jeudi 20 décembre 2007 - par Philippe Bilger

La philosophie dans le petit écran

La culture. Il faut entendre avec quelle componction satisfaite ce mot est parfois prononcé. Comme si d’un coup tous les problèmes du monde s’effaçaient, comme si nous n’avions plus que le droit de nous prosterner devant ce concept. La culture n’est pas loin de dégoûter lorsqu’on prétend la sanctifier. Surtout quand elle est pendue aux basques de l’Etat, elle qui devrait se vouloir et se vivre comme source libre, inventive, créatrice de plaisir.
Récemment, une excellente enquête du Figaro magazine a mis en lumière le désastre du théâtre public dont la vocation est de jouer de mauvaises pièces devant des salles vides. L’ennui qu’on y respire serait la marque du génie. Molière, reviens, ils sont devenus fous. Nous disposons de 600 compagnies subventionnées et de 70 scènes nationales. Rien que cela ! Subventions, étatisme, corset administratif, bureaucratie, inspiration pauvre, tout est réuni pour faire de cette culture enrégimentée une catastrophe. C’est déjà beaucoup que d’avoir osé poser le problème du rapport qualité-prix et d’avoir un tantinet bousculé les vaches sacrées. C’est sans doute pour cela que j’ai d’emblée apprécié les propos et l’action de Christine Albanel qui, sous des dehors discrets, a été capable de mettre le feu à la culture. C’est aussi à cause de son talent et de son intelligence qu’elle est la femme ministre qui a le plus de mal à trouver une place pour les municipales à Paris. Inutile de s’en offusquer : c’est vrai à peu près partout, la qualité dessert plus qu’elle ne favorise. Elle coalise les médiocres contre vous.
Dans cette enquête, on constate que les "tops" du moment sont des comédies de Sacha Guitry ou de jeunes auteurs venus du cinéma. On pourrait penser que pour répudier la culture lourde et pesante avec un K, on ne peut que s’abandonner à du léger et du futile. Comme si le plaisir était nécessairement aux antipodes du grave et du profond.
Heureusement, à nouveau sous l’égide de Frédéric Taddéï qui n’en finit pas d’être le meilleur parce qu’il parle peu et anime beaucoup, la philosophie a été invitée hier soir sur France 3. Alain Finkielkraut, Marcel Gauchet, Yvon Quiniou et Daniel Bensaïd ont débattu d’abord du Traité européen simplifié puis de la vie politique française et internationale.

Alors qu’ils étaient opposés deux par deux, si j’ose dire, et que leurs échanges, en tout cas sur le premier thème, auraient pu tourner au technico-rébarbatif, ce fut un véritable enchantement. La maîtrise du langage, les facultés conceptuelles et discursives, la limpidité dans l’exposition et l’argumentation ont donné à cet entretien un tour non seulement infiniment civilisé, mais compréhensible et alerte. De grands esprits n’ont pas besoin de s’invectiver pour manifester leur antagonisme, les mots parfaitement maniés suffisent.

Sur l’analyse politique, ce fut plus virulent, voire violent, mais une violence née seulement de la passion de convaincre et du sentiment d’être en-deçà de ce qu’il aurait fallu exprimer pour mieux persuader. La fougue raisonnée et faussement paradoxale de Finkielkraut s’en prenait à la dialectique sèche et rigoureuse de Bensaïd. Quiniou m’a semblé sur ce terrain, quoique volubile, en retrait par rapport à ses interlocuteurs. On sentait qu’il n’avait pas à disposition suffisamment d’imprévisible et de spontané, qu’il récitait la vulgate marxiste et qu’il prétendait l’enseigner à ceux qui la connaissaient au moins aussi bien que lui. Il créait des longueurs et des redites dans un forum qui miraculeusement avait su les éviter.

Je n’aurais pas dû être étonné par une telle réussite car rien ne la rendait impossible. Mais on est tellement habitué à une télévision médiocre que l’irruption d’un espace de vraie culture ressemble presque à une incongruité. Pourtant, tirons de cette soirée une double leçon : les philosophes sont moins ennuyeux que les bateleurs et la télévision, quand elle veut, sait se coucher intelligente et passionnante.

Mais pourquoi si tard ? Le jour où une émission de ce genre passera à 20 h 50, nous aurons changé de monde et d’Etat.

Rêvons.



