C’est reposant, c’est façon de voir l’actualité en rose . Dormez, brave gens, tout va bien, on s’occupe de tout, ne pensez plus à rien... Sur un autre site, j’ai appelé cela « Bisounours, ou mensonges par omission ? »
Pourtant ces articles de Libération sont bien faits : détaillés et équilibrés. Donc pour rétablir l’équilibre, je vais y aller moi aussi de mes citations :
- un fonctionnaire du bureau des élections suédois est moins convaincu : « On n’a rien compris à ce qui se passait, réagit-il, mais un dépouillement high-tech peut-il être autre chose qu’une affaire d’experts ? »
- Pour ses opposants, au contraire, la législation estonienne ouvre une brèche dangereuse dans les impératifs [] de secret du vote.
- « Je ne suis pas inquiet pour l’Estonie, explique Jaak Allik, député du Parti du peuple (centre gauche), mais le fait qu’une délégation de Bahreïn venue observer notre vote en ligne soit repartie enthousiaste ne me paraît pas très rassurant. »
- « Les tests réalisés ont généralement montré qu’il posait plus de questions nouvelles qu’il n’en résolvait d’anciennes, explique Thierry Vedel, chercheur au Cevipof, le Centre de recherches politiques de Sciences-Po.
Et pour ceux qui ont envie de rire au nez des politiciens qui promeuvent le vote électronique en annonçant que l’abstention va reculer...
- « Tout le monde, ici, est au courant du vote par Internet et au moins cela nous fait une image de marque à l’étranger, sourit-il. Mais pour moi, cela reste plus pratique et surtout plus agréable de me déplacer au bureau de vote le dimanche. Maintenant, demandez à mon fils de 20 ans qui passe ses après-midi libres à jouer aux jeux vidéo ce qu’il en pense, sa réponse sera peut-être différente même si je sais que cette fois, il n’ira pas voter, ni en ligne, ni au bureau de vote. »
- « Les partis pro e-vote espèrent que la possibilité de voter depuis sa cuisine leur rapportera de nouveaux électeurs parmi les jeunes, de loin les plus enclins à l’abstentionnisme explique Jaak Allik, député du parti du peuple, un parti agraire de centre-gauche. Mais ils auront beau leur offrir trois ordinateurs, ils ne voteront pas plus, en Estonie comme ailleurs,
s’ils n’ont aucun candidat pour qui voter en raison d’un débat politique qui se résume à un jeu d’ambitions personnelles. »
Certes, les politiques qui s’expriment ont des arrières-pensées (dans un sens ou un autre), c’est d’ailleurs bien montré dans l’article.
Quant au Premier Ministre, il nous sort la comparaison récurrente et infondée entre banque et vote en ligne. Vous pouvez contrôler l’exactitude d’une transaction bancaire a posteriori, par exemple en vérifiant vos relevés de compte. Et deux systèmes informatiques sont en jeu dans chaque transaction. Et surtout, ils peuvent garder toutes les informations nécessaires à l’intégrité des données : il n’y a pas de secret entre vous et votre banque. Au contraire, un système de vote anonymise votre suffrage : vous n’aurez jamais le moyen de vérifier ultérieurement si il a été enregistré et compté. Ou alors, cela veut dire qu’il y a possibilité de rompre le secret du vote.
J’aimerais connaitre la réponse des services de Mme Ulle Madise à la question posée au Forum e-democratie, à savoir si on tapait son code PIN sur un clavier intégré au lecteur de carte, ou sur le clavier de l’ordinateur. Dans le deuxième cas, c’est facilement piratable. Les deux types de lecteurs (avec et sans clavier) existent.
Quant à la croissance (réelle) dûe à l’e-administration, pourquoi toujours amalgamer vote et administration électronique ? Le premier pose d’énormes problèmes que voient les informaticiens tels que moi, informaticiens par ailleurs tout à fait favorable à l’administration électronique. C’est interdit, les ventes liées, il me semble
Les trois articles : ici et là, et un panorama du vote par internet en Europe : “Une pratique limitée”, avec comme résumé des projets de la Grande-Bretagne (dont on parle beacuoup que de l’Estonie...) :
- des tests ont été effectués lors des élections locales de 2002 et 2003, permettant à des millions d’électeurs de voter par l’Internet et SMS. Expériences coûteuses, qui n’ont pas permis de faire reculer l’abstention, et dont la généralisation ne semble plus à l’ordre du jour.
Pierre Muller,
webmestre de www.recul-democratique.org
Citoyens critiques envers le vote électronique, où qu’il soit