vendredi 5 juin 2009 - par tchepet

Facebook : le cinquième pouvoir

Informations personnelles, e-mails, chat, préférences, pages, etc. : il n’y a plus grand chose que Facebook ignore sur l’identité de ses utilisateurs réguliers. Comment et pourquoi ces informations font de Facebook une société surpuissante aujourd’hui valorisée à 10 milliards de dollars ? Analyse.

La valeur de l’information

L’information a acquis un poids très important avec l’émergence du capitalisme financier. Celui qui la possède est capable d’anticiper les hausses et les baisses d’un titre, de repérer les actions surévaluées, de savoir combien racheter telle société, etc. En outre, grâce aux produits dérivés et autres effets de levier, il est possible de tirer au maximum profit de l’information : lorsqu’un titre prend 1%, votre avoir peut ainsi être doublé par effet de levier cumulé. L’information a donc une valeur, susceptible d’être exploitée ou non.

Facebook ? Une mine d’informations !

Or s’il y a une entreprise qui possède des informations en grand nombre, c’est bien Facebook ! Toutes les informations : pages, groupes, informations personnelles, âge, etc. fournissent un grand nombre d’informations qui ne demandent qu’à être classées et hiérarchisées pour être exploitées. Et c’est d’autant plus profitable que les informations sont "attachées" à des personnes. Il est ainsi possible de dresser un profil de l’utilisateur, rassemblant ces pôles d’intérêt déclarés et potentiels.

Concrètement, comment ça marche ?

Le classement de l’information se ferait en fonction de quelques caractéristiques pertinentes : par exemple, l’information "fan du tiramisu" a peu de valeur. Elle indique tout au plus que je suis susceptible d’aimer les desserts. En revanche, "fan de Earth Hour" est une information qui implique une sensibilité pour l’écologie. Étant donné que c’est un domaine vaste et exploité d’un point de vue marketing, c’est une information précieuse ; il est donc intéressant de la mettre à profit. La manière est relativement simple : il s’agit d’avoir une base de données de liens commerciaux suffisamment étoffée pour pouvoir proposer des publicités ciblées correspondant aux intérêts de l’utilisateur. Dans l’exemple de l’écologie, on pourra proposer des liens vers l’achat d’un ordinateur économe en énergie vers un compensateur d’émissions de CO2 par exemple. Les possibilités de mettre à profit l’information sont infinies.

La puissance Facebook

La puissance de Facebook se manifeste quand on prend en compte la valeur de l’information, qui est aujourd’hui sous-exploitée (pour preuve : plus de la moitié des publicités qui s’affichent sur mon profil sont en allemand : super...). En mettant l’information à profit, Facebook qui pointe aujourd’hui au sixième rang des sites les plus fréquentés pourrait devenir une des sociétés les plus valorisées du net, en concurrence immédiate avec Google. La comparaison n’est pas innocente : si Google a pendant longtemps été le site le plus fréquenté du web et la page d’accueil la plus prisée, Facebook est en train de remettre en cause cette position largement dominante. En effet, le réseau social rassemble de plus en plus les premiers clics de souris : apparaît un "réflexe Facebook" , qui monopolise les premiers instants passés sur la toile et donc progressivement les pages d’accueil.

 

Myspace vs Facebook vs Google ?

Le premier concurrent direct de Facebook semble être Myspace. Or, la comparaison qui est souvent faite entre les deux sites doit au nombre de visiteurs, qui est comparable. On pourrait la substituer par une comparaison en terme de valorisation : Myspace est estimée à 500 millions de dollars ; c’est 20 fois moins que Facebook ! Google de son côté est valorisé à 210 milliards de dollars, environ 20 fois plus que le réseau social, ce qui en fait des entreprises de dimension quasiment comparable.

Mais Google est un moteur de recherche...

