jeudi 19 avril 2012 - par Jean Lannes

Stéphane Guillon, bouffon de la cour jusqu’à la caricature

Récemment invité de l’émission Avant Premières sur France 2, Stéphane Guillon s’est vu opposé au philosophe François L’Yvonnet, auteur du livre Homo-comicus ou l’intégrisme de la rigolade.

Dans ce livre, il dénonce l’humour pseudo-subversif, tant répandu aujourd’hui, qui sert le pouvoir et permet de tourner tout et n’importe quoi au dérisoire. Si Guillon, évoqué dans le livre, en est l’illustration parfaite, il a largement pu le démontrer ce soir-là, poussant la caricature jusqu’au grotesque.

Lors de ce débat, l’humoriste n’a eu de cesse d’éviter les discussions de fond par un brin d’humour, de laisser ses petites blagues prendre la valeur d’un argumentaire, pour le plus grand plaisir d’un public acquis à sa cause se contentant de rire benoîtement. Refusant d’admettre qu’il faisait entièrement partie du système et ne dérangeait en rien les puissants, le chroniqueur proche du Parti Socialiste (grand parti anti-système…) a préféré vanner son contradicteur en se faisant passer pour le mec cool qui s’amuse avec le grand frustré qui lui porte une critique.

« Vous êtes très nerveux » lui a-t-il lancé à plusieurs reprises, se voyant justement rétorquer que le moment n’était pas à la rigolade et que des questions sérieuses étaient posées… rien n’y fut. Il est très difficile de débattre avec un comique, parfaitement apte à « mettre les rieurs de son côté ».

François L’Yvonnet a pourtant bien mis le pseudo-subversif face à son imposture. « Votre prétention à la subversion est absolument dérisoire » lui a-t-il fait remarquer, précisant qu’il participait d’une critique parfaitement intégrée au système. « Vous faites partie du système, vous êtes dans le pouvoir. À la lecture on a l’impression d’avoir une chronique de cour. On est à la cour, exactement comme au XVIIIème siècle, une cour un peu décadente d’ailleurs où on se soucie de savoir qui est marié avec un tel, quelles sont les relations d’un tel avec un tel… il n’y a rien d’offensif, rien de radical » a précisé le philosophe.

Et ce dernier de poursuivre : « Vous ne vous en prenez pas aux puissants. Vous vous en prenez à qui ? À un ministre ? Mais les ministres ce ne sont pas les puissants. Les puissants ce sont les financiers, les banquiers, ceux qui vous payent. » Face à cela, Stéphane Guillon ne s’est contenté que de rire, de balancer quelques vannes, et de justifier son statut de martyr en évoquant son licenciement de France Inter.

Face à cet argument victimaire, L’Yvonnet a rappellé qu’il « n’a pas été viré du système, il a été viré d’une radio », tout en précisant que l’humoriste disposait d’une solution de repli confortable nommée Canal +. « Quand on est salarié et qu’on est viré d’une entreprise, on est à la rue. Quand on est viré de France Inter et qu’on a une solution de repli, on n’est pas viré du système » a-t-il fait remarquer avant de rajouter que Guillon n’était « pas dérangeant pour le système puisqu’il continue à prospérer. »

Malgré cet argumentaire bien rodé, le théoricien de l’homo-comicus n’est pas parvenu à se faire entendre de l’humoriste, retranché derrière ses blagues salvatrices. Ainsi, Guillon n’a été que la caricature de ce qui lui est reproché dans le livre : un amuseur public qui tourne tout au dérisoire et empêche donc la réflexion et le débat de fond, un bouffon de la cour qui fait régner l’intégrisme de la rigolade.

Pour finir, une petite définition qui a elle-seule suffira à résumer la situation : Bouffon : Personne qui cherche à amuser par ses plaisanteries. Les rois avaient leur bouffon attitré, seul personnage pouvant se moquer du souverain sans conséquences.

Comprenne qui voudra.

Christopher Lings ( Le bréviaire des patriotes )



33 réactions


  • amipb amipb 19 avril 2012 07:03

    Il n’a a plus de comiques anti-système. Adieu les Desproges ou autres Coluche, ou même les Inconnus, qui savaient mettre le doigt là où se trouvent les paradoxes de notre société.

    Les comiques modernes ne font que des attaques ad hominem, sans la moindre tournure d’esprit, sans autre effet que le pseudo choc d’une vanne souvent bien convenue.

