mardi 14 avril 2009 - par Pierre-Alexandre Xavier

Les groupes média tentent d’écraser leurs concurrents et... leurs clients !

Un joli front uni de groupes média, épaulés par de bonnes grosses têtes du showbiz, semble réclamer un véritable durcissement de la politique de répression du piratage des œuvres musicales et audiovisuelles sur Internet. Avec des moyens et une présence considérables, les soi-disant défenseurs des créateurs et des artistes mène une guerre acharnée contre le téléchargement et plus généralement contre la liberté numérique. Opposés au principe de licence globale et accusant le Web de concurrence déloyale, les géants de la communication ne proposent aucune alternative sinon de perpétuer leur monopole sur la distribution et l’exploitation de la propriété intellectuelle.

Depuis des semaines, les chaînes d’information sont encombrées par les rebondissements de la loi HADOPI, mais aussi par les attaques diverses de grands groupes média et de leurs lobbyistes contre la flexibilité et la versatilité de la distribution de contenu sur Internet. Quand les cibles ne sont pas les « pirates », désignés comme seuls responsables de l’effondrement des ventes de CD et de DVD de ces cinq dernières années, ce sont les grands moteurs de recherche, notamment Google, qui sont accusés de monopoliser et de contrôler l’information, coupables sans procès de la désintégration de la presse traditionnelle.

Si l’on prête l’oreille à cet incessant discours catastrophiste mené de front sur tous les canaux disponibles (TV, radio, presse, édition, web) qu’entend-on comme solutions à ce que l’on pourrait appeler la crise des médias. Limiter, réprimer, contrôler, taxer, interdire, tels sont les maîtres mots de la propagande contre l’Internet. Ce dernier serait un Far West numérique sans foi ni loi où toutes les aventures à la limite de la légalité seraient légitimes, où tous les coups sont permis et surtout où le public serait mené par le bout du nez par de maléfiques acteurs d’une économie invisible et incontrôlable.

Le flot des arguments et leur omniprésence dans l’espace public est tel qu’il est difficile de résister au courant et ne pas prendre parti pour ou contre des positions radicales, à la fois conservatrices et répressives. Résister illégalement ou obéir pour le bien de tous semble être la devise en vigueur. Mais quelque chose manque dans le panorama, quelque chose dont cette avalanche de menaces et de prédictions funestes ne dit absolument rien.

Qui est l’ennemi et à qui profite(rait) un contrôle accru de l’Internet ? Qui sont donc ces horribles pirates ? Qui sont ces méchants aventuriers du Web ? Quelle est donc cette économie parallèle et occulte qui plombe notre économie si saine et si florissante... ?

Les récentes enquêtes du CREDOC, de l’INSEE et de certains instituts de sondage dressent une carte assez précise de qui est connecté, et donc potentiellement de qui télécharge. La population étudiante et les cadres forment l’essentiel des foyers connectés (CREDOC, 2007) et en moyenne un peu moins de 60% des français sont connectés à Internet. Ainsi ce sont à la fois des générations jeunes et des générations aisées qui bénéficient le plus de l’Internet et du flot de contenu qu’il propose. Toutefois, la population des cadres en France est largement minoritaire par rapport aux étudiants et aux autres catégories socio-professionnelles concernées par un abonnement à Internet. Nous sommes donc face à une population panachée, mais plutôt en dessous du seuil des revenus médians français (INSEE, 2008) qui choisit de manière stratégique d’être abonnée à Internet plutôt que de l’être à un quotidien, ou bien à un ou plusieurs magazines, ou encore à des bouquets additionnels de chaînes TV.

Pas encore parvenus à des seuils de salaires suffisants pour octroyer un budget conséquent sur le volet culture et divertissement, mais disposant d’une culture technique leur permettant de maîtriser aisément l’outil informatique et la navigation sur le web, les générations en devenir, à la lisière du monde de l’emploi ou faisant leurs premières armes dans ce dernier, sont la cible privilégiée des lois de régulation et de limitation de l’Internet. De là à dire que les cibles sont les jeunes, il n’y a qu’un pas. Mais ils ne sont pas les seuls. Ceux qui n’ont pas les moyens, pour reprendre une expression consacrée, sont aussi à mettre au banc des accusés.

