vendredi 28 octobre 2005 - par Joël de Rosnay

Vers une société de mise en scène de la peur ?

Merci à HKac pour cet article courageux. Comme l’a dit le philosophe Michel Serres, nous vivons dans « une société de mise en scène de la peur ». Il est d’ailleurs revenu sur ce point dans sa chronique régulière de France Info, il y a trois semaines environ, au cours de laquelle il a parlé d’une sorte « d’audimat de la mort » aux journaux télévisés du soir. Il suffit de compter combien de fois revient le mot « mort » au cours des vingt premières minutes de « faits divers », pour réaliser à quel point que nous sommes effectivement entrés dans le « fear marketing », comme le dit très bien HKac.

Pourquoi ? L’entretien de la peur permanente (et de la rareté) est une forme de contrôle de la société par le politique, le médiatique et le juridique (voir à ce sujet, le dernier livre de Michael Chrichton State of Fear, L’État de peur). Il est d’ailleurs tout à fait significatif que l’article de HKac soit publié sur Agoravox, et non dans un média classique. Ceux-ci vivent en effet de la « vente de la peur » et de la crainte du « manque ». Sujets très mobilisateurs, évidemment, car nous partageons, avec les animaux, un système de renforcement de la mémoire visuelle et émotionnelle des événements traumatisants (pour ce qui concerne les humains : catastrophes, accidents, actes terroristes, incendies, inondations, tremblements de terre, cyclones, tsunamis, manifestations, scandales divers et corruption...) En effet, selon les mécanismes biologiques de la sélection darwinienne, ceux qui se souviendront de la manière d’échapper éventuellement à de tels événements auront plus de chances de survivre. Ils pourront donc procréer et assurer la survie et le développement de l’espèce. Dans un tel contexte, les sondages des chaînes de télévision retiennent surtout ce dont les gens se souviennent le plus, à savoir les catastrophes et les crises. Un cercle vicieux, amplificateur du pire, s’amorce, et s’exploite médiatiquement.

Il ne s’agit pas, bien sûr, d’opposer à ce catastrophisme permanent, un angélisme béat et naïf, mais de sortir de l’alternative stérile entre attitude « pessimiste » ou « optimiste » face à l’avenir, et de la remplacer par une approche réaliste, lucide, pragmatique et constructive. Car des faits positifs existent, en masse, dans la vie quotidienne du monde : découvertes déterminantes pour le futur, créations collectives, solidarités, générosités, bénévolat, liens transculturels, etc. Il faut aussi savoir les mettre en avant. La mémoire n’est pas seulement mémoire de survie, elle est aussi mémoire de création. Les faits positifs, reliés entre eux, nous aident à avoir l’envie de construire demain, les mois qui viennent, l’avenir. Comme le propose Michel Serres, il faut sortir du paradigme de la peur, pour s’orienter ensemble vers le nouveau paradigme de la création collective de l’avenir. Il est encourageant, dans cette optique volontariste, de constater que les « médias des masses », (avec les journaux participatifs en ligne comme Agoravox) sont aux premières lignes des actions solidaires permettant d’entrer avec confiance dans ce nouveau paradigme du « désir d’avenir ».

NDLR : après l’article de HKac et celui de Joël de Rosnay, nous invitons nos lecteurs à partager leurs réflexions sur le traitement "catastrophiste" de l’information par la presse.



23 réactions


  • Rage Rage 28 octobre 2005 10:55

    Oui, il s’agit en effet d’une société de mise en scène de la peur.

    Images chocs, détresse, crises, catastrophe, tout est fait pour faire du sensationnel, ce qui signifie ethymologiquement qui « fait appel à nos sens ».

    Ce modèle vient tout droit des Etats-Unis, pays où, comme le signale très justement Michael Moore ou même les créateurs de South Park, la peur est devenu le vecteur d’information premier. Ceux qui ne sont pas avec moi, sont contre moi etc...

    Cette société « binaire » nie la possibilité d’être modéré, créatif ou rêveur, autrement dit de proposer des visions plus tempérées de la réalité. Je reprendrais en ce sens les termes très juste que vous utilisez dans l’article : « Sortir de l’alternative stérile entre attitude « pessimiste » ou « optimiste » face à l’avenir et de la remplacer par une approche réaliste, lucide, pragmatique et constructive. »

    Je crois qu’avec ce type de phrase tout est dit. Il faut dépasser ce modèle de la peur pour aller vers un modèle de confiance, de lucidité et de clairvoyance. La peur n’entraine que des réactions violentes, des réactions de fuite ou de silence. Il s’agit donc à terme d’un manière d’alièner en permanence les gens, en les faisant douter, en les affaiblissant, en leur véhiculant à longueur de journée que tout va mal et que la mort nous guette.

