lundi 14 novembre 2005 - par Francis Pisani

Ça bouge dans la médiasphère

La médiasphère - l’écosystème des médias - est en plein bouleversement. La circulation des médias traditionnels baisse, alors que les médias online commencent à gagner de l’argent. Certains journaux prestigieux, comme le Guardian de Londres et le New York Times, sont en train d’ajuster leur stratégie pour donner plus d’importance à leur présence sur la toile et au contenu digital.

Il s’agit avant tout d’un réajustement. Après avoir choisi de faire acte de présence sur l’internet, sans savoir clairement comment (attitude des années 1990), certains responsables se disent que le moment est venu de faire basculer l’essentiel de leurs activités sur la toile.

« Au début du 21e siècle, se limiter à la presse écrite équivaut à s’occuper d’une société de production de disques sur vinyle », vient de déclarer Andrew Growers, au moment de quitter la direction du Financial Times.

De fait, prise de conscience/réajustement sont bel et bien dus à une crise qui se traduit par une chute de circulation de tous les médias traditionnels, comme le montre Chris Anderson sur son site The Long Tail (voir ce billet).

Du coup, les médias traditionnels licencient. D’une façon ou d’une autre, les quotidiens tendent à réduire leurs effectifs (Philadelphia Inquirer, New York Times) ou leurs bureaux (Boston Globle, Baltimore Sun). Le principal actionnaire de Knight Ridder (propriétaire de 32 journaux, dont le Miami Herald et le San José Mercury) exige, pour sa part, la vente du groupe.

Parallèlement, certains médias traditionnels (parfois les mêmes) ont acquis récemment des sites web pour renforcer leur présence en ligne. C’est le cas du New York Times avec About.com, de Dow Jones (qui publie le Wall Street Journal) avec MarketWatch.com, du Washington Post avec Slate.com.

Deux changements fondamentaux contribuent à cette évolution : la publicité sur l’internet rapporte, et un nombre croissant d’internautes commencent à accepter de payer... certains services.

La toile devient donc attractive, en termes économiques. Il en résulte un changement de stratégie de certains journaux importants, que j’évoquerai très bientôt.

C’est pour cela que je parle de réajustements.

Mais les opinions sont partagées, et certains n’hésitent pas à annoncer la mort du papier, la disparition prochaine des journaux imprimés.

Qu’en pensez-vous ?



1 réactions


  • Phantow (---.---.232.194) 15 novembre 2005 01:25

    Les enjeux d’internet vont changer, tout deviendra plus serieux, car un seul mot sur un blog fera l’effet d’une bombe, comme l’affaire jeboycottedanone.Trop dangereux !

    Même si je n’est pas conu ce bel age, je crois touours que l’internet d’aujourdh’hui ressemble à la télé à ses débuts (ou aux radios libre) : ambiance bon-enfant, critique douce de la société, tout est « fait-maison » sans grands moyens, on croyait à une audience faible, tout ça plaisait aux gens. Fort de cette aura positive les financiers et décideurs se sont emparé de ce média pour qu’il devienne cette normalité affligeante d’aujourdhui gangrené par la publicité que les gens ne regardent plus !

    Internet est plein de promesses car il est multicolore. Profitons de l’age d’or d’internet, qui reste encore un « produit d’appel » (j’entends des services utiles et gratuits - mappy-meteo-blogs-communAuté de passionnés). Pour les grands, il faut encore légitimer son contenu (internet n’est pas sûr, parle qui veut). Forums, blogs et sites perso restent des techniques trop « démocratique » pour que les investisseurs y risquent leur image de marque. Mais bientôt...quand Internet sera un media uni-directionnel....on pourra investir !


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