idée d’une levée des sanctions américaines sur les exportations de pétrole iranien vers l’Inde et la Chine, ou de l’introduction d’une nouvelle ligne de crédit pour Téhéran. Le président français a publiquement proposé d’assouplir les sanctions contre l’Iran ou de prévoir un mécanisme de compensation « pour permettre au peuple iranien de vivre mieux » en échange du plein respect de l’accord.
De telles idées n’ont pas été retirées d’un chapeau. Le ministre iranien des Affaires étrangères était en visite en France récemment. Il a déclaré que Téhéran était prêt à travailler sur les propositions françaises pour sauver l’accord nucléaire international qu’il avait signé avec les puissances mondiales en 2015, mais ne tolérerait pas l’intervention des États-Unis dans le Golfe. Zarif a déclaré à Paris qu’« il y a des propositions sur la table des parties française et iranienne, et nous allons travailler sur ces propositions. »
Jusqu’à présent, les mollahs s’opposent visiblement au déploiement de la force de sécurité américaine dans le détroit d’Ormuz, à laquelle se sont joints des pays comme la Grande-Bretagne, l’Australie et Bahreïn, pour garder les navires cargo. Les mollahs se rendent compte que la présence d’une force multinationale dans les eaux du Golfe affaiblira les plans iraniens là-bas. L’Iran se mettra face à une coalition internationale s’il cible cette force.
Le régime des mollahs renforce rapidement sa position de négociation et annonce parfois de nouvelles armes et de nouveaux équipements militaires. Plus récemment, le Président Hassan Rouhani était présent à la cérémonie de dévoilement du système de défense antimissile Bavar 373, un système surface-air mobile fait maison. Le ministre iranien de la Défense, Amir Hatemi, a déclaré qu’il pouvait surveiller des cibles ou des avions à plus de 300 kilomètres, tirer des missiles à environ 250 kilomètres et les détruire à une distance de 200 kilomètres.
Il s’agit là de tentatives iraniennes évidentes visant à influer psychologiquement sur l’autre partie et à limiter la participation de l’État à la force de protection maritime des États-Unis. Mais le président Trump est un négociateur qui sait comment s’y prendre avec la politique iranienne de la corde raide. L’Iran pense qu’il serait difficile, surtout pour les superpuissances, de faire marche arrière. C’est peut-être le cas, mais cela s’applique surtout aux anciennes administrations américaines.
Trump a une étonnante capacité de manœuvre. Il n’hésite pas à revoir ses positions et à revenir d’où il vient sans embarras politique ou diplomatique. Et à chaque fois, il parvient à justifier ses positions et ses revirements.
M. Trump lui-même a semblé satisfait après que les nouvelles d’un accord avec les dirigeants du G7 eurent fait surface, ce qui est survenu par la suite d’une série de tweets combatifs qui suggéraient qu’il ne voulait faire de compromis avec ses pairs du G7.
En juillet, le président Trump a critiqué la « bêtise » de son homologue français et les « signaux contradictoires » que Macron a envoyés au régime iranien concernant la position américaine, puis il est revenu pour écouter et applaudir aux propositions du Président Macron à Paris. « Nous avons beaucoup en commun, Emmanuel et moi. Nous sommes amis depuis longtemps. De temps en temps, on s’y met un peu, pas beaucoup. Nous nous entendons très bien, nous avons une très bonne relation. Je pense que je peux dire qu’il s’agit d’une relation spéciale, » a-t-il dit.
Y a-t-il encore des doutes qu’un accord avec les mollahs d’Iran ne soit pas très loin ?