jeudi 28 février 2008 - par Argoul

Bientôt la fin du Monde ?

Les journaux papier tels que nous les connaissons encore, auront vraisemblablement beaucoup changé, voire disparu, d’ici 10 ans. Entre plans d’économie, charrettes de licenciements et recentrages, toute la « presse » sera réduite à portion congrue. Le Monde n’est pas le seul concerné mais fournit un bon titre. Les symptômes ?

· Pour la première fois en 2007, plus d’Américains ont cherché l’information sur les sites internet que dans la presse écrite.
· La presse gratuite fait un tabac en Europe, et la France n’en est encore qu’au milieu du gué avec 22% de pénétration contre 50% en Espagne : elle est rapide à lire, ludique et décalée. 20 minutes est passé devant Le Monde en 2006 en termes d’audience.
· L’attrait pour les informations s’effrite, sauf lors des crises majeures, peut-être par individualisme grandissant, aussi parce que nos sociétés sont plus « sûres » et que chacun a l’esprit libre pour ses loisirs particuliers (la presse magazine est en plein essor).
· Le net et la presse gratuite diffusent la culture du tout-gratuit en matière d’information. Après tout, un bien comme l’air ou l’eau, pourquoi le faire payer ?
· En 2006 en France, les 18-34 ans lisent très peu le journal et déclarent à 71% passer moins de temps devant la télé pour aller sur internet (Médiamétrie).
· La publicité déserte les pages imprimées, même en couleur, pour adopter internet, les moteurs de recherche et les réseaux de rencontres étant des supports mieux répartis que les journaux.
· L’éditeur du site nytimes.com (ex-New York Times papier) a calculé qu’il était plus rentable d’offrir la gratuité avec de la publicité que d’en faire un site payant.
· L’engouement écologique fait que le papier encré devient suspect, déchet à recycler, alors que l’écran plat dure des années et consomme beaucoup moins d’énergie. L’archivage des articles est plus facile sur le net que les monceaux de paperolles classées en cartons qui encombraient il y a peu les couloirs et les réserves. Je ne suis plus abonné au Monde papier depuis plus de 5 ans.

Le modèle du « journaliste » devra donc changer. Et à vitesse grand V, s’il ne veut pas devenir le sidérurgiste des années à venir. Fini le statut d’exception, la « signature » d’intellectuel-à-la-française. Seuls les groupes de médias auront les moyens de financer une équipe de salariés bien formés pour faire des reportages, être envoyés spéciaux, offrir des réflexions de qualité. Les coûts seront partagés avec le net, la radio, la télé. Le reportage devra justifier d’un plan de financement, le journaliste devra écrire et tourner des vidéos, interroger des témoins et effectuer la recherche documentaire pour étoffer sa pensée. Les faits bruts ne suffiront plus - ils sont gratuits. L’idéologie ne rassemble déjà que des convaincus - de moins en moins. La seule valeur ajoutée sera dans la sélection des informations, leur vérification par recoupement, le recul propre au savoir maîtrisé, le décryptage : c’est un « nouveau » journalisme qui devrait voir le jour. Le seul qui, d’ailleurs, m’intéresse depuis des années.

Mais attention : la « marque » ne suffira pas. Le Monde devenant monde.fr, ne sera pas investi sui generis d’une autorité quelconque. Il devra faire ses preuves, être confronté aux magazines de réflexion et à la presse étrangère sur le net. Les générations jeunes se moquent des vieilles « marques » et de nouvelles - parfaitement inconnues il y a quelques années - s’imposent sans problème : Yahoo, Google, Rue89, voire des blogs comme Versac...