Le prix des produits culturels, que ce soient des livres, des films, des concerts, des spectacles ou bien de la musique demeurent à des seuils trop élevés pour une majorité de la population qui doit en priorité subvenir aux coûts d’un logement, de l’habillement, de la nourriture et de l’équipement courant bien avant de considérer les dépenses culturelles ou de divertissement. Le tout s’inscrit dans un contexte difficile de précarité de l’emploi (qui ne date pas d’hier) et de politique de baisse des salaires pour les entrants dans le marché du travail.

Sans hésitation, on peut dire que les dispositifs de restriction imaginés et poussés par de nombreux lobbies médiatiques visent essentiellement et de manière absurde les générations de ceux qui n’ont pas encore (ou peu de chance d’avoir) les moyens de s’offrir les équipements et les produits de loisir. Cette politique commerciale coercitive est d’autant plus stupide qu’elle ne fait que creuser davantage le déficit de vente de ces mêmes groupes média.

Cette politique, relayée par les représentants institutionnels de la nation, se fait au bénéfice d’une vision autoritaire de la société dans laquelle les jeunes comme les pauvres ont une place de plus en plus restreinte, de plus en plus surveillée, de plus en plus dominée par les générations précédentes très anxieuses de conserver, jusqu’à leur terme, les avantages acquis, quitte à en déposséder les générations suivantes.

Tout le monde doit payer, même si ça ne vous plaît pas, la marchandise qu’une poignée décide de mettre sur le marché. Poignée qui ne voit pas d’un très bon œil que des francs-tireurs, des sociétés indépendantes, des acteurs hors du sérail, et que des auteurs et interprètes indépendants et autonomes se servent d’un média ouvert et en relation directe avec le public pour faire leur business sans avoir à plier devant les systèmes de distribution des majors en place.

Cette multiplication du choix aurait dû avoir une influence positive sur le marché et inciter les majors à suivre l’exemple en transformant leurs offres. Mais plutôt que d’imiter des iTunes, des Amiestreet ou d’autres, les majors ont décidé de faire une guerre sans pitié à l’ouverture de l’Internet pour le réduire, comme les autres médias, à un simple canal de distribution sous contrôle et réservé aux seules corporations transnationales fortement financiarisées.

Il s’agit en l’occurrence d’une guerre contre la concurrence. Pas de licences globales qui ouvriraient une brèche déterminante dans laquelle pourraient s’engouffrer des concurrents de petites tailles, aux objectifs ciblés et capables d’exploiter des niches très rentables sur un segment de dimension réduite. Pas question de laisser non plus des artistes, des créateurs et des producteurs s’échapper dans la nature et positionner des produits en dehors des circuits classiques de la distribution de masse. Enfin il semble inacceptable de dépendre des choix et des goûts des internautes — des clients — qui multiplient les filtres et les affinités selon leurs choix et non selon une stratégie marketing unilatérale qui va du Business au Consommateur.

La relation toute neuve et en plein développement de Consumer 2 Business est antagoniste avec les lois et les principes de fonctionnement des grandes majors. En bonnes directrices de conscience, elles savaient ce qui était bon pour nous et profitable pour elles. Aujourd’hui, les relations du Web 2.0, les systèmes d’enchères publiques, les forums de discussion, les mécanismes d’échanges et de propagation de l’information, les achats extrêmement ciblés et la liberté de navigation des clients sont totalement contraires aux stratégies de marques, aux concurrences concertées et aux connivences corporatistes des majors et des capitaux qui les soutiennent.

Ce que nous voyons émerger en ce moment est une propagande sévère contre plusieurs formes de libertés sociales. La première est la liberté commerciale de consommer et d’acheter ce que l’on veut. La deuxième est la liberté de faire jouer la concurrence sur un même segment de marché et de réduire radicalement les coûts périphériques à la production qui font souvent gonfler la note de manière vertigineuse. La troisième est la liberté de ne pas consommer passivement et de commencer à faire entendre ses désirs et ses affinités personnelles pour obtenir un produit plus singulier qui ne sera pas nécessairement vendable à son voisin.

Les grands groupes média — les majors — déploient des efforts considérables pour tuer une concurrence qui rivalise d’ingéniosité permettant à nombre croissant d’utilisateurs, ex-consommateurs, de bénéficier de produits culturels à la fois divers et nombreux. Ils déploient encore plus d’efforts pour mettre au pas leurs clients qui préfèrent dépenser leur argent, difficilement gagné par les temps qui courent, pour soutenir des petites entreprises innovantes et meilleur marché. 

