samedi 1er juillet 2017 - par venezuelainfos

Venezuela : du coup d’État planétaire à un monde sans murs médiatiques

Cette photo de Paris-Match résume ce que la plupart des citoyens savent du Venezuela. Une croyance entretenue jour après jour par la nouvelle église que sont les transnationales de l’information. Le vieux rêve industriel est devenu réalité : que la population du monde pense la même chose au moment voulu. Or…

  • Ces 80 jours ne sont pas de simples manifestations contre le gouvernement Maduro. Ce sont 80 jours de manifestations d’une droite dont le secteur pacifique en perte de vitesse se fait déborder quotidiennement par une insurrection entraînée, financée et armée par qui rêve de reprendre le contrôle politique d’un continent – et pas seulement des réserves pétrolières du pays. Localement, l’objectif est de stopper la campagne pour élire une Assemblée Constituante et de réunir les conditions d’un coup d’État.
  • Fait significatif : cette insurrection se déploie a partir des quartiers riches où a été prise la photo, des municipalité de droite et de la frontière avec la Colombie en étroite alliance avec le paramimitarisme d’Alvaro Uribe.
  • La majorité de la population vénézuélienne, ces 95 % de citoyen(ne)s qui habitent les quartiers populaires, n’y participe pas, et rejette la violence.
  • La majorité des victimes ne sont pas des victimes du gouvernement comme le disent les grands médias mais les victimes de ces « manifestants pacifiques » que votre télévision ou votre radio ou votre journal, transforment en « population du Venezuela ».
  • Les membres de forces de l’ordre qui ont désobéi aux ordres de ne pas user d’armes a feu et sont responsables de blessures ou d’assassinats ont été aussitôt arrêtés et jugés.
  • Trois scrutins nationaux sont prévus d’ici 2018, sans assurance de victoire pour le chavisme qui a d’ailleurs perdu les législatives de décembre 2015. Dans ce pays qui a mis en place une démocratie participative (invisibilisée systématiquement depuis 18 ans), la majorité des médias écrits, radio, web et télévisés s’opposent au gouvernement bolivarien. Selon l’observateur d’élections Jimmy Carter, le Venezuela possède le meilleur système électoral du monde.
  • Conclusion : le fait que l’opinion occidentale dénonçait Pinochet en 1973 mais soutienne aujourd’hui ses fils au Venezuela confirme que nous sommes gouvernés par les grands médias. Ce pouvoir écrasant fait qu’il est très difficile pour la gauche éloignée de l’Amérique Latine de prendre parti. La voici contrainte de se taire pour protéger sa réputation et de justifier son « ni-ni » par les erreurs de gestion ou les cas de corruption des bolivariens (manifestes mais dont la solution dépend des vénézuéliens). Elle rejoint ainsi passivement l’étau international. Maurice Lemoine : « On a connu le même phénomène de « lâcheté collective » d’intellectuels de gauche auto-proclamés, à la fin des années 1980, lorsque les contre-révolutionnaires (« la contra »), l’administration Reagan et les difficultés accablaient le Nicaragua« . La solution passe par démocratiser en profondeur la propriété des médias tout en créant de nouveaux paradigmes éloignés de l’information-marchandise, à travers des médias non commerciaux, alimentés directement par les mouvements sociaux et reliant les pays du Sud en particulier. C’est ce que proposait le rapport de Sean Mac Bride « Un seul monde, des voix multiples » réalisé pour l’UNESCO en … 1980 : http://unesdoc.unesco.org/images/0004/000400/040066fb.pdf

Pour l’heure voici les images invisibles sur la « planète Paris-Match » : à commencer par l’assemblée qui réunit ce 21 juin 2017 en Bolivie 2500 délégué(e)s de mouvements sociaux venus de 45 pays pour réclamer « Un monde sans murs ». Accompagné de l’ex-ministre espagnol Rodriguez Zapatero – médiateur du dialogue national au Venezuela, d’Ernesto Samper, ex-président colombien et secrétaire général de l’UNASUR (lui aussi médiateur) ou de Rafael Correa, ex-président de l’Équateur, le président Evo Morales a lancé un fort message de soutien des forces démocratiques au gouvernement du Venezuela : « Ce qui se passe au Venezuela est un coup d’État. Sois fort, Nicolas, contre les putschistes, le peuple latino-américain est avec toi  ».

Thierry Deronne, Venezuela, 21 juin 2017.

« Violence ? Quelle violence ? Dans le centre populaire de Caracas, les badauds déambulent, qui dégustant une glace, qui promenant les enfants. Plus à l’ouest encore, royaume des petites motos de ceux qui n’ont pas les moyens de se payer une auto – sociologiquement plutôt « chavistes » –, la capitale vénézuélienne palpite et, comme dans plus de 90 % des agglomérations et des territoires du pays, chacun y vaque tranquillement à ses occupations. » Voir de Maurice Lemoine, la fable des manifestants pacifiques, http://www.medelu.org/Au-Venezuela-la-fable-des

Marche bolivarienne du 19 juin dans les rues de Caracas pour rejeter une enième réunion de l’OEA – organisme basé à Washington et relais historique des visées états-uniennes en Amérique Latine. Cette réunion a finalement échoué à émettre une résolution contre le Venezuela, les pays des Caraïbes notamment ayant apporté leur soutien au gouvernement de Nicolas Maduro.