Pour ma part, je capte les informations à la radio : 7 à 10 mn pour savoir l’essentiel, sans passer une heure à décortiquer le bavardage journalistique, le collage d’étiquettes partisanes et «  l’engagement » moral ou politique de la signature :

· La presse française a ceci de particulier, par rapport à la presse anglo-saxonne par exemple, de commencer l’article en remontant aux calendes grecques, pour ne livrer l’information du jour qu’en milieu de texte, voire à la fin. Ce travers est moins marqué aujourd’hui, mais il a découragé nombre de lecteurs, même lettrés, dont moi-même.
· La presse française prend trop souvent parti dans ses titres, ses chapeaux et ses introductions et conclusions, contrairement à la neutralité affichée d’autres presses européennes, soucieuses de présenter divers points de vue. Cette vision est colorée soit politiquement - de façon outrancièrement partisane -, soit socialement - avec ce moralisme de « bon ton » qui empoisonne nombre d’organes de presse tels Le Point, Le Monde ou Le Nouvel Observateur. Paradoxalement, ce sont des journaux qui font de la dérision ouverte qui gagnent des lecteurs : Le Canard enchaîné, Marianne.
· La presse française adore « l’éditorial », qui agit comme un drapeau pour rassembler les partisans mobilisés, dans cette espèce de guerre civile permanente qu’est la soi-disant « démocratie » à la française. Vieux reste de la Ligue catholique, vieux reste du stalinisme triomphant, vieux reste du gauchisme moral des années post-68 ? Rien n’est plus ringard et agaçant que cette moraline qui sans cesse enduit n’importe quel article, sur n’importe quelle information : « Voyez comme je suis de gauche ! L’Universel parle par ma bouche ! Je pense comme vous ! » Que l’air paraît plus vif, moins pollué, dans la presse anglaise ou allemande ! Ou sur le net...

Lorsqu’il m’arrive d’ouvrir un Monde papier, ma pratique est la suivante :

· Je zappe tout de suite la page de garde, sans aucun intérêt à mes yeux : les gros titres sont orientés, le dessin humoristique souvent confus, la photo couleur racoleuse.
· Je ne lis jamais l’éditorial en colonne de gauche.
· Mais j’apprécie souvent l’Analyse en page 2, que je lis toujours, plus rarement la Chronique en bas de page
· Les 8 à 10 pages suivantes des rubriques International, Europe et France ne font l’objet que d’un survol ; il est rare que la radio n’ait pas déjà donné l’essentiel, le texte des articles n’étant (pas toujours) qu’un délayage avec plein de conditionnels et de supputations sans utilité. Le blabla sur ce que disent les politiciens étant particulièrement sans consistance : la radio suffit bien !
· Par intérêt professionnel, je regarde plus attentivement les pages Economie, mais elles m’apportent peu, le tout étant trop souvent évalué à l’aune de « l’Etat ». Les textes les plus incisifs, offrant un « éclairage » documenté et argumenté sont anglo-saxons, repris de Breakingviews... un site en ligne !
· Enfin arrivent les pages Décryptage, qui sont à mon avis le seul intérêt du journal avec les pages Enquête.
· Les pages Débats sont très inégales, à se demander s’il y a une ligne éditoriale ou si le « naming » est la seule. Comme si une signature «  d’autorité » suffisait à l’intérêt du contenu !
· Le Livre du jour est souvent pertinent. La page du Médiateur n’intéresse que ceux qui sont attachés sentimentalement à leur vieux quotidien. Les Rectificatifs partent d’une bonne intention mais laissent la désagréable impression que le courant est mal maîtrisé, l’info mal contrôlée, le jugement trop hâtif.
· Toutes les rubriques antiques sont zappées aussitôt :
o Le Courrier des lecteurs n’a pas la réactivité ni la qualité qu’on trouve sur internet.
o Les Disparitions sont plus pour les archives que pour une lecture au fil du quotidien.
o Le Carnet ne ravit que les quelques germanopratins ou les grandes familles de la bourgeoisie de province - le Ghetto français en bref - je ne le regarde jamais.
· Culture et Vous est inégal, beaucoup d’hyper-contemporain et de snobisme « ministère de la Culture », il faut aimer. Les critiques cinéma-arts-théâtre survalorisent souvent la moindre production d’un pays exotique ou les états d’âme intellos franco-français, sans que jamais le public ne les suive... D’autres sont plus humbles, il y a des découvertes qui donnent envie. Le Et Vous (très développé dans le Financial Times) a un aspect pratique séduisant.
· Je regarde parfois la carte météo, je ferai peut-être un jour les mots croisés. N’ayant pas la télé, la page Ecrans ne retient pas mon regard. Ni la rubrique Sports : mieux vaut la télé pour qui se passionne. Mais il paraît que c’est une demande...
· En revanche, l’analyse de dernière page est souvent de bonne qualité. Eric Le Boucher présente par exemple l’économie de façon originale. Il y a de bons journalistes, au Monde. Le Billet, qui peut être vif et drôle, serait nettement mieux en première page, au lieu du fatras actuel.