La propagande est martelée quotidiennement et les moyens mis en œuvre sont considérables. Pourtant cette incapacité à transformer les mentalités et les modèles économiques ne fait qu’apparaître tous les jours davantage la faiblesse des majors. Et ce ne sont ni les bricolages juridiques ni les campagnes de communication fallacieuses qui vont occulter les volontés hégémoniques de ceux qui se considéraient encore hier comme les acteur incontournables du marché.

Les majors parviendront-elles à gagner leur guerre contre leurs concurrents et leurs clients ? La réponse et le prix à payer est connu d’avance. Tout au long du 20e siècle, les grands groupes du divertissement ont tenté sous des formes différentes de réduire en esclavage auteurs, producteurs et créateurs. Il semble que cette volonté soit encore forte et qu’il faudra mener encore de nombreuses batailles pour briser la volonté autoritaire de monopole de quelques uns sur le reste du monde. Les tenants de la vieille société de consommation « à la papa » ne survivront pas. Mais ils resteront en place tant que nous, les tenants d’un monde nouveau, nous ne nous serons éveillés que leur survie dépend tout simplement de notre acte d’achat.



20 réactions


  • LE CHAT LE CHAT 14 avril 2009 10:34

    les majors soutiennent tout ce qui peut freiner ceux qui refusent d’écouter la daube matraquée jusqu’à la nausée et téléchargent de la vraie musique !


  • RilaX RilaX 14 avril 2009 10:47

    Tous ceux qui ont lu ce projet de loi savent qu’il ne protège pas les artistes, mais les emprisonne dans le modèle économique actuel, qui n’est manifestement pas a leur avantages.
    Que les artistes pro-hadopi lisent de bout en bout cette loi qu’il soutienne, ils sauront.


  • Vilain petit canard Vilain petit canard 14 avril 2009 11:19

    Eh oui d’ailleurs, cette loi idiote, plutôt que de la surnommer « Loi HADOPI », on devrait l’appeler « loi UNIVERSAL »...


  • Louisiane 14 avril 2009 11:33

    Très bon article.
    On ne cesse de nous parler avec le capitalisme de concurence loyale et non faussée et on voit qu’en réalité, les gros arbres font tout ce qu’il peuvent pour qu’il n’y ait pas de nouvelle pousses.
    Ce n’est effectivement pas un problème de « vol d’oeuvres » mais de partage des oeuvres et des moyens de les diffuser.


  • Louisiane 14 avril 2009 11:37

    PROBLEME : j’ai voté OUI et ça a augmenté la proportion de NON !
    Ca me gave !


    • Doumé 14 avril 2009 12:35

      C’est la seconde fois que je signale ce bug, mais personne ne semble réagir.
      On en regrette la « vielle » version du site.

      Doumé.


    • Doumé 14 avril 2009 12:38

      Cela passe mieux sous FireFox .
      La dernière version du site est elle écrite pour ce browser ?
       doumé.


    • Yannick Harrel Yannick Harrel 14 avril 2009 15:52

      @Doumé

      Bonjour,

      Oui le site est normalement optimisé pour ce navigateur. Je ne tiens pas cette information d’une intervention divine elle même mais tout simplement du fait que c’est écrit en tout en bas du nouveau site : 

      Agoravox utilise les technologies du logiciel libre :
      SPIP, Apache, Debian, PHP, Mysql, FckEditor.
      Site optimisé pour le navigateur Firefox.
      Un site Infovox Network

      En revanche, sous Opera il y a encore quelques soucis comme un chargement qui ne va pas jusqu’à son terme : il me faut appuyer sur arrêt du chargement de la page pour pouvoir voter ou écrire, ce qui n’est pas normal. Et pour les votes négatifs, c’est un problème récurrent depuis quelques jours qui a été constaté sur plusieurs articles.

      Pour le reste, quant à cette fameuse loi Création & Internet j’ai déjà exprimé pourquoi elle n’est pas viable techniquement, juridiquement, économique et socialement. Les députés se retrouvent coincés entre le marteau (l’exécutif) et l’enclume (leurs électeurs), et on les sent particulièrement rétifs à donner leur aval. Il faut écouter l’ancien rapporteur de la loi DADVSI Christian Vanneste pour mieux appréhender le peu d’enthousiasme y compris au sein de la majorité.

