RTL, merci
RTL, c’est la station de radio la plus écoutée des Françaises et des Français.
Comme je ne me suis jamais signalée par mon originalité, je fais partie des françaises qui écoutent RTL chaque jour.
Chaque matin, pour être plus précise.
Parce que, le matin, je m’active à des tâches ménagères pendant lesquelles je peux prêter une oreille attentive à l’émission très instructive : « Ça peut vous arriver », animée avec dynamisme et humour par Monsieur Julien Courbet.
Bon, je sens que je commence à en « gonfler » plus d’un avec le récit de ma vie privée.
Comme je les comprends ! Déjà qu’il est devenu très tendance de se farcir les interviews des interviewers.
Mais toute cette introduction avait une raison d’être. Celle de pousser un coup de gueule pour protester.
Parce que, si l’émission « Ça peut vous arriver » présente un intérêt réel, si elle a pour but de venir en aide à des gens qui sollicitent une assistance après avoir tout tenté pour se dépêtrer de situations qui se sont révélées insolubles, l’émission estivale qui la remplace, depuis maintenant deux ou trois ans, est une véritable ‘daube’.
Cette année, ça s’appelle « RTL vous Z ».
Le titre ne change rien à l’affaire, c’est toujours le même thème :
Avec la complicité complaisante des animateurs de la station, des individus exhibent leur indigence pour implorer et obtenir des aumônes de citoyens guère plus riches qu’eux.
La matière : un bric-à-brac
• de mamans qui ne peuvent offrir des vacances à leurs loupiots et quémandent un séjour gratuit,
• de R&mistes qui n’ont pas les moyens de s’acheter une bagnole ou une mob’ et mendient un véhicule,
• de futurs mariés qui, après avoir déboursé une fortune en costumes et en traiteur, n'ont plus de quoi s'offrir les prestations d’un DJ et implorent qu’on leur en fournisse un contre quelques euros... Mais espèrent bien l’obtenir pour pas un rond,
• parfois, exceptionnellement, l’appel d’une personne dont le besoin d’assistance est indéniable.
Soutenus dans leur démarche par les voix sirupeuses des animateurs, tous y vont de leur couplet pleurnichard pour attendrir l’auditeur qui se fait l’effet d’être un immonde salopard s’il ne compatit pas à tant de malheur déversé dans son oreille comme de la m… dans un égout.
C’est d’une indécence !
C’est à gerber !
Ils n’ont pas honte de se répandre de la sorte, ces mendigots ?
Je n’ai jamais pu envoyer mon gamin en villégiature à la montagne ou en bord de mer. L’adulte qu’il est devenu n’est pas traumatisé et garde de très bons souvenirs de ses vacances.
Je n’ai jamais eu les moyens d’avoir une voiture. J’ai choisi d’habiter des endroits à proximité de transports en commun et j’ai toujours trouvé à m’occuper pendant les 3 heures de transport qui m’étaient nécessaires entre le bus, le train et le métro pour aller travailler.
Il m’est même arrivé d’être si impécunieuse que je totalisais mes achats de denrées au fur et à mesure que je les effectuais dans une grande surface pour ne pas risquer de perdre la face en arrivant à la caisse.
Pourtant, même si ce genre d’émission avait existé, jamais il ne me serait venu à l’idée de me prostituer sur les ondes pour solliciter la charité.
Ils n’ont donc aucune dignité, ces gueux ?
Ils n’ont donc aucune conscience, les responsables de cette émission impudique ?
Cette année, le matin, je me suis branchée résolument sur radio « Classic ».
Merci RTL de m’avoir permis d’enrichir mes connaissances musicales.
La misère, elle existe. Réelle. Impitoyable. Qui nécessite une aide véritable.
Ignorent ils, ceux qui participent à cette mascarade, que des gens, parfois même en percevant un salaire pour un honnête travail effectué, dorment sur des trottoirs, quelquefois avec leurs enfants, parce qu’ils ne trouvent pas à se loger ? Que d’autres meurent faute de pouvoir se faire soigner ou de ne pouvoir s’alimenter suffisamment ? Que c’est par milliers que meurent les enfants dans la Corne de l’Afrique ?
Alors qu’une émission radiophonique charitable existe, soit. Mais à condition qu’elle se fasse, après enquêtes, à partir de réelles détresses authentifiées… Et, par pitié, en évitant un ton geignard qui est une insulte à la vraie misère.