jeudi 5 avril 2007 - par Olivier Ertzscheid

Mixage 2.0 ou avenir 3.0 ?

Vers le « Mixed Collective Webtop »...

Le Web dans sa globalité et la recherche d’information dans ses particularités sont depuis toujours liés. Très tôt après les débuts de l’internet, les moteurs de recherche sont apparus comme une absolue et incontournable nécessité. Ils ne cessent depuis d’alimenter les causeries et autres salons électroniques. Pendant que les moteurs évoluent, qu’ils passent au travers de différents âges, vivent leurs révolutions, le Web traverse les siennes. Point de convergence historique et inamovible entre les moteurs et le Web : les usagers, qui se servent des moteurs pour accéder au Web et qui comptent sur eux pour indexer même l’inindexable. Le Web n’existe aujourd’hui que "dans" et "par" l’image que les moteurs en donnent. Un renversement métonymique (Google "serait" le Web) qui n’est d’ailleurs pas sans poser problème, mais c’est un autre sujet. Revenons-en aux usagers, des usagers qui, au fur et à mesure que passent les modes webiennes (web 1.0, web 2.0) et motorisées (moteurs affinitaires, relationnels, sociaux) :

  • se voient offrir une gamme d’outils et d’applications de plus en plus riches ;
  • sont à l’origine d’une grande partie du contenu du Web réel ;
  • et basculent chaque jour davantage vers des pratiques en ligne.

Je crois que l’on peut aujourd’hui apercevoir, à un horizon relativement proche, un point de convergence qui pourrait s’avérer déterminant. Cette convergence s’articule autour de trois aspects :

  1. Collectif : le passage massif vers des pratiques communautaires de travail (je ne parle pas ici simplement des "moteurs sociaux", auxquels je ne "crois" pas à titre personnel parce qu’ils nécessitent à mon sens un passage à l’échelle en nombre d’usagers, auquel très peu d’entre eux peuvent prétendre. Je ne crois pas davantage à une certaine idée de la sagesse des foules, et si je devais me chercher une quelconque religiosité, elle m’inclinerait à croire davantage en une motorisation communautaire travaillant l’accessibilité d’expertises et de connaissances (voir à ce sujet ce qu’en dit Fernando Savater). Il est en revanche tout à fait clair que les sites sociaux/communautaires "motorisés" (c’est-à-dire soit équipés d’une technologie de recherche importée de l’un des trois grands - GYM alias Google, Yahoo ! et Microsoft - soit rachetés par l’un des trois mêmes (cf. Yahoo/Del.icio.us par exemple), les sites sociaux/communautaires disais-je, sont aujourd’hui une évolution actée et pérenne du Web de demain
  2. Webstop : la course au stockage en ligne (cf la récente offre illimitée de YahooMail) et des indicateurs convergents qui signalent à l’unisson que le Web de demain sera celui des OS, et même des "OOS" (Online Operating Systems), comprenez : il n’y aura plus de barrière entre le local (disque dur, "ma" machine) et le global (Internet). Les PC (et les mac sont depuis déjà longtemps "sur" internet, demain ils seront tout simplement "dans" le Web. Après le laptop, voici bientôt venu le webtop. Ce bouleversement marque la fin de la dérive des continents documentaires et la réunification - avec les dangers corrélés - des sphères du Web public, intime et privé/professionnel.
  3. Mixage : l’avènement et la mise à disposition de plus en plus d’outils de mixage (mashups), pour l’instant encore réservés à des utilisateurs technophiles et early-adopters, mais qui seront dans un futur (très) proche accessibles à l’internaute lambda (à ce sujet, voir le passionnant billet de Techcrunch qui lève le voile sur certains de ces outils, dont le déjà incontournable Yahoo !Pipes, chroniqué ici).

Ces trois horizons de l’analyse me portent à croire que :

  • la recherche ("the search" comme disent les anglophones pour désigner ce marché et cette pratique) va occuper une place encore plus importante que celle qui est aujourd’hui la sienne et que sa motorisation va devenir le prochain sésame de nos bureaux et de nos OS. De la même manière qu’il nous semble aujourd’hui naturel d’accéder au Web via une interface de recherche, cet accès se reportera demain sur nos ordinateurs personnels (dans lesquels nous "cherchons" déjà des fichiers, des documents, etc.).
  • nous n’avons aujourd’hui encore aucune idée de l’importance que jouera demain l’analyse du "contexte", qu’il s’agisse de contexte de travail ou de "context-awareness search". Une analyse en temps réel du contexte de ces trois sphères réunifiées qui est une mine pour qui cherche à monétiser des services applicatifs ou des (O)OS. Un contexte qui, last but not least, fournit au Mixed Collective Webtop ... son cortex.
(Réflexion initialement inspirée par un billet de Danny Sullivan)


3 réactions


  • Eldarion (---.---.35.58) 5 avril 2007 18:30

    Vous posez beaucoup d’hypothèses qui semble aller de soi pour vous, mais qui ne sont pas juste.

