Tout a commencé, par un article paru sur le site web de Télérama : "Les OS de l’Info". L’article a fait le tour de la Blogosphère. Cet article décrivait les conditions de travail au sein des "news factory" en prenant l’exemple du groupe NextRadioTV.
Une "news factory", c’est donc une usine à dépêches écrites ou multimédias. Les "journalistes" n’y font pas d’enquête mais produisent un contenu standardisé à partir d’une communication plus ou moins officielle, contenu qui sera utilisé et réutilisé sur de multiples supports.

Le phénomène des "News Factory" est général dans la presse actuelle, du moins en France. Cela coûte tellement moins cher. Pour fournir des sites ou des journaux gratuits financés par la seule publicité, il faut de la productivité. Tant que les gens avalent ce contenu prédigéré et la publicité autour dans un même geste... Les îlots de résistance sont soumis à une érosion de plus en plus importante et bientôt ils sombreront dans les eaux.
Ce mouvement ne s’arrêtera pas. Il faut bien que quelqu’un paye, le moins cher possible, ce qui est gratuit pour l’utilisateur... Dès lors que la presse a accepté d’être essentiellement financée par la publicité, elle avait mis le doigt dans l’engrenage : la reconnaissance de son client n’avait plus d’importance ou, plutôt, son client avait changé, cessant d’être le lecteur pour être l’annonceur.

Mais à quels besoins la presse est-elle censée répondre ? Ces News Factory y répondent-ils ? Quelles sont les alternatives ?

Vous pouvez vous prêter à l’expérience. Regardez votre consommation de l’information. Au cours d’une journée, vous consulterez diverses usines à informations, souvent au travers d’agrégateurs comme les portails Yahoo, Google News ou autres. Pourquoi ? Parce qu’en quelques mots vite lus vous avez une synthèse de ce qui est important pour vous. Les usines à informations correspondent à ce besoin là.

Mais ce n’est pas le seul type de consommation dont vous avez besoin. Ceux qui souhaitent avoir plus ou mieux d’informations, en général sur une thématique précise ou quelques thèmes précis, sont prêts à payer pour cela. Y compris sur Internet.

Le problème est alors d’avoir une clientèle suffisante pour faire vivre un support (Internet, papier ou autre) avec les seuls paiements de sa véritable clientèle. Car, ce que l’on attend d’un journaliste professionnel, c’est de traiter massivement de l’information, de solliciter l’information qui lui manque (ce que l’on appelle une enquête) et de créer une synthèse acceptable, avec analyse et recul, pour celui qui consomme la production journalistique (lecteur, spectateur...). Le temps passé, le talent requis, tout cela se paye, tout cela a un coût. Parce que le journaliste professionnel a besoin, comme chacun, de se nourir, de se loger, de se vêtir...

Il y a aussi les journalistes amateurs. Ils sont souvent mauvais ou médiocres et n’ont aucune audience. Mais quelques-uns sont bons, certains mêmes excellents et acquièrent une audience qui fait palir les professionnels. Ceux-là n’attendent pas d’argent (ou très peu) de leur activité de traitement de l’information : ils ont un autre métier. Parfois, leur activité journalistique est une publicité pour leur activité principale. Ils ne cherchent pas à être complets mais parlent de ce qu’ils connaissent, de ce dont ils sont spécialistes, avec passion et conviction. Les journalistes amateurs, ce sont les blogueurs. Ils sont libres de toute contrainte, y compris éthique (il ne faut pas l’oublier), sauf de celles qu’ils ont acceptées.

Voilà, il y ainsi trois piliers à la nouvelle société de l’information : la production de masse sans saveur ; la production professionnelle de qualité réalisée avec recul, objectivité et complétude ; et enfin la production amateur ciselée avec amour et passion subjective. Le problème, c’est que seule la première est vraiment rentable à ce jour alors que nous avons besoin de cet équilibre. S’il manque un pied au trépied, il tombe.