vendredi 13 avril 2012 - par Claude Hubert

Médiatiques et campagne

Certains disent que la campagne est ennuyeuse. Ne demandez pas quelle campagne, s’il vous plaît, cela vexerait au moins dix personnes. Non elle n’est pas ennuyeuse, on y entend même un Cheminade parler d’hélium 3 et de Mars, ce qui, en effet pourrait bien préoccuper nombre de Français, si les instituts sondagiers voulaient se donner la peine de vérifier, auprès d’une population d’un peu moins de 1000 personnes triée sur le volet par la méthode des quotas et interrogées sur le web et prêtes à répondre de façon spontanée.
 
Non la campagne n’est pas ennuyeuse. D’ailleurs, à partir de maintenant, à dix jours de la date tant attendue du premier tour, les fenestrons vont ronronner les fameux clips politiques farcis de créativité et d’inventivité, et ceci en séries, plusieurs fois par jour et partout. Le zapping ne vous évitera pas le plaisir de ces spectacles exceptionnels accolés les uns aux autres, à la queue leu leu, et remplis de sagesse, de promesses et de tendresse pour le bon peuple.
 
Non, la campagne n’est pas et ne sera pas ennuyeuse. D’ailleurs, ces farfelus journaleux de la bonne presse n’ont pas manqué de remarquer les lunettes noires portées par madame Eva Joly après son accident, et d’en faire tout un plat, parce qu’elle rompait avec le style coloré d’avant l’accident. Il y aurait de quoi interroger le bon peuple, à ce sujet existentiel, messieurs les experts d’instituts sondagiers, non ? A tout le moins cela offrirait un peu d’aliments énergétiques à la prose anémiée des mêmes journaleux qui n’ont même plus la force de l’originalité, se copiant les uns les autres (y compris pour les mauvais jeux de mots) jusqu’à l’inanité et la vacuité.
 
Non, la campagne n’est pas ennuyeuse, les médias le sont, en revanche. Lisez, si vous en avez le courage, écoutez, regardez, vous serez édifiés par la production médiatique, insipide, répétitive, à défaut d’être subtile et vivante, même hélas, parfois, sur les sites d’expression citoyenne….Certains ont d’ailleurs été annexés par des « institutionnels », dirons-nous, comme Le Post, détruit et mangé par un poids lourd américain « Huffington Post » allié au « Monde » et où Anne Saint Clair s’essaie sans gloire au rôle de “directrice éditoriale”, après que les blogueurs de l’ancien site aient été virés comme des malpropres….
 
On répondra au bon peuple que, justement, il y a désormais des décrypteurs (car le bon peuple est ignare et ne pense pas par lui-même, bien évidemment) qui décryptent tout et son contraire. Des sortes de spécialistes de l’expertise en tout autoproclamés ou dénichés dans un quelconque institut. Il y en a même qui décryptent les médias qui eux décryptent les évènements, les textes, les on-dit, les rumeurs fausses ou vraies mais « on » ne le sait pas tant qu’elles ne sont pas décryptées ! C’est tellement simple. En réalité, les médias ont choisi le décryptage, plutôt que l’analyse, car ils s’aperçoivent que le bon peuple ne suit plus, ou de moins en moins, les « scientifiques » (dit-on) tels que sociologues, économistes (comme l’ultra libéral verbeux Jean Marc Sylvestre) , politologues (comme le sarkozien Dominique Reynié) qui ne sont jamais d’accord entre eux sauf dans certaines émissions où ce sont les chroniqueurs qui chroniquent et parlent à la place de leurs invités qui n’en peuvent mais, puisque, même s’ils sont candidats, ils servent seulement de tapisserie et de fond d’écran à des stylistes aussi talentueux que le mièvre et exagérément multimédias Jean Michel Apathie ou encore l’inamovible Jean Pierre Elkabbach. N’oublions pas les David Pujadas, spécialiste en courbettes ou en coups bas, selon « l’invité » qu’il reçoit, les Catherine Nay qui après avoir adoré Mitterand sauve l’honneur du président candidat en dénonçant Cécilia dans un bouquin sans saveur ; pensons aussi aux duos clownesques ou presque Zemmour-Nolleau ou Pulvar-Polony déclarés amuseurs publics mais prétentieux, imbus d’eux-mêmes, plein de morgue et pratiquant (pour rire ?) l’ironie agressive, ce qui leur semble manifestement très jouissif. On pense aussi au monsieur « Pardonnez-moi », Yves Calvi, dont il est dit qu’il est tellement impartial, lui qui « invite » toujours les mêmes économistes, journalistes (Christophe Barbier est un bon client, ainsi qu’Yves Thréard et Renaud Dély ou Yves Reynié, encore lui – grâce auxquels nous sommes assurés d’une impartialité sans faille évidente).
 
Pour animer cette campagne absolument pas ennuyeuse, et égayer le bon peuple, se trouvent par ci par là des gribouilleurs en mal de copie susceptible de faire réagir le bon peuple, comme Nicolas Demorand qui avant de diriger la rédaction de Libération, dont les journalistes ont manifesté récemment leur désaccord et leur défiance à son endroit, fut vulgaire, prétentieux et arrogant tant sur France Inter que sur France 5 ou Europe 1, ou encore le survivant Alain Duhamel et même l’inconstant Jacques Julliard qui somnole béatement au sein du révolutionnaire centriste Marianne, après avoir cru pouvoir plastronner à vie au très gauchiste NouvelObs.
 
Parmi ces étoiles médiatiques, certains frisent la cacochymie mais, bien sûr, on ne leur en tiendra pas rigueur, souhaitons leur plutôt un prochain repos mérité et réparateur. Quant aux jeunes pouces (et moins jeunes), ils doivent savoir que le mépris, la suffisance et la désinformation ne sont pas forcément des gages de réussite, loin de là, d’une part, et d’autre part que leur notoriété acquise “avec les dents” ou non, à l’instar de celle des politiciens, n’a qu’un temps et que le bon peuple peut, un jour, se lasser. 


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