mercredi 18 octobre 2006 - par Laurent Checola

Que penser du jeu vidéo par épisodes ?

 Le jeu vidéo par épisodes est-il une bizarrerie vouée à disparaître, ou un nouveau modèle prometteur ?

Avec la verve qui lui sert d’épithète homérique, l’épique président d’Epic, Marc Rein, avait en juillet dernier fustigé l’idée d’un jeu « épisodique ». Intérêt proportionnel à la - faible - durée de vie, format impropre à drainer les ressources publicitaires... Pour M. Rein, le jeu épisodique est un faisceau de déconvenues, une évolution inutile du format vidéoludique.

Tel n’est pourtant pas l’avis de certains éditeurs, et non des moindres, qui ont récemment affiché leur confiance en ce format. D’après Take two interactive, la célèbre franchise GTA 4 fera ainsi l’objet d’une déclinaison épisodique, comme ce fut pour Half Life 2.

Pour les prosélytes du format court, les deux approches ne sont pourtant pas contradictoires.

"Voulez-vous des séries télé, des films, ou bien un mélange des deux ? On dirait que les joueurs ont été sevrés aux longs formats pendant des années, et que c’est la première fois qu’on leur offre la possibilité d’essayer autre chose", résume ainsi un responsable de Valve, le développeur de Half Life.

 

Il n’est pas choquant en soi que le format monolithique du jeu vidéo soit ainsi bousculé. Mais comme le rappelle Chris Morris, de CNN, de nombreuses difficultés structurelles entravent le développement du jeu épisodique.

Les joueurs sont en effet accoutumés au mythe de la durée de vie. L’argument de vente d’un jeu a souvent été le nombre d’heures conséquent. Or, un jeu par épisodes propose exactement l’inverse.

 

Par ailleurs, la distribution de jeux à ce format est difficile à mettre en oeuvre. Le mode de diffusion naturel serait Internet. Mais, de fait, ce sont les détaillants qui vendent en majorité les jeux, et sur les présentoirs, les vendeurs hésitent à mettre des jeux à vingt dollars en bonne place, à côté de ceux qui en coûtent plus de soixante.



11 réactions


  • Stéfan Stéfan 18 octobre 2006 14:29

    Un point important qui n’est pas souligné dans cet article : contrairement aux films ou aux livres qu’on « consomme » généralement entièrement, les jeux vidéo ne sont pas toujours entièrement consommés par les joueurs. Le site gamespy avait publié il y a quelques mois le résultat d’un sondage qui indiquait qu’une part importante des joueurs déclaraient ne pas finir les jeux qu’ils achetaient (désolé je n’ai pas les chiffres exacts et je ne peux pas y accéder depuis l’endroit où je me trouve). Plutôt que de payer 50-70 euros (70 sur les dernières nées de chez Microsoft et Sony ; un peu moins (mais pas beaucoup) sur la Wii de Nintendo ; environ 50€ sur PC) pour un jeu dont il ne verra que la moitié, le joueur peut préférer payer 10 euros pour avoit les 3 premiers niveaux, puis 10 euros pour les 3 suivants, et ainsi décidé quand il le souhaite d’arrêter de payer parce qu’il ne veut plus jouer. C’est donc un modèle de commercialisation tout à fait différent pour les éditeurs, et un modèle de création différent pour les concepteurs, qui doivent « donner envie » de voir la suite à la fin de chaque épisode (comme les créateurs de série télé savent si bien le faire).


    • Laurent Checola Laurent Checola 18 octobre 2006 18:53

      Monsieur,

      vous avez raison de mettre entre guillemets le verbe « consommer ». Il s’agit en effet de réfuter l’idée de « produits culturels », consommables à merci.

      Certes, l’initiative d’un jeu à durée de vie moindre correspond à une certaine demande. Pour être précis, en terme de sociologie des médias vidéoludiques, elle correspond aux « dormant gamers », qui sont loin de constituer, contrairement à ce que vous affirmez, le gros des joueurs. Pour preuve, cette étude, consultable sur mon site :http://alterlude.blog.lemonde.fr/alterlude/2006/09/joueurs_en_noir.html

      Je tenais également à préciser que le prix d’un jeu épisodique comme Half Life 2, épisode 1 n’est pas de 10 euros, mais du double.

      Enfin, c’est bien en termes de qualité qu’il faut raisonner, et non en conjectures relatives aux demandes. Il est évident qu’un essai ne saurait avoir moins de valeur, sous prétexte qu’il est infiniement plus court qu’une somme théologique. Il reste à savoir comment les développeurs vont s’approprier ce nouveau format, et il convient de rester extrement vigilant sur la qualité.


  • slasher (---.---.230.91) 18 octobre 2006 17:31

    Pourriez vous définir ce que vous entendez par « jeu épisodique » svp ?


    • Laurent Checola Laurent Checola 18 octobre 2006 18:56

      La question du jeu vidéo épisodique se pose éminemment pour les jeux d’aventure et d’action. La durée de vie est sciemment limitée à quelques heures. Pour les développeurs, il s’agit d’un moyen efficace de réagir, à moyen terme, à la demande des joueurs.


  • benoit (---.---.54.51) 18 octobre 2006 23:31

    le jeu par EP

    ça existe déjà et c’est génial.

    Tous les jeux en ligne évoluent déjà dans le temps.

    Tous les joueurs attendent l’ouverture des futurs niveaux.

    De plus un jeu de base à 6 euros avec chaque niveau à 6 euros vendu en maison de presse... voilà un truc

    Sur des phases courtes et limités on peut facilement fare évoluer un scenario.