Mais Facebook ne demande qu’à mettre à profit sa page d’accueil : cette dernière est actuellement consacrée à promouvoir les nouvelles inscriptions, qui vont décroître progressivement en atteignant leur plafond de progression. Imaginez que Facebook mette en place un moteur de recherche. N’est-il pas tentant de remplacer sa page d’accueil dédiée jusque là à Google ? De plus, les saisies par moteur de recherche sont également... des informations ! Chez Google, celles-ci sont mises à profit en ciblant les publicités grâce à Adwords et Adsense. Facebook pourrait s’en inspirer et faire même mieux puisque les saisies pourraient être collectées et mises en relation avec les données de l’utilisateur pour étoffer son profil et le rendre plus précis, permettant ainsi d’optimiser la mise à profit de l’information. Les velléités de rachat de Facebook par Google - que Mark Zuckerberg a systématiquement refusées - sont par ailleurs loin d’être innocentes : c’est une manière pour Google de garder sa position dominante sur internet.


Oui, mais...

Reste qu’actuellement, Facebook travaille davantage à assurer sa suprématie dans le domaine des réseaux sociaux qu’à élargir son offre de services, l’idée d’un moteur de recherche ou d’un quelconque élargissement du panel de services n’étant presque jamais évoquée. De plus, Google reste le leader incontesté du web, loin devant Facebook...

Alors, Facebook futur géant ? A vous de voir. Facebook a laissé entendre qu’il envisage une entrée en bourse prochaine ; ce sera l’occasion de voir quelle réponse fournit le marché.
 


7 réactions


  • L'enfoiré L’enfoiré 5 juin 2009 13:11

    @L’auteur,
     Une émission entière sur le sujet chez nous.
    et Twitter, qu’en pensez-vous ?


  • Kalki Kalki 5 juin 2009 15:55

    Facebook ? IL faut m’expliquer en quoi c’est innovant : c’est juste « fédérateur » et surtout votre 5eme pouvoir est bien contrôlé, totalement, et en plus vous le signé, c’est génial.

    Totalitairement : ne vous en faites pas : si vous écrivez une connerie que vous voudriez réalisez avec vos amis : vous aurez la police à la porte avant de le faire.

    Sympathique n’est ce pas :c ’est merveilleux internet et le controle.


    • Marc Bruxman 5 juin 2009 19:15

      Ce n’est pas innovant en soi, le premier site du genre a avoir bien marché fut Orkut (un succès fulgurant au Brésil).

      Sauf que Facebook a rencontré un vrai succès d’usage partout dans le monde et donc la marque a acquis une valeur. Valeur certainement sur-évaluée mais la n’est pas le problème.

      Après rien ne vous oblige d’utiliser Facebook pour tout dans votre vie, si vous avez besoin de secret, utilisez autre chose qu’un site public.

      En tout cas, si ils le rentrent en bourse maintenant, ils vont se les dorer à l’or fin les fondateurs de ce truc la.


  • Topaloff Topaloff 5 juin 2009 16:08

    Facebook est surtout une véritable boîte de pandore


  • Gargamel Gargamel 6 juin 2009 11:21

    Une autre similarité avec google c’est que tant que ce n’est pas très connu c’est un truc sympa, et dès que ça a du succès c’est un monstre orwelien qui veut offrir en pâture vos enfants au gouvernement.


  • alizée 11 juin 2009 15:36

    Bonjour,
    merci por votre article qui montre bien la dangerosité de ce site ; par curiosité je me suis inscrite sur ce site puis 1 mois plus tard j’ai décidé de fermer mon compte tellement ce site ne me correspondait pas ; tout ce côté superficiel avec soit disant les 120 « amis » ?!! mais ce n’est que des foutaises et ça en devient pathétique, vraiment... toutes ces personnes n’ont aucune pudeur et ne comprennent pas qu’ils sont manipulés à des fins commerciales et financières.c’est honteux et révoltant ! pour moi facebook n’a rien créer de nouveau : envoyer des mails, il y a les adresses mails ou msn ; pour les vidéos et autres photos , c’est pareil voire avec un blog c’est faisable ; retrouver des gens qu’on a pas vu depuis 10 ans (c’est qu’il y a une raison non ?) on peut le faire sur copain d’avant... bref, je suis écoeurée par ce système et par la faiblesse des esprits, le manque de critique des personnes et de jugement...


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