Ce n’est bien sûr que mon propre regard et ma propre pratique ; mais elle en dit beaucoup sur ce qui m’intéresse dans un journal : l’analyse, le recul, la profondeur, l’humour. Le reste ne fait qu’encombrer la vue et les mains.
« Cours, camarade ! Le Vieux Monde est derrière toi ! »



24 réactions


  • 1984 28 février 2008 18:37

    Reveilles toi, le monde est mort depuis longtemps avec l’ensemble de la presse.

    Il ne reste que des laquais précarisés prêt à tout les compromis pour plaire au pouvoir du fric.

    Un journaliste sortant d’une école de journalisme équivaut à un agriculteur sortant d’une école d’agriculture ; Un pollueur.


  • Marc Bruxman 28 février 2008 18:49

    Vous oubliez juste de parler du ePaper dont voici un exemple de produit :

    http://www.bookeen.com/

    Cela ressemble à un PDA. Mais l’écran est lisbile même en plein soleil, ca ne consomme rien en batterie (uniquement quand vous tournez les pages), la police de caractères est réglable à votre convenance. Bref, essayez de choper un proto pour voir, cela ne ressemble à rien de ce que vous avez vu jusqu’à présent.

    Seul défaut : Il y a uniquement du noir et blanc pour l’instant.

    Autre défaut : La production de masse n’a pas commencé et les industriels ne peuvent livrer ces terminaux qu’en petites quantitées. Il faudra attendre 2009 pour que ce soit l’armageddon. Car ce petit jouet risque de révolutionner le marché de l’édition autant que l’ipod a révolutionné la musique. Un conseil, si vous avez un bureau de presse ou une librairie, vendez le maintenant tant que vous pouvez encore trouver un pigeon ;) En 2009, Amazon et Barnes And Noble les deux plus gros libraires au monde vont lancer une offre de livres à télécharger à destination de ces terminaux. Il s’agira très certainement d’un abonnement ou on vous offrira le terminal en échange d’un engagement d’achat en livre électroniques. Vous pourrez aussi l’acheter seul mais cela sera plus cher. La presse quand à elle propose déja le journal en PDF et vous pouvez donc lire le monde la dessus ce qui est moins péte couille que le gros format papier dans le métro ! ! !

    J’avais eu un proto d’un autre fabriquant en main il y a un an. Depuis que je l’ai rendu il me manque. Je pense en acheter un dans les 6 Mois à venir.

     


    • Asp Explorer Asp Explorer 29 février 2008 07:43

      Ça fait des années qu’on nous bassine avec l’e-book "dans six mois". Mais toutes les tentatives ont échoué, en partie en raison des DRM paranoïaques inspirés de l’industrie du disque - et qui ont tué celle-ci, mais surtout en raison du fait que... eh, tout le monde s’en fout, de l’e-book ! C’est comme le visiophone, un fantasme dont la technologie est au point depuis des lustres, mais dont le public n’a pas besoin.


    • Marc Bruxman 1er mars 2008 16:12

      Non la technologie n’est pas au point depuis des années. Un écran LCD ou cathodique n’est pas adapté à la lecture prolongée. Et c’est pour cela que personne actuellement n’achète d’eBook. Tout simplement parce que le produit est mauvais.

      Les écrans type "ePaper" utilisant la technologie eInk sont au contraire conçus et adaptés pour la lecture prolongée. Mais ils ne sont toujours pas produits en grande série. Plusieurs usines sont actuellement en construction. Vous devriez donc demander une démo de ce genre de produit avant d’en parler.

       

       


    • Asp Explorer Asp Explorer 1er mars 2008 17:49

      Ça n’intéresse personne. Ça n’intéressait personne. Ça n’intéressera personne. Et si vous avez des actions dans les sociétés qui vendent ce genre d’idioties, vous devriez songer à les vendre.


