mardi 22 janvier 2013 - par Gwendal Plougastel

Lance Armstrong

Lance Armstrong a finalement rendu les armes. Après une décennie de déni, le septuple vainqueur du Tour a enfin admis devant Oprah Winfrey avoir eu recours au dopage durant ses années de gloire sur son vélo. Mais ses aveux ô combien tardifs semblent être davantage dictés par le souhait d’une réduction de peine que par une soudaine exigence de vérité.

Il n’a que 41 ans, mais a déjà derrière lui une biographie aussi longue et tourmentée qu’un personnage d’un roman de Victor Hugo. Ca tombe bien, Lance Armstrong est désormais aux yeux du monde un misérable. Il faut dire que l’ancien cycliste a tout fait pour acquérir ce statut, en mentant ostensiblement à la terre entière tout au long de sa carrière, et en avouant finalement sa faute bien trop tard, et par intérêts qui plus est.

En optant, pour son grand déballage, pour la grande prêtresse de l’audiovisuel américain, à savoir Oprah Winfrey, Armstrong avait choisi de mettre tous les atouts de son côté avant de passer à table. Même si le monde entier fut loin d’être rassasié par ce mea culpa pour le moins téléphoné…

Born in the USADA

Il faut dire que le Texan a, avant toute chose, cherché à ménager la chèvre et le chou durant cette interview dite vérité. S’il a, certes, enfin avoué avoir eu recours à la drogue en général, et à l’EPO en particulier, durant ses tours de France victorieux, il n’a en revanche pas décrit avec précision le système mis en place autour de lui afin qu’il parvienne à ses fins.

Il a ainsi épargné les hommes qui ont contribué à faire de lui le meilleur cycliste des années 2000, et surtout le recordman des victoires sur le Tour de France. Johann Bruynnel, directeur sportif de Lance durant ses sept glorieuses, a en particulier été totalement éludé de la conversation, alors que celui-ci fut le principal metteur en scène du mythe Armstrong post-cancer.

Cependant, même si les révélations n’ont pas viré au grand déballage, l’ex-fusée d’Austin a dû se résoudre à admettre les choses essentielles quant à son mode de vie sportif durant la majeure partie de sa carrière. Il a ainsi rendu les armes, devant le rapport implacable de l’USADA publié en juin dernier. En décidant ne pas contester les allégations avancées par l’Agence Américaine Antidopage, le Texan avait d’ailleurs commencé à creuser son tombeau l’été dernier, y laissant au passage ses 7 titres glanés sur le Tour.

Texas Instrument

Pour ceux qui connaissent un minimum les rouages de la communication américaine, cette mise en scène ne pouvait cependant faire office que d’illusion. Car il ne faut pas se leurrer quant aux raisons de ce passage aux aveux de l’ancien « boss » du peloton. Ils interviennent en effet seulement dans un cadre purement judiciaire, et dans le seul et unique espoir d’une remise de peine. Armstrong caresse en effet le doux rêve de pouvoir de nouveau un jour pratiquer le sport de haut niveau en compétition, en l’occurrence le triathlon. Pour cela, il espère que sa condamnation passe de la perpétuité à huit ans, le minimum envisageable. Mais à 50 ans, l’ancien rouleur aura-t-il encore la force de partir à la conquête de nouveaux défis ?

Eternel compétiteur, à la recherche du temps perdu même quand il avait quelques minutes d’avance, Lance Armstrong a pour la première fois de sa vie enfin accepté de se retrouver en queue de peloton. Mais cela n’a guère d’importance lorsqu’on a d’ors-et-déjà une place de choix dans la voiture-balai…

Gwendal Plougastel



6 réactions


  • Taverne Taverne 22 janvier 2013 17:10

    « Lance Armstrong » :

    Oui. Mais Lance-le très loin surtout !


  • volpa volpa 22 janvier 2013 17:50

    C’est un juge d’instruction perspicace qui doit l’ interviewer avec lancement de commissions rogatoires et croisement du tout.

    Ça aurait une autre gueule qu’une « journaliste ».


    • Fergus Fergus 23 janvier 2013 11:29

      Bonjour, Volpa.

       A ce détail près qu’il n’y a pas de juge d’instruction aux Etats-Unis, mais des procureurs (attorneys) qui instruisent à charge d’un côté, et des avocats qui s’efforcent de détruire les charges de l’autre côté. Et pour les deux parties, une recherche de décridibilisation des témoins de l’adversaire.

      Pour ce qui est de l’interview, Oprah Winfrey n’a effectivement pas fait preuve d’opiniâtreté pour obtenir d’Armstrong des détails sur le système et sur les nombreuses complicités dont il a bénéficié, y compris au sein de l’UCI. La raison de cette mesure est sans doute à chercher dans un accord en amont entre le tricheur des pelotons et la journaliste. 


  • thierry3468 23 janvier 2013 10:49

    Amstrong avec son arrogance habituelle ,n’a pas rendu les armes .Il a obtenu le droit de se livrer à une grande opération de com (complicité de Winfrey plus que suspecte) à la tv pour redorer son image .Il aime la magouille ,l’arnaque,la triche et il a donc continué dans cet exercice pour sauver le peu qui lui reste.Son égocentrisme est puant ,parfois haineux et méprisant.Cette intervention tv est une honte pour ceux qui ont dénoncé le dopage de Amstrong car il ne méritait pas une telle tribune .


    • Fergus Fergus 23 janvier 2013 11:32

      Bonjour, Thierry.

      Et votre indignation, justifiée, ira crescendo lorsqu’il publiera un bouquin de confession appelé à devenir un best-seller et qui lui permettra, si j’ose dire eu égard à l’origine de l’affaire, de se faire des couilles en or !


  • cogno4 24 janvier 2013 09:08

    Bof, à part les naïfs et les autruches, qui donc en doutait ?

    Continuez donc à aduler des « sportifs » qui se foutent de votre gueule et gagnent des fortune, ils ont raison de vous mépriser, car ce genre d’adoration est méprisable.

    Continuez à suivre le foot, continuez à suivre le « tour de France », cette compétition entre laboratoire.


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