vendredi 31 mai 2013 - par Salim Lamrani

Une ONG britannique victime des sanctions économiques des Etats-Unis contre Cuba

 L’organisation non gouvernementale britannique Cuba Solidarity Campaign a vu ses fonds destinés à l’achat d’un ouvrage sur les sanctions économiques contre Cuba saisis par le Département du Trésor.

Opera Mundi

http://operamundi.uol.com.br/conteudo/opiniao/29149/ong+britanica+e+vitima+das+sancoes+economicas+dos+estados+unidos+contra+cuba.shtml

 The Economic War against Cuba. A Historical and Legal Perspective on the U.S. Blockade a été publié par Monthly Review Press, maison d’édition basée à New York, en avril 2013, traduit du français Etat de siège. Les sanctions économiques des Etats-Unis contre Cuba[1]. L’ouvrage dresse une perspective historique et juridique des sanctions économiques que les Etats-Unis imposent à Cuba depuis 1960 et évalue notamment leur impact dans des domaines tels que la santé, affectant gravement les catégories les plus vulnérables de la population cubaine en empêchant l’île d’avoir accès aux médicaments et équipements médicaux fabriqués sur le territoire étasunien.

Le livre souligne le caractère anachronique, cruel et inefficace d’un état de siège qui date de la guerre froide, qui frappe de manière indiscriminée tous les secteurs de la société – à commencer par les plus fragiles – et qui a été incapable d’atteindre son objectif, à savoir le renversement du gouvernement cubain. De la même manière, il rappelle que les sanctions contre Cuba suscitent le rejet de l’immense majorité de la communauté internationale, avec 188 pays votant pour la 21ème fois consécutive en 2012 contre l’embargo économique, commercial et financier. Par ailleurs, 67% de l’opinion publique étasunienne souhaite une normalisation des relations avec Cuba, car elle ne comprend pas pourquoi elle peut se rendre en Chine, au Vietnam ou en Corée du Nord, mais pas dans la plus grande île de la Caraïbe.

 Un chapitre entier traite du caractère extraterritorial des sanctions économiques, lesquelles violent le droit international. En effet, une législation nationale ne peut pas s’appliquer dans un pays tiers. Par exemple, la loi française ne peut pas s’appliquer en Allemagne et la loi brésilienne ne peut pas s’appliquer en Argentine. Or, la loi sur les sanctions économiques s’appliquent à tous les pays du monde et un bureau spécial du Département du Trésor, le Office Foreign Assets Control (OFAC), est chargé de cela.

 En avril 2013, l’ONG britannique Cuba Solidarity Campaign (CSC) a décidé d’acheter 100 exemplaires de l’ouvrage The Economic War against Cuba et a demandé à sa banque anglaise, la Co-operative, de régler la facture par virement bancaire auprès du compte de la Monthly Review Press chez la Chase Bank.

 Cependant, la transaction n’a pas eu lieu. En effet, l’OFAC a décidé de bloquer les fonds et a exigé de l’ONG britannique qu’elle explique en détail ses relations avec Cuba. Rob Miller, directeur de CSC, a fait part de son étonnement : « On utilise une législation extraterritoriale sur les sanctions économiques pour empêcher la vente d’un livre au Royaume-Uni qui expose l’ampleur du blocus contre Cuba […]. Le caractère ridicule du blocus américain est une nouvelle fois illustré par cette affaire où l’on essaye d’empêcher les lecteurs britanniques de lire un livre publié par une maison d’édition américaine ».

 A l’évidence, ce n’est pas la première fois que les Etats-Unis appliquent de manière extraterritoriale les sanctions contre Cuba. A titre d’exemple, si l’entreprise allemande Mercedes souhaite exporter ses voitures aux Etats-Unis, elle doit démontrer au Département du Trésor que ses voitures ne contiennent pas un seul gramme de nickel cubain. De la même manière, si un pâtissier français souhaite vendre ses produits sur le marché étasunien, il doit démontrer qu’ils ne contiennent pas un gramme de sucre cubain. Non seulement, les sanctions économiques contre Cuba constituent le principal frein au développement du pays mais représentent également un obstacle aux relations commerciales de l’île avec le reste du monde. Parfois, avec des conséquences insolites.

