samedi 18 juin 2011 - par Alain Roumestand

Médias du nord vs médias du sud

La globalisation mondiale touche aussi les medias et c'est rude pour les pays du Sud.

Le journaliste chinois du" ShangaÏ Wen Hui Bao", le journaliste vénézuélien de" Prensa Latina" ou" Telesur", le journaliste russe de" Ria Novesti", le journaliste algérien de" La Tribune", ont un point commun.

Ils font partie intégrante de la globalisation médiatique, mais ils ne sont pas satisfaits de la manière dont les grands medias occidentaux traitent leur pays respectif.

La banalisation du mal, de la mauvaise nouvelle toujours dans les pays en voie de développement, les laissent sur leur faim.

La démonisation du Sud, l'institutionnalisation des préjugés ne peuvent que les contrarier.

Les grandes agences de presse du monde développé AFP, Reuters, Associated Press... concentrent plus de 90 % du flux international de l'information.

La concentration des entreprises de communication est patente.Celles-ci ( Time Warner, Disney, ABC, CBS, Sony, Murdoch, Vivendi) regroupent les industries du divertissement, les télécoms, le matériel informatique, l'information, et les jeux électroniques .

Elles représentaient plus de 3000 milliards d'euros l'an dernier, soit 15% du PIB mondial, contre 1000 milliards, 5 ans plus tôt.

Myspace, Facebook, Bling, Amazon, Ebay sont des fleurons de la communication, tous créations des pays riches.

Les U.S.A. représentent 40% du marché mondial, l'Europe 30%, le Japon 10%. Et le reste c'est pour les émergents .

Facebook fait près de 2 millions de nouveaux adhérents par mois, en Inde, au Brésil, au Mexique,mais avec des paramètres occidentaux.

Aux U.S.A. une centaine de journaux se partage le lectorat et plus de 80% des villes ne connaissent pas la concurrence entre plusieurs titres.

Les chaines américaines CNN et Fox news émettent à sens unique dans le monde entier. France 24, tentative villepiniste de faire concurrence, est décrédibilisée avec l'affaire du faux sur l'ambassadrice syrienne à Paris.

Le Bollywood indien ne fait pas le poids, face à Hollywood et exporte peu.

Si vous cherchez des infos postées importantes, vous avez à votre disposition Google, Youtube, Yahoo, omniprésents et omniscients. Tapez Baïdu sur Google, dans certains pays, et vous tombez sur des articles négatifs sur le moteur de recherche chinois.

Les ONG, les réseaux sociaux en Egypte, en Tunisie, sont obligés de passer par les mêmes canaux du Nord, même si les paroles des sociétés civiles arrivent à se faire entendre.

Les élites des pays du Sud sont souvent formées au Nord, avec les stéréotypes du Nord.

La terrible sécheresse chinoise( la plus forte depuis un siècle, touchant 100 millions de personnes) est très peu relayée, alors que la sécheresse européenne moins étendue, fait les gros titres.

Ce sont souvent les informateurs du Nord qui donnent les informations sur le Sud.

Deux grandes puissances comme la Chine et l'Inde, ne se connaissent que par l'information du Nord.

Et pourtant la Chine a 300 millions d'utilisateurs d'internet.

Et on parle pas des minorités nationales, des femmes, des communautés ethniques, oubliées ou presque.

Ainsi les pensées alternatives sont peu communiquées, surtout si elles sont anticonformistes.

Comme le demande l'Unesco, il faut créer une information de qualité pour tous.

Il y a du travail, pour que la culture occidentale véhiculée ne soit pas rejetée( ce que ne souhaitent pas les états émergents) mais comparée aux autres cultures.

Le dialogue est indispensable.




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