    • Marc Bruxman 1er mars 2008 22:35

       

      Ça n’intéresse personne. Ça n’intéressait personne. Ça n’intéressera personne. Et si vous avez des actions dans les sociétés qui vendent ce genre d’idioties, vous devriez songer à les vendre.

      Quelle argumentation ! Sauf que justement ca intéresse du monde. Il y a eu plusieurs béta tests dans l’industrie qui partageaient tous les mêmes caractéristiques :

      • Nombre d’unités réduites (les usines ne peuvent pas encore produire beaucoup).
      • Ciblage d’un groupe de gros consommateurs de documents imprimés.
      • Leur offrir la possibilité d’avoir ce qu’ils consomment au format électronique sur un tel lecteur.

      Les tests qu’il s’agisse de celui d’Amazon (Kindle) ou d’autres ont tous fait sold-out. Le bookeen vendu "nu" a également fait sold-out plusieurs fois et ils ont du réapprovisionner. (D’ailleurs je viens de vérifier et c’est encore sold out). Bien sur le nombre d’unités vendues est à chaque fois faible car on ne peut pas en obtenir beaucoup, les usines étant ce qu’elles sont. Mais veuillez noter qu’il n’y a eu que très peu de publicité sur ces produits.

      Il n’y aura pas de révolution en 2008, la situation coté production ne changera qu’en 2009. Toutefois Sony s’attend quand même à écouler un million d’exemplaire de son eBook dans le monde en 2008. Et d’autres fabriquants comme Bookeen ou iLiad vont également en écouler une quantité significative. Cette année va permettre d’affiner l’usage et d’avoir les retours des premiers utilisateurs. Afin justement que le produit soit prêt quand il arrivera dans les mains de non technophilles.

      C’est en 2009 que les unités vont devenir massivement disponibles et c’est aussi à cette date qu’Amazon et Barnes vont mettre leur poids pour rendre les livres disponibles facilement sur ce nouveau média. Attendez vous alors à un lancement massif et des prix qui devraient rapidement se situer en dessous de 200$ pour un lecteur sans abonnement. Si vous prenez un abonnement, le prix de l’appareil sera partiellement ou entiérement subventionné. La rumeur dit qu’Amazon et Barnes vont frapper fort car la disparition du papier et des frais logistiques qu’il entraine serait très bon pour leur revenus. Attendez vous donc à un abonnement à la France Loisirs (engagement d’achat de livres) avec tout le catalogue d’amazon dispo et un ebook fourni gratuitement au souscripteur. Mais cela reste dans tous les cas un domaine dans lequel Amazon et Barnes peuvent se permettre de perdre beaucoup au départ tant la supression de la logistique leur profitera par a suite.

      Quand à la technologie eInk elle servira dans tous les cas très bientot pour l’affichage des publicités. Ne nécéssitant pas d’alimentation électrique, elle permet ainsi de se passer du coleur d’affiche tout en conservant un coût d’exploitation TRES réduit. Des tests sont en cours au Japon à ce sujet.


    • Asp Explorer Asp Explorer 2 mars 2008 13:17

      Blablabla... demain on rase gratis... blablabla...


  • kabreras kabreras 28 février 2008 21:19

    Et le canard enchainé tire de plus en plus pourtant ...

    Cela tendrait il a montrer que la desafection envers les journaux papiers viendrai à cause du formatage de ceux ci ?

    A voulouir parler de tout on fiit par ne plus rien dire d’interessant sur rien


    • Asp Explorer Asp Explorer 29 février 2008 07:39

      Effectivement, les journaux ne se vendent plus lorsqu’ils n’offrent plus aucune plus-value à leurs lecteurs. Si c’est pour lire les dépêches d’agence, autant le faire gratuitement dans 20’ ou sur le web. Les "grands éditorialistes" ressassent leurs inepties à la télévision, ce qui nous dispense de les lire dans la presse (pour autant que ça intéresse quelqu’un). Ce n’est pas internet qui a tué la PQN, c’est la révérence des journalistes devant le pouvoir politique et économique. Il n’y a aucun moyen d’enrayer le mouvement, car plus cette presse se fragilise, plus elle a besoin des pouvoirs en question pour survivre. De profundis, donc.