      Cordialement


  • Marcel Chapoutier Marcel Chapoutier 14 avril 2009 11:41

    Comme toute bonne mafia pratiquant le racket, la mafia des éditeurs et autres majors utilisent leurs copains bien placés au gouvernement pour arriver à leur fin et pour pouvoir engranger des bénéfices faramineux (comme avant) au dépend des artistes créateurs et des citoyens que nous sommes. Ce n’est pas étonnant qu’à l’étranger ce genre de feuilleton nous fait passer pour des ploucs ringards réactionnaires...


  • non666 non666 14 avril 2009 13:24

    En fait , comme nous le faisons sans arret remarquer, les politiques sont desormais « tenus » par les faiseurs d’opinion.

    Ils ont tous vu comment on pouvait monter Chirac à 82% en diabolisant son adversaire, en en faisant un chevalier blanc, puis 5 ans plus tard, comment on pouvait le ringardiser, le criminaliser....

    Ils ont tous vu que Sarkozy n’avait pas été elu sur ces capacités(lol, comme disent les « djeunz ») mais sur l’organisation d’un scrutin ou tous ses adversaires de droite ont été scupuleusement eliminés et ou son adversaire de gauche a été choisie parmis les moins dangeureuse....

    Ce pouvoir la, meme s’il est amoindri dans sa partie presse paier est toujours aussi efficace dans sa partie hertzienne. Internet etant un concurrent dangeureux, ce qui est clairement visé est sa mise au pas en commencant par banalyser les outils de repression .
    On commence par ce qui semble « juste », la lutte contre le piratage et demain, on passera aux opposants, aux journalistes sans cartes de presse qui sevissent sur internet....

    Car il n’y a aucun autre interet a chier ces nouvelles lois (hadopi) qui sont au mieux des oublons des lois davdi et autres..si ce n’est laé banalisation de l’outil repressif qui sera ensuite « etendu » par decret, hors de tout commentaire mediatique.


  • Walden Walden 14 avril 2009 13:32

    Article intéressant.

    Mais quand va-t-on se décider à rectifier le bug qui comptabilise en NON les votes OUI ? Ca commence à bien faire...


  • herve33 14 avril 2009 15:05

    Très bon article et entièrement d’accord avec Non666 , Hadopi n’est qu’un début , le prochain pas , c’est le filtrage , le flicage du Net , des blogs et des commentaires .

    Bientôt , la Chine va envier notre système répressif sur Internet .

    Attention à vos commentaires et articles sur Agoravox !!!


  • patroc 14 avril 2009 15:23

     Très bon article.. Avec firefox, pas de bug sur Agora !.. Quant à adopipi, les majors veulent aussi garder le monopole sur les artistes qui, grâce à internet, ont pu se faire connaître avant de négocier leur contrat.. Avec adopipi, on se retrouve avec des artistes préfabriqués, dépendants et prisonniers de leur créateur.. Mais çà ne changera rien : Les majors sont devenues inutiles et c’est leur dernier râle, les « enfoirés » et autres réalisateurs (Leconte, Lelouch, Besson..) qui nous pondent 8 merdes sur 10 réalisations ont intèrêt à s’accrocher, à trop vouloir garder ils vont finir par tout perdre !.. Quant au P2P crypté, je vous conseille Stealhnet, le futur Emule des pirates en herbe, aujourdh’hui pas trop fourni, mais demain autant qu’Emule sans aucun doute !.. 100/100 anonyme et très simple d’utilisation..


  • chmoll chmoll 14 avril 2009 18:49

    les « medias » c’est si ségolène parle ça fait un tabac

    si l’sarko ment silence radio


  • yvesduc 14 avril 2009 20:54

    Négatif, l’argument de l’argent ne peut pas être utilisé vu les sommes investies par les pirates dans le matériel et l’abonnement internet.


  • nightflight nightflight 14 avril 2009 21:25

    J’ai encore entendu la protagoniste de la loi hadopi mentir en disant « Cette loi est une bonne loin » (Méthode Coué), et en parlant « D’interruption très courte de l’accès à l’Internet » (Sous réserve d’acceptation du bracelet électronique virtuel pour internaute).

    Par ailleurs, j’ai pu ça et là, prendre connaissance du montant touché par l’artiste sur une vente de CD : Ceux là, pour se faire couillonner par les majors, ce sont les rois.

