mercredi 18 septembre 2013 - par Seydou Badiane

Y’en a marre de la pénurie d’eau à Dakar !

"L’eau est revenue !" " L’eau ! L’eau est là ! "

Certains d’entre vous sauront que c’est pour rappeler un dessin animé : Kirikou et la sorcière.

"Dans le village, l'eau et les hommes avaient disparu. Les femmes pleuraient et tremblaient devant la sorcière. Kirikou seul savait où trouver notre grand-père. Kirikou mon ami nous a redonné la vie. "

Ce bébé avait redonné la vie à ces populations privées d’eau durant une longue période.

Ah oui, aujourd’hui, le Sénégal a besoin de ce bébé, le Sénégal a besoin de Kirikou.

Nous savons tous que l’eau est indispensable à toute existence, à toute forme de vie. Sans eau, ni le monde animal, ni le monde végétal n’existera pas. Donc, l’eau est la source de toute vie.

« L’eau est un des quatre éléments classiques mythiques avec le feu, la terre et l’air, et était vue par Empédocle comme l’élément de base de l’univers . »

C’est cette eau, cet élément de base de la vie humaine, que la Société des eaux (SDE) a privé Dakar, la capitale sénégalaise depuis six jours.

L’eau ne coule plus dans la capitale du pays dirigé par Macky Sall.

Oui « Deuk bi dafa Macky » !

En effet, c’est le terme qu’utilisent, depuis des mois, les Sénégalais pour dire que « Le pays va mal », « Pas d’argent dans le pays », « Rien ne va dans le pays ». Du coup, Macky rime forcément, et sans rime, avec « vie dure ».

Actuellement, les gens à Dakar sont fatigués, épuisés, les gens en ont marre de cette pénurie d’eau.

Au lieu de dire la vérité, la SDE essaie de la dissimuler en nous promettant chaque le retour normal de l’eau au lendemain.

Du jamais vu dans la capitale sénégalaise

Personne ne pensait qu’à Dakar les femmes allaient parcourir des kilomètres à la recherche du liquide précieux dans des puits. Personne ne pensait qu’à Dakar on pouvait reculer si loin dans le temps, pour vivre des situations qui existaient il y a de cela trente ans. Des situations que les Dakarois ne voyaient qu’à travers le petit écran.

Ces jours quand on se réveille, la première chose qui nous préoccupe c’est d’aller parcourir la ville de quartier en quartier à la recherche d’un puits afin d’avoir un peu d’eau. Ce qui fait perdre beaucoup de temps à ceux qui doivent se rendre au travail. Les domestiques sont de plus en plus fatiguées, car obligées de trouver l’eau qu’elles utilisent.

Les femmes qui lavaient les habits dans différents coins de Dakar et y gagnaient leur vie n’arrivent plus à travailler, n’arrivent plus à encaisser un sou dans la journée.

Les jeunes qui lavaient les voitures partout dans la ville, n’arrivent plus à travailler correctement.

Les jeunes filles et les jeunes garçons qui vendaient de l’eau de l’eau fraîche dans les rues restent du matin au soir les bras croisés. Plus d’espace dans les lingeries.

Ces jours-ci, tous les moyens sont bons pour avoir et transporter de l’eau : brouette, pousse-pousse, charrette, voiture, etc. L’essentiel c’est d’en trouver, quelque soit la distance, elle sera transportée.

Mais ce qui est grave, c’est surtout le risque de maladies. En effet, l’eau utilisée durant ces jours n’est pas potable. Dans certains quartiers, les ménages se servent de l’eau issue de fosses non fonctionnelles.

Ce qui a sauvé un peu les familles, c’est la pluie. A chaque fois elles en profitent pour remplir tout ce qui est récipient dans la maison.

En conséquence, les populations sont exposées à toutes sortes de maladies, surtout au choléra. Dans ce cadre, les conséquences peuvent être graves et catastrophiques au côté sanitaire.