    Ce qui est affligeant n’est pas le « comique » de ces fous du Roi, mais bel et bien l’audience qu’ils obtiennent


    • SamAgora95 SamAgora95 19 avril 2012 10:58

      Essayez Dieudonné smiley 


    • taktak 19 avril 2012 12:11

      Desproge avait la prétention et le talent de faire rire certe. Coluche aussi d’une certaine façon

      Mais ils n’étaient en rien plus anti système qu’un Guillon aujourd’hui


    • Traroth Traroth 19 avril 2012 14:25

      Si Desproges ou Coluche essayaient de faire carrière aujourd’hui, on les discréditerait rapidement pour les empêcher de nuire.

      J’ai l’impression que peu de gens se souviennent de la manière dont on parlait de Coluche de son vivant. Ça n’a rien à voir avec ce qu’on entend aujourd’hui, où il n’est plus que le Saint Créateur des restos du cœur !


    • lsga lsga 19 avril 2012 17:21

      @amipb


      tu aurais certainement dit que Desproges était un chien du système de son vivant. 

  • Piere CHALORY Ézotérik Speed 19 avril 2012 08:16

    Si Coluche était encore vivant, imaginons ce qu’il aurait inventé comme sketchs sur S-----y ! On aurait pas fini de rigoler, hélas, les nouveaux « comiques » sont un peu « light », quand ils ne sont pas carrément « colleurs d’affiches », tout en se faisant passer pour des « méchants », des impertinents qui se moqueraient du pouvoir. Oui oui. 


    • Emmanuel Aguéra LeManu 19 avril 2012 09:29

      Merci et bravo Ezo, d’avoir su éviter blasphème, indécence et étalage nominatif de l’horreur.
      je parle de la façon dont vous écrivîtes le nom de ce B...... de P...... d’E....... de M....... de S......y.


    • Piere CHALORY Ézotérik Speed 19 avril 2012 11:22

      Bonjour Le Manu


      Oui, je fais une allergie et je crains que les « syllabes innommables » ne perturbent les fragiles puces de mon ordinateur portable, qui commence à fatiguer...

    • Mor Aucon Mor Aucon 19 avril 2012 19:35

      Si Coluche était vivant, il se serait tué encore plus vite tellement vous êtes tartes dans vos paranoïas à la con.


  • CARAMELOS CARAMELOS 19 avril 2012 08:43

    Bonjour

    Merci pour votre papier ! On aimerait en lire de cette veine un peu plus souvent de la part de chroniqueurs dits au-devant de la scène (Laquelle ? cela reste à déterminer) !
    Faut-il encore consacrer un livre et une émission de télévision pour identifier les « bouffons » ? Faut-il encore perdre du temps et de l’esprit pour ce genre d’énergumènes ?
    S’il n’était que le bouffon des bouffons, on pourrait à la rigueur en rire..
    Le microcosme est en ébullition.


    • Emmanuel Aguéra LeManu 19 avril 2012 09:19

      Pas d’accord.
      J’ai vu Guillon et il m’a en effet atterré ce soir -là. Je crois qu’il est intelligent mais sans imagination. Il m’en faut pour rire. Ne me reste que l’aiguillon sans le rire, très frustrant et vain. Et finalement réducteur.
      Ceci dit la dictature du rire est une vieille hantise des pouvoirs et l’essence même de la caricature qui ne se conçoit que dans la démesure et donc le mensonge.
      Que l’on croit aux cons, ok ; on a de la chance de les reconnaître, donc... Que l’on leur attribut quelque dangerosité, ok ; qu’on leur attribut un diktat, ok ; Mais si le rire est du terrorisme, allons jusqu’au bout et interdisons-le !
      Balivernes... évidemment : On est toujours le con de quelqu’un d’autre.
      Alors, admettre la connerie que supposerait la nocivité du rire de certains, sans admettre le droit à cette connerie d’exister est un non-sens.
      Si le rire peut être une dictature, alors sa critique est soit de la connerie pure, soit une prise de position politique qui ne dit pas son nom, celle du soutien à l’ordre établi et dès lors criticable, quelle que soit sa couleur.
      Le bouffon est un bouffon est un bouffon... N’essayons pas de le sortir de sa condition et de l’instrumentaliser, même pour vendre du papier, on n’expose que sa propre vanité. Il est vrai que le bouffon lui-même vend du papier... mais du papier de bouffon, monsieur le « philosophe » Yvonnet.


  • Bulgroz 19 avril 2012 09:58

    C’est quand il sera mort que l’on reconnaitra son talent.

    Le seul problème est que le jour d’après, on l’aura complètement oublié. 


  • rocla (haddock) rocla (haddock) 19 avril 2012 10:02

    le rire étant le propre de l’ homme il faut ajouter que certains 

    se lavent pas souvent ...