18 réactions


  • La mouche du coche La mouche du coche 20 décembre 2007 14:19

    « C’est déjà beaucoup que d’avoir osé poser le problème du rapport qualité-prix et d’avoir un tantinet bousculé les vaches sacrées. »

    Savez-vous M. Bilger, combien représente la culture dans le budget de l’état ? Même pas 1 % ? smiley

    C’est pourquoi toute attaque de la culture par la question budgétaire montre de façon éclatante l’hypocrisie de celui qui attaque. C’est un prétexte. Personne n’y croit un instant. smiley

    Excusez-moi mais votre article aurait été intéressant si vous vous étiez posé la question de savoir pourquoi la droite est tellement contre la culture (en dehors de la question politique).

    Comment ne comprend-elle pas que même du point de vue financier, la culture est un formidable VECTEUR D’IMAGE de la qualité, de l’excellence française auprès des grands donneurs d’ordre qui viennent en France investir.

    La culture est la meilleure « pub » possible d’un pays. Pourquoi la droite ne le voit-elle pas alors que tout le monde le voit ? Voilà ce qui nous aurait passionné de savoir.


  • le pen la vie la vraie 20 décembre 2007 19:15

    ce n’est pas la peine de rêver, il suffit de le vouloir taddei invite dieudo, soral, nabe, houria, finky et cela ne provoque aucune polémique ; soral et houria ont pu ainsi causer d’antisémitisme avec touraine et chancel « entre gens de bonne compagnie » sans que les couteaux soient tirés ; c’est à la fois la force et la faiblesse de taddei : « dépolémiquer » le débat, ils protègent ses invités mais peut édulcorer par là leur pensée. Mais si l’on est déçu par la prestation de soral, on est toujours charmé par celle d’houria, cette « folle » qui fait qd même tellement plaisir à voir. Lorsqu’elle dialogue de façon démocratique et parfois amusée avec des gens totalement à l’opposé d’elle même c’est effectivement trés agréable et trés réussie. solution pour le 20H50 :il faut virer les nuls (durand, ockrent, et tous leurs clones) et donner des émissions à zemmour, soral, finky and co. Je vous garantis que là, il y aurait foule ! l’un de mes souvenirs les plus grandioses du contact entre les grands médias et la philosophie est un passage de finky sur rtl : une heure trente d’intelligence passionnée à l’heure où l’on prépare le repas, je pensais à la ménagère de moins de 50 ans enfin convoquée à une parole si puissante et belle. Il ne tient qu’à la télévision de dire merde au consensus mou et de convoquer à 20h50 tous ceux qui, quoiqu’en disent les tristounets, sont « plus forts que nous ».


  • 21 décembre 2007 00:35

    Un vrai bonheur, votre diagnostic sur la Culture en France.

    Temples de la culture, grands prêtres de la culture, grands rituels de la culture, il est vrai que l’on est souvent dans une sorte de religion française, imitée d’un catholicisme faussement répudié, où l’incompréhensible (et chiant) était le sceau de la Suprême Intelligence.

    Le petit Jésus a disparu, mais la religiosité est restée, se trouvant d’autres supports, d’autres figures pour s’exprimer -et prospérer.

    Et il est également vrai que F. Taddéï, en honnête homme, vient nous proposer un peu d’esprit des Lumières, tous les soirs, dans son salon.

    Tous les soirs... ? Attention, le rituel nous guette !


  • jo 22 décembre 2007 03:22

    Je vais commencer par la subvention de la scène française. Comme il est noté plus haut le budget alloué à la culture est tristement ridicule.Les théatres subventionnés monteraient, joueraient des pièces que peu de gens vont voir, donc c’est une perte de fric. Mais c’est exactement ça la culture, produire des oeuvres qui ne sont pas forcéments faciles d’accès, pas grand public à première vue, parfois chiantes. Et il faut subventionner ces artistes car si on ne le fait pas, alors il ne pourra sortir que des oeuvres mainstream, calibrés sans goût et saveur mais qui feront recette.

    La culture n’a aucun but à plaire, si c’est le cas tant mieux, mais elle est là pour réfléchir et interroger le monde. Combien d’auteurs populaires à leur époque, remplissant théâtre, opéra, salon de lecture, galerie d’exposition, même cinéma pour ce qui est du plus récent sont aujourd’hui tombés dans l’oubli car leur oeuvre populaire n’était que le reflet d’une mode et non un travail doué de sens.

    La seul éthique sur le travil subventionné à poser est que le financier de l’auteur n’est pas son mot à dire sur le contenu, pour que celui-ci n’est pas de contraintes de ce plan là. Il en aura bien assez pour produire son travail.