    La peur est le meilleur facteur déclencheur d’achat diront certains. Cependant, en tant qu’êtres humains dotés de conscience et de cerveau, nous devons aujourd’hui plus que jamais montrer une chose : Nous n’avons pas peur, et que, par conséquent, nous sommes prêts à changer.


  • Sylvain Reboul (---.---.47.62) 28 octobre 2005 15:16

    Il faut distinguer les situations qui génèrent la peur de celles qui génèrent l’angoisse : les premières confrontent les individus à un danger reconnu ou connaissable contre lequel ils peuvent croire se prémunir par des mesures appropriées sinon immédiatement, du moins dans l’avenir ; La peur met en jeu le principe actif de prévention. Les secondes sont accompagnées d’un sentiment d’impuissance et de déréliction face à un danger inconnu, voire inconnaissable. L’angoisse met en jeu le principe inactif de précaution (ne rien faire qui pourrait susciter des conséquences tragiques inconnues et/ou la colère des dieux). Le sentiment d’angoisse provoque un besoin de sécurité qui s’exprime par le recours imaginaire compensateur à des puissances divines ou humaines supérieures salvatrices et par l’identification mythique à un groupe fusionnel protecteur contre tout ce qui peut être vécu comme étranger (étrange étranger). C’est dire que l’angoisse est le vecteur de la soumission politique nationaliste et religieuse communautariste (souvent indissociées)le plus efficace qui soit. Ainsi comme l’angoisse est toujours plus ou moins présente, dès lors qu’elle est entretenue sous forme d’angoisse collective provoque nécessairement un renforcement des puissances compensatrices politiques et/ou religieuses en favorisant l’union sacrée derrière des chefs incontestables car sacralisés:c’est à dire à qui on doit inconditionnellement se sacrifier pour être sauvé.

    Le rasoir philosophique : « Les relations de pouvoir et les jeux du désir »


  • Michel Monette 29 octobre 2005 04:41

    Il est vrai que l’Occident n’est plus à l’abri de l’angoisse, mais est-elle du même niveau que celle que je signalais dans Mondialisation et souffrance psychique ? J’en doute.

    D’autre part, j’aime bien l’idée d’un nouveau paradigme de la création collective de l’avenir. L’individualisme est sans nul doute ce qui menace le plus les acquis sociaux. Ceux qui souhaitent une société qui s’en remettrait essentiellement à la volonté individuelle de s’en sortir se disent courageux d’oser s’attaquer aux partisans du statu quo en même temps qu’ils brandissent la menace de la dette publique et de la récession. Le courage de faire peur. Beau courage ! Opposons-lui le courage d’oser choisir la solidarité.


  • Sylvio (---.---.115.32) 29 octobre 2005 17:06

    Il ne faut pas oublier que la peur est aussi la « politique de la peur » chère à M. Bush, Hitler, Poutine, Sarkozy (excusez-moi d’introduire un home politique avec eux, mais objectivement il joue avec la peur des gens)... Celle-ci est un bon moyen : de garder un électorat conséquent (pas parmi les intellectuels évidement...) et de faire passer certaines lois ou certaines guerres (irak).

    Bref la peur peut aider beaucoup beaucoup les politiques et permet de mettre en place ces « grands chefs » charismatique, la propagande, la sumédiatisation de ces hommes (en bien ou en mal) les aide beaucoup.


  • Din-Diu (---.---.147.41) 30 octobre 2005 01:44

    Oui, les médias nous submergent de faits divers plus énormes les uns que les autres. Ai-je pour autant peur de ce que je lis, de ce que j’entends, de ce que je vois ? Non.

    Je suis de la génération qui, enfant, a subit ce mélange de guerre froide (qui tirait vers sa fin, mais on ne le savait pas encore) et de prophéties de fin du monde de Nostradamus, a été bercé avec des termes comme Action Directe, E.T.A., I.R.A., G.I.A., etc,...

    Ni pessimiste, ni optimiste, je serais plutôt les deux à la fois : fataliste. Et en conséquence, je ne me laisse plus prendre au piège de la peur, je relativise. L’attentat du World Trade Center du 11 septembre 2001 ne m’a pas plus ému que les attentats vécus auparavant par medias interposés.

    Ironie, mon domaine professionnel est l’environnement. Et il ne s’agit plus de faire confiance aux mécanismes biologiques, et se souvenir des manières de s’échapper pour pouvoir survivre. Ce qui se semble se dessiner à l’horizon est en fait inédit pour l’humanité. Il ne reste alors à l’homme que de faire ce que seul lui sait faire : anticiper à longue échéance et agir sur (et en faveur de) son environnement.

