lundi 14 janvier 2008 - par qyutiun

La publicité est un monstre

On a peu de peine à imaginer comment est née la publicité. Elle trouve naturellement son origine dans la nécessité pour le commerçant de trouver des clients, de se faire une réputation. On imagine également comment au XIXe siècle le développement de la presse écrite et l’amorcement des médias de masse furent une opportunité extraordinaire pour se faire connaître à une échelle immense. Sans les médias de masse, pas d’industrie de masse. On comprend donc aisément l’émergence d’un marché de la publicité médiatique. Mais voilà qu’aujourd’hui la publicité est devenue un monstre.

Quand je parle d’un monstre, ce n’est pas forcément négatif. Je veux parler d’une chose qui à force de grossir et de muter est sortie de son cadre d’origine, de sa fonction première. Je parle de quelque chose qui n’était qu’un moyen et qui est devenue une fin en soi. Dans notre monde il y a des monstres partout, et la publicité médiatique en est un. C’est un monstre à la fois par ce qu’elle est et de par la position qu’elle occupe dans l’économie.

Le format publicitaire

C’est un monstre de par ce qu’elle est. Il y a bien longtemps que la publicité ne se cantonne pas à promouvoir les qualités d’une marque ou d’un produit. Dans sa forme écrite elle essaie d’abord de nous interpeller, elle attire notre attention. Dans sa forme audiovisuelle elle est plus sournoise encore. Nous y assistons passivement. Elle nous divertit, nous rassure. Elle nous raconte une histoire, nous fait rire. Elle nous touche. Fine psychologue, nous connaissant mieux que nous-mêmes, elle use de toutes les connaissances sur l’esprit humain pour nous manipuler, et avec notre consentement... Quel que soit le format, son but n’est plus seulement de nous faire connaître la marque, c’est de faire de la marque un univers auquel on adhère, c’est de coloniser notre esprit. La publicité est au pouvoir économique ce que la propagande est au pouvoir politique, une entreprise de soumission.

La publicité est un monstre, car elle ne ressemble pas du tout à ce qu’elle est réellement. Si nous voyions à la télévision un commerçant nous dire « venez acheter chez moi », nous comprendrions immédiatement de quoi il s’agit, mais aucune publicité ne nous montre ça. Comme le diable des mythes elle revêt des formes agréables pour nous séduire et nous tromper.

Bien sûr nous adultes sommes bien conscients de ce jeu de dupes. Pourtant nous l’oublions volontiers. Maline, elle ne nous apporte que réconfort alors nous la laissons faire. Nous acceptons qu’elle s’invite chez nous, et jusque dans notre esprit et nous cédons volontiers à ses tours de magie en continuant à nous dire que de toute façon, nous gardons le contrôle. Et elle se gardera bien de nous faire croire le contraire.

La publicité comme financement

Quand comme moi on est né avec la publicité télévisuelle, il faut un petit moment, étant enfant, avant de bien comprendre son rôle et son fonctionnement, avant de comprendre, par exemple, pourquoi la télévision est gratuite dans ce monde où tout est payant. C’est ce deuxième aspect qui fait de la publicité un monstre dans son positionnement économique.

Qu’une activité commerciale profite de la diffusion d’un média pour se faire connaître et promouvoir ses produits, rien de plus naturel. Que le média demande ensuite rétribution, c’est dans la logique des choses. La où un renversement se produit, c’est quand le média existe non pas en lui-même mais grâce à la publicité, c’est-à-dire quand la publicité devient un mode de financement décisif, voire le seul. Alors elle se transforme en monstre.

Il existe par exemple des quotidiens gratuits, c’est-à-dire entièrement financés par la publicité. Que penser du contenu de ces médias ? Dans le meilleur des cas, qu’il s’agit uniquement de rendre acceptables des tracts publicitaires qui finiraient autrement sur la voie publique, l’idée étant de les rassembler judicieusement autour d’articles susceptibles de susciter l’intérêt, et de les regrouper sous forme de journal. Il en va logiquement de même des programmes télévisuels, judicieusement diffusés entre les publicités. Reste à les doter de qualités suffisantes pour attirer notre attention...