  • tvargentine.com lerma 28 février 2008 21:34

    Le journal "Le Monde" a perdu tout crédibilité avec ses editos moralisateurs de l’ancien troskiste E Plenel durant des années et son directeur Colombani.

    Le livre de Pean aura permis d’apprendre beaucoup sur la relation de la presse et de la politique et des arrangements entre amis (appartements de complaisances,aides publics...)

    Aujourd’hui,la presse est dans une fuite en avant avec des mots clés vendeurs de papier afin de faire des "coups"

    Ce sont toutes les "attaques" envers Nicolas Sarkozy qui rapportent le plus,mais ce ne sont pas des attaques politiques mais juste l’utilisation de la popularité d’un nom ,Nicolas Sarkoy et de sa femme,Carla Bruni,qui permet de booster les ventes

    Il faut donc s’attendre à tout les dépassements possibles

     


    • kabreras kabreras 28 février 2008 23:12

      Lerma vous transpirez la haine par tous les carractères de vos commentaires c’est afligeant !


  • yannick yannick 29 février 2008 08:08

    Quelque chose me chagrine, pour vérifier un fait lors de l’écriture d’un article, il ne suffit pas de le chercher sur plusieurs sites internet différents, Il faut parfois retourner dnas le monde réel pour obtenir des témoignages etc...

    J’ai l’impression que la manipulation de l’info va devenir de plus en plus simple...


  • Argoul Argoul 29 février 2008 10:25

    Excellent débat sur cet article, j’en suis tout étonné... Continuez !

    Je crois que c’est moins le support qui est en cause (e-book pourquoi pas ?) que le contenu où, en effet, voire reproduites les dépêches d’agences n’incite pas à acheter du papier alors que le net donne ça gratuitement. Le rôle du journal, c’est sans doute de faire un métier de "journaliste" - donc d’enquêter, vérifier, recouper. Une info alors estampillée d’une "marque" professionnelle a de la valeur, mais elle peut être accessible sur le net autant que sur papier. Lerma a raison quand il suggère que le journal se contente souvent (pas toujours) de "vendre" une "image" (Petit Nicolas ou Madone Ségolène) plutôt que d’analyser ce qu’ils deisent, ce qu’ils veulent et ce qu’il font dans la vie réelle.


  • Philippe D Philippe D 29 février 2008 11:12

    J’achète régulièrement "La Bougie du Sapeur"

    Le rythme me convient, J’ai le temps de tout lire d’un numéro à l’autre. Déjà le numéro 8 !

    Seul périodique paraissant tous les 29 Février


  • non666 non666 1er mars 2008 11:08

    En fait , ce qui tue la presse ecrite payante, c’est son cout apparent, la ou radio, tv et internet nous sont fournis "gratuitement".

    Tant qu’il y avait un semblant d’information supplementaire, un contre-pouvoir a la radio-tv d’etat heritière de l’Ortf, ce cout avait sa raison d’etre.

    Or aujourd’hui, une petite dizaine de groupes de presses controlent tous les journaux, toutes les radios, tous les instituts de sondages, toutes les agences de pub.

    Quand tous ces groupes sont en plus en phase sur ce qu’il faut dire et mettre en avant et ce qu’il faut interdire, la valeur ajoutée de la partie payante de leur propagande perds de son interet.

    Nous en avons tous été les témoins :

    1) Diabolisation de Lepen en 2002, propagande massive et desinformation (son discours pretendu inspiré d’un discours d’Hitler a nuremberg s’est avéré inspiré de celui de Bloomberg, le maire juif de ney York...). A l’epoque, consciement ou non, nous avons validé cette propagande car elle servait "la bonne cause", du moins le croyons nous a l’epoque...

    2) Engagement massif pour le "oui" , au referendum de 2005. Diabolisation et caricature du NON, amalgame entre le rejet de l’Europe et du modele d’europe qui nous etait proposé.

    3) Organisation de la presidentielle 2007 entre une socialiste qui ne pouvait gagner , faute de conherence dans son propre camps et une UMP unie et controlant tous les medias.