  • pallas 19 avril 2012 10:49

    Vous devriez vous intéressez au salaire de monsieur Guillon qui n’a rien à envier aux chroniqueurs du Grand Journal.

    Guillon fait de son commerce une fausse lutte contre les politiques, auquel il gagne mieux ça vie que la grande majorité d’entre eux.

    Il serait intéressant que vous vous interessiez à son salaire, réellement.


    • La Plume La Plume 19 avril 2012 16:47

      Arianne Massenet c’est dans les 25000€ par mois... On peut s’en référer à ce barème pour en convenir qu’il doit être à l’aise avec sa seule chronique bouffonne dans l’émission de Ardisson.


  • Bulgroz 19 avril 2012 11:02

    Guillon sodomise Sarkozy, pour lui, Hortefeux est un raciste qui doit démissionner, Besson est une fouine nazi et gestapiste, le Pape est un connard, les catholiques pratiquant des alcooliques, un émigré clandestin vaut 10 UMP....

    Guillon n’a eu qu’un moment de lucidité, c’est là, hors antenne :

    http://www.youtube.com/watch?v=d3MyBilUj20

    « On peut dire que Benoit XVI est un enculé et rentrer chez soi en sifflotant, mais parler des barbus, ça on ne peut pas, c’est une question d’assurance vie. »


  • KamiXII KamiXII 19 avril 2012 12:17

    Certes Guillon gagne de l’argent et a bien su tirer profit de son pseudo statut de « rebelle ».Il n’est pas aussi incisif que ses predecesseurs (meme s’ils ne jouent pas dans la meme cour !).Remarquons, tout de meme qu’il est un de seuls comiques mediatisés a critiquer le systeme.En effet, cela permets de toucher et de sensibiliser une majeure partie de la population qui caracterise leur opinion uniquement en se basant sur le support televisuel !!




    • La Plume La Plume 19 avril 2012 16:49

      Il a juste un côté satirique qui lui a valu son licenciement. Mais depuis il se garde bien de traiter des problèmes de fond. Un peu comme groland en somme.


      Ceux qui critiquent ne passe pas ou plus dans les grands médias.

      Dieudonné est l’unique qui soit hors système et Bigard est un exemple de ce que cela peut faire de traiter un problème de fond.

  • Alison 19 avril 2012 14:26

    Guillon n` aucun talent comme la plupart des comiques actuelles, passer son temps a baver sur Sarkozy et très certainement le futur président est leur fond de commerce.

    L`humour est un art que peu maitrise, seul Laurent Gerra est digne de mériter ce titre.

    Aujourd`hui rire peut vous conduire devant un tribunal ou être soumis a l`intolérance régnante, imaginez la réplique dans le film « Garde a vue » avec Lino Ventura et Michel Serrault lorsque ce dernier dit a Ventura : « L`affaire serait tout autre si j`étais un raton ou un nègre. » 


  • Deneb Deneb 19 avril 2012 14:35

    Celui qui promet de me faire rêver, je m’en méfie comme de la peste. Le seul qui m’inspire confiance c’est celui qui m’a fait rire de bon coeur.


  • Al West 19 avril 2012 16:01

    Mon passage préféré de cette émission : quand L’Yvonnet - excellent soit dit en passant - reproche au troubadour Guillon de ne pas s’attaquer aux vrais méchants (comprendre, l’oligarchie politico-médiatico-financière, quel affreux terme), la réponse du bouffon :

    « Beeeen, j’ai critiqué Assad la semaine dernière »

    Assad, sur qui toute la presse s’acharne ad nauseam en lui attribuant tous les malheurs de la Syrie et du monde. Courageux dénonciateur.


  • FritzTheCat FritzTheCat 19 avril 2012 17:00

    Guillon est aussi subversif qu’un curé de campagne sous la 3ième république.

    Ce type n’est qu’une imposture.


  • chantecler chantecler 19 avril 2012 17:15

    Le soi disant humour de ces amuseurs tourne à vide .
    Non seulement il n’est pas subversif mais bien au contraire il est réactionnaire car il désengage toute critique...
    J’ai regardé il y a quelque temps une « émission débat » TV , où était présent St. Guillon...
    Il était clair que ses interventions avaient pour but ou pour conséquence de déstabiliser la personne qui parlait (et qui avait réussi à prendre la parole).
    Le plus curieux c’est que je ne suis même pas certain que S.G soit conscient du parasitage qu’il induit .
    Mais ce qui est certain c’est qu’il attaque le sens de ce qui se dit , comme un enfant qui ne supporterait pas que des adultes, ses parents , échangent des propos graves mais qui ne le concerneraient pas .