L’économie de l’attention

Nous voilà en plein dans ce qu’on appelle l’économie de l’attention, celle-là même qui explose sur internet. Le principe en est que, contrairement à ce qu’on imagine au premier abord, nous consommateurs ne sommes pas les clients du média, mais leurs fournisseurs, puisque le client du média, c’est l’annonceur. Le média est un intermédiaire entre nous et lui, le produit vendu étant notre attention, c’est-à-dire une sorte de promesse d’achat potentielle, et notre rétribution étant le contenu du média, c’est-à-dire quelque chose qui nous intéresse. Voilà comment ce renversement progressif des rôles a abouti à la marchandisation de notre attention, notre « production » d’attention étant mesurée via l’audimat.

Seulement cette transaction commerciale entre nous et le média est « bâtarde », premièrement parce que notre rétribution n’est pas quantitative comme l’argent mais qualitative, et a donc une valeur subjective, ensuite et surtout parce que la transaction est consentie mais n’a pas besoin d’être clairement déclarée pour avoir lieu, et se fait donc en quelque sorte à notre insu. En effet nous restons dans l’idée que le média est entièrement gratuit.

Plus qu’une réelle transaction, il s’agit là d’une forme d’exploitation, de la même façon qu’on exploite les vaches, les nourrissant pour en tirer du lait, on nous sert du divertissement pour en tirer de l’attention aux messages publicitaires. Toutefois, soyons juste, à l’inverse de la vache, nous restons libres de ne pas entrer dans l’étable. Pour nous y faire entrer, il faut juste que la nourriture ait une odeur suffisamment alléchante...

Qui paie la publicité ?

C’est en voyant apparaître des publicités pour des quotidiens gratuits qu’on commence à avoir le vertige. Finalement on peut se demander le sens de tout ça. Le coût n’est-il pas énorme pour une simple potentialité d’achat ? L’impact de la publicité n’est-il pas relativement faible en fin de compte ? Toute cette publicité a un coût. Qui finance ce coût ?

On peut envisager deux scénarios. Dans le premier scénario, la publicité provoque une augmentation de la consommation. Ces nouveaux consommateurs séduits financent alors le coût de la publicité. L’entreprise vend plus, produit plus, gagne plus. Il y a croissance. Dans le second scénario, la publicité provoque un transfert de consommateurs d’une marque à une autre. Alors il n’y a pas plus d’argent injecté dans le secteur en question par de nouveaux achats. Le coût de la publicité se répercute donc forcément sur le prix. Le consommateur en vient à financer lui-même, sans qu’on lui demande son avis, une bataille commerciale entre différents concurrents qui ne font que s’échanger des consommateurs.

J’imagine que la réalité est une combinaison des deux scénarios. Il serait intéressant de savoir en quelles proportions, dans différents secteurs et sur différents produits... Toujours est-il qu’une partie de la publicité se fait forcément au détriment du consommateur, et constitue un simple gaspillage. C’est ce qu’on appelle en langage courant « payer pour la marque ».


L’impact du commercial sur la qualité des contenus des médias

On peut légitimement se demander quel est l’impact de cette économie sur la qualité du contenu médiatique en lui-même.

Dans un premier temps, on pourrait penser que les impacts sur les contenus ne sont ni plus ni moins ceux de tout média commercial. Que le but soit de faire de l’audimat ou de vendre plus, le résultat serait le même, avec ses avantages et ses inconvénients.

En effet derrière la production de contenus, donc le financement, il y a forcément une volonté. La production est dirigée vers un but : informer, éduquer, divertir, exprimer... ou gagner de l’argent. Le but principal visé modifie complètement la nature du produit.

Une activité médiatique commerciale, dont le but est de gagner de l’argent, a ses avantages : elle est soumise à concurrence, et donc cherchera à optimiser ses processus. Elle aura tendance à donner au spectateur ce qu’il recherche, ce qu’il aime. Finalement un spectacle qui ne plaît à personne sera naturellement éliminé, ce qui suit une certaine logique de sélection.

Elle a aussi de nombreux inconvénients. Une sorte de nivellement par le bas est nécessaire pour optimiser l’intérêt du maximum de spectateurs : il ne faut gêner personne, n’ennuyer personne. La rationalisation des processus de production en vue de leur optimisation (en termes d’audience) pousse à leur uniformisation, le plus simple étant de divertir, et dans une moindre mesure d’informer.