    Meme la candidate destinée a perdre a été choisie sur les critères de son opposant : Il fallait qu’elle mente sur son status marital pour que le sujet ne vienne pas sur la table, il fallait que ce soit une candidate du NON pour que cela ne soit pas un sujet decisif de choix, il fallait qu’elle soit suffisament perçue comme incompetente pour valoriser son adversaire.... Bon choix ! Sa mise en celebrité, poar la presse de droite comme de gauche s’est faite plus tard que celle de son adversaire (2005) mais elle a clairement été organisé a coup de sondage la mettant en valeur.

    4) Dissimulation des decisions de la validations du TCE-bis(traité de Lisbonne) et de la constitution qui n’a que peu(voir pas du tout) été abordé par des medias aux ordres. On parle de "politique de civilisation" au moment ou on en en change sans en parler au Peuple !

     

    Alors pourquoi payer pour une propagande quand de toute façon elle nous est servi, qu’on le veuille ou non, a domicile ?

    Quand on sert la soupe a certains interets, on finit par ne plus etre lu et acheté que par ces interets...

    En tuant les moyens du service public, par suppression de la publicité et en envisageant de trouver un financement complementaire dans des caisses vides, Sarkozy de Nagy Bosca donne des cartes au groupe TF1 qui le soutien. Toutes les sources d’informations qui alimenteront le bon peuple le seront par ses amis et soutiens, le reste va etre acculé a la faillite, au nom du realisme economique et de l’economie sociale de marché "hautement competitive" de l’ex-tce...

     

    Nous vivons un moment qui ressemble furieusement a la genese de ces univers de science fiction ou des "corpos" a coup de propagandes et d’armée privée sauf que chez nous, ils sont tous unis derriere le meme agent , largement compatibles avec les interets des etats unis et le meurtre de la France, dernier etat capable de resister à la "gouvernance mondiale" des anglo-saxons.

     


  • Lucrezia 1er mars 2008 12:28

    Effectivement c’est la fin du Monde et de l’ensemble de Presse Française !

    On le voit bien, elle se débat, elle dégueule sur la société politique et civile ... On sent bien les derniers subressauts d’une Presse "classique" agonisante, qui n’arrête pas de se tirer des balles dans le pieds et continue à perdre son lectorat et par conséquent ses moyens financiers ...

    La Presse Franaçaise a oublié qu’elle ne publie pas uniquement pour "elle" mais pour un lectorat dont elle s’est systématiquement éloignée ...Pourtant ce n’est pas faute d’avoir tant décrié nos Politiques d’être loin des préoccupations des Français et de n’avoir eu cesse de montrer tous les travers de notre "mauvaise" société, d’avoir regardé le monde du travail se restructurer ...Et la Presse qu’a-t-elle fait pendant tout ce temps ? Pensait-elle échapper à ces restructurations de fond ?

    A finir par s’auto-persuader que c’est la Presse Française qui fait et défait des Gouvernements ou des Politiques ou bien des grands débats de fonds ...Elle a fini par prendre la "grosse" tête et n’a pas vu le mur arriver et ne le voit toujours pas !

    En tous les cas, ce n’est pas en étant agressive, impulsive ou vulgaire qu’elle réussira à se repositionner ...Et qu’elle arrête de donner des leçons de "morale" et de vouloir distribuer les mauvais points à tout le monde !


  • francois_lg 2 mars 2008 00:52

    Je ne suis pas du tout d’accord avec votre analyse.

    Certes Le Monde a quelques défaults ; certes, on peut ne pas être d’accord avec tout, avec tous les articles, avec tous les points de vue. Certes certaines choses sont discutables, peu fiables,...

    Mais est-ce une raison pour repprocher à ce journal (ou à un autre quotidien) de ne pas être, ni une radio, ni "20 Minutes" ? Que recherchez-vous ? Une information partielle, voire contrôlée par n’importe quel annonceur - reconnaissez-le, c’est le gros inconvénient des journaux gratuits : l’indépendance qui pour moi reste potentiellement douteuse. J’ai un exemple en tête qui n’est certes qu’un évènement tout à fait mineur de la vie politique, enfin je l’espère, mais le mariage de Nicolas Sarkozy et Carla Bruni ainsi que l’ensemble de cet épisode n’a été que très peu couvert par Le Monde,... Alors qu’il a souvent fait la une de 20 Minutes.

