mercredi 8 décembre 2010 - par gérard Bellec

Journalisme informateur ou pirate ?

Le renseignement est un outil de collecte qui permet l’évaluation, l’analyse et l’interprétation de toutes les informations utiles à la décision, quel que soit le secteur d’exploitation.
 
Dans la lutte permanente que se livrent les entreprises et les Etats pour s’approprier des renseignements stratégiques dans les domaines de leurs compétences, qu’elles soient militaires, politiques, économiques, technologiques, scientifiques, le renseignement joue un rôle essentiel dans la maîtrise de l’information. Beaucoup de moyens sont utilisés pour savoir, le plus tôt possible, ce que préparent les concurrents. Le renseignement doit être perçu comme un instrument indispensable de détection servant à prévenir toute agression militaire, commerciale, économique, financière ; un bouclier protecteur pour garantir la sécurité du pays ou la pérennité d’une entreprise. Mais, le renseignement doit être fiable afin d’éviter les manipulations et les erreurs d’appréciations qui pourraient en résulter. 
 
Le secteur de la presse n’échappe pas à la chasse effrénée à l’information qui est le combustible de son moteur à explosion…de scoops. Détenir une information avant ses concurrents, c’est s’assurer des ventes. Toutefois, professionnelle de l’information, la presse se doit de diffuser ces informations après les avoir vérifiées. Elle ne peut pas soumettre à ses lecteurs des informations relevant de suppositions, de suspicions ou de rumeurs. Les médias ne doivent pas se laisser aller à la tentation du « scoop » et contribuer ainsi à la désinformation qui relève plus de la propagande que de l’information.
 
Quel est d’ailleurs, pour le grand public, l’intérêt fondamental de ces informations dont le renseignement est souvent du au piratage de données informatiques ? Le droit à la liberté d’expression et à la protection des sources imposent l’obligation du respect de la déontologie professionnelle qui doit être un filtre aux abus, aux manipulations, à l’utilisation des médias comme vecteur de diffusion d’une idéologie ou…à la mégalomanie d’un directeur de site dont Julian Assange serait l’Arsène Lupin du XXIème siècle ! 
 
La divulgation d’informations confidentielles sur les effets et conséquences désastreuses des guerres en Irak et en Afghanistan ou de tout autre sujet de nature politique, diplomatique ou militaire, est le cœur de cible de WikiLeaks. 
Pour ce travail de journalisme, le journal et Julian Assange ont été à plusieurs reprises récompensés par des Institutions internationales dont Amnesty International. C’est là toute l’ambiguïté de ce dossier WikiLeaks car si la révélation de faits et d’actes perpétrés par des Etats pour être autant de violations aux droits de l’homme, d’atteinte à la dignité humaine, de guerre fratricide, cultuelle ou ethnique, est courageuse et essentielle, les publications de WikiLeaks posent véritablement la question fondamentale de la crédibilité des sources, des moyens illicites utilisés pour accéder à ces renseignements et les limites acceptables de diffusion d’une information, celles du devoir de réserve d’un média sur des sujets qui peuvent mettre en jeu la sécurité du pays et des citoyens.
 
Gérard Bellec
 


4 réactions


  • Bobby Bobby 8 décembre 2010 16:31

    Bonjour,

    Voici en effet l’expression d’un des paradoxes de nos sociétés... qui se disent « civilisées » !

    Les services de renseignement pour être efficaces ne doivent pas se faire connaître... (et mentir sur leur véritable affectation) et pourtant fournir des informations vraies et fiables... premier paradoxe !

    Les états, s’ils étaient un peu, « démocratiques », ne permettraient pas qui quiconque puisse cacher quoi que ce soit au peuple qui est le principal intéressé... et qui vote sans rien savoir... or la réalité est tout autre ! et les décisions à « huis clos » font foison, pourtant, ne constituent que la face visible de l’iceberg !

    Les « révélations » dont vous parlez, à mon sens ne devraient jamais être cachées les accords secrets... (par exemple : ceux de Sykes-Picot, continuent à empoisonner la vie de toutes les régions concernées...) et ce n’est vraiment pas un secret de réfléchir à l’objectif, ou les moyens qui ont été nécessaires à la réalisation des attentats du 11 novembre 2001 !

    Ceci nous amène nécessairement à remettre la politique entière du pouvoir en place en question et par là, contester son bien-fondé. Il est clair que nous allons droit la tête dans le mur ! et que le phénomène prend de plus en plus de vitesse !

    La position que vous défendez serait qu’il conviendrait de laisser faire... je ne puis y souscrire ! On voit trop bien à quoi cela nous mène !

    ... Une « thérapie de choc » qui permet à un Dieu (l’économie) de faire progresser par tous les moyens (il suffit de suivre sur la carte les pays utilisant la torture, et ce qui la provoquée, pour s’en rendre compte)... mais celà, n’est pas accessible à tout le monde, n’est-ce pas ?


    • Bobby Bobby 8 décembre 2010 16:38

      ... de faire progresser par tous les moyens... sa propre dynamique !

      (un oubli... désolé !)


  • gael 9 décembre 2010 11:17

    Je défends ici l’idée qu’accepter la censure de Wikileaks, au nom de la protection d’un quelconque secret, revient à accepter la mort de la presse libre.

    Peu importe que ces données proviennent de piratages informatiques : elles sont là, et presque personne ne les remet en cause. Vous semblez croire qu’il existe deux types de journalisme : un journalisme propre, qui n’emploierait que des voies légitimes et officielles pour parvenir à ses fins, et un journalisme pirate qui se nourrirait de documents volés, de témoignages anonymes et autres moyens prétendûmment douteux. Mais lequel de ces deux journalismes, selon vous, est réellement « informateur » ? Est-ce celui qui se contente de ce qu’on veut bien lui dire, ou celui qui met son nez là où ne l’attendait pas ?


  • franor 9 décembre 2010 11:59

    En France ou nous n’avons aucun journaliste d’investigations, nous le constatons chaque jours dans nos différentes Pravda, un pour tous et tous amis.


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