lundi 18 juillet 2011 - par Catherine Segurane

Affaire Aubry-Brochen et loi LCEN : tentative de censure visant Résilience TV

Résilience TV, site de l'Observatoire international des libertés, est l'objet d'une tentative de censure liée à l'affaire Aubry/Brochen. Tentative d'autant plus difficile à combattre qu'elle est indirecte : la mise en demeure des avocats de Jean-Louis Brochen, époux de Martine Aubry, est adressée, non à ce média directement, mais à son fournisseur d'accès à internet, sur la base de la loi dite de confiance dans l'économie numérique (LCEN). Cette loi permet d'importantes suppressions d'informations sans jugement préalable, en théorie, du moins c'est ce qu'on nous disait quand elle était en discussion, pour lutter contre la pédophilie.

On voit ici à l'oeuvre cette loi liberticide : pour faire censurer un texte, plus besoin de s'adresser au directeur de la publication. Plus besoin non plus de s'adresser au juge qui, on l'espère, saurait faire la différence entre "avocat des islamistes" et "islamiste" tout court. Il suffit de s'adresser à un fournisseur d'accès, simple industriel qui souhaite sans doute que son activité fonctionne sans histoire, et n'a aucune attribution particulière en matière de défense des libertés.

Cette mise en demeure s'inscrit dans le cadre de l'affaire dite "des rumeurs" : Martine Aubry serait victime d'une campagne de rumeur de la part de sites qualifiés d'extrème-droite. Ces dénonciations de rumeurs s'accompagnent d'ailleurs elles-même de leurs propres rumeurs et amalgames, par exemple quand cet article de L'Express qualifie d'extrème-droite des sites comme Riposte Laïque ou l'Observatoire de l'Islamisation. Ou quand cet article du Journal du Dimanche parle de rumeurs sur sa santé ou sur sa vie privée dont, personnellement, je n'avais jamais entendu parler jusqu'ici, bien que je sois une grande lectrice des sites islamo-vigilants. Ou encore quand cet article du Monde raconte que son mari a été traité d'islamiste, accusation que je n'avais jamais lue non plus, bien je j'aie eu, à maintes reprises, l'occasion de lire des articles lui reprochant d'être "l'avocat des islamistes", ce qui n'est pas la même chose.

C'est au travers du JDD que sont formulées les menaces les plus explicites :

" Martine Aubry a écrit aux sites qui diffusent ces rumeurs menaçant de porter plainte si cela ne cessait pas. "La plupart des sites les retirent au fur et à mesure et pour ceux qui ne le font pas, on porte plainte", avertit Aubry toujours à Turin. L’équipe de Martine Aubry a aussi "nettoyé" la réputation de Jean-Louis Brochen, en lui offrant une tribune l’été dernier sur un site aminonfiction.fr et en alimentant sa fiche Wikipédia."

Nous ignorons quels peuvent être ces sites qui auraient retiré du contenu à la demande des avocats du couple Aubry/Brochen. Pour ceux que nous connaissons, rien n'est retiré.

Dans un édito signé Cyrano, Riposte laïque persiste et signe.

L'Observatoire de l'islamisation lui demande une fois de plus de s'expliquer sur ses liens avec Amar Lasfar, et souligne que c'est Caroline Fourest qui, la première, a qualifié Jean-Louis Brochen d'avocat des islamistes.

Cette arrivée de Caroline Fourest dans le dossier est assez amusante. Fourest, médiatique égérie de la gauche semi-laïque, est très ambigüe. Elle s'est fait connaître en dénonçant l'islamisme pseudo-modéré de Tariq Ramadan, puis, elle a tourné casaque et a fait partie de ceux qui ont attaqué sâlement Fanny Truchelut, cette propriétaire d'un petit gite des Vosges qui fut lourdement condamnée pour avoir demandé à une client de retirer son voile dans les parties communes de son gîte.

Cette fois-ci, l'imprévisible Fourest se plaint sur son blog que son livre, La Tentation obscurantisme, soit détourné par "des sites d'extrème-droite" pour attaquer le mari de Martine Aubry et pour lui attribuer l'origine de la rumeur. Elle précise qu'elle n'a jamais écrit que Jean-Louis Brochen était islamiste (mais personne d'autre à ma connaissance ne l'a fait), mais, pour le reste, elle confirme par maints exemples des actions qui ont réuni le couple Aubry et un islam pas toujours modéré. En d'autres termes : après une petite entame qui donne l'impression qu'elle va voler au secours du couple Brochen, son article prend un tournant, et elle les enfonce.

A notre connaissance toujours, il n'y a pas eu de mise en demeure de formulée, sauf contre le petit site Résilience TV.

Pour lire cette mise en demeure, on suivra ces deux liens : 1 et 2.

Le destinataire de la lettre recommandée est l'hébergeur OVH.

On peut y lire les griefs tels que les avocats de Brochen les expriment : avoir utilisé les expressions "avocat communautariste" et "avocat des islamistes".

La demande du cabinet d'avocats est formulée ainsi :

"Votre société est responsable de l'hébergement de ce texte. 

En application de l'article 6-1-3° de la loi 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance en l'économie numérique, je vous mets en demeure de les rendre promptement inaccessibles."

On voit donc à l'oeuvre cette loi liberticide : pour faire censurer un texte, pas besoin de s'adresser au directeur de la publication. Pas besoin non plus de s'adresser au juge qui, on l'espère, saurait faire la différence entre "avocat des islamistes" et "islamiste" tout court. Il suffit de s'adresser à un fournisseur d'accès, simple industriel qui souhaite sans doute que son activité fonctionne sans histoire, et n'a aucune attribution particulière en matière de défense des libertés.



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