Enfin les productions de contenus orientés vers un but qui est l’expression, l’information, l’éducation, en viennent à être exclues de la diffusion, sauf si elles parviennent à être suffisamment lisses pour concilier les impératifs d’audience avec leurs volontés propres.

On constate également l’efficacité des contenus qui prennent parti des faiblesses des spectateurs : racolage, sensationnalisme, divertissement, sexe. C’est de la pure manipulation dans un but lucratif.

Enfin, afin de minimiser les risques commerciaux, on privilégiera le court terme au détriment de l’investissement sur la recherche artistique ou sur l’éducation du spectateur.

L’impact de la publicité sur la qualité des contenus des médias

Un média financé par la publicité, c’est tout cela mais c’est pire encore. En effet, contrairement à un média simplement commercial, quand le média est financé par la publicité, le contenu devient monnaie d’échange implicite pour acheter notre attention, et ceci a un impact sur sa nature.

Quand le spectateur a payé pour un spectacle, on peut se permettre de prendre du temps pour le préparer, le mettre dans le bain, pour amener un sujet. Même s’il n’apprécie pas instantanément, il aura compris avant la fin du spectacle où l’on voulait en venir et n’en sera que plus satisfait. L’important est qu’il soit satisfait à la fin. Quand le média est gratuit, le spectateur peut le regarder ou non, il peut quitter le spectacle à tout moment. Il faut donc le captiver instantanément, et finalement peut importe qu’il soit satisfait à la fin.

Quand le média est payant, le spectateur peut se permettre d’être exigeant. Quand le média est gratuit, il s’en fiche que ce soit nul.

Enfin, quand le média est payant, on n’a pas de contrainte a priori sur le contenu. Quand le média est gratuit, il faut s’accommoder de la publicité. Il ne faut pas gêner les annonceurs. Mieux vaut que le spectateur soit dans un état plutôt réceptif au message publicitaire. Finalement le contenu s’adapte à la publicité pour optimiser encore les gains.

Comme le spectateur est exclu des contributions financières au spectacle, comme il n’est plus client mais fournisseur, il n’a plus son mot à dire ni d’exigence à avoir sur ce qu’on lui donne et c’est donc lui qui en fait les frais en termes de qualité. Quand bien même on perfectionnerait l’outil de mesure qu’est l’audimat en y intégrant la qualité perçue des contenus (et cela suppose que celle-ci améliore la réception du message publicitaire associé, sinon on ne le fera pas), il est difficile d’imaginer qu’il en soit autrement tant que la finalité restera la même. Finalement peu importe que la nourriture soit bonne tant que la vache produit du lait.

Bien sûr tout n’est pas si noir. Il nous reste notre liberté, celle de sélectionner la qualité, de ne pas écouter les sirènes de la publicité. Il reste la liberté des médias, celle de parier sur la qualité et l’investissement, celle de se financer autrement.

Sur l’internet

Nous le disions : c’est sur internet que l’économie de l’attention explose. Mais internet est beaucoup moins limité que la télévision. On peut multiplier les canaux, les publics, la diffusion se fait à moindre coût. Par ailleurs l’utilisateur est actif et cherche lui-même le contenu. C’est donc une formidable opportunité contre l’uniformisation des contenus.

Espérons-le du moins, car il est évident que les recettes publicitaires vont se concentrer là où est l’audience, et que les productions vont s’adapter à ce système. Les budgets publicitaires ne sont pas infinis et la production de contenus a un coût également. A noter que certains travers des autres médias, le racolage par exemple, n’ont pas de raison de disparaître sur internet.

Ceci nous amène naturellement au problème de la visibilité. Etre visible sur internet n’est pas donné à tout le monde. Pour être visible, il faut aussi de l’argent, car il faut faire... de la pub ! Le danger est donc de se retrouver avec du contenu de qualité faible plutôt racoleur mais à forte visibilité, et du contenu de bonne qualité noyé dans la masse d’information. L’antidote à ce phénomène est le côté communautaire d’internet qui devrait permettre de promouvoir par le réseau le contenu de qualité. Encore faut-il pouvoir sélectionner, trier, qualifier, rendre accessible l’information. C’est tout l’enjeu d’internet aujourd’hui.