Congrès de la jeunesse à Caracas, le 20 juin 2017. Nicolas Maduro y a annoncé l’embauche de plusieurs dizaines de milliers de jeunes pour fortifier les missions sociales de lutte contre la pauvreté et de défense de l’environnement.

URL de este articulo : http://wp.me/p2ahp2-2Ht



17 réactions


  • Roberton 1er juillet 2017 18:03

    Pas de violence ?

    Des milliers de Vénézueliens arrivant à Roraima au Brésil fuyant la faim !!

    • sls0 sls0 1er juillet 2017 18:39

      @Roberton
      Un bonjour d’Amérique latine.

      Prendre Globo comme référence chapeau, il n’y a pas plus aux ordres que Globo. C’est à croire que c’est le département d’état US qui est responsable de rédaction.
      Saludos.

    • Roberton 2 juillet 2017 18:59

      @sls0
      C’ est normal d’avoir des milices, de fermer les TV et journaux d’oppositions, de laisser des gens en prison sans jugement et de les torturer, etc...avec une incompétence totale en économie (visitez les supermarchés), la PDVSA, une réforme agraire comme à la Mugabe au Zimbabwe, la démocratie sans aucun doute !!!

      la Globo que je sache puisque je la vois tous les jours, a dénoncé tous les scandales politiques au Brésil (PT, PMDB, PP, PSDB etc), la police, les fonctionnaires corruptes, enfin tous les errements de la société.  então ate logo 

    • sls0 sls0 3 juillet 2017 00:02

      @Roberton
      Globo c’est le fleuron de La Sociedad Interamericana de Prensa (SIP). Ils sont derrière tout les coups fourrés contre les gouvernements qui déplaisent aux USA et aux familles régnantes en Amérique latine.

      Le coup fourré contre la présidente d’Argentine est partie de la presse brésilienne avec le SIP en toile de fond.
      Sacrée machine de guerre que le SIP, de mémoire c’est plus de 80-90% des médias qui sont aux ordres.

      Je ne rejette pas automatiquement les informations venant du SIP mais j’ai un oeil très critique.
      Ça me fait penser à une résurgence de l’opération condor leur façon de faire.

  • Satournenkare Satournenkare 1er juillet 2017 20:56

    France 99% des medias pro gouvernement, un président qui décide de ce que les médias ont le droit de publier sur lui et lesquels : 39 ème pour la liberté de presse
    Venezuela 80% des media anti gouvernementaux qui vont jusqu’à appeler au coup d’état et à tuer le président ( et continuent à publier ) !! 137ème !!
    Va falloir qu’on m’explique, je dois être stupide, mais là y un truc que je comprends pas smiley


    • venezuelainfos venezuelainfos 2 juillet 2017 00:21

      @Satournenkare
      Une analyse chiffrée et précise du paysage médiatique vénézuélien est disponible ici : https://venezuelainfos.wordpress.com/2015/03/12/thomas-cluzel-ou-linterdiction-dinformer-sur-france-culture/
      Comme vous le dites, au Venezuela, et c’est assez incroyable vu ce que croit l’opinion internationale travaillée par un buldozzer de grands groupes privés médiatiques depuis 18 ans, la majorité des médias TV, Radio, Web, presse imprimée sont - à divers degrés, du soft au virulent - dans l’opposition. Il suffit de les regarder, écouter, lire sur Internet, ou dans les innombrables reprises de ces médias par les réseaux sociaux qui sont comme la téléphonie cellulaire, très employés au Venezuela. Les médias TV publics du gouvernement ne dépassent pas 15 pour cent d’audience, dans le meilleur des cas. Si vous y ajoutez le bombardement satellitaire de CNN et ses semblables... On se balade à Caracas ou ailleurs dans le pays et n’importe quel kiosque, radio dans les commerces ou autobus, télé allumée un peu partout, diffusent quotidiennement des messages dénonçant la dictature, appelant au coup d’Etat, disant que l’insurrection de la droite est une révolte démocratique contre la répression gouvernementale, etc.. Cela confine au surréalisme : la droite vénézuélienne crie tous les jours sur la plupart des chaines, dans les journaux, à la radio, sur Twitter ou Facebook, etc.. qu’il n’y a pas de liberté d’expression. Et au-dehors 99 % des gens croient ce storytelling faute de pouvoir aller sur place ou de connaître d’autres sources disponibles. 

    • Zolko Zolko 3 juillet 2017 12:46

      @venezuelainfos :« Une analyse chiffrée et précise [...] https://venezuelainfos... »
       
      vous donnez votre propre « analyse » comme preuve pour votre « analyse » ? 


  • Gilles Mérivac Gilles Mérivac 2 juillet 2017 09:40

    Vous faites aussi de la désinformation en montrant trois photos « tranquilles ». Toute information est choisie délibérément dans un sens qui appuie les idées du rédacteur, et invariablement tout ce qui les contredit est passé sous silence.