    Et que dire du contrôle de M. Lagardère sur le journal gratuit de son pôle médias. Dans un cas il y a une logique purement industrielle, pas forcément à remettre en cause dans sa globalité certes : cependant le but premier reste de faire du chiffre - l’information quiqu’on en dise, la vraie, au sens "on prend le temps (on le perd ?) de chercher, d’enquêter, de débattre" l’information vraie est donc en un sens secondaire dans cette logique. Ce qui peut donner lieu en plus à quelques dérives, du type "parlons de Sarkozy c’est vendeur". Il y a un côté simplificateur dans ce que j’écris, mais tout de même il y a une part de vérité. Et cette perte d’indépendance, cette perte d’information autre que de grands slogans simplificateurs, ne peut être acceptée : elle n’est qu’illusion d’une quelconque possession de la connaissance, surtout dans le monde d’aujourd’hui, paraît-il beaucoup plus complexe et où tout est économiquement lié, mondialisation oblige. Jamais l’analyse n’a, pour toute info, été aussi vitale.

    Quand aux radios et le journal "Le Monde"... Je crois qu’aujourd’hui pour lire un tel journal, ce que étudiant, je fais tous les jours grâce aux tarifs réduits mis en place par ce journal, je crois donc qu’il y a (et votre article pour son côté plutôt simpliste me renforce dans cette idée) un choix de vie à faire : est-ce que j’ai le temps de lire ? Est-ce que j’ai le temps de m’informer, de me poser 2 fois 20 minutes pour parcourir un journal de 30 pages A2 ? Je considère qu’il est important de le faire pour ma part, ce n’est croyez moi pas du gaspillage, moins en tout cas que faire le sudoku du 20 Minutes. La différence entre Le Monde et 20 Minutes tient en un mot : culture. Et non, je ne suis pas un extraterrestre, mais je l’aime mon Monde, qui porte si bien son nom, et qui chaque midi m’attend dans ma boîte à lettres.

    Une dernière chose, puisqu’on en parle : Le Monde est loin d’être le journal plus ou moins conformiste et arriéré que vous décrivez : la preuve en est avec lemonde.fr, et aujourd’hui la crise que traverse le journal, preuve d’une certaine remise en question. Comme pour Les Echos d’ailleurs. Chacun sait que l’avenir de la presse écrite (et non copié-collée de l’AFP) en dépend : c’est un peu de notre liberté d’exister qui se joue dans ce monde complexe qui bouge très, très vite. Chérissons nos quotidiens... Lorsqu’ils auront disparu vous serez les premiers à vomir devant l’omniprésence de 20 Minutes. Certains écrivent que la presse française s’éloigne du lectorat, comme un constat factuel. Au delà du constat de la baisse de l’intérêt du public pour les médias traditionnels, qu’ils argumentent sur les raisons.

    Merci

    @+


  • SAFIR 2 mars 2008 12:58

    La majorité des choses naturelles qui complétaient notre personnalité naturelle disparaissent de jour en jour, l’écrivain d’hier n’est plus celui de nos jours ; le chanteur ; le poète ; la relation en générale entre tous les individus change avec le temps.

    Je me demande combien d’éspèces naturelles ont disparus par les désastres crées par l’ humanité, malheureusement on ne serre qu’à soi même, pour ne pas dire anéantir l’autrui pour survivre, hors on savait bien qu’aucun n’est éternel sauf notre bon DIEU.

    Changeons nous pour que notre climat terrestre change pour le mieux.


  • Mr Mimose Mr Mimose 2 mars 2008 16:48

     

    J’aime bien le monde diplomatique comme journal, car il contre balance la pensée unique qu’on nous sert dans tout les autres médias (qu’ils soient journaux, télés ou radios).

    Quelqu’un parlait de Le Pen sur le forum, et c’est vrai qu’on le voit plus du tout dans les médias. Pourtant vu son poids politique il devrait etre bien plus présent. C’est quoi cette démocratie et cette liberté de la presse qui ne le laisse pas s’exprimer ?

     


    • non666 non666 2 mars 2008 20:09

      C’est vrai que la droite nationale en general et Lepen en particulier est largement sous representé dans les medias, surtout ceux qui nous sont livré a domicile.

      Mais ils ne sont pas les seuls.

