Le cas Marianne James
Voici venu le temps des rires et des chants, la 5ème saison de la Nouvelle Star et son Jury people prêts à relever tous les défis ... d’audience. Mais arrêtons-nous sur le cas Marianne James.

Elle avait toujours su qu’elle incarnerait une Diva d’opérette à l’époque où elle cherchait un personnage à sa démesure. Ses études musicales auraient pu la conduire vers une autre voie. Sa rencontre avec Véronique Vola en 1988 marqua le début d’un duo comique qui, de bouche-à-oreille, alimenta la rumeur publique. Sa personnalité exhibitionniste, tout en extravagance la propulsa seule, dans un bain médiatique dans lequel elle trempe encore.
Dans son premier spectacle, elle interprète Ulrika
Von Glott, une Diva teutonique, gigantesque, overkitch et démesuré,
flanquée de sa minuscule pianiste, Yvonne
de St Coffre, aussi peu charismatique que la diva est outrancière. Revenues
d’Argentine où elles s’étaient exilées pour d’obscures raisons, elles remontent
sur scène pour donner un ultime récital.
C’est dans se
rapport psycho-morphologique improbable, à travers un spectacle brassant
tous les styles musicaux, (prétexte pour Marianne James à des changements de
costumes incessants), que les deux
femmes réalisent qu’elles ont cédées aux avances du même chef d’orchestre dont
chacune revendique l’amour exclusif. Naît alors une relation conflictuelle et
masochiste entre la diva et son accompagnatrice qui débouchera sur un conflit
meurtrier, dans un barnum explosif. Le
spectacle tournera onze ans et s’ajustera au fil des inventions des deux
comparses
Pour avoir vu ce spectacle, je pense que Marianne James s’y dévoilait beaucoup plus que dans ses poussées lacrymales qu’elle nous offre aujourd’hui sur les plateaux de la Nouvelle Star. Son spectacle fonctionnait comme un immense miroir dans lequel elle puisait ses interrogations et ses limites, traversant l’univers hybride d’un soap-opéra gay aux envolées baroques et fellinienne. J’ai été quelques fois dérangé par la tournure que prenait ce spectacle, par sa démarche artistique, pour tout dire.
Par des effets savamment dosés, elle prenait son public à contre-pieds, tentant, par des moyens empruntés à une psychanalyse de bazar, de le déstabiliser en l’impliquant en lieu et place où elle aurait dû seule, affronter tous les risques de la scène. Cette Ultima moyen de créer une fusion charnelle entre elle et son audience, elle y parvenait chaque soir, en prenant au hasard un spectateur, qu’elle embarquait dans un jeu masochiste dont on ne savait jamais quand et comment cela finirait.
Aujourd’hui ce qui frappe chez elle, n’est pas moins sa
corpulence qu’elle porte avec charme, qu’un cynisme qu’elle
trimballe de plateau TV en prime-time médiatique. Un cynisme couplé d’un
appétit de plaire.
Son dernier opus : Un CD musical qui a fait un bide.
Il a déjà disparu des bacs de Virgin et de la FNAC.
Tournant le dos à la qualité pour la facilité, elle a
choisi l’éphémère vedettariat cathodique et le divertissement populaire incarné
par M6 et TF1 ; loin du mieux disant culturel promis par François Léotard
au lendemain de la privatisation de la 1ère chaîne de télévision, à l’époque
où elle débutait sa carrière.
Aujourd’hui, c’est toujours vers ce but qu’elle concentre ses
efforts : Cultiver ce personnage d’ogresse femme qui lui a ouvert les portes des chaînes
privées et d’Universal, exposant à la vindicte populaire des
candidats chanteurs, distribuant bons et
mauvais points, lapidant ou adorant dans un même syncrétisme.
Dès son premier spectacle, on la découvrait égocentriste assumée, montant une partie de la salle contre
une autre : On riait, mais on ne se détendait pas. Mais se dessinait déjà très bien, ce personnage de mère dévorante qui fait le bonheur des
prime-times télévisuels idiots.