    J’ai également vu une cohorte d’artistes soumis, venir soutenir la loi hadopi, moi qui croyait que les artistes étaient par essence insoumis (Pauvre naïf).

    Là où notre président est remonté dans mon estime, c’est lorsque j’ai constaté qu’il avait épousé une artiste, qui se foutait pas mal d’être piratée, et que c’était même tout le contraire (Véridique : Enregistré il y a quelques années dans une soirée d’artistes).

    Maintenant, et concernant la production de films, il faudrait tout de même venir m’expliquer pourquoi Dany Boon a fait autant de fric sur son film « Bienvenu chez les chtis » (Au cinéma, j’ai adoré), alors qu’autant de copies pirates de ce même film circulent actuellement. Il faudrait m’expliquer : Un problème de compta ? De statistiques ?

    Comment se fait-il que le cinéma où j’ai mes habitudes soit plein à craquer à chaque fois que j’y vais ? Y aurait-il à mon insu une panne généralisée de l’Internet ? Un problème de serveurs peer to peer ?

    A la fin, je vais finir par croire que les majors et les sociétés de production cinématographiques se sont alliées pour nous faire un patriot act à la française, qui utiliserait la culture comme cheval de troie ...

    Il faudrait vraiment que l’on arrête de se foutre de la gueule du monde avec cette connerie d’hadopi !


  • frédéric lyon 14 avril 2009 23:36

    Internet va modifier les conditions de distribution de la musique et des images aux consommateurs (Appelons celà de la « culture » si on veut), mais l’acquisition de ces images et de ces musiques ne peut pas être gratuite.

    En tous les cas, elle ne pourrait pas être gratuite longtemps !

    Internet va donc tirer les prix de la « culture » vers le bas, mais lorqu’on voit de quelle daube il s’agit la plupart du temps, on peut estimer que ce n’est pas dommage !


    • Pierre-Alexandre Xavier Pierre Alexandre 15 avril 2009 08:52

      Avoir un PC à 200 €, un lecteur mp3 à 25 € et même un abonnement internet+téléphone à 30 € par mois, cela représente-t-il dans la catégorie de la population concernée un segment de nantis ? Je ne le crois pas. D’autant que j’ai précisé que la population la plus équipée (CREDOC) se partageait entre la grosse majorité d’étudiants et de jeunes travailleurs et la petite minorité de cadres (souvent à l’attention de toute la famille, donc d’autres étudiants et jeunes).

      Que les jeunes et les libertés soient victimes des groupes media et de certains artistes (souvent producteurs) est le fait de dommages collatéraux, non d’une intention première. En revanche, la mise sous contrôle par l’appareil institutionnel est clairement une volonté politique. 

      C’est en substance, ce que je dis dans l’article.

  • Reinette Reinette 15 avril 2009 00:12

    LES ENNEMIS D’INTERNET

    Pour les pays les plus démocratiques, l’irruption de l’Internet sert surtout à éprouver les institutions. La censure ne peut s’appliquer dans toute sa brutalité, car la justice, les principes constitutionnels et la mobilisation de citoyens bloquent encore le plus souvent toute velléité de brider radicalement la liberté d’expression. Les tentatives de changer la loi pour museler l’Internet de façon frontale ont toutes échoué.

    « Il n’a jamais été aussi facile de s’exprimer sur Internet » indique un rapport de l’OSCE (organisation pour la sécurité et la coopératioin en Europe) publié en août 2007.

    MAIS... « de récentes décisions qui vont à l’encontre de la liberté d’expression sur Internet dans un certain nombre de pays rappellent cruellement combien il est facile à certains régimes, démocraties et dictatures confondues, de réprimer les opinions qu’ils désapprouvent, réprouvent ou tout simplement craignent ».

    Une vingtaine d’Etat sont pointés par l’OSCE pour leur façon de museler l’Internet, de la Chine au Vietnam, en passant par la Libye, la Géorgie ou l’Iran.
    Toutes les méthodes sont utilisées pour brider l’expression sur le Web de la critique, de l’information libre  : filtrage de sites, polices spécialisées, incitation à la délation et à l’autocensure, fermetures de cybercafés, emprisonnements des cyberdissidents. le tout au nom, comme il se doit, de la défense de la « sécurité de l’Etat » et autres motifs suffisamment flous pour justifier l’arbitraire.


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