    Alors que reste-t-il pour comprendre les événements ? D’abord, tout ce qui ne peut pas être passé sous silence, comme les pénuries et l’extrême pauvreté d’une grande partie des vénézuéliens. Quelle que soit la nature des manifestations, c’est une donnée incontournable, et le régime est en grande partie responsable, car le pays ne manque pas d’atout.

    Il est trop facile de se dédouaner de ses responsabilités en accusant les opposants de vouloir renverser l’état de droit. Si celui-ci a failli, il est normal de se retourner contre lui.


    • sirocco sirocco 2 juillet 2017 13:43

      @Gilles Mérivac

      "Il est trop facile de se dédouaner de ses responsabilités en accusant les opposants de vouloir renverser l’état de droit. Si celui-ci a failli, il est normal de se retourner contre lui."

       
      On les connait vos arguments et votre conception de la normalité. A une autre époque, vous auriez dit exactement la même chose du Chili de Salvador Allende.


    • Gilles Mérivac Gilles Mérivac 2 juillet 2017 17:31

      @sirocco
      Ce n’est pas le suicide d’Allende qui rend a posteriori sa politique économique excellente, vous confondez émotion et efficacité.


    • sls0 sls0 3 juillet 2017 00:33

      @Roberton
      Contrepoints.org est un enfant de liberaux.org.

      Certains le place dans la réinfosphère.
      Toujours un peu tendancieux vos liens.
      Cette histoire du Chili, certains aimeraient s’en servir comme scénario pour le Venezuela.
      Dans votre lien ça ne parle pas trop de ce bienfaiteur de l’humanité qu’est Kisinger, c’est bien dommage, il n’y a qu’un seul son de cloche.

    • Gilles Mérivac Gilles Mérivac 3 juillet 2017 08:42

      @sls0
      Comme je le disais, chacun choisit les faits qui l’arrangent, mais le point important, c’est de savoir lesquels sont déterminants. Je parierais que nous n’avons pas la même hiérarchie !


    • Zolko Zolko 3 juillet 2017 12:42

      @sls0 : « Contrepoints.org est un enfant de liberaux.org »
       
      aaaaaahhhhhhhh, la culpabilité par association. Technique de base de la propagande. Je vois que vous connaissez les classiques.


    • sls0 sls0 3 juillet 2017 13:29

      @Zolko
      Je suis un septique, depuis que les journalistes ne font plus leur boulot il faut en prendre une part.

      Je contrôle les sources.
      Dans un autre article sans source je contrôle les affirmations qui sont fausses en l’occurence.
      Une fois par mois je vais sur le site biaiscognitifs.com pour me faire une piqure de rappel.
      Pour éviter le biais de confirmation je ne consulte pas que les sources qui vont dans le sens de mon schéma de pensée d’où la connaissance des différentes tendance des différents sites d’information.

      Il faudra réviser les arguments moisis, en parlant de culpabilité par association vous me donné l’impression de ressortir un vague souvenir d’une lecture d’un sujet pas trop maitrisé.

    • sls0 sls0 3 juillet 2017 14:12

      @Gilles Mérivac
      Tout les 15 jours avec un ami on se tape un sancocho (tripes) calle Mariano Cesteros.

      C’est un vénézuélien qui tient le resto.
      C’est un lieu de rendez-vous de la diaspora vénézuélienne.
      Tout ceux qui ont quitté leur pays ne sont pas des pro Chavez.
      A force d’y aller on se fait des relations et parler c’est presque maladif en Amérique latine, hablar por hablar.
      Sans être franchement intéressé j’ai quand même des nouvelles du Venezuela de la part de personnes qui ne sont pas franchement pro gouvernementale.
      On leur sert aussi les mêmes infos mais c’est quand même modéré par les infos données par la famille et les amis restés au pays.
      Idéologiquement je n’ai rien à défendre mais il se trouve que je profite d’un environnement moins propice à la désinformation.

      Je vais de temps en temps en Colombie, ça c’est franchement amélioré depuis le départ d’Uribe. On en parle jamais de l’enfant chéri des USA, pourtant c’est bien pire que le Venezuela.
      Mon lieu de villégiature c’est Medellín, ça franchement changé mais c’est encore tout frais dans les mémoires les turpitudes de l’enfant chéri. Silence radio dans les médias.

  • Zolko Zolko 3 juillet 2017 12:40

    C’est marrant, je viens de voir le film HhHH, sur le régime Nazi, et eux aussi montraient des images de familles heureuses pour « prouver » la bonheur de vivre en Allemagne à cette époque. Et vous, sans nier la véracité des images montrant les violences policières lors de manifestations qui durent depuis des mois, montrez quelques photos de gens heureux pour « prouver » la conspiration des riches contre les pauvres, pensant nous convaincre que si les policiers tirent sur les manifestants, c’est entièrement de la fôte de ces manifestants car ils sont riches.
     
    Plus malhonnête que ça, c’est dur.


Réagir