mercredi 7 mai 2008 - par Francis Pisani

Quand l’actu ne vaut rien

En trois jours, Google News a indexé près de 3 000 articles se rapportant à la rupture des négociations entre Microsoft et Yahoo. 3 000 articles « sur la même chose » remarque Scott Karp de Publishing 2.0. Et cela sans compter les blogs.

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Même les médias qui ne s’intéressent guère à la technologie se sont crus obligés d’en parler. Quitte, pour l’essentiel, à reprendre des articles ou des dépêches publiés ailleurs.

C’est une des raisons pour laquelle nous assistons à ce qu’on appelle en anglais « the commoditization of news », le fait que la valeur des articles d’actualités, plus encore que celle des produits de consommation courante, tend vers zéro.

Conscient de ne rien avoir à dire « de plus » ou « de mieux », je n’ai rien écrit sur le sujet. Karp s’est abstenu pour ne pas faire encore baisser la valeur des articles publiés :

« Si j’ajoute ma version au cocktail, chaque fois qu’elle est lue une autre ne l’est pas. C’est ainsi que chaque version de l’article réduit la valeur économique marginale de tous les autres », écrit-il.

Traiter des sujets que tout le monde traite revient, pour les médias d’information, à assécher la source qu’ils exploitent. C’est un héritage du temps où l’audience n’avait accès qu’à un nombre très limité de publications.

Le moment est venu d’intégrer à l’économie des médias le fait que leur audience en consulte toujours d’autres.

Il ne suffit plus de larder ses articles de liens vers d’autres sites (ce que beaucoup se refusent encore à faire).

Pourquoi ne pas étendre les fameuses revues de presse à tout ce qui bouge sur le web ? Pourquoi ne pas s’en servir comme guides pour aider les utilisateurs à s’y retrouver dans certains sujets ardus ou très couverts. Des guides qui seraient constitués avec tout le savoir-faire journalistique de leurs équipes et qui seraient ainsi remis « bruts » à disposition de leurs lecteurs ? J’y vois même un nouveau « genre » journalistique.

Qu’en dites-vous ? Qui s’en rapproche aujourd’hui ?

[Photo Flickr de sbfisher ]



5 réactions


  • jondegre jondegre 7 mai 2008 15:45

    Qu’en dites-vous ?

    Tres bonne idee, un agregateur des meilleurs du web info, avec un genre de wiki sur certains sujets pour donner une cartographie des meilleurs articles et forums...

    Qui s’en rapproche aujourd’hui ?

     

     ? 


  • saint_sebastien saint_sebastien 7 mai 2008 18:06

     regardez des portails comme YAHOO qui se dit faire du journalisme, mais 70% du contenu proposé est une repisse de fils RSS d’autres sites , et cela gratuitement. Or yahoo fait sont chiffre avec de la publicité... il fait donc de l’argent sans frais , sans proposer du contenu à valeur ajoutée à son audience. C’est la toute sa stratégie : faire travailler des internautes sans rémunérations , puisque ceux ci sont le centre du contenu proposé par yahoo mais ne sont pas payés. Les exemples dans ce style sont nombreux sur le web , nouvelle source d’exploitation de l’homme par l’homme. 

    On peut aussi s’interroger sur la non séparation de ce que j’appelle l’information promo , négociée aux marques à coup de millions et la véritable information.

    c’est clairement un problème car il est aujourd’hui difficile sur des portails type yahoo de savoir si une news est écrite parce qu’il y a un réel évenement , ou bien parce que une entreprise s’est payé une pub.

    C’est le cas d’un site comme sport qui fait aussi de la promo sous couvert de journalisme.

    on peut même se demander si les journalistes d’aujourd’hui ne sont plus que des publicitaires , l’info la vrai étant crée gratuitement par des bloggers.

    donc le modèle économique des portails internet aujourd’hui es : une info à coup 0 ou faible puisque crée par des internautes non rémunérés / une info de commande des entreprises ou publireportage qui rapporte / l’entretien d’une confusion chez l’auditeur entre info et promo.


    • jamesdu75 jamesdu75 8 mai 2008 00:16

      Mais aussi si vous regardez Yahoo, beaucoup des infos les plus lus, sont des reprises de depeches AFP ou REUTERS et sans aucun changement, Yahoo, ne dit pas être un journal, mais une page d’information comme quand vous regardez le bandeau en bas d’une chaine infos. 

       

      Aprés il y a des avantages, j’ai connus Agoravox comme ca.


  • Monolecte Monolecte 8 mai 2008 09:59

    Très pertinent. Les médias sont devenus des machines à distribuer les dépêches d’agence. Du coup, dans les flux RSS, pas la peine de référencer 7 ou 8 titres nationaux pour la diversité de l’info : un seul suffit largement. Et si, par hasard, un autre sort un reportage maison un peu original, il sera repris par les agrégateurs des autres et échouera fatalement dans le mien.

    D’ailleurs, personne n’est dupe : les charettes de journalistes en sont aujourd’hui l’illustration. Même la PQR commence à jeter ses correspondants locaux (le côté info près de chez vous, avec quadrillage systématique des manifestations dans les petits bleds) pour remplir leur emballage à poissons de dépêches d’agences ou de publirédactionnel tout prêt, avec des rubriques édifiantes et près de chez nous : beauté, santé, cuisine !

    Bref, c’est quoi la valeur ajouté de l’info ?

    La mise en perspective, l’analyse, le décryptage. Pendant que tout le monde regarde ce que découpe la lumière du projo, l’info revient à chercher à qui appartient la main qui tient le projecteur et pourquoi on choisit de focaliser l’attention sur cette partie de l’info plutôt qu’une autre. Autrement dit, ce qui est intéressant, c’est précisément ce qui ne nous est pas montré.


  • Huan 12 mai 2008 08:58

    L’avantage avec la redite, c’est que l’info dite importante a des chances d’être lue, comprise et c’est ce que nous voulons tous. Le problème avec la redite, c’est qu’elle n’est pas souvent utilisée pour diffuser l’info dite importante.


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