vendredi 4 septembre 2009 - par Frédéric Degroote

Considérations de rentrée

 La rentrée bat son plein. L’été fut chaud. On pleure Michael Jackson. On aime répéter ce qui semble un mélange de lieux communs et de conformisme médiatique. La léthargie des vacances aura laissé les esprits propices au vagabondage d’idées reçues, de vérités toutes sauf vraies. Septembre ne s’annonce pas meilleur. Le Soir Magazine en Belgique nous offre en primeur pour 11,99 Euros un dvd contenant les 20 plus beaux clips de Britney Spears. Allons donc, ce sont les plus sexy, et avec des images inédites ! 
 
A suivre les journaux ou autres magazines, c’est ça la musique : Michael Jackson & Britney Spears. Le Monde consacrait il y a deux ans une double page à Diam’s, les principaux quotidiens n’arrêtent pas d’encenser Grand Corps Malade. Pourquoi tant s’acharner sur ce qui semble logiquement comme l’antithèse de ce que les hommes ont toujours cherché ? Pourquoi céder aux goûts du public alors que celui-ci n’est qu’un troupeau de moutons qui mange l’herbe de la prairie qu’on lui présente ? Pourquoi Barack Obama, si fier d’être métisse, a-t-il éludé tout artiste de jazz lors de son intronisation, comme le remarquait à très juste titre Marc-Edouard Nabe ?
 
Renaud Camus disait très justement à propos de la mort de Jackson les phrases suivantes : "Avec la mort du chanteur populaire américain Mickael Jackson et le deuil universel qui s’ensuit, assorti de considérations émues sur son génie artistique et sur son apport incomparable « à la musique contemporaine » (sic), une nouvelle borne, et capitale, se voit franchie dans la grande déculturation, dans l’abolition de toute hiérarchie au sein des arts et des pratiques culturelles, dans la soumission sans retour au spectacle, à la pression médiatique, au goût des masses et dans la complaisance à son égard. Puisque le mot a été politiquement et médiatiquement détourné de son sens, il faudrait trouver un nouveau nom pour ce qui s’appelait jadis la "culture", et qui n’est en rien concerné par la triste émotion actuelle."
 
L’émotion, le mot est lancé. Il est fini le temps où la raison avait encore son mot à dire, où l’on pesait le pour et le contre. Dites plutôt "Je ressens donc je suis" et vous voilà nouveau mécène de la critique. Qui a osé remettre en cause l’apport musical de Jackson ? Très peu. Toujours les mêmes. Ceux qu’on n’écoute plus ou qu’on ne veut plus écouter et ceux qui n’ont aucune influence. On a déversé de l’encre et de la salive là où des artistes pertinents n’attendent qu’un peu de publicité. Finalement, ceux qui l’ont aimé auront pu se complaire dans la déferlante médiatique & politique de tous bords ; et ceux qui y étaient indifférents ont pu avoir le loisir de le détester grâce à cette même déferlante. 
 
Les pistes ont encore été faussées. La confusion dans la tête des jeunes s’est inconsciemment renforcée. Merci le Soir Magazine de continuer à sa manière l’abêtissement culturel. Il ne reste plus qu’à citer Christophe Barbier, dans un de ses éditos quotidiens pour L’Express : "Parfois c’est Mozart qu’on assassine et personne ne le voit, parfois ce n’est pas Mozart qui est mort et on a un peu l’impression que c’est Mozart qu’on enterre."
 
 


1 réactions


  • Massaliote 4 septembre 2009 13:52

    Article excellent qui décrit bien le triste modèle de société offert à nos jeunes. Du sentimentalisme vaseux, de l’esthétique de pacotille, du lacrymal et du sexy...
    Bonne nouvelle, il y en a qui résistent, je l’ai constaté. Pas d’hystérie « jacksonmaniaque », ni de délire « britneyspearesque » chez ceux là. Mais ils ne sont pas nombreux. Autre bonne nouvelle, Jackson est ENFIN enterré.


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