lundi 17 novembre 2008 - par Nathan

Démocratie moderne

 Ce nouveau millénaire a vu rentrer le monde des hommes dans une nouvelle ère, celle du numérique, celle d’Internet. Coïncidence du temps ou convergence technique, on ne peut qu’admettre l’importance prise par ce réseau informatique permettant la liaison des ordinateurs du monde entier. Apparu au début des années 90, Internet, ou le world wide web a obtenu une place privilégiée dans la vie des gens en l’espace de moins de 20 ans.

On se sert d’internet comme on se sert d’un téléphone, ou comme on allume une télévision. Une place telle qu’est apparue ces dernières années l’expression de 5ème pouvoir. Qu’est-ce que le 5ème pouvoir ?
 
Les 3 premiers pouvoirs, classiques, d’une république démocratique sont les pouvoirs législatifs (parlement : assemblée nationale + sénat), exécutif (gouvernement + président de la république) et judiciaire (justice, cour constitutionnelle, conseil d’état et autres). A ces 3 pouvoirs institutionnels s’est ajouté, au XXième siècle, un 4ème pouvoir : celui des médias. Le journalisme diffusé au travers de la presse écrite, de la radio et de la télévision a bouleversé les 3 premiers de sorte que ceux-ci durent modifier leur mode de fonctionnement afin de composer avec ce nouveau moyen d’information et de communication permettant une meilleure expression de l’opinion publique. Ce en dehors des modes d’expression constitutionnels, vote, référendum sans parler d’autres modes d’expressions ou d’actions comme les sondages, ou la grève.
 
Pourquoi internet, nouveau média, mérite-t-il le nom de "5ème pouvoir" ? Car c’est un média très différent des médias classiques, presse, radio et télévision. Voici une description synthétique des avancées qu’il apporte :
 
- Information : Internet permet une meilleure diffusion de l’information locale ou mondiale. Au niveau de l’information, on peut comparer internet à la presse écrite, car les informations sont en général lues, bien qu’il soit possible de visualiser des vidéos d’informations, d’écouter des radios ou des émissions enregistrées. Internet synthétise les médias d’information classiques.
- Opinions : Internet est le média démocratique ultime. Il permet à chacun grâce à un ordinateur et un accès réseau, de pouvoir exprimer, juger, critiquer ou exposer. Le blog apparu il y a moins de 10 ans a encore optimisé la façon d’exposer des écrits au monde entier, totalement indépendamment d’un quelconque réseau social. Ainsi internet a transcendé les barrières sociales au sujet de l’expression d’idées.
- Mémoire : Internet se formalise, de fait, comme une base de données gigantesque. Avec ses données archivées, sauvegardées ou même laissées telles quelles sur des serveurs informatiques, internet est le seul média qui semble pérenne, dans le sens ou la recherche d’informations passées est extrêmement aisée. C’est là une avancée implicite considérable pour, disons, la petite Histoire, celle qui se perd, celle des faits divers, de la politique de tous les jours, celle de tout. Avec internet presque tout est écrit, presque tout est tracé.
 
A l’information, l’expression d’opinions et la mémoire s’ajoutent d’autres fonctionnalités moindres, du moins pour la démocratie, que sont la communication, qu’elle soit sociale, ou marketing, et la consommation d’arts et cultures, voire de médias culturels (photos, vidéos).
 
Ces avancées que proposent internet bouleversent à leur tour les 4 premiers pouvoirs simultanément. La politique ou les médias, non contents de bénéficier eux-même d’un nouveau support de diffusion et de promotion, ne peuvent désormais plus ignorer "la voix de l’internet" qui se formalise comme une sorte de sagesse populaire. Une sagesse écrite la plupart du temps. Et non-dite. Ainsi internet est un peu une quatrième dimension, un monde parallèle, un monde de jardins secrets, un monde d’esprits. Là se trouvent aussi ses limites. Nous ne savons pas comment grandiront nos enfants avec l’internet, celui-ci n’étant apparu pour nous qu’une fois adulte. 
 
Internet restera-t-il stable ? Techniquement ? Avec la taille des bases de données et serveurs, les nouvelles technologies plus consommatrices en ressources, ou encore le nombre d’adressage de sites disponible ? Moralement ? Avec la gestion des "traces" utilisateurs, données privées, l’espionnage, les virus informatiques.
 
Finalement internet se révèle comme à la fois un saut technologique et de fait démocratique formidable, mais aussi un champ immense en friche, sauvage, une jungle d’où peut encore naître tout et son contraire. Nous vivons aujourd’hui tous avec internet. Pourrions-nous nous en passer demain ?
 


6 réactions


  • FIAT LUX 17 novembre 2008 18:33

    les régimes autoritaires ou dictatoriaux craignent internet et portable comme la peste...un peu comme à une époque ou nos grands parents écoutaient radio libre...
    Les régimes démocratiques craignent internet et portable...lorsque ses ennemis les utilisent à leurs dépends.
    Un outil qui dans les mains de celui çi est formidable et dans les mains de celui la, une catastrophe...
    Qui contrôle, qui dirige, qui manipule et pourquoi faire ???

    bon papier qui fait réfléchir...bravo ! 


    • Nathan Nathan 17 novembre 2008 18:46

       Je comprends qu’internet inquiète la Chine ou d’autres dictatures. Un des points dont parle l’article (avenir moral) pourrait concerner la politique éditoriale de sites géants comme Yahoo ou Google vis à vis de régimes politiques liberticides. Ces sites doivent-ils pouvoir faire ce qu’il veulent afin de pouvoir exposer leurs pages web dans tout pays, ou faut-il une législation éthique mondiale ? Aujourd’hui internet est plus mondialisé que n’importe quel réseau commercial ... 


  • Nathan Nathan 17 novembre 2008 18:34

    Je tiens juste à préciser que ce texte, comme le précédent "Le paradis fiscal", n’a pas été écrit ces jours-ci, mais le 27/09. Il a juste mis un peu de temps à être publié (je n’y croyais pas trop, du reste ... smiley ). Il y a aussi une suite qui je crois sera publiée demain. Donc merci Agoravox pour la publication de ces articles.


  • FIAT LUX 17 novembre 2008 18:52

    Internet doit s’inscrire dans un cadre ...mais lequel ???
    celui de la Chine qui ordonne aux opérateurs de faire ceci ou cela ???
    ou celui de la France, qui, avec la CNIL...
    la différence entre les deux ???
    Les droits de l’homme, la liberté !


  • FIAT LUX 17 novembre 2008 19:15

    Ces sites doivent-ils pouvoir faire ce qu’il veulent afin de pouvoir exposer leurs pages web dans tout pays, ou faut-il une législation éthique mondiale ?

    Qui dirige ces sites ???
    Des entreprises privées occidentales....avec des capitaux Chinois, Russes, Arabes, birmans ou Cubains ???
    Les actionnaires ont ils leur mot à dire ???
    et les sponsors...comme aux derniers J.O ...


    • Kalki Kalki 17 novembre 2008 22:25

      Malgrès toute l’intellectualisation d’une abstraction, internet repose sur une infrastructure physique réél, régulée et controlable.

      Toute machination est dès lors possible.
      when there is a will

      Qui a dit que ’Internet’ c’est la liberté ? 
      Vous avez signé quelque chose ?

      Rien ne protége vraiment ’internet’ . Aucune morale, aucune justice, aucun politique et aucun interet économique.

      Auront ils besoin de controler internet ?
      Je pense que la ou il y a motivation/ renovation + conservatisme ( trio louffoque que l’on rencontre souvent) on peut se retrouver avec du patriot act I et II.


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