Je me demande comment peut-on priver plus de 2.600.000 d’habitants d’eau pendant six jours. Et ne pouvoir donner aucune explication, sinon, c’est à cause d’une panne, la situation va revenir à la normale, dans quelques heures ou demain, etc. Donner chaque matin le même discours.

Je dirai simplement que c’est de la négligence et un manque de respect de la population.

Un pays qui ne peut ne pas réparer une panne aussi grave de conséquences et avec un si grand impact social.

Mais ceci ne devrait pas être surprenant si nous savons que tout ce que le pays dispose comme infrastructure dans ses sociétés est très vieille et date d’au moins de plusieurs dizaines d’années. Par conséquent, facile que ce matériel tombe souvent en panne ou qu’il ait des dysfonctionnements.

Négligence et non-respect des populations

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On peut se demander comment deux sociétés dans un seul domaine et pour un petit pays comme le nôtre ne peuvent-elles pas gérer correctement la distribution d’eau ?

Et pourtant, d’un côté, il y a « la SDE qui est chargée de l’exploitation des installations, de l’entretien de l’infrastructure et du matériel d’exploitation, du renouvellement du matériel d’exploitation ainsi que d’une partie du réseau de distribution d’eau potable. »

Et d’un autre côté, nous avons la SONES, Société Nationale des Eaux du Sénégal qui « est chargée de la gestion du patrimoine de l’hydraulique urbaine, du contrôle de la qualité de l’exploitation et de la sensibilisation du public. »

Comment ces deux soi-disant sociétés, avec les milliards de francs CFA des Sénégalais ne peuvent –elles pas trouver rapidement une solution à un problème d’une telle ampleur.

Une véritable catastrophe, c’est cela que les Dakarois sont en train de vivre depuis six jours. Un crime de la part des responsables qui dirigent ces deux sociétés.

Cette situation, permet aussi de constater l’absence de concurrents dans le domaine de l’eau. Avec une seule et unique distributrice, évidement, quand il y a problème, les conséquences seront ressenties par tous.

Il y a une énorme carence de sérieux chez le Sénégalais qu’on confie la chose publique. Partout où les agents de l’État travaillent, on y note un manque de sérieux, de rigueur. Or, ces mêmes personnes dans le privé n’oseraient pas se comporter ainsi. Ainsi, des secteurs comme l’eau et l’électricité devraient être confiés à des privés, pour mettre fin à ces calvaires fréquents dans le pays.

Nous rappelons que les populations commencent à manifester dans différents quartiers. Et si ça continue, nous assisterons sûrement à des insurrections.

On n’en peut plus !



8 réactions


  • Seydou Badiane Seydou Badiane 18 septembre 2013 11:57

    "SDE et SONES sont des puits sont fond et à sec, personne ne travaille, tous ne pensent qu’à voler, détourner le matériel, les outils, les compteurs, le carburant ou les fournitures de bureau...Pas d’encadrement, incompétence généralisée, refus de se soumettre à la moindre règle..."
    C’est tellement vrai ce que vous venez d’écrire @Par rugueux. Et, c’est ce que nous retrouvons partout quand il s’agit de la chose publique. Je ne sais si c’est l’Africain qui n’est sérieux ou c’est uniquement, parce qu’ils sont des Sénégalais ?


    • BarbeTorte BarbeTorte 18 septembre 2013 22:52

      Au Cameroun ce n’est guère mieux, que ce soit à Yaoundé, à Douala ou à Bafoussam.
      Les maisons ont toutes une citerne sur le toit, sinon c’est coupure d’eau assurée au moins la moitié du temps (et encore, quand on habite dans les beaux quartiers)


  • Fourmi Agile Evrard 18 septembre 2013 12:40

    Les sénégalais pas sérieux ?

    Le Sénégal est le seul pays d’Afrique qui n’a subi aucun coup d’état, qui n’a subi aucune guerre depuis 50 ans.

    Le problème est que comme partout dans le monde, les grosses entreprises cherchent avant tout à faire du bénéfice, quels qu’en soient les moyens. Mais lorsqu’il s’agit de l’eau, c’est criminel. 
    Et d’ailleurs où est la pénurie d’eau ? Certainement pas au Plateau, parce que les résidents de ce quartier payent le prix fort si nécessaire. 
    Ailleurs, Sicap, Hann et autres, les gens ne comptent pas.