    Mais voilà, un fossé sépare les scientifiques et les décisionnaires politiques. Les derniers exemples d’actualité sont bien sûr les inondations à la Nouvelle Orléans qui ont suivi instant pour instant un scénario écrit depuis plusieurs années ; plus près de nous, c’est l’amiante dont la toxicité est établie depuis 1906 !

    N’y a-t’il pas plutôt là de quoi être fataliste et se dire « A quoi bon ? » plutôt que « Oh ! Mon dieu, comment est-ce possible que ça arrive ? ».

    Je me recentre sur le sujet. Certes, les medias doivent se vendre et donc doivent faire du sensationnel, déclencher des émotions chez leur public. Pourtant ce flot d’informations ne nous empêche pas d’être critique vis à vis de ce que nous entendons (-« Le nuage de Tchernobyl s’est arrêté à la frontière. » -« Ah, la bonne blague. »).

    Dernier exemple : la grippe aviaire. Il y a une « fracture » : d’un côté un gouvernement alarmiste (échaudé par la canicule de 2003) et de l’autre côté une population relativement sereine.

    Enfin, dans le prolongement de la notion de « création collective de l’avenir », je pense à la démocratie participative, beau concept sur le papier, qui en revanche a beaucoup de mal à se concrétiser. Cela semble encore être actuellement de l’ordre de l’utopie.

    Long est le chemin qu’il reste à parcourir ...


  • caprif (---.---.149.240) 30 octobre 2005 03:55

    Je réagis à l’article de tête par une infinité de réflexions :

    Il faut penser que cette peur est un produit d’une société où sévit le tout matérialisme, mais pas un acquis ne nous préserve de la mort.

    Penser que cette partie de l’humanité, un petit milliard tout au plus, qui se paie de cette illusion ne représente p-ê que 1% de tous les hommes que la Terre à porté. Tous les autres ont vécu + ou - comme cela, ex : lire « la dîme royale ».

    http://www.yonne-89.net/vauban.htm

    Et au Moyen Age un voleur pris sur le fait était pendu sans délai ni procès, pourtant nos ancêtres n’ont pas désespéré pour autant malgré la dureté de leur temps, puisque nous sommes là.

    « Les arbres ne montent pas jusqu’au ciel » Alors Joël de Rosnay s’auto-convaincant par quelques points positifs, devrait penser que tout repart presque à zéro à chaque naissance, que les efforts des uns sont dilapidés par l’inconscience des autres, que les désirs insensés des hommes donne un aperçu de l’infini, que comme pour l’arme et la cuirasse, la meilleure information est annulée par sa pléthore, que les crises, comme des coup de pieds dans la fourmilière, sont les occasions provoquées ou saisies pour faire rouler la fortune... Tout est à l’avenant.

    Un vrai progrès humain à l’echelle de la planète n’est qu’illusion, quant au progrès matériel, c’est une fuite en avant.

    Qu’elle plaise ou non, une perspective pas bien difficile à déduire : http://minilien.com/?LUD5mPwmd6


  • Martine Schwarts (---.---.96.211) 30 octobre 2005 10:12

    Puisque vous évoquez le M-Age, à cette époque une femme se faisait violet en moyenne 11 fois... Il me semble au moins de ce point de vue qu’il est extrêmement rare qu’une femme soit violée 11 fois ! Admettez qu’il y a tout de même quelques progrès...


    • Jean-Pierre An Alre (---.---.96.97) 3 mai 2006 22:52

      Le sujet est grave mais l’affirmation est péremptoire.

      11 viols mais dans quel laps de temps ? C’est quoi le moyen age dans ce contexte ? et dans quelle zone géographique ? Et qui a fourni cette statistique, comment a t-elle été élaborée ? Et au fait en temps de guerre à l’heure actuelle combien de fois une femme risque t-elle de se faire violer ? Et combien d’agressions à caractère sexuelle dans la vie d’une femme Européenne à notre époque ? Et est-ce plausible de survivre à autant de viols ?

      Ce n’est quand même pas encore une fois Michelet le pseudo historien qui a frappé ?

      Jean-Pierre


  • caprif (---.---.154.219) 30 octobre 2005 14:12

    Je comprends cette préoccupation... ;-( Mais le progrès ? Globalement positif ?

    Le minilien indiqué ne fonctionnant déjà plus, voici la citation :

    « Precipitation dans l’entonnoir » sur fr.sci.sociologie le 18/01/04

    « Lisant « Le goût de l’avenir » de Jean-Claude Guillebaud, j’entend Alain Gras (Pr. socio-anthropologie des techniques - Sorbonne)

    http://cetcopra.univ-paris1.fr/arthistoiremilitaire.html

    parler de son livre « Fragilité de la puissance » dans un bref échange avec Marie-Odile Monchicourt à France-Info.