 

Docteur ès Etudes Ibériques et Latino-américaines de l’Université Paris Sorbonne-Paris IV, Salim Lamrani est Maître de conférences à l’Université de la Réunion, et journaliste, spécialiste des relations entre Cuba et les Etats-Unis.

Son dernier ouvrage s’intitule État de siège. Les sanctions économiques des Etats-Unis contre Cuba, Paris, Éditions Estrella, 2011 (prologue de Wayne S. Smith et préface de Paul Estrade).

Contact : [email protected] ; [email protected]

Page Facebook : https://www.facebook.com/SalimLamraniOfficiel

 



[1] The Economic War against Cuba. A Historical and Legal Perspective on the U.S. Blockade, New York, Monthly Review Press, 2013. http://monthlyreview.org/press/books/pb3409/ (site consulté le 28 mai 2013). Edition française : Etat de siège. Les sanctions économiques des Etats-Unis contre Cuba, Paris, Editions Estrella, 2011.

 



6 réactions


  • jako jako 31 mai 2013 14:04

    Pas étonné, vous savez Peugeot à perdu une grosse partie de son marché avec l’Iran paske mr Chrysler le vaut bien, l’empire ne relache jamais la proie de ses serres, et en plus ils comprennent pas qu’ils soient détestés ici...


  • spartacus spartacus 31 mai 2013 18:11

    - Alors l’agent Cubain propagandiste infiltré à la Sorbonne dans votre pays, combien vous avez enfermé de gens le mois dernier de ceux qui ont osé dire que le choléra a repris de plus belle à Cuba ?

    -Y’a toujours une interdiction d’accès aux informations étrangères et les radios brouillées ?
    -170 000 morts le nombre d’opposants tués depuis l’arrivée de Castro, vous avez porté des fleurs sur leurs tombes ?
    -La loi qui permet la détention indéfinie d’un comportement en contradiction avec les normes socialistes existe t-elle encore ? (le droit d’enfermer sans jugement un opposant).
    -20% de la population en exil, chassé par la dictature Castriste, çà vous fait quoi d’avoir ce record mondial de déportés et d’exilés ? 
    -Les comités de quartier « gardiens de la révolution » terrorisent toujours les gens qui parlent mal du socialisme révolutionnaire ?
    -Les gens vivent toujours dans la hantise et la peur d’enferment par une dénonciation aux comité de quartier quand ils s’expriment sur la réalité de Cuba ?

  • agent orange agent orange 31 mai 2013 18:47
    -Y’a toujours une interdiction d’accès aux informations étrangères et les radios brouillées ?
    Aux US il y a plus de 100 journaux. Personne ne les lit.
    A Cuba, il y a qu’un seul journal. Tout le monde le lit.

    -La loi qui permet la détention indéfinie d’un comportement en contradiction avec les normes socialistes existe t-elle encore ? (le droit d’enfermer sans jugement un opposant).
    Comme à Guantanamo ?

    -170 000 morts le nombre d’opposants tués depuis l’arrivée de Castro, vous avez porté des fleurs sur leurs tombes ?
    En Irak, il y a plus d’un million de morts depuis l’invasion US. Je vous fait grâce des victimes en Afghanistan, Pakistan, Libye, Syrie, etc...

    -20% de la population en exil, chassé par la dictature Castriste, çà vous fait quoi d’avoir ce record mondial de déportés et d’exilés ?
    Il n’y a plus un seul chrétien en Irak. Ils ont soit péri ou pris le chemin de l’exil.

    -Les comités de quartier « gardiens de la révolution » terrorisent toujours les gens qui parlent mal du socialisme révolutionnaire ?
    I Have A Drone (Obama se prenant pour Luther King ?)


    • spartacus spartacus 1er juin 2013 08:19

      Marrant ces gauchistes, tu parles de Cuba ils te répondent USA ou t’insultent..... smiley smiley smiley

      Peut être ne comprennent ils pas les réalités des autocraties !

  • Rensk Rensk 31 mai 2013 22:24

    Faut savoir une chose ; si vous allez a Cuba vous avez intérêt a passer par l’Amérique du sud car si vous passez par le nord vous pouvez avoir de gros problèmes. Votre argent pour la réservation d’une chambre d’hôtel peu être séquestré (volé) pas le US puis vous « tombez » dans une liste noir.
    (Surveillance par la CIA puis interdiction de survoler le territoire)


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