mercredi 10 mars 2010 - par inwebitrust

Buzzer à tout prix

 Ah le buzz ! fantasme publicitaire ou marketing, objet de tous les désirs permettant de passer de start-up vouée à l’échec à futur success story en puissance.
 
Ce qui au départ était le grain à moudre d’entreprises prêtes à tout pour faire parler d’elles (remember Stéphane Boukris, mailorama et faismesdevoirs.com) est en train de se transposer au monde politique et à l’information en elle-même.
 
L’important en ce moment n’est pas de faire réfléchir ou penser les gens, la multitude de médias et de contenus fait la part belle au sensationnel et à l’exclusif.
 
On est dans la recherche du scoop permanent, c’est à qui trouvera la vidéo cachée, le mot de travers voir la grosse bourde de tel politique ou people.
 
Ce qui buzz ne doit pas être complexe, il faut pouvoir le consommer rapidement, tel un casse-croûte qu’on peut partager avec son voisin en lui montrant le caractère insolite ou exceptionnel de la chose.
 
Twitter en est la plus belle métaphore, à quoi bon se répandre dans des explications ou une analyse poussée, l’internaute lambda (Raffarin parlerait de l’internaute d’en bas) est noyé sous un flux continu d’info et de liens en tous genre dont il aura bien vite oublié l’existence.
 
Je ne fais pas de l’anti-Twitter en disant ça, au contraire, le site de micro-blogging apparait comme une fourmilière impertinente et libre ce qui est assez rare en ce moment.
 
Mais il y a quelque chose de gênant à vouloir faire de l’info sur des gros titres et des phrases chocs à la Yann Barthes. Pour sortir du marasme ambiant il faut choquer ou faire rire mais pas forcément informer.
 
Des 140 caractères de Twitter aux 24 secondes du Petit Journal on retient quoi ? le doigt d’Eric Besson, le flow de Christine Lagarde, le décès d’une nourrice à lunettes...
 
Sous couvert d’ironie ou de sarcasme tout ça ne dénonce pas grand chose, au mieux on met le doigt sur un problème mais on ne fait que l’effleurer sans chercher à le comprendre.
 
Le buzz est devenu à l’info ce que les journaux people sont à la presse. Exit les reportages, le journalisme d’investigation, les enquêtes approfondies, ce qui marche, ce qu’on retient doit nous interpeller vite fait bien fait et nous divertir, sinon on passe à autre chose.
 
Le pire c’est que cette culture du buzz permanent qui gravite autour de nous, on la consomme sans modération, le débat politique est réduit à peau de chagrin.
 
Les bordels de Mitterrand, les textos de Dati, les auvergnats d’Hortefeux, on se croit défenseur des droits de l’homme, apôtres de la république en commentant, débattant, dénonçant tous ces faits-divers mais les vrais problèmes ne sont pas là.
 
 
Aujourd’hui notre temps de cerveau disponible si cher à Patrick Le Lay, le buzz le remplit en partie.
 
 
Source : par-la-fenetre
 



Réagir