    En trois mots, il m’ouvre une fenêtre sur un précipice vertigineux, schématiquement :

    Pour le Monde peu évolutif avant les temps modernes, toutes les civilisations et nations continuaient le passé, l’Occident au dynamisme libéré par ses héritages, gréco-romain et celui chrétien instrumentalisé, de sa base culturelle partait à la conquète du monde : territoires, richesses, techniques, sciences...

    Pas un domaine ne prévalait encore, tout était devant lui virtuel sinon possible. La Renaissance, puis Descartes, les Lumières, le 19ème siècle scientiste annonçaient, promettaient + ou - la Lune. Il pouvait regarder et tenter d’avancer dans tous les sites et azimut.

    Mais les sciences et techniques, assez peu exigeantes en progrès humain, passionnant les hommes ont canalisé leur désir et leur énergie dans un seul secteur au ras des paquerettes, leurs apportant en même temps que des changements d’échelle de puissance, beaucoup de bénéfices matériels, souvent issus de ressources limitées, sans les équilibrer par des progrès dans d’autres directions, en vrac : religion, société, morale, solidarité, pacification, vertu.....

    Ces techniques ont par la suite atteint la gestion et par leur efficacité, ont progressivement marchandisé tout, aggravant la déshumanisation des échanges et rendant impossible d’autres rapports, ceux qui pouvaient harmoniser la société, motivant et liant jusqu’à l’individu par un seul critère : l’efficacité financière à n’importe quel coût autre que financier.

    Les conséquences furent un temps ambivalentes, mais maintenant que les courbes vitales s’infléchissent vers le clash, l’aveuglement est levé pour une partie de l’humanité, je dirais plutôt une part des hommes, seulement, parce que je pense que les peuples qui ont accédé le plus récemment aux techno-sciences sont trop néophytes pour déjà les mettre en doute, éblouis par leur taux de croissances et la nouveauté de la consommation.

    Et le Monde mu par cette pensée unique, ayant éliminé par des choix sans retour les autres éventualités,

    s’engouffre dans l’entonnoir... »

    Ce monde si dur du passé étant leur seul environnement possible, cela ne les empêchait pas de vivre, par ex. « la Peur de l’an mille » d’après les historiens est une construction rétrospective. Nos contemporains, rejettent avec mépris les leçons de l’Histoire et péchant par anachronisme, leur ignorance les expose à toutes les manipulations des medias et des groupes d’intérêt.


  • Proof OK (---.---.28.210) 3 novembre 2005 14:10

    Lorsqu on a reside dans un pays peu ou tres proche de l’equateur on sait qu il y a en permanence des emeutes avec ou sans raisons(sinon celle de piller), des lynchages des qu on a un accident immobilisant son vehicule et cela dans le but de derober tout ce que vous possedez, et je me souviens de m’etonner aupres d’un directeur de banque autoctone , qu il ai a licencier 60% de son effectif chaque annee pour malversation, celui ci m’avait repondu on en licencie que 60% car on a pas de preuve contre les autres. Autre mondes autres moeurs ! Cet autre monde est aujourdhui chez nous ou il a plus a « acquerir » gratuitement que dans le monde d’origine !!! Quelques centaines d’annees nous separent, cela devait etre ainsi en Europe avant ?


  • remi stranx (---.---.193.90) 3 novembre 2005 23:47

    Tout ça est passionnant. Et en temps normal, ce type de réflexions sociologiques, psychologiques, philosophiques, ça me passionne. Mais quand j’observe les évènements actuels en banlieue parisienne, je me dis d’une part que si j’habitais la rue d’à côté de celle où ont lieu les émeutes, probablement j’aurais un peu peur. Et je crois que toutes considérations que l’on puisse porter par ailleurs sur les médias et le monde politique, et le détachement qu’on en retire alors, n’importe qui aura la trouille dans cette situation.

    S’il faut néanmoins prendre un peu de recul, alors je dois bien avouer que c’est aussi la misère qui me fait peur. Pas celle mise en scène en ce moment notamment (si l’on pense que mise en scène il y a, probablement), mais celle vécue, tout le temps. Et je crois que la misère engendre effectivement la peur (ou l’anxiété..), qui engendre à son tour la violence.

    Tous ces jeunes qui affolent et enflamment nos postes de télévisions ont peur eux aussi, à mon avis. Je ne pense pas que ce soit très « fun » d’être une « racaille ».


  • Jean-Phi Jean-Phi 7 novembre 2005 13:16

    Les médias et les journalistes ne sont-ils pas comme nous : résignés. La mauvaise news ferait vendre. Nous avons la chance sur ce blog comme sur tous les blogs citoyens d’avoir pour la plupart d’entres-nous, la conscience de pouvoir faire bouger les choses. Mais combien sommes-nous ? 1%, 5% voire 10% à tout casser. Les hommes politiques sont des élus. Par de moins en moins de monde, je vous l’accorde, mais il n’en reste pas moins qu’ils représentent une certaine population, qui votent et donc remettent leur destin entre leurs mains. L’endormissement de la population est la réalité. Les journalistes n’y échappent pas plus que les autres. Comme beaucoup d’entres-nous, ils manquent d’estime d’eux même à pouvoir faire bouger les choses.

