0 ou 1 région FN ? Et si les Français exprimaient un vote ’sage’, à nouveau ?!
Dimanche soir dira si nos convictions-intutions auront été justes. Les votes du 2e tour sont très incertains, en de nombreuses régions, et si plusieurs sondages laissent penser que ni Marine Le Pen, ni Marion Maréchal Le Pen ne gagneront, les sondeurs s'avouent perplexes, comme jamais [1].
Mais nous osons croire que les Français sauront à nouveau prendre des décisions plus sages au deuxième tour que le vote d'exaspération de dimanche (1er tour) ne le laisse penser. Et que finalement le FN n'emporterait qu'une région (le Grand Est, ou la Bourgogne) ou même zéro.
Rappelons-nous que le nombre de voix du FN au 1er tour n'est 'que' de 6 millions, soit inférieur au nombre de voix pour Marine Le Pen au 1er tour de l'élection présidentielles de 2012. Bien sûr le taux de vote (des votants) est beaucoup plus élevé (28%, versus 18%), du fait du faible taux global de participation (env. 50%), mais que sait-on des personnes qui n'ont pas voté ?
Et s'il y avait mobilisation nettement plus forte des anti FN dans toutes les régions où le FN peut passer ? Actuellement les sondeurs voient un taux de vote un peu plus élevé, passant de 50.5 à 53%, mais c'est au niveau national, cela n'exclut pas une mobilisation plus importante -et moins en faveur du FN- selon les régions les plus 'sensibles'.
Et si certains électeurs du FN au 1er tour, ayant constaté que leur avertissement a été entendu, ou ayant lu entre temps les analyses très intéressantes sur le programme économique du FN, s'avisaient de ne pas voter FN au 2e tour ?
Des analyses comme par exemple le dossier approfondi de l'hebdomadaire Challenges, paru jeudi : Pourquoi le programme économique du Front national est archi-nul : "Le premier parti de France est-il crédible en termes de politique publique ? Challenges passe au crible son programme. Euro, fiscalité, retraite,dépenses publiques... Le résultat est désastreux. ... Une explosion des dépenses publiques (120 milliards d’euros, selon Concorde) qui creuserait nos déficits, et une rafale de hausses d’impôts qui accentuerait le ras-le-bol fiscal."
Ou même ayant lu les récents développements de l'enquête sur le financement des campagnes du FN : Nouvelles révélations sur la machine à cash du FN.. Marine Le Pen refusant de s'expliquer sur cette affaire devant les juges... Pour l'honnêteté et la "virginité" du FN, on repassera !
Que les choses soient claires : la sagesse n'exclut pas la colère, des mouvements de grande ampleur, ni les erreurs... Mais au bout du compte, malgré un système électoral bloqué [6], les Français votent au mieux (au moins mal), contrairement à certaines projections.
La sagesse n'exclut pas la colère
Les Français sont connus, à juste titre, pour ne pas hésiter dans leurs expressions, éventuellement colériques. Que ce soit dans la rue, dans les campagnes, ou dans leurs votes. Et nombre de votes (1er ou 2e tour, référendums) ont souvent été empreints de cette colère sourde que l'on constate très clairement dans le vote de dimanche dernier.
Il faut dire que les hommes (et plus rares) femmes politiques, de gauche ou de droite, nous ont habitués, depuis 40 ans, à des décisions très peu courageuses, très peu à la hauteur des enjeux et des réformes dont notre pays a de plus en plus urgemment besoin !
Des réformes qui ont fait leurs preuves dans quasiment tous les pays développés (Canada, Australie, Nouvelle Zélande), y compris en Europe et Europe du Nord (Suède, Danemark par exemple), y compris dans les pays qui nous entourent (Allemagne, Italie, Espagne, Pays Bas, Portugal, Suisse), mais qui n'ont pas été essayées dans notre beau pays.
Faut-il s'étonner alors que la situation économique et sociale ne s'améliore pas significativement en France ? Que le chômage continue inexorablement de monter, contrairement à la plupart des pays européens ?
Que l'exaspération monte, après des années perdues dans ce quinquennat Hollande, et un quinquenat Sarkozy peu convaincaint en matière de vraie réforme ?
D'autant que le plus probable est que nous aurons en 2017 une élection présidentielle avec les 4 mêmes têtes qu'en 2012 !!! Alors que tout montre une aspiration des Français à un renouvellement de nos hommes et femmes politiques !
La sagesse n'exclut pas des mouvements de grande ampleur
Est-il besoin de rappeler ...
- Mai 68, avec ces blocages de tout le pays ? Et réciproquement "la Chambre introuvable" qui a été élue dans la foulée en juillet (358 députés gaullistes sur 485) ?
- Les manifestations pour l'Ecole libre en juin 1984 [7] ?
- Le mouvement et les grandes grèves de décembre 1995 (après des décisions responsables, en matière économique, mais contrastant tellement avec la campagne électorale ayant porté Chirac au pouvoir quelques mois auparavant) ?