Internet reste donc une zone de liberté et d’expérimentation où d’autres types d’échanges peuvent naître et exister.

L’avenir du contenu médiatique

Le contenu médiatique est aujourd’hui infiniment copiable et transmissible, et est donc virtuellement gratuit. C’est pour ça qu’il n’est pas viable économiquement, et c’est le casse-tête sur lequel buttent en particulier les producteurs de musique. Mais le contenu médiatique est également à ce jour la seule monnaie d’échange qui puisse acheter l’attention dont raffolent les annonceurs.

J’imagine donc que le seul moyen de rendre le contenu médiatique viable économiquement, c’est de le faire fusionner avec la publicité. Finalement la publicité est le contenu, le contenu est une publicité. Une première étape de ce phénomène existe déjà sous la forme de contenus vidéo (le « marketing virale ») ou encore de jeux vidéo associés à des marques.

Comme ce sont les grandes marques les plus intéressées par la production de contenus, j’imagine que dans un avenir proche ils se feront mécènes, peut-être via des producteurs intermédiaires, et que de nombreux groupes de musique et d’artistes seront estampillés "Coca Cola" ou "Pepsi", "Apple" ou "Sony", produisant ainsi en même temps que leur art la valeur ajouté de leur marque. Alors plus que jamais les marques seront des univers complets, plus seulement des produits.

Le problème de l’indépendance et du financement se posera donc de plus en plus, pour les artistes comme pour les journalistes, qui bien que producteurs de contenus infiniment copiables, ne peuvent se permettre d’être dépendants d’un pouvoir commercial. Il faudra réinventer d’autres moyens de rétribution des artistes et journalistes par la communauté, afin de garantir l’indépendance, la qualité et la satisfaction du public.

Le même problème se posera d’ailleurs d’ici quelques années pour les écrivains, quand le papier électronique sortira des laboratoires pour être diffusé à grande échelle. Il se pose également déjà pour les créateurs de logiciels. Les logiciels sont aussi des contenus infiniment copiables. Il serait certainement de bon ton de s’inspirer des modèles du logiciel libre et de les étendre à tous les métiers de la création.

Conclusion

La publicité, de simple nécessité de se faire connaître, est aujourd’hui devenue un monstre au point de vampiriser le contenu médiatique. Alors que celui-ci, suivant l’évolution des technologies, devient virtuellement gratuit, il devient urgent d’inventer de nouveaux moyens alternatifs de rétribution des créateurs par la communauté.



13 réactions


  • roOl roOl 14 janvier 2008 17:15

    Autrefois les reves et les contes, maintenant c’est la pub qui regis nos fantasmes, et façonne nos desirs.

    Elle créer de nouveaux besoins chaque jour, et meme les puissants qui en passe commande se retrouve a courir apres... ce n’est que justice.

    La plus grande des polution, elle se trouve sur les murs de ma ville, étalée en 4x3.

    Elle est partout, et nul ne peut s’y soustraire, et pourtant j’essaye de toute mes forces...

    Bien plus insidieuse que la fumée de cigarette, elle se répand partout, a provoquer nos envies...

    La cigarette à quitter nos lieux publics, les pubs sont toujours en place, depuis le téléviseur branché non stop, deballant ses spots aguicheurs comme une entraineuse de pigalle.

    Et c’est ma tete que ca pollue.


  • Mohammed MADJOUR (Dit Arezki MADJOUR) Mohammed 14 janvier 2008 17:19

     

    @L’Auteur

    Vous dites :

    "Quand je parle d’un monstre, ce n’est pas forcément négatif."

    Ensuite, vous ajoutez :

    "Quel que soit le format, son but n’est plus seulement de nous faire connaître la marque, c’est de faire de la marque un univers auquel on adhère, c’est de coloniser notre esprit. La publicité est au pouvoir économique ce que la propagande est au pouvoir politique, une entreprise de soumission."

    Il y’a une contradiction ! J’ajoute que "La Réclame", devenue "Publicité" a vite grandi ces dernières décennies pour se transformer comme vous le dites si bien en un véritable monstre !