    Parler de rapport qualité-prix pour la culture est une véritable insulte à la culture en elle même. Une oeuvre n’est pas là pour rapporter, mais pour créer un sentiment quel qu’il soit chez celui qui la vit. Officialiser le mercantilisme dans la culture est la dernière chose à faire, il n’est que trop présent. Cela ne signifie pas que les artistes ne doivent pas pouvoir vivre de leur création, au contraire, mais que les oeuvres ne soient pas un simple placements financiers comme un autre, choses que l’on retrouve régulièrement dans l’art contemporain.

    Je vais pas m’apesantir sur le cirage de pompes de la ministre, qui est comme d’habitude assez peu en prise avec la réalité de la culture, on pourrait disserter des heures sur sa vision du net avec sa commission Olivennes, mais ce n’est pas mon propos.

    Je reviens sur l’émission de france 3, avec les philosophes, que j’ai pris en cours de route, donc je n’ai pas vu la partie sur le traité européen, juste un peu la fin, mais je les ai vu intervenir sur la politique intérieur française. Quel effort du présentateur, nous n’avons pas eu droit à l’omniprésent bhl dans le camps des philosophes. Mais bon, nous avions quatre philosophes, on pourrait se poser la question sur ce qu’est un philosophe, quelqu’un qui réfléchit au monde, ça risque de faire du monde au portillon. Mais les quatres sont tout de mêmes des habitués des plateaux grands publics, que dire de finkielkraut, sorte de fantôme hantant tout un tas de plateaux télé, si peu que l’on se fase passer pour une émission avec du sens. Le débat n’apportait rien de nouveau sous le soleil des idées, du marxisme, il vendait son livre, il faut comprendre, même si l’analyse marxiste n’est pas fausse, elle est quand même un peu suranné. M bensaïd nous faisait son cours, intéressant, mais souvent interrompu par Finkielkraut, mais encore une fois que des choses qui ont été déjà analysés et sans une lecture vraiment nouvelles de la société. Disons que pour ma part, d’un point de vue philosophique, analyse,concept rien ne m’a surpris, je n’ai rien découvert. Mais cela ne signifie pas que ces débats était de mauvaises qualités, s’ils ont appris des choses à des personnes qui ne s’intéressaient pas à ces sujets tant mieux.

    Non le vrai problème du débat, c’était Finkielkraut. Ce n’est pas la première fois que je vois ce personnage faire son numéro télévisuel, et c’est à vomir. Tant de haine, d’incompréhension, de rejet, de snobisme, c’est proprement hallucinant. Sa vision de la banlieue et des problèmes qui s’y déroule est affreuse, pour résumer s’il y a des problèmes c’est à cause des jeunes étrangers pas catholiques qui ne veulent pas s’intégrer, ce n’est malheureusement pas une caricature. Ces propos ils les tiens régulièrement, bien entendu il enrobe son discours, dans un pseudo-académisme histoire de camoufler sa haine, mais c’est toujours les mêmes propos conservateurs avec aucune vue de l’esprit. Je ne parle même pas de ses arguments, raccourcis éhontés de ce que peut être une pensée. Une telle haine envers des personnes, toute sa diatribe sur les révoltes de 2005, si je me rappelle il était révolté en 68. Ah oui, ma bonne dame mais c’était pour une bonne cause, et il ne faisait que lancer des pavées, c’est vrai que ce n’est pas dangeureux un pavé dans la gueule. Je ne parle pas de sa poussée d’urticaire quand les autres philosophes ont commencés à tailler la religion.

    L’émission est une façade pour argumenter que la télévision publique fait dans le culturel, mais elle, l’émission est plus souvent l’espace de lieux communs, où les plus grande gueule ont le dernier mot.

    Alors la culture à la télé, il y a encore du chemin à faire, ça semble moins vendeur et c’est plus prise de tête que l’élection du plus gros mangeur de ratatouille avec en exclusivité la photo des chiottes après son passage.


  • Forest Ent Forest Ent 22 décembre 2007 19:48

    « La culture à la télévision », c’est un oxymore. C’est comme de parler de « tsunami constructeur ».

    Qu’il y ait par ci par là quelques accidents qui donnent lieu à une émission de qualité est possible. Je ne saurais jurer le contraire car ça fait longtemps que j’ai renoncé à les chercher et ne dispose plus de cette appareil maléfique. Mais si ça avait le cas, ce n’est pas Finkielkraut que j’aurais été consulter. Il existe heureusement en France de vrais penseurs, par définition non médiatiques.

