mercredi 23 juin 2010 - par
Ambiance. Pour Jean-Luc Hees, qui avait attendu le 1er avril pour répondre à Guillon, le chroniqueur n’était alors rien moins qu’un nécrophile (Guillon dans une chronique d’anticipation, avait imaginé l’enterrement de Hees). Le 12 mai, Hees confiait au Figaro qu’il ne savait pas si Guillon serait reconduit l’année prochaine.
Guillon heureux quitte enfin France Inter !
Stéphane Guillon, c’est fini. Aujourd’hui, mercredi 23 juin 2010, le « trublion » signe sa dernière chronique.
Depuis janvier 2008 les politiques redoutaient le billet impertinent du chroniqueur vedette de France inter qui, du lundi au mercredi à 7h55, passait l’actualité au kärcher.
Dans un ultime papier, peu glorieux, l’humoriste s’attaque encore une fois à Jean-Luc Hees et Philippe Val.
Entièrement tourné vers sa petite personne, il verse quelques larmes de crocodile sur son propre départ. On a du mal à le plaindre.
On a pu formuler beaucoup de griefs justifiés envers Guillon : sa vulgarité, ses coups bas (sur le physique de telle ou telle personne), sa mauvaise foi, son opportunisme : son passage quotidien ne lui rapportait "que" 350 euros (par chronique) contre 18.000 euros par semaine chez Ardisson sur Canal+ (source Le Point), mais c’était un formidable coup de pub pour son ouvrage et son spectacle.
On peut aussi rappeler que Guillon avait ses têtes et qu’il n’était pas toujours drôle, comme aujourd’hui par exemple.
Pour l’excellent Philipe Bilger Guillon n’est pas un humoriste, mais un idéologue. La chronique quotidienne est un exercice difficile et on ne peut sûrement pas être toujours à la hauteur.
Certes, Guillon agaçait souvent. Mais on ne peut pas lui reprocher son manque de courage. De Nicolas Sarkozy à DSK, d’Eric Besson (sa victime favorite) à Kouchner, sans oublier la lamentable affaire « Jean Sarkozy », il s’est toujours attaqué aux forts.
Contrairement à Didier Porte qui, pris de vertige après avoir appelé Dominique de Villepin à « enc... le président », est sagement rentré dans le rang et retrouve logiquement une place de bouffon au Fou du roi, Guillon ne s’excuse pas. Mais, voir plus haut, celui-ci n’a sans doute pas besoin de cette chronique pour vivre.
C’est pourquoi aujourd’hui on aurait aimé de sa part une chronique au lance-flamme. Elle n’est que douce-amère. Presque pathétique (profitons-en pour relire l’intéressant papier de Sylvain Rakotoarison pour qui, déjà en avril dernier, « l’humoristique souhaitait quitter France Inter, mais dans les meilleures conditions, comme un martyr de la liberté d’expression »).
Guillon compare son départ à la « liquidation totale des humoristes ». On ignorait qu’il fut le seul représentant du genre dans la station...
« Ecoutez l’indifférence », lance-t-il, lui qui n’a pas eu un mot lorsque Didier Adès et Dominique Dambert, animateurs de La rue des entrepreneurs pendant de longues années, se sont fait jeter ou, très tardivement, lorsque Porte, son confrère, a eu récemment chaud aux fesses...
Ignorant encore s’il continuera sur la chaîne l’an prochain, il pratique délibérément la politique de la terre brûlée. Théâtralement. Non sans pimenter son papier de quelques saillies. Evoquant les travaux de rénovation dans le bâtiment de Radio France recouvert d’une bâche, il compare celle-ci à une burqa, synonyme de l’obscurantisme qui règne dans cette radio qui, selon le mot de Philippe Val, « coûte cher à l’actionnaire et qui n’est pourtant pas très bien traité par la station."