      La droite chretienne democrate malgres son score au presidentielle subis elle ausi "l’effet lepen", le sort des empecheurs de tourner en rond tranquille.

      Quand a la gauche marxiste, enfin, a celle qui pretend l’etre encore son sort est pire.

      Les medias semblent infatigable par contre a interroger un Parti socialiste qui n’a plus rien a dire, qui n’a plus aucune coherence, qui n’est plus en phase avec ce que signifie le socialisme dans tous les cours de science politique.

      Gonfler une pseudo rivalité entre ceux qui sont d’accord sur tout, ignorer les voix de ceux qui ont des discours differents, voila la clef de la "democratie" moderne : Une democratie qui garde des elections ou il n’existe pus aucun enjeux et qui "oublie" d’informer le peuple sur les choix fondamentaux et leurs consequences.

      Ce n’est plus la dictature a l’ancienne c’est une forme plus elaborée, celle d’un bipartisme entre freres siamois qui agit comme n’importe quel monstre bicephale pour depecer ses rivaux. L’hydre UMP/PS se reduit aujourd’hui a la seule tete qui a encore une voix, l’autre etant inaudible.


  • adryan barlet 2 mars 2008 16:55

    @ l’auteur

    je ne vois pas de différence entre les reproches que l’on peut faire à la presse Française et ceux que l’on peut adresser à Agoravox : le style de la nouvelle presse reste à trouver. Nous sommes dans l’errance totale, un peu ce que les situationnistes proposaient sous le nom de "dérive" : errer sans but connu, s’arréter n’import où en attendant le moment magique où les faits deviennent lumineux !. Pour l’instant quand je veux de l’info rapide et efficace Reuters me suffit. Je peux aller faire un tour sur les sites des Journaux Français je n’obtiens pas un iota d’info de Plus.

    Quant à Mediapart, le futur bide de Plenel, là je m’éclate : c’est bandant comme un rapport de la cour des comptes. Ces journalistes professionnels dont beaucoup sont jeunes doivent avoir appris le mêtier à Science PO : pas une once d’humour, une style nauséeux de notaire en fin de vie, une punition complète.

    Relisez les chroniques de Redis le Moelleux, ça date mais c’est pas pire que le Monde.


  • Pierre Boisjoli 2 mars 2008 22:11

    J’aime agoravox parce que c’est une mosaique de toutes les opinions du monde, ce que les quotidiens ne sont pas, particulièrement les éditorialistes. Si la fin du monde c’est cela, vive la fin du monde.

    Quand à l’affirmation que le contenu est trop moralisateur. Il faudra composer avec la morale car un large segment de la population revient à la morale comme principes de vie. A vouloir tuer la morale, on ne réussira qu’à introduire le cynisme dans mos entretiens.

    Pierre Boisjoli


    • fourminus fourminus 5 mars 2008 11:46

      @ Pierre Boisjoli

      Vous dites : "J’aime agoravox parce que c’est une mosaique de toutes les opinions du monde"

      Pas vraiment toutes quand même... Pour écrire sur Agoravox il faut un certain niveau d’instruction, le temps pour le faire et un accès à internet. Ca n’est pas tout à fait tout le monde...

      Ca ne m’empêche pas moi aussi d’aimer ENORMEMENT Agoravox parce que c’est ce qui se fait de de mieux aujourd’hui dans le pluralisme et le journalisme citoyen francophone (à mon gout). Cette opinion ne me fait pas oublier tous ceux qui ne sont pas sur Agoravox et dont l’opinion mérite elle aussi d’être prise en compte.

      fourminus smiley


  • yvesduc 4 mars 2008 22:31

    Dans un monde de plus en plus complexe, l’information généraliste doit être secondée d’une information spécialisée permettant à chacun d’entre nous de se spécialiser également. Pour ma part, je lis peu la presse et préfère les sites internet sur lesquels je trouve côte-à-côte, et par exemple, un article du Washington Post, du Guardian et du Nouvel Observateur, autrement dit une sélection par thème parmi une multitude de sources (généralistes ou pas). Quant au support électronique, il est incomparablement plus pratique - mais le métier de journaliste ne change pas ! Il faut toujours recueillir les faits et les mettre en perspective.


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