La Hongrie met les journalistes sous contrôle
Les médias d’information sont-ils en danger ? La Hongrie prend des mesures de contrôle de l’information a priori. Manifestatons à Budapest. Critique des associations qui dénoncent la censure. Le gouvernement conservateur hongrois affirme que la nouvelle loi est conforme aux principes européens.
La Hongrie a adopté, mardi 21 décembre 2010, une loi sur les médias qui touche directement les contenus d'information. C’était la volonté du gouvernement du premier ministre Viktor Orban.
256 députés hongrois, contre 87, ont voté la création d’un Conseil des médias. Cette nouvelle institution est formée de 5 membres appartenant au Fidesz, le parti du premier ministre.
Ce Conseil des médias hongrois pourra affirmer que, selon lui, certaines informations "ne sont pas équilibrées politiquement" ou qu’elles "entravent la dignité humaine".
Le Conseil des médias dispose d’un grand pouvoir d’inspection et de sanctions.
La nouvelle autorité hongroise peut avoir accès aux matériels et aux documents d’un organe de presse avant même qu’un délit soit identifié.
Des amendes sont prévues en cas d’infraction : jusqu’à 700.000 € (200 millions de forints) pour une télévision ; 89.000 € maximum pour une publication multimédia sur Internet.
La loi prévoit aussi que les journalistes pourront être contraints de divulguer leurs sources sur des questions liées à la sécurité nationale.
Le gouvernement hongrois, dont le pays prend, pour 6 mois, la présidence de l’Europe, à compter du premier janvier 2011, s’est empressé de rassurer Bruxelles. Le premier ministre hongrois, Viktor Orban, assure que le Conseil des médias respecte les lois européennes.
Lundi 20 décembre 2010, à Budapest, avant le vote du parlement hongrois, près de 2.000 personnes ont manifesté contre ce projet considéré comme liberticide par l’opposition et les associations de défense de la liberté de la presse.
L’International Press Institute (IPI) estime notamment que cette loi poussera les journalistes à l’autocensure pour éviter la répression et les tensions internes dans leurs organes de presse.
Toutes proportions gardées, cette loi hongroise rappelle certaines nouveautés françaises... critiquées, à juste titre, par pusieurs syndicats de journalistes, comme le SNJ.