    Prenons une BD certaines sont structurées sur 2 volumes par EP. Tout le monde achète.

    Autre truc prenons un jeu comme counter strike. Jeu plus qu’ancien et pourtant à leur actuelle toujours sans égal.

    Imaginons un jeu en série. Des scenarises efficaces et au goût tranché. Je mets ma main que tout ça devient culte.

    En plus on peut associer une musique type à chaque EP. De la musqiue prise sur le web.

    Distribuer les EP facile un abonnment web.

    Faire connaitre le jeu, facile niv 1 et 2 gratuits, editeur de scenarii gratuit ou bridé.

    Prenez google earth, maintenant il distribue sketchup pour faire sa maison en 3D. ça a tout de l’épisode ça. chacun son google chacun son univers.

    Une véritable usine à cash en plus le jeu par EP.


  • (---.---.42.183) 19 octobre 2006 11:18

    Ca existe déjà : il suffit de prendre un jeu vidéo normal, de faire une sauvegarde ... et on continue quand on veut ... c’est quand même bien mieux comme cela que d’avoir à attendre la sortie d’un nouvel épisode...

    Sauf si le jeux est vraiment pourri et qu’on veut abandonner...


  • jamesdu75 jamesdu75 19 octobre 2006 11:29

    Desolé de troller un peu avant de repondre sur l’article mais. Est ce que pour passer un article sur agoravox il faut passer sous le bureau ou etre pote avec l’un des radacteur parce que la franchement y’a rien de nouveau dans cet article. Bref.

    Sinon je jeu par episode est un probleme et un bon moyen de lutter contre le piratage. Pour preuve :

    Prenez un jeu d’Hack’n Slash, tout le monde avance mais d’autres avance plus facilement que d’autres tout simplement en achetant son armure ou armes sur le net. Pire certains jeu de FPS on peu de map et pour en avoir plus il faut les achter (Operation Flash point ect...)

    Imaginez Oblivion avec 10 heures de durée de vie. Ensuite chaque add on rajoutera 10 heures. Le tout pour 20€ chacun. C’est l’avenir du jeu video, ce que Microsoft appel le Live. Tout sur le net et rien sur le HDD.

    Tu achetes un jeu et a chaque fois que tu avance tu payes un nouveau niveaux. Le capitalisme pure.

    Plus haut quelqu’un cités qu’un acheteur ne finit pas les jeux ou simplement a 30% quand tu prend un jeu de sport je le concoit mais quand tu prend Half life 2 qui coute 60€ avec obligation de connection au net plus le add on de 20 €

    Ca te fait 80 € pour un jeu de 10 heures en mode normal. Vive le piratage a ce niveau la.


    • Laurent Checola Laurent Checola 19 octobre 2006 13:08

      Avant de vous engager dans des conjectures dont vous ne vous maitrisez pas tous les tenants et les aboutissants, l’humble « radacteur » que je suis vous suggère de maîtriser vos propos, votre langage et votre orthographe.

      Merci de relever, avec le brio et la pertinence qui manque définitivement à mon article, que Microsoft s’adonne à « du capitalisme pure ».

      Sur le fond, vous semblez dire que la baisse des prix induira une baisse du piratage. J’aimerais comprendre pourquoi un internaute téléchargeant un jeu à 60 € se priverait de le faire pour un jeu à 20...


    • jamesdu75 jamesdu75 19 octobre 2006 13:47

      La morale ca te dit quelques chose !

      En plus quand tu joue sur un jeu reseau avec option voir exclusivement reseau tel que WOW ou BF ou Defcon, je vois pas l’interer de pirater.


  • Epphyx (---.---.226.253) 19 octobre 2006 16:32

    Les jeux par épisodes ne sont pas forcément un mal. J’aurais par exemple préféré de loin voir KOTOR 2(*) sortir en jeu en épisode qu’être baclé à partir du milieu du scénario parce qu’une date de sortie doit être tenue pour ne pas faire d’ombre à un autre jeu... Il est d’ailleurs interessant de se poser la question quand on voit le peu de jeux originaux qui sortent. Si l’on prend les derniers jeux sortis (source microm...)sur les 15 derniers jeux sortis 2 n’etaient pas des suites : ’lun était un SUDOKU et l’autre le jeu tiré d’un dessin animé sorti récemment. On a donc déjà des jeux par épisodes, les épisodes sont pour le moment encore longs c’est tout. Et puis, les familles ne pourront pas continuer à suivre le prix des jeux qui grimpe qui grimpe et ce format permettra de faire redescendre les prix. Du moins, pour chaque épisode car il y a fort à parier que à durée égale, les prix vont encore monter. Mais bon, l’argent que je dépenserai là, je le prendrai sur mon budget DVD (que j’avais déjà pris avant sur mon budget musique)... Et l’industrie du divertissment mettra ma baisse de consommation d’un support sur le dos du piratage. La main droite doit bien trouver un bouc émissaire différent de la main gauche, non ?

    *Knight of the Old Republic II


  • Laurent Checola Laurent Checola 19 octobre 2006 20:22

    Il est vrai que Star Wars KOTOR 2 n’est qu’un add-on éhonté. Votre interrogation plus globale sur les suites est pertinente et légitime. Mais pensez vous que le format par épisode endiguera le phénomène ?

    Par ailleurs, et je vous donne raison, c’est seulement en faisant preuve de son rapport qualité prix que le jeu épisodique réussira ou échouera.


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