Ignorant encore s’il continuera sur la chaîne l’an prochain, il pratique délibérément la politique de la terre brûlée. Théâtralement. Non sans pimenter son papier de quelques saillies. Evoquant les travaux de rénovation dans le bâtiment de Radio France recouvert d’une bâche, il compare celle-ci à une burqa, synonyme de l’obscurantisme qui règne dans cette radio qui, selon le mot de Philippe Val, « coûte cher à l’actionnaire et qui n’est pourtant pas très bien traité par la station."
Détail piquant : sur cette « burqa » qui recouvre Radio France actuellement on peut lire ceci : "C’est bien la première fois que nous avons quelque chose à vous cacher." Ce qui évidemment fait la joie du chroniqueur qui rappelle que les travaux se terminent... en 2012.
Guillon rappelle qu’à son arrivée à la matinale de France inter, il y a deux ans et demi, la cote de popularité de Nicolas Sarkozy était déjà en baisse une semaine avant et qu’il est probable qu’elle continue à baisser après son départ : « Que je sois présent ou non sur cette antenne le président dévisse... ».
Guillon rappelle qu’à son arrivée à la matinale de France inter, il y a deux ans et demi, la cote de popularité de Nicolas Sarkozy était déjà en baisse une semaine avant et qu’il est probable qu’elle continue à baisser après son départ : « Que je sois présent ou non sur cette antenne le président dévisse... ».
En attaquant de front, une nouvelle fois, la direction de France Inter il démontre qu’il ne s’intéresse pas à la vie politique du pays ou même de la station, mais de sa propre vie. Cette chronique est entièrement tournée vers sa petite personne. C’est un règlement de compte personnel dont on se demande qui, en cette période extrêmement difficile pour l’ensemble du pays, il peut bien intéresser.
Le premier gros affrontement avec Jean-Luc Hees et Philippe Val a eu lieu en janvier 2010. Le chroniqueur reprochait au dirigeant du groupe Radio France d’avoir été fait Officier de la Légion d’Honneur : « un beau cadeau... après celui de juin dernier avec la présidence de Radio France... "bravo le copinage !" »
Puis il revenait sur le fameux propos de Val à propos de l’actionnaire « pas très bien traité par la station » (voir plus haut) : « Le lendemain, un tract de la société des producteurs rappelait à M. Val que le seul actionnaire de France Inter était le peuple français, à travers le paiement de la redevance audiovisuelle. Et non pas le président de la République, Nicolas Sarkozy, qui, désormais, nomme lui-même le PDG de Radio France. »
Ambiance. Pour Jean-Luc Hees, qui avait attendu le 1er avril pour répondre à Guillon, le chroniqueur n’était alors rien moins qu’un nécrophile (Guillon dans une chronique d’anticipation, avait imaginé l’enterrement de Hees). Le 12 mai, Hees confiait au Figaro qu’il ne savait pas si Guillon serait reconduit l’année prochaine.
Un peu plus tôt, dans le Monde, Val avait minimisé l’impact de Guillon. Un leit-motiv revenait souvent : France inter ce n’est pas seulement les quatre minutes quotidiennes de Guillon, il ne faut pas focaliser là-dessus... Une manière, bien sûr, de minimiser l’impact de l’humoriste (un impact bien faible en vérité).
En prenant les devants, Guillon fait l’économie d’une humiliation : celle de se faire virer comme un malpropre. Pourtant il ne s’agissait que d’une éventualité. Qui dit que Val n’avait pas pensé la caser dans une autre tranche horaire (pas forcément à quatre heures du matin).
Il n’a rien à perdre dans cette affaire. Personne, au-delà de l’inévitable petite polémique médiatique qui ne va pas manquer de nous occuper quelque temps, ne le pleurera. Il sera sûrement remplacé par plus talentueux que lui. Et moins fourbe.
Avec sa dernière chronique son masque est tombé. Il se montre l’un des pires complices de ceux qu’ils faisaient semblant de combattre.
Songez donc qu’en annonçant son départ (probablement négocié) il facilite incroyablement le travail de Philippe Val et de Jean-Luc Hees...