    Il faut bien aussi un vague prétexte pseudo-intellectuel pour noyer les ondes sous les séries et spectacles emplis de sexe et violence, l’hagiographie sarkozyenne et le silence assourdissant sur les petites affaires de Bouygues et Bolloré. Qu’une personne de qualité puisse se vautrer là-dedans me désespère.

    Quand à Mme Albanel, c’est pour moi la personne qui veut faire une DADVSI 2, concentrer encore un peu les médias, donner quelques facilités à TF1 pour acheter plus de séries US suite à sa perte d’audience, etc ..., un pur valet des industries, comme Aillagon et Donnedieu de Vabres. Quelles que soient les qualités personnelles des ministres de la culture, on ne peut garder sa vertu dans un système aussi fondamentalement corrompu et contre lequel la justice ne fait rien.

    Il y a certes du gaspillage dans la culture officielle, qui bénéficie à quelques apparatchiks de droite et gauche, mais c’est mineur relativement aux cadeaux somptuaires faits aux industries, et ça permet de prétendre qu’on n’a pas totalement sacrifié l’idée de culture au bénéfice des copains et coquins.


  • pixel pixel 22 décembre 2007 20:21

    Excellent article qui défrise évidement les gens de gauche qui ne voit de salut, quelque soit le sujet, qu’au travers de l’état. Marx doit se retourner dans sa tombe,lui qui avait pour perspective le dépérissement de l’état.


    • Dewey 23 décembre 2007 02:18

      Il est symptomatique de voir que les actions en direction de la culture sont systématiquement rattachées à l’Etat quand la contribution de ce dernier représente moins de la moitié du total. Si le « dépérissement » de ces facheux interventionnistes vous sied, en l’occurence il faudra plutot chercher du coté des municipalités, des régions, des associations et du secteur privé.

      D’autre part et sauf erreur de ma part, la décentralisation n’a pas précisément été initiée par la droite.


    • Crapulox 23 décembre 2007 19:50

      « Excellent article qui défrise évidement les gens de gauche qui ne voit de salut, quelque soit le sujet, qu’au travers de l’état. Marx doit se retourner dans sa tombe,lui qui avait pour perspective le dépérissement de l’état. »

      Comme quoi les articles de Mr Bilger (l’un des 3) attire toujours des commentaires d’un niveau élevé !

      Mais en provenance de son bord, je précise !

      Qu’est ce que vous pouvez être prolixe Mr l’Avocat Général quand on sait (oui,oui !)le soin qu’il faut apporter à préparer ses réquisitoires.

      Sauf à ce que vous puissiez prétendre comme Me De Moro-Giafferi, sauver une tête sans dossier !

      Permettez moi d’en douter.


  • Halman Halman 22 décembre 2007 20:49

    Un article sur Bedos dans LeMonde.fr d’aujourd’hui.

    http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3246,36-992662@51-992732,0.html

    Oui il y a les faiseux et les taiseux comme on dit aussi en Bretagne.

    Et je vois mal les non taiseux des commentaires de cet article devenir des faiseux de la résistance.

    Bedos au moins a ouvert sa gueule et a fait avancer les choses, malgré les critiques à la con.

    Ce n’est pas avec les commentaires de cet article qu’on risque d’avancer, certainement pas.

    Je serais curieux de savoir comment les « résistants » qui se la ramènent dans les commentaires de cet article résistent au quotidien.

    L’article et ses commentaires : du néant.


  • orwell 23 décembre 2007 10:42

    J’attends avec impatience un CD-rom philosophique pour Playstation et je guette sur le hublot de ma machine à laver l’apparition d’un philosophe qui lave plus blanc. Je pense que la télévision n’est simplement pas adaptée à la philosophie. Comme disait Fellini, la télévison, c’est un appareil électroménager.

    L’auteur critique la culture subventionnée par l’Etat : Je ne peux pas lui donner tort sur ce point. Mais il le fait au nom de l’absence d’audience de cette culture. Puis il fait l’apologie d’une émission de France3 qui, selon lui, et parce qu’elle a parlé à son intelligence, aurait pu enthousiasmer les télespectateurs. Il regrette qu’elle ne soit pas diffusée aux heures de grande écoute.

    Pourtant, entre cette émission et l’election de Miss France, pas besoin d’être devin, l’audimat sera pour Miss France. Et ce n’est pas plus mal pour la philosophie. Quel est la place des philosophes-télé dans la philosophie mondiale ? http://plato.stanford.edu/contents.html . Rien. Et le niveau s’effondre encore plus avec le désolant Onfray.