    Accaparant les nouvelles technologies, la publicité d’aujourd’hui qui fusionne avec toutes les propagandes s’occupe en vérité de tout ! Elle dicte la consommation, elle choisit les gouvernants, elle distribut les éloges ou les salissures...selon les cas !

    La publicité est une énorme machine de la "Désinformation" qui met l’humanité dans une peau de vache !

    Personnellement j’avais toujours dénoncé les excès de cette "chose"... Sarkozy a compris, mais il s’y prend mal ! La vieille "Réclame" a encore de beaux siècles devant elle !

    MOHAMMED.

     

     

     


  • Bigre Bigre 14 janvier 2008 19:17

    > Quand le spectateur a payé pour un spectacle, on peut se permettre de prendre du temps pour le préparer, le mettre dans le bain, pour amener un sujet

    Et voici pourquoi je ne vais plus au cinéma. Je n’accepte pas de payer ma place puis de payer de ma personne pour être gavé de publicité. Trop is too much !

    Et j’ai éteint définitivement la TV il y a quelques années. Overdose de médiocrité, publicité trop présente, publicité déguisée insidieuse insupportable.

    Sur mon ordi : Firefox et adblock, pour m’éviter le harcèlement. Au point que je crois qu’Agoravox ne pollue pas ses pages avec de la pub ! Il y a bien des grands espaces gris, reposants, ....comme sur tous les sites !

    Et malgré ça, sur beaucoup de choses que j’achète, je paie une "taxe publicité". Le cout de la publicité est un cout de production, que le fabricant inclut dans son prix de revient. Evidemment, les dépenses publicitaires des entreprises, elles seeraient financées par quoi ?

    J’avais lu que sur chaque bagnole, le cout de la publicité est d’environ 5%. (Pourcentage qui est évité sur la Logan de Renault par exemple). Je n’imagine pas le cout de la publicité (en %) sur les produits des marques qui nous inondent de pubs.

    Mais voilà, c’est devenu presque un réflexe ... produit avec plein de pub = produit de mauvaise qualité qui a besoin de ça pour être vendu. Alors je teste les produits peu connus dans les enseignes ’a bas prix’ (traduction de hard discount ?) et j’y trouve souvent une qualité qui me convient, à un prix qui me convient aussi.

    Relire le discours de la servitude volontaire ... et agir.


  • FrihD FrihD 14 janvier 2008 20:19

    La grande mode qui viendra bientôt (ça a déjà démarré) : c’est de payer des gens "influents" (comprendre qui ont un blog pas mal visité) pour faire un article sur un produit. Les sites de jeux vidéos fonctionnent ainsi : il faut faire plaisir à l’annonceur, les sites de matériel informatique également. Bref, le but est de faire une promotion qui n’en a pas l’air.

    Microsoft a payé des laptop "Ferrari" pour faire la pub de Windows Vista, Sony a fait de fausses vidéos youtube pour "all i want for Xmas is a PSP". J’en passe est des meilleurs. Peut-être même que ce post m’a été rétribué par les concurrents des boîtes que j’ai citées. Allez-savoir, je ne vous le dirai pas smiley .


  • Forest Ent Forest Ent 14 janvier 2008 21:32

    Article intéressant. Plus d’information sur les médias, leur économie et la publicité dans "la forêt des médias" :

     

    http://forestent.free.fr/

     

    Site sans pub.


  • ddacoudre ddacoudre 14 janvier 2008 22:01

    Bonjour quen-tin

     

    Un bon exposé.

    Je ne retiendrai pour mon commentaire que l’aspect financier.

    Je crois que l’on pourrait l’appeler l’impôt des entreprises, la dîme des papes de la publicité, la gamelle (pas gabelle) des seigneurs du marché, la tirelire du menteur, l’analphabétisme de la démocratie, l’ectoplasme du con, l’anesthésiant cérébral, la raquetteuse des pauvres.

    Mais ne me faite pas dire ce que je ne dis pas, les gens qui y travaillent sont des gens de talents, un pour leurs réalisations car il y a des pub qui sont des chefs d’œuvres, deux parce que leurs connaissances de la psychologie humaine est subtile.