  • lsga lsga 19 avril 2012 17:20

    Sinon, enquête et Débat, ils ont payé ce qu’ils devaient à Jean Pierre Petit ?

    vous pouvez toujours insulter Stéphane Guillon, mais vous, vous êtes des escrocs qui n’hésitent pas à voler des retraités. 




  • Alison 19 avril 2012 17:56

    Ils y a ceux qui vivent dans le confort et crachent dans la soupe et ceux qui non rien mais pourtant ils rient.

    http://www.youtube.com/watch?v=AmtvcJZKXrw&feature=player_embedded# !


  • rocla (haddock) rocla (haddock) 19 avril 2012 18:48

    Guillon est à l’ humour ce que le chancre est à la syphilis .


    Genre congénital .

  • Mor Aucon Mor Aucon 19 avril 2012 19:26

    J’aimerais bien que l’on m’explique ce qu’est être viré du système. Existe-t-il une carte d’affiliation au système que l’on déchire devant tout le monde ou des galons que l’on arrache devant tout le système au garde à vous ?


  • onvalefaire onvalefaire 19 avril 2012 19:47

    Vous êtes dur, je trouve...

    Il y a encore de vrais comiques

    Sarko qui se présente comme le candidat du peuple, c’est quand même de la top vanne, non ??


  • Roubachoff 20 avril 2012 00:53

    Moi, ce qui me scie, c’est qu’un essayiste qui se prétend sérieux ponde tout un bouquin sur un sujet pareil. Cela dit, j’admire son courage, car s’en prendre aux comiques est bien plus dangereux qu’en découdre avec les hommes politiques, les financiers et les éditorialistes (les vrais clowns de ce temps). Bref, s’il s’agit de dire qui est le bouffon là-dedans, j’ai bien peur de ne pas opter pour Guillon.

    Aux nostalgiques de Coluche et Desproge : l’essayiste (tout comme l’auteur de cet article somme toute assez navrant) les aurait allumés exactement comme il allume Guillon. 


  • Roubachoff 20 avril 2012 01:02

    Accessoirement, sur son site plus que douteux, l’auteur relaie l’information selon laquelle Bayrou voterait Sarkozy. Une confidence de Mme De Sarnez promptement démentie par la principale intéressée. Bien entendu, on ne trouve pas trace du démenti sur le site de notre vaillant bonapartiste. Faudrait quand même pas charrier !


  • Pie 3,14 20 avril 2012 01:07

    On peut rire de tout mais pas avec n’importe qui et surtout pas avec Christopher lings, patriote et bonapartiste...au secours.


  • Prosper Prosper 20 avril 2012 06:11

    quelle farce !!... certes Guillon- que je ne porte pas dans mon coeur du tout- fut tres mauvais sur cette sequence, mais il eut ete treeees facile de moucher le « tres bon » Mr L’Yvonnet.... je n’ai pas lu son bouquin donc je vais essayer de ne pas etre trop incisif sur le bonhomme...


    Les deux se prennent trop au serieux : Guillon aurait seulement du reconnaitre que son existance radio ou tele n’etait/n’est possible QUE parce que car les places existaient et devaient exister pour en effet satisfaire « le systeme »...ok, il bouche un trou, ca c’est fait... et apres ? c’est le cas de tout le monde il me semble. De meme pour l’Yvonnet si on veut : pourquoi ne pas lui reprocher d’avoir trouver le creneau de critiquer les humoristes faussement subversifs du systeme, d’en ecrire un bouquin et de faire des thunes avec, le tout en passant a la tele en se faisant passer pour un philosophe et au finall en embrassant gracieusement le systeme tout autant que ceux qu’il critique...

    Mr L’Yvonnet cherche le subversif sans reellement :
    - en donner une definition...ah si pardon : tacler « les puissants » ...pas les politiques mais ceux qui payent Guillon, voire ceux qui payent ceux qui payent Guillon...allez vas-y bonhomme fait un billet marrant a la radio sur des puissants que personne ne connait...

    - ni un exemple de comique subversif qui le fasse rire... ah si pardon encore il cite Gerrat...MDR... je ne vais pas plus loin...le seul comique que je connaisse qui puisse etre qualifie de « hors systeme » et de rellement « subversif » en France est Dieudonne, mais l’autre tarlouse d’Askolovitch n’avait meme pas lles couilles de prononcer son nom sur l’antenne... dommage, ca aurait ete marrant d’avoir la reaction de l’intello en carton sur le sujet...

    bref... tous.... eux, vous avec vot billet trop facile a mon gout... rien que des farceurs !!


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