    Il est paradoxale de constater que d’une part, ceux qui n’ont pas accès aux médias emploient des moyens violents pour « exister » et pour essayer d’attirer l’attention pendant que ceux qui ont les moyens de faire changer les choses ne l’emploient pas dans une direction « actiogène ».

    L’acteur citoyen doit pour attirer l’attention de la presse ou des pouvoirs publics faire un véritable parcours de combattant. Et en cela Agoravox, est une merveilleuse initiative citoyenne qui créera surement une brêche dans ce mur de la non écoute.

    Essayons de garder une ligne éditorial positive et d’apporter à chaque problème une solution pour rompre la résignation et partager avec le plus grand nombre la chance que nous avons d’avoir la satisfaction d’être acteur de notre vie et Vecteur de Changements.

    Très bonne journée à vous tous.


  • HK (---.---.242.109) 7 novembre 2005 17:08

    Voici peut être une illustration concrète du « Fear Marketing ».

    Si aujourd’hui (le 7 novembre 2005) vous saisissez dans Google le mot clef « émeutes ».

    Vous aurez comme lien promotionnel le site de l’UMP. Si vous cliquez sur le lien publicitaire « Emeutes en banlieue » www.u-m-p.org "Soutenez la politique de Nicolas Sarkozy pour rétablir l’ordre Émeutes" vous serez dirigéz vers le site de l’UMP et devinez quel est le message de la page principale ?

    Réponse : « Affrontements dans les banlieues : Soutenons Nicolas Sarkozy ».

    Alors, si nous ne sommes pas en plein « Fear Marketing », je ne sais pas ce que cela peut être d’autre ? A méditer. Cette même information a été relayée également par le portail Neteco.com.

    A méditer donc.

    PS : si Google était amené à changer les choses, je dispose d’une copie d’écran. href=’http://www.neteco.com/article_20051107103855_l_ump_achete_des_liens_sponsor ises_google_en_rapport_avec_les_emeutes_urbaines.html’>SITE


  • Martine Schwarts (---.---.38.252) 30 novembre 2005 09:56

    Hier soir, j’ai regardé « Bowling for Colombine » que je n’avais toujours pas vu. Passionnant, et désespérant. Très intéressante l’analyse de Michael Moore à propos du « pourquoi » de cette violence avec armes. Je crois qu’il a mis le doigt dessus : en plus de la liberté d’acheter des armes et autant de munitions qu’on veut à tous les coins de rue (gagner un fusil avec l’ouverture d’un compte en banque, il fallait l’inventer !!!) la mise en scène permanente de la peur (de l’autre...) dans les émissions et JT américains a fait le reste. Quand Moore se rend au Canada pour comparer les habitudes des habitants de Toronto qui ne ferment jamais leur porte à clé -en pleine ville !- et ne dégainent pas si un inconnu pénètre chez eux pour dire « Hello ! », c’est tout simplement fascinant. Ces Canadiens, à la fois si proches et si dissemblables de leurs voisins, quel peuple sage (1 habitant sur 5 est d’origine étrangère et ils ne sont que 30 millions : 3 personnes au km2 je crois. Il est sûr que l’espace doit aider à mieux cohabiter avec ses voisins, mais cela n’explique pas tout). En Europe aussi, la « mise en scène de la peur » dans les JT et à la télé en général est de plus en plus fréquente(une mode qui nous vient des US et que Michel Serres -qui a été l’un des premires à utiliser cette expression- connaît sans doute bien puisqu’il a enseigné pendant des années aux Etats-Unis). Voyez en France : en une dizaine d’années, une majorité de Français a fini par avoir peur de tout : du chômage, de la violence, des banlieues, des gens de couleur, de leurs voisins... Nous sommes de plus en plus nombreux à nous enfermer dans nos autos et à nous calfeutrer chez nous avec des alarmes, non ? Sommes-nous véritablement en danger ? Si l’on en croit les stats de la délinquance, non. Mais si on écoute les infos ou les histoires de viols, vols, crimes... qui circulent dans les campagnes, on pourrait le croire ! S’ajoute à cela des assureurs qui obligent leur client à mettre leurs volets lorsqu’ils s’absentent de chez eux, et menacent de ne pas rembourser les victimes d’effraction si l’habitation n’était pas équipée d’alarme... Heureusement, chez nous, les armes à feu ne sont pas en vente libre. Parce que, compte tenu de l’ambiance actuelle,il y a fort à parier que nous ne tarderions pas à dégainer pour un oui, pour un non. Pour l’instant, on se contente encore de s’entretuer à la chasse... ou sur les routes !