    Pourtant je lui reproche de faire de la tromperie une qualité commerciale, qui vu son étendu, et l’impact assuré auprès des jeunes, concours indirectement à la banalisation de la pratique de la déloyauté, grâce à la noblesse d’un art cinématographique.

    Elle est la plus grande escroquerie du siècle, non pas dans le sens où elle porte a la connaissance des clients des produits, mais dans sa permanence d’offre de produits à coût réduit, de remises de toutes sortes qui ne vise qu’a vendre d’autres produits qui supportent la hausse des rabais consentis par ailleurs, et qui voit les résultats de ces sociétés de distribution en constante progression, en langage populaire c’est attraper un pigeon.

    Ne croyez pas que c’est un phénomène anormal, la tromperie et la duperie sont des facultés animales que nous possédons à ce titre. Mais moi petit incrédule je croyais dans ce bel axiome de la loi du marché s’exercent dans le cadre d’une concurrence loyale. Je dois être encore un peu jeune.

    Il faut comprendre que si un seul commerçant le fait c’est déloyal, mais si la déloyauté est la règle alors c’est moral, ha ! Mais au fait où cela se situe dans la politique de civilisation.

    Mais cela n’est que de la peccadille, le plus important et le financement de toute une foule d’activité.

    Tu as parlé des médias je n’y reviens pas sauf pour souligner que si l’on demandait aux citoyens une augmentation de la redevance ils s’y refuseraient, tant on leur a expliqué que l’impôt était anti libéral, mais comme ils la payent par « l’impôt publicitaire » ils ne font pas le rapprochement et ils trouvent même avec bonheur,  heureux de pouvoir disposer de programmes gratuits. Le mot miracle, le sésame pour une escroquerie mondiale, sorti des laboratoires d’études psychologiques des comportements humains.

    Si l’on demandait aux partenaires sociaux une augmentation de cotisation, pour financer les maladies orphelines, quel scandale, alors que c’est merveilleux quand des stars par l’initiative d’une association s’y investissent grâce aux revenus énormes retirés de leurs talents, certes, mais surtout du conditionnement populaire autour de leurs activités élitistes qui ont été subventionnées en boucle par la publicité, c’est-à-dire par « l’impôt publicitaire ».

    Et qui le paye ? Tous ceux qui achètent, car personne n’est épargné par cet « impôt des seigneurs du marché », et là, comme pour la TVA, pas de justice sociale, il est inversement proportionnel aux revenus, pire les plus pauvres y sont soumis plus que les plus riches, car essentiellement et majoritairement « la raquetteuse des pauvres » les cibles.

    Certain payent plus de deux fois, par exemple les accrocs au foot (je ne les vise pas particulièrement car j’en suis un amateur), ils achètent le billet d’un match de foot, ensuite ils payent une part des revenus des joueurs par la pub des équipes sponsorisés, pub de produits ciblés à laquelle ils succomberont sur des appels d’offres de marque à prix prohibitif, qui finance aussi la prestation des élites et s’ils les suivent dans leurs appels humanitaires, ils se font tondre jusqu’à la couenne.

    Ainsi, comme tu le soulignais beaucoup croient qu’ils disposent gratuitement des offres qui leur sont faites par ce biais. Dans cette économique « d’alphabétisme démocratique » les citoyens y aliènent leur pouvoir de décision que leur confère la démocratie pour suivre le mirage de la gratuité et de la ristourne de ces Pinocchios du journal et de l’image, qui dirigent leurs choix et en plus leurs disent qu’ils ne travaillent pas assez. C’est bien cela l’alphabétisme quand l’on n’est pas capable de lire et écrire le langage économique, alors l’on écoute les « papes de la dîme » économique.

    Certain bien pensant nomment, cette maladie psychiatrique de la compulsion suivit de boulimie, le fer de lance du marketing, moi je penserais plutôt a l’ectoplasme du con, où l’anesthésiant cérébral.

    Moi qui croyait que les progrès de l’humanité étaient du au capitalisme, je suis déçu.