    La connaissance ne s’acquiert qu’avec l’effort. La passivité devant l’écran de télévision permet seulement de rendre le « cerveau humain disponible » aux produits de consommation. Si de vrais philosophes investissaient FR3 pour échanger leur point de vue, c’est avec raison qu’ils se feraient expulser. En ce qui concerne l’émission que vous avez appréciée, pourquoi donc une élite modérément cultivée aurait elle le droit d’imposer aux heures de grande écoute des discours hermétiques aux moins comprenants ? La solution est simple : grâce à Internet, chacun peut évoluer sans tenir compte des médias de masse.


  • Emin Bernar Paşa 23 décembre 2007 17:09

    taddéi = la culture ????


  • perlin 24 décembre 2007 04:06

    @ l’auteur

    J’aimerais comprendre l’intérêt que vous trouvez à écrire des articles sur AV, tant les volées de bois vert qu’ils déclenchent sont aussi consternantes que persistantes. C’est toujours la même chose de la part des mêmes commentateurs : ils vous ont catalogué de droite ou pro-Sarko et partant de là, vous feriez un article vantant les avancées sociales du XXè siècle, vous auriez les mêmes critiques, si on peut appeler cela des critiques.

    Bon je me suis quans même bien amusé avec Jo qui se fend d’une longue revendication sur la défense des subventions pour la culture et qui fait une faute par ligne. Ha oui, il a bien raison, le budget de la culture est notoirement insuffisant pour son cas.

    Quant à votre enthousiasme pour une émission consacrée à la philo sur France 3 (que je n’ai pas vue), je le partage plutôt et je vous signale au cas où, que France Culture est très bien dotée de ce point de vue. La télévision programme parfois des programmes de qualité qui font de l’audience, mais c’est tout de même l’exception. Il faut dire que si le public se comporte comme la majorité des commentateurs d’AV, on n’est pas rendu à Loches, comme ils disent en Touraine.

    Joyeuses fêtes à tout le monde quand même.


  • TSS 24 décembre 2007 10:12

    j’ai egalement vu cette emission et contrairement à vous j’ai trouvé que le moins à l’aise etait finkielkraut, qu’il faisait beaucoup d’effet de manche pour cacher la pauvreté du discours,on aurait dit un avocat...general !!

    le meilleur fut celui que vous ne citez pas mr Gaucher !

    quand à l’emission de Taddei que je regarde frequemment,elle est d’un interêt inegal.


  • hoax ox 30 décembre 2007 21:01

    Premièrement mesdames et messieurs précisons que ce que nous appelons dans cette discussion la « culture » est une institutionnalisation du savoir et des arts.

    C’est précisément ce concept qui sert à anéantir toute forme d’innovation et de création dans la pensée.

    Nous devrions donc séparer ce qui est culture de ce qui ne l’est pas à entendre nos élites, hors c’est avec le temps qu’un contenu artistique, intellectuel ou autre devient CULTUREL posséder un ipod dans deux cent ans sera peut être le comble du raffinement pour un collectionneur d’art.

    « Je veux de la culture à la télé » mais mon bon monsieur il ne peut y en avoir du fait de l’incompatibilité temporelle de ces deux choses la télé c’est l’instantané (le nécessaire superfluX) une connaissance seulement pragmatique et anti-culturelle.(au sens où nous l’entendons ici).

    La philosophie en DVD pourquoi pas mais à la télé c’est ce que nous voyons avec Finkelmachin et consorts de la verbosité vide de sens et plus grave on nous fait passer des combats de coqs aux idées courtes pour le summum de la pertinence savante.

    La CULTURE nous nous gargarisons tous avec ce terme nous français savants et raffinés que nous sommes.

    Pour ce qui est du rôle de l’ Etat concernant les arts et les lettres (télé théâtre et autre)moi qui suit probablement de gauche puisqu’il faut montrer sa couleur sur A Vox... je le dis haut et fort l’ Etat n’a rien à faire dans la création artistique et la pensée philosophique. Il a pour rôle de faciliter leur diffusion (comme pour toute activité jugée d’intérêt dans la société) mais certainement pas des les orienter ni de les occulter hors c’est ce que nous faisons en France avec notre interventionnisme culturel.

    Moi je trouve l’émition de Taddeï scandaleuse car une fois de plus ce sont les mêmes que l’on voit partout sauf qu’ici c’est enrobé d’une aura putride de condescendance Académiste.