  • jj (---.---.156.178) 8 janvier 2006 13:21

    Bonjour Pardon de décaler un peu la discussion par rapport à ce qui a déjà été dit ,et que j’approuve bien sûr. Mais sur le sujet de la peur, voilà ma réflexion :

    Quand on y regarde de près, il n’y a que deux, et seulement deux émotions essentielles chez l’homme. Ces deux émotions sont les racines de toutes les autres. Ces deux émotions sont la Peur, et l’amour. J’ai compris cela en lisant entre autres un livre très beau : « conversations avec dieu » qui est contrairement à ce que le titre pourrait faire croire autre chose qu’un recueil de bondieuseries.

    depuis, je constate en vivant et en regardant en moi et autour de moi que c’est exact.

    Alors il faut choisir son camp ! C’est le but de toute vie, et c’est difficile c’est vrai.

    Voilà ce que j’écrivais avant le referendum sur la constitution :

    Je constate que tous les tenants du Oui commencent à agiter le spectre de la peur ( et ils n’ont pas fini je pense ) :

    Jusqu’à Jacques Delors ( que je respecte ) qui prédit un « Cataclysme politique » en cas de non.

    Le cataclysme « tout court » n’est il pas déjà dans la situation générale ? N’est elle pas imposée par la pensée unique libérale ?

    « Les gens » en ont assez de la performance, du pouvoir de l’argent, de l’économie érigée en valeur, des indices boursiers tous les 1/4 heure sur les chaînes « d’information », des calculs politicards toujours sous tendus par la recherche du pouvoir ( pouvoir de l’argent ou pouvoir tout court ).

    D’autres valeurs plus humaines sont nécessaires, c’est vital. Pour que ces valeurs aient une chance d’être rendues « crédibles » il faut expliquer et faire germer les idées suivantes : Le pouvoir d’achat ( toujours le même pouvoir de l’argent ) ne peut pas être garanti. La seule chose qui peut l’être c’est un partage plus équitable y compris et surtout avec les plus pauvres, en Europe et sur la planète. A partir de là, chacun, je veux dire TOUT UN CHACUN peut espérer subvenir aux besoins matériels essentiels à tout être humain : de la nourriture et un toit. Les autres « besoins matériels » valent ils plus que les valeurs humaines abandonnées par la plupart ?.

    Je suis prêt à donner une bonne partie de mon « pouvoir d’achat » SI je suis sûr que le partage sera plus équitable. Si j’en suis sûr, quelle joie de me passer du SUPERFLUS que cette société de consommation nous incite en permanence à considérer comme ESSENTIEL.

    Il n’y a selon certaines pensées philisophico religieuses un principe simple : Toute réaction humaine est sous tendue par 1 des 2 ( et seulement 2 ) émotions racine : La peur et l’amour. C’est bien de cela qu’il s’agit je pense dans le contexte actuel. La peur va continuer d’être insufflée .......massivement, je n’en doute pas.

    Qui insufflera l’amour ????

    Je suis persuadé que « les gens » ne sont pas foncièrement si égoistes que ça... à condition qu’ils combattent leurs peurs ... qui est leur seul vrai ennemi. Il faut les aider à combattre ces peurs.


  • F. C. Bachellerie (---.---.165.193) 25 janvier 2006 18:02

    D’après un article récent de Newscientist, la science s’apprête à répondre à ce problème en nous libérant de nos peurs : des médicaments sont en voie de développement pour aider les victimes de PTSD (post-traumatic stress disorder). Ceux-ci nettoieraient notre mémoire des souvenirs les plus noirs. Ca me rappelle les théories de la conspiration qui soutiennent que les virus informatiques sont les créations des vendeurs d’anti-virus ! Depuis tout temps, pompier-pyromane reste un métier très rentable ... tant qu’on n’est pas pris.


  • Vz (---.---.193.253) 31 mars 2006 13:24

    Concernant la ligne droite existant entre la peur et l’amour, je vous recommande un excellent film présentant entre autre cette méthode : Donnie Darko.

    Ceci histoire de rappeler ce qu’un jeune à la tête bien faite peut penser de votre manichéisme de pacotille.


  • GRL (---.---.91.38) 5 avril 2006 11:20

    La peur au travers des médias , s’accompagne d’une infantilisation de la relation télévisuelle émission / téléspectateur . On parle aux gens adultes comme si ils avaient dix ans , ne l’avez vous pas remarqué ? On les « rappelle au doudou » , à l’objet .... qui les rassure ... juste avant de les matraquer de pubs ... hah , çà , c’est tous ... les jours .