    « D’une manière consciente où non se met en place un conditionnement classique du type pavlovien qui fera en sorte que devant une difficulté on fera appel inconsciemment aux règles pour lesquelles on aura été conditionné, auquel s’ajoutera le conditionnement décrit par Skinner qui est le processus par lequel l’environnement sélectionne les réponses motrices ou verbales qui « réussissent. » Il faut également y ajouter l’apprentissage social par l’observation de « modèles » : c’est le mimétisme, technique largement utilisée par la publicité, notamment télévisuelle, ou la production de films reproduisant les scénarios de vie dans lequel on vit. Instrument de culture, la télévision véhicule également, par ses films et les téléfilms, des mythologies anciennes ou contemporaines dont les récits et les images représentent un inconscient collectif qui devient le modèle de l’inconscient individuel. S’ajoutent également les techniques d’adhésion au scénario idéologique qu’il soit sociétal ou communautaire (idéologies politiques ou concepts religieux) où est recommandé le contact physique, car il engendre un engagement émotionnel qui n’a rien à voir avec le jugement conscient et rationnel. C’est pourquoi aujourd’hui les politiciens serrent tant de mains ; c’est pourquoi il y a des lieux de rassemblement d’où l’on ressort avec le sentiment de s’être ressourcé.

    Quelque part la vie est donc faite de « manipulations », et il est recommandé au vendeur du scénario de respecter l’illusion de liberté du « client », car la meilleure soumission est celle consentie, car l’engagement est lié au fait que l’individu s’assimile à son acte.

    Or l’impulsivité et la compulsivité sont l’un et l’autre des comportements obligatoires. L’impulsivité se définit comme l’incapacité à différer, quelles qu’en soit les conséquences, un comportement qui peut aboutir à une expérience immédiate de plaisir. La personne compulsive est consciente de son trouble, elle lutte contre le passage à l’acte qui ne lui procure pas de plaisir. Souvent suradaptés, les obsessionnels-compulsifs sont les bienvenus dans une société où la fiabilité, le perfectionnisme, la stabilité et l’obéissance aux règles sont des valeurs dominantes ». Jean Cottraut


  • Céline Ertalif Céline Ertalif 14 janvier 2008 23:49

    Bonjour,

    Merci de cet article que l’on sent mûrement réfléchi. Bien écrit, avec le souci de la cohérence. Trop long pour être percutant. Avec cette qualité-là, on relira du quen_tin.

    Je ne vais probablement n’en retenir qu’une chose et ce n’est pas si mal, c’est que nous avons tort de nous penser clients potentiels quand nous sommes des "fournisseurs" d’attention. C’est une inversion par rapport à notre perception ordinaire qui donne à réfléchir.

    Je partage beaucoup de ce qui est écrit ici. Il y a une autre chose importante à mes yeux, c’est le partage dans le chaudron de l’imaginaire où l’individu et la culture, par essence collective, fusionne.


  • Yohan Yohan 15 janvier 2008 00:05

    Je ne sais pas si la publicité fait vendre, mais en tout cas, elle sert probablement à exister.


  • Eloi Eloi 15 janvier 2008 19:31

    Et si AgoraVox devenait payant, mais sans pub, je signe de suite !

    Et vous ?

    @ l’auteur

    Merci pour cet article très bien tourné.


  • ernst 16 janvier 2008 12:47

    le troisième scénario auquel vous n’avez pas pensé, et qui pourtant est bien réel (cf : la plainte et l’éviction de Corinne Bouygues dans TF1 )c’est le blanchiement d’argent des Casinos, de la Mafia, des Hôtels, le marché énorme des rétrocommissions. C’est en cela que Sarkozy qui sait que Bouygues veut vendre TF1, avec ce monopole de la Pub, fait un cadeau somptueux dont on le remerciera sans aucun doute.

    De quoi récupérer des bagues par douzaines chez LVMH qui est un des plus gros annonceurs.

    République de coquins.Effectivement, vous êtes bien jeune !...


  • Alain Astouric Alain Astouric 23 mai 2014 12:37

    La tyrannie du marketing  : un livre qui dénonce les conséquences du marketing et de la pub sur l’environnement, sur notre alimentation, sur la liberté des médias, sur le surendettement ... et même leur capacité à décrédibiliser la politique. En vente dans toutes les librairies de France, Belgique et Suisse.


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