    « Très tôt après les débuts de l’internet, les moteurs de recherche sont apparus comme une absolue et incontournable nécessité. » En quoi fut-ce une nécessité ? Elle l’est pour la recherche d’information, mais pas pour le reste. D’ailleurs d’autres systèmes auraient pu être développés.

    « Point de convergence historique et inamovible entre les moteurs et le Web : les usagers » Parce qu’à part les usagers rien ne vient articuler la relation Web-moteurs ? Vous oubliez que l’indexation est effectuée par les robots qui naviguent de lien en lien pour indexer les pages dont des informations sont extraites pour alimenter les bases de données. D’ailleurs dire qu’un usager est un point de convergence ne veut tout simplement rien dire, vous baratinez.

    « Le Web n’existe aujourd’hui que »dans« et »par« l’image que les moteurs en donnent. » Sur quelle base vous reposez-vous pour poser cette affirmation ? J’entends sur quelle étude sociologique des usagers.

    « Je crois que l’on peut aujourd’hui apercevoir, à un horizon relativement proche, un point de convergence qui pourrait s’avérer déterminant. » Déterminant en quoi ? pour qui ? Vous ne dites rien, vous n’expliquez rien.

    « Ces trois horizons de l’analyse me portent à croire que.. » Où voyez-vous une quelconque analyse dans ce qui a précédé ? Vous n’avez qu’énoncé des faits et des conjectures sur le futur que vous ne prenez pas la peine de construire. Commencez par le présent avant de vous imaginer posséder une boule de crystal.

    « la recherche [...] va occuper une place encore plus importante que celle qui est aujourd’hui la sienne » Ah bon ? Et quelle est la sienne actuellement ? Avez-vous les moyens de me prouver que l’activité de recherche d’information a une place importante ? Vous aller avoir bien du mal...

    Et si moi j’affirme que le Web est un espace dont la principale activité d’un usager est l’exploration [http://webatlas.fr/ressources/navigation.doc], et que c’est le navigateur et non le moteur de recherche le premier point d’entrée sur le Web ?

    Enfin et pour clore la controverse, les moteurs de recherche n’indexent qu’une petite partie du Web. Google a déclaré en 2005 indexer environ 8 milliards de pages et Yahoo plus de 20 milliards. Or des études estiment qu’il existe 11,5 milliards de pages indexables directement [Gulli 2005] et jusqu’à 550 milliards en prenant en compte les pages générées dynamiquement, ou « deep web » [« The Deep Web : Surfacing Hidden Value » Bergman 2001]. Pour donner une image, les moteurs de recherche sont comme des satellites dont les robots parcourent la surface du Web [http://webatlas.fr/ressources/Rochebrune2006-article.pdf].

    Cordialement,


  • (---.---.156.55) 6 avril 2007 08:15

    Bien évidemment Eldarion !

    L’auteur (encore un donneur de leçon) nous explique ce que certains pouvoirs cherchent à nous imposer !

    Mais en pratique les applications oOS nous amèneraient à un esclavage inacceptable.

    C’est de plus oublier que ce sont les pratiques des internautes qui déterminent les usages et coutumes de cet Univers.

    C’est aussi oublier la rapidité de l’évolution du logiciel libre.

    Et comme le souligner Eldarion, le premier applicatif est bien le navigateur. pardon, les navigateurs... Les plus performants sont Open Source.

    Mais bien malin qui peut prévoir ces évolutions !

    Personne n’avait prédit qu’internet allait révolutionner les structures de nos sociétés dans leurs ensembles.(économique, politique, social,..., culturel...)

    La récupération du libre s’avère impossible ! Il est là le dilemme pour les multinationales !

    L’équilibre de l’Open Source correspond à une logique assise sur des principes équitables !

    Pas celui des multinationales, hégémoniques qui sont en train de perdent leur équilibre virtuel !

    C’est aussi oublier que le P2P devient incontournable ! Et que de nouveaux moteurs verront le jours...

    Et vous êtes maître de conférence ? Où çà ?


  • HKac HKac 6 avril 2007 17:51

    Bonjour, Moi je pense que l’auteur a juste exposé un point de vue. Il ne me semble pas dogmatique. Il utilise pas mal le conditionnel. Ceci dit je suis d’accord avec vous pour dire qu’en effet avant d’accéder au moteur de recherche il y a les navigateurs qui traitent aussi de l’information. Et encore plus en amont, il y a le cerveau même des utilisateurs et leur représentation mentale de la cartographie Internet. Certains utilisateurs ont des « bookmarks » mentaux très élaborés ce qui leur permet de cibler mieux leurs recherches.

    Au-delà de la véracité des hypothèse de l’auteur, le sujet en soi est assez passionnant. J’espère qu’il y aura beaucoup de commentaires pour cette « search-fiction » ! Bien belle journée !


Réagir