    Il n’y a aucune émission se disant culturelle qui ne soit pas mièvre et apôtre de la si galvaudée depuis deux trois ans Pensée Unique.


    • hoax ox 30 décembre 2007 21:07

      Mon enthousiasme m’a fait faire quelques fautes j’espère que les habiles du verbe n’en seront pas trop irrités.


  • poetiste poetiste 8 janvier 2008 10:40

    Décrasser la démocratie

    L’ego, a priori, n’est ni bon ni mauvais. Seul l’ego sans trique peut être d’un danger extrême. Dans le même ordre d’idées, le « con » peut rester « con », s’il est con sans trique, s’il ne se remet pas en question, s’il se conforme dangereusement à la pensée unique. Il y a péril à se donner plus d’importance que l’on en a ou à se fixer définitivement sur des croyances comme la patelle se fixe au rocher contre vents et marées et que l’on ne peut décoller qu’au couteau. L’oiseau prend son image dans la glace pour un ennemi et se casse le bec à le combattre. Un homme aurait tendance à ne considérer que l’ami en cette image virtuelle, ce en quoi il a bien tort. L’homme est le seul mammifère à posséder le don de réflexivité, la faculté de se reconnaître dans le miroir. Peut-être a-t-il de lui-même une vision très approximative, mais il y tient. Si par l’usage de ce miroir il reconnaît son corps, son enveloppe, il lui vient la pensée que les autres peuvent aussi voir cet aspect de lui-même. L’invention de la cravate vient de là, n’en doutons pas. L’histoire serait trop simple s’il n’était question que de reconnaître son image de mammifère à l’état brut. Il existe une autre glace que l’on voudrait bien plus valorisante : le regard des autres. Seul l’autre peut vous donner l’illusion d’avoir plus d’importance que vous n’en avez réellement. Ainsi, l’homme a-t-il inventé le pouvoir. Quel rapport me direz-vous entre le pouvoir et la cravate ? Comme je n’écris pas pour des demeurés, vous aurez compris l’importance de l’uniforme pour imposer l’uniformité. Les hommes croient être descendus du singe, quelle prétention ; ils y sont restés ! La preuve en est qu’ils n’arrêtent pas de se singer. Narcisse n’aime que son image et tombe dans son vertige. Aujourd’hui, en notre belle démocratie, une grande partie de la société se noie dans la vanité d’un regard narcissique collectif. Nous sommes à un stade où le métier d’imitateur fait plus recette que Molière. Le « one man show », l’homme face au regard public, a pris un degré de stupidité dont nous n’avons pas conscience. Molière nous montrait tels que nous sommes ; le « one man show » nous montre à quel point nous ne sommes plus. Il y a peu de gens du côté où l’on peut voir au travers du miroir sans tain. Autrement dit : La réflexivité n’invite plus à la réflexion. Avez-vous essayé de vous regarder dans un poste de télévision ? Ce n’est pas votre image que vous percevez mais une image sociale que l’on vous impose. D’ailleurs, vous êtes devant un écran. L’écran, par définition, ne fait-il pas obstacle à une bonne vision des choses ? La société, par le truchement de l’instrument technologique, procède à une lobotomisation : l’ablation de votre sens critique et le bourrage de crâne qui s’en suit est unilatéral. On vous emprisonne dans l’acceptation, la conformité, (un confort mité, soit dit en passant) et la consommation. Nous sommes cernés ; nous sommes devenus sots et mateurs. Peut-on imaginer à quel point le préfixe « con », du latin : « cum », signifiant : « avec », nous a entraîné en une médiocrité dont nous ne voyons pas la teneur ? Brassens a bien essayé de redonner le bon sens de ce préfixe, dans l’une de ces chansons, mais en vain. Assurément, il nous manque une bonne glace pour nous regarder tels que nous sommes, pour nous débarrasser de cette gangue du paraître. Que puis-je souhaiter de mieux à notre démocratie et à tout le monde pour 2008 ? Simplement : « Etre ». Que la vraie vie soit ! Qu’une solide hilarité de nous-mêmes nous invite à sortir des miroirs mimétiques, corporatistes et narcissiques pour nous donner le bonheur de la solidarité. Je vois des mendiants, hommes et femmes à la rue, au vingt et unième siècle. Franchement, ce n’est pas digne ! Et ce n’est pas drôle. L’imitation a des limites. Eux, ne veulent pas nous ressembler. Derrière le miroir se cache toujours la misère. A.C


Réagir