Deux méthodologies identiques pour deux résultats opposés :

Nous avons donc aujourd’hui 7 février deux sondages que tout oppose, l’un réalisé par CSA et diffusé par Le parisien, l’autre par Opinionway pour le Figaro. La méthodologie est commune aux deux sondages, c’est celle du moindre coût. En effet, celle-ci est basée sur un panel de 1000 personnes ; intrinsèquement elle comporte donc un pourcentage d’erreur important.

Le parisien titre samedi 7 février : 52 % des Français pas convaincus par Sarkozy, tandis que le Figaro sur son site, vendredi 6 février, publiait cet article : "face à la crise" Sarkozy a convaincu. Un chiffre était mis en avant dans l’entête : 53 % des téléspectateurs l’ont jugé convaincant. Le Monde est d’ailleurs un peu perdu sur le sujet, puisqu’il signale les deux chiffres contradictoires en éludant la problématique.

De plus, pour le CSA, seulement 36% ont trouvé le président convaincant. Alors, Quel est le bon chiffre 36% ou 53% ?

De tels procédés peuvent prêter à sourire, car chacun peut retrouver ses petits dans ces résultats contradictoires. Mais en analysant davantage ces deux sondages on y découvre l’asservissement des chiffres à la rhétorique de la rédaction, du journal, ou du journaliste.

Des éléments de réponses

Je postule la validité des chiffres qui ont été diffusés par les deux instituts, n’ayant pas les moyens de vérifier leurs méthodologies.

Le point qui fait alors la différence tient dans l’extrapolation des chiffres d’un panel d’une partie de la population, quelle que soit sa taille, à la population Française. C’est le procédé implicite qui a été utilisé par les deux journaux. Cette extrapolation n’est pas juste du point de vue théorique.

En effet si on demande à un panel de 1000 personne qui ont vu la star Ac’ en décembre, Avez vous trouvé Nikos convaincant ?. Il est certain que les chiffres ne seront pas les même que pour la population Française dans son intégralité (beaucoup de monde ne connait pas ce présentateur). La question est alors posée à un groupe d’experts de cette émission. Nous avons donc là, une première faute déontologique à l’encontre des deux rédactions concernées : la généralisation ou l’extrapolation.

Le sondage du CSA a été réalisé sur un panel "qui a vu ou entendu parler de l’émission" tandis que pour OpinionWAy le panel "a suivi l’émission". Cette information capitale est contenue dans les deux articles peu après le titre, mais elle semble négligeable à première vue. La différence est pourtant cachée dans ces quelques mots triviaux voire sibyllins pour tout un chacun. C’est insignifiant comme détail, mais cela fait la différence, puisque l’on ne parle pas de la même population qui dans les deux cas n’est pas représentative de la population Française.

En effet, on peut supposer que les électeurs de Nicolas Sarkozy ont davantage regardé l’émission que ceux qui n’ont pas voté pour lui, un appel au boycott était d’ailleurs lancé sur le net à gauche. Nous pouvons donc supposer que le panel du CSA est plus représentatif de la population Française que celui d’OpinionWay, puisqu’il est plus vaste.

Les rédaction "sous pression" recherchent la caution scientifique

La macdonaldisation des sondages basés sur une méthodologie scientifique s’est faite depuis plusieurs années, business oblige. Ceux-ci permettent donc d’obtenir des résultats rapides sur des panels plus ou moins importants avec une marge d’erreur connue. Le sondage porte également en lui la caution ou l’estampille du prestige scientifique, comme le toubib (l’individu) puise sa crédibilité dans sa fonction. Tous les dérapages que l’on constate régulièrement dans la presse au sujet des sondages ne sont pas tant le fait des sondeurs que des journalistes qui utilisent ces chiffres pour corroborer leurs articles, dans l’urgence cela va sans dire. Ils extrapolent donc implicitement les chiffres à la population Française sans en avoir le droit.

Souvent ces chiffres sont à peu près identiques, il y a donc erreur déontologique de la part des rédactions, mais sans conséquences. Ce coup-ci, l’exploitation qui est faite de deux minuscules sondages sur 2000 personnes sondant deux populations différentes fait sourire. J’incline à penser, sans doute naïvement, que ces deux journaux vont faire leur auto-critique sur ce sujet, d’autant plus que des subventions étatiques vont leur être versées. Ils nous sont donc redevables d’une information non manipulée.

Par Peuples.net