    Sans plaisanter , je pense que les gens sont assez francs pour dire sans tabou un truc comme :« Aujourd’hui , j’allais pas fort , je me suis rendu en ville et j’ai fait les boutiques ... » Cà calme d’acheter , surtout çà rassure . Et d’autres le savent aussi ... A la question d’acheter , ils nous enlevent peu à peu l’objet de l’achat qui va juste derriere le verbe ... Acheter , mais acheter quoi ?

    Pub dévorante de vie sur fond de peur latente et sourde. Receptivité selective . Une information chasse l’autre , question dse rythme , seuls certains messages, images et sons ( tres impactant le son ) restent et construisent le mur des limites de notre raisonnement objectif , le mur derriere lequel , on ne veut plus ... discuter , le mur derriere lequel le citoyen met ses peurs sur ordre de .... mais au fait , sur ordre de qui ?

    Technique de communication : parlez aux gens comme à des enfants de 10 ans et vous aurez toutes les chances qu’ils réagissent comme des enfants de 10 ans ... Tout ceci , et sans parano excessive , est calculé depuis que l’on connait mieux la part de l’humain qui fonctionne ( malgré lui , dans ce cas là ) ... La publicité en a fait une utilisation abusive au point de devenir dangeureuse ... à mon sens en tout cas .

    Societé : comme Moore l’a démontré, effectivement , l’information est aussi lié au pouvoir ( « Lorsqu’une population a peur , vous lui faites faire ce que vous voulez sans la moindre justification à donner » (Fahrenheit 9/11 ). Et l’Amérique est une population terrorisée aujourd’hui , incapable de se révolter contre leurs propres « dictateurs » en place , incapable de contester les votes truqués, les guerres tant qu’il est tant, les malversations diverses et variées etc ...

    Hmmm ... notre ministre de l’intérieur s’inspirant ouvertement de ce modèle, devons nous absolument marcher dans la combine ? Nous avons la « chance » de voir ce que çà a donné outre atlantique, est ce bien cela que nous voulons ? Avons nous encore la vanité de dire , « eux oui , mais pas nous » ?

    Et la peur chez nous ... ? La peur des individus isolés les pousse à se regrouper et simplement , mais tres simplement , à pointer un jour le doigt en direction de ce qu’ils pensent etre leur peur , ... à se réunir en face ... de l’ennemi , désigné là , l’objet de leur peur ... L’histoire vérifie et survérifie ce dire , les gens se réunissent derriere le « responsable de tous leurs malheurs » ... et parfois font la guerre pour le détruire , pensant détruire du meme coup , leur souffrance. Cela fait vendre , çà aussi , moins de bagnoles mais plus de ... materiel militaire ... c’est juteux , ils l’ont prouvé , Lockheed , Haliburton , Carlyle Group , outre atlantique , que c’est juteux , le marché final de la peur . Et chez nous , combien de temps encore avant qu’on soit mûrs comme ces pauvre américains ? Qui prendra les coups de bâton ? Celui qu’on nous aura vendu comme responsable de nos maux ? quel visage aura t il ?

    La récupération de la peur , donc , derriere le buisness , j’endends bien , derriere le « fear buisness » , çà nous détraque l’esprit parce que çà utilise des processus naturels de l’humain ... mais attention , si les tenants en sont souvent des mensonges et l’intêret, les aboutissants sont souvent ... des guerres et la ruine. Alors par nécessité , faisons preuve de ... vigilance .

    NFO : Plus de vingt ans maintenant sans télé pour ma part , et la vie est belle à la radio, sur le net ... et dans ma rue . J’incite personne ouvertement , mais je veux juste dire que c’est possible , sans la téloche , c’est tres possible et reposant pour l’esprit , çà fait une place incroyable pour les gens. Pensez y.

    GRL .


  • nathalie (---.---.114.40) 28 avril 2006 21:58

    Efin, ce qui fait vraiment peur ce sont les agressions filmées que l’on pourrait bientot retrouver sur Internet si ce n’est déjà fait


  • FrédéricLN (---.---.244.231) 18 septembre 2006 14:09

    Le point soulevé par Joël de Rosnay me semble tout à fait juste.

    Hier ou avant-hier, j’ai entendu environ 10 minutes d’un JT et cette partie était composée uniquement d’agressions et de procès pour agressions. D’où la question, évidemment : est-ce bien de cela qu’est composée l’actualité du monde ? celle qui nous concerne ?

    Le problème est plus difficile que sur le sujet à la mode - la mise en scène du bipartisme - car les deux principales forces qui expliquent cette mise en scène, n’interviennent pas sur la question de la peur :

    (pour mémoire, i. l’intérêt que peuvent avoir certains actionnaires de médias, en affaires avec l’Etat, à promouvoir tels candidats tout en respectant, pour la TV, le « bipartisme CSA » majorité-opposition ; ii. la caisse de résonance que sont les sondages, puisque la capacité des sondés de citer des noms dépend de ce qu’ils ont vu dans les médias, et que les rédactions des médias fondent sur les sondages leur appréciation de l’importance relative des partis/personnalités).