    Combien de temps cela va durer ? 


    • Seydou Badiane Seydou Badiane 18 septembre 2013 12:56

      La population de Plateau est très minime comparée aux autres touchées pas la pénurie. En restant à Plateau, vous ne saurez l’impact de ce calvaire que vivent les populations. Néanmoins, j’espère que vous avez suivi la télé ou les radios de la place ? Les populations commencent à sortir pour barrer les routes. En plus quel type de Sénégalais qui réside dans ce quartier ? Pas ce Sénégalais qui pensait qu’en votant pour Macky Sall, sa vie allait changer, il allait sentir le « Yonu Yokouté »


  • eau-du-robinet eau-du-robinet 18 septembre 2013 13:19

    Bonjour Seydou Badiane,

    La pénurie d’eau à Dakar en exergue dans les quotidiens

     "Voilà six jours que la plupart des quartiers de Dakar et sa banlieue sont restés sans une seule goutte sortie des robinets. Une situation due à l’endommagement d’un tuyau d’approvisionnement à Keur Momar Sarr. Les populations les plus démunies vivent l’enfer et se ruent vers les puits et autres pompes +Diambars+avec tous les risques qu’ils encourent« , écrit ce journal. »Les plus aisés risquent de se retrouver dans le trou car les sommes dépensées dans l’achat d’eau minérale sont énormes. 

    Les structures hospitalières sont les plus touchées. Les malades ou leurs accompagnants sont obligés de venir avec leurs bouteilles d’eau pour les besoins de leurs soins", note le quotidien du groupe Futurs médias. source

    "La question de l’eau est en train de donner des cheveux blancs au nouveau Premier ministre et au président Macky Sall", relève Enquête, se faisant l’écho d’une réunion de crise tenue en haut lieu sur le sujet, qui a servi à battre le rappel des troupes pour des solutions dans les meilleurs délais. source

    Une vidéo à regarder ... on parle de NESTLE et notamment la prise du pouvoir sur l’eau en l’Nigeria

    L’eau potable partout dans le monde est de plus en plus courtisée par les multinationales :

    Sénégal : Eau minérale, une usine de 1 milliard installée à Thiaroye

    Sénégal : Marché des eaux minérales : Kirène prend de la bouteille

    Conclusion :
    Les multinationales avec leur l’eau en bouteille ont un avenir prospère tout en appauvrissent les populations africaines. 

    L’eau en bouteille vendu en Affriqué vaut de l’or pour les multinationales.


  • Seydou Badiane Seydou Badiane 18 septembre 2013 13:42

    Merci @eau-du-robinet de ces différentes idées que vous venez de partager avec nous.
    En tout cas, c’est dommage pour le continent africain. Bien sur, les « 
    Les multinationales avec leur l’eau en bouteille ont un avenir prospère tout en appauvrissent les populations africaines. »
    La faute aux gouvernants africains. Et à toutes la population. Car chacun pense que c’est un autre qui devrait travailler pour le changement. Du coup, on croise tous les bras.


  • cedricx cedricx 18 septembre 2013 14:06

    « des secteurs comme l’eau et l’électricité devraient être confiés à des privés »


    Des privés en situation de quasi monopole ne se comporteraient pas mieux et sans doute pire, d’autant plus qu’il y a fort à parier qu’ils ne seraient pas bien loin des hommes forts du pays.

  • Mowgli 19 septembre 2013 08:32

    Et si on parlait de la mère Marie-Ségolène ? Née à Dakar, elle est bien sénégalaise, non ? droit du sol oblige. Elle beuglait haut et fort SOLIDARITÉ ! SO-LI-DA-RI-TÉ ! quand il s’agissait de grappiller trois voix par-ci, six voix par-là.

    Ah ? On ne l’entend plus ? Solidarité à géométrie variable, celle-là aussi.


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