    Concernant la peur, on note que

    i. les principaux bénéficiaires objectifs potentiels de la peur (sociétés d’assurance, ...) ne sont pas parmi les grands actionnaires des médias, curieusement d’ailleurs ; sans doute cet investissement est-il jugé trop spéculatif pour ceux dont la prudence est la profession ;

    ii. il y a très peu de sondages sur la peur ou sur la juste place accordée par les médias aux différents types de sujets. Peut-être l’audimat seconde par seconde permet-il de mesurer un zapping moindre quand ces images passent ? Même le cas échéant, cela n’assure pas que ces sujets fidélisent le téléspectateur à moyen terme (on pourrait imaginer qu’il soit scotché sur le coup, mais dégoûté : mécanisme de vaccination).

    Donc, quels sont les mécanismes qui conduisent à cette forte représentation d’une menace qui plane sur nous ? Je l’ignore (et exclus la théorie du complot !).

    À titre d’hypothèses de départ, je supposerais volontiers que les « faits divers » sont traités : i) soit parce qu’ils font évènement par rapport à la vision du monde dont est porteuse notre civilisation (journalistes et auditeurs confondus) : celle-ci serait fondée sur l’hypothèse d’une sécurité parfaite ; ii) soit au contraire (désolé !) parce qu’ils gratifient l’auditeur et/ou le journaliste en le confortant dans sa vision du monde : celui-ci est dur et agressif, *malgré* ce que nous vivons au quotidien, une dose régulière de vitamine-agression-télévisée est donc nécessaire à notre équilibre intérieur.

    Je préfèrerais l’hypothèse ii en m’appuyant sur le cas de la TV béninoise. Celle-ci (selon mon souvenir du début des années 2000) consacre une grande part du temps d’antenne aux défilés de mode d’une part, aux faits divers sordides mêlant sexe, sorcellerie, malchance et comique de situation, d’autre part. Deux rubriques bien moins représentées dans d’autres pays ouest-africains (Sénégal, Burkina ... par exemple). Il me semble raisonnable d’y voir une convergence avec la vision du monde qui prévaut dans la régions de la capitale béninoise - présence de la mort, importance donnée au corps et sentiment de fragilité constante, etc.

    Alors pourquoi le monde apparaît-il aux gens en France (si cette hypothèse est juste) comme plein de méchanceté et d’embûches, alors que notre société est incomparablement moins violente que celles de certains autres grands pays industrialisés, ou de la France d’il y a peu de siècles ?

    On avait, peut-être, le même phénomène lors de la révolution industrielle (succès des romans d’Eugène Süe ...).

    C’est peut-être simplement parce que les gens n’ont pas encore compris de quoi est fait le nouveau monde, le monde d’après le transistor, la production automatisée et les moteurs de recherche. Les enfants et les adolescents, qui ont grandi dedans, le comprennent très bien ; les adultes, qui font les médias, l’audimat et le vote, moins bien.

    Il s’agirait donc de donner aux gens les clés de lecture, d’écoute du nouveau monde. (Ben tiens smiley )

    Je rejoins donc ... Michel Serres et Joël de Rosnay ... pour espérer un « changement de paradigme » qui conduirait non seulement les médias, mais surtout les gens, à se sentir chez eux dans le nouveau monde ...


  • Christophe Garnier (---.---.203.85) 16 octobre 2006 09:47

    Mais au fait, qui a martelé et répété plusieurs fois le fameux « n’ayez pas peur » le 22/10/1978 de la loggia de la basilique de saint Pierre à Rome ? Ne faisant que reprendre la très longue litanie des « n’ayez pas peur » présents dans toute la Bible : Génèse 43/23, Nombres 14/9, Deutéronome 1/29, Matthieu 17/7, etc.... ! ! !


  • No fear (---.---.64.135) 16 octobre 2006 11:07

    [url]http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=4132#commentaire188108[/url]

    Le nouveau paradigme c’est quoi ?

    - le troc et le tribalisme

    - la féodalité et les servitudes (droit divin,religieux,monarchique)

    - le capitalisme et les rentiers et le communisme
    - le capitalisme et les salariés et les actionnaires

    - et diverses variantes dictatoriales et démocratismes (social,liberal,fasciste etc).

    Le nouveau paradigme c’est quoi ?

    il y a eu beaucoup d’essais pour le même résultat !


  • (---.---.139.41) 11 novembre 2006 22:36

    c’est ça les médias c’est le pouvoir et évidemmment nous sommes tous manipulés et gnin gnin


Réagir