- Les manifestations anti LePen-FN en avril mai 2002 ?
- Les manifestations suite aux attentats à Paris contre Charlie Hebdo et anti-sémites à l'HyperCacher ?
La sagesse n'exclut pas les erreurs, même très coûteuses pour la France et les Français
Cette 'sagesse' française s'est concrétisée en de nombreux votes, par exemple en 1978 pour prolonger le gouvernement de Barre (alors que les sondages laissaient penser que la gauche l'emporterait), pour la cohabitation à plusieurs reprises, ou pour l'éviter quelques années plus tard, puisque les gouvernants ne semblaient pas à la hauteur ; lors des cohabitations précédentes.
Cette sagesse n'a certes pas évité plusieurs erreurs, qui se sont révélées très coûteuses pour la France et les Français :
- Mai 1981 et les deux années qui ont suivi, montrant l'inefficacité de la politique économique de gauche, obligeant au 'tournant de la rigueur' en 1983. Mais la leçon n'a toujours pas été comprise par un grand nombre de français, ce qui permet les erreurs suivantes de 1997 et 2012. La retraite à 60 ans pouvait se comprendre, mais il a fallu du temps pour oser entreprendre la très nécessaire réforme des retraites.
- Mai - Juin 1997 et la fameuse décision des "35 heures", particulièrement stupide par son caractère systématique, puisque la situation des entreprises est extrêmement variable, et qu'une même loi pour toutes est simplement aberrante.
- le Non français au référendum de 2005. Le vote semblait clair, même si "ceux qui ont voté NON ont surtout exprimé un fort mécontentement par rapport à la situation économique et sociale du pays (à 40% et même 50%) : d’après un sondage "sortie des urnes" ils sont seulement 36% (c’est-à-dire seulement 20% des votants !) à avoir voté contre le Traité Constitutionnel, mais c’est l’Europe, la France et les Français qui en feront les frais." [8]
Mais l'élection de Nicolas Sarkozy en 2007, qui s'était engagé en faveur d'un nouveau Traité, a permis à l'Europe, et à la France, de sortir de l'impasse, avec ce qui deviendra le Traité de Lisbonne (il n'y avait pas de "plan B", contrairement à ce que les opposants au Traité Constitutionnel criaient haut et fort partout, au premier rang desquels Laurent Fabius).
Attardons nous un peu sur ce point, le référendum de 2005 et ses conséquences, qui est essentiel, à la fois pour la construction européenne, et aussi pour une bonne partie des Français qui ont cru voir ensuite une manipulation (de plus) des élites contre le(s) peuple(s), avec l'adoption du tarité de Lisbonne par le Parlement français.
Et aussi parce que le FN clame haut et fort son rejet de l'Europe, dans des affirmations simplistes et même caricaturales.
Comme rappelé plus haut, seulement 36% de ceux qui ont voté NON en 2005 (c’est-à-dire seulement 20% des votants, et donc moins de 14% des inscrits) ont voté contre le Traité Constitutionnel ! Et l'élection présidentielle suivante, qui a réuni encore plus de votants (84%), a élu Sarkozy à 53%, soit 44.5% des inscrits [9] c'est-à-dire plus de 3 fois plus que les 14% d'inscrits ayant vraiment voté contre le Traité Constitutionnel ! Ces chiffres sont cohérents avec les chiffres suivants : - 52% des 'nonistes' déclarent avoir d'abord pensé aux problèmes nationaux contre 42% à la construction européenne - la situation sociale en France est ce qui a le plus compté pour 55% des nonistes Selon SOFRES, 40% voulaient « exprimer leur ras le bol vis à vis de la situation actuelle » et selon Louis Harris, « un ras le bol général » ; selon Louis Harris, 25% ont voulu « exprimer votre mécontentement face au gouvernement actuel » et 14% « face à Jacques Chirac ». Pour IPSOS 24% ont dit « c’est l’occasion de s’opposer au gouvernement et à Jacques Chirac » (dont 22 PCF, 26 PS, 15 Verts, 23 UDF, 11 UMP, 38 FN/MN, 19 aucun). Et il ne faut pas non plus oublier que selon le flash Eurobaromètre post-référendum de 2005, 88% des français estimaient que l’appartenance de leur pays à l’UE est une bonne chose et parmi ceux-là 99% de ceux qui ont voté Oui et 83% des nonistes. Le sondage CSA de sortie des urnes indique par ailleurs que 78% se disent enthousiastes et confiants) tandis que celui d’IPSOS notait que 72% étaient (tout à fait ou plutôt) favorables à la poursuite de la construction européenne. [10] |
Bien sûr, il serait bien utile que les hommes et femmes politiques de ce pays comprennent vraiment le message, mais pas seulement dans le sens de la peur, des angoisses des Français !
Il s'agit cette fois, enfin, de prendre le taureau par les cornes, et d'oser faire les réformes courageuses dont la France a beasoin. Et dont l'absence actuelle fait payer tous les ans un prix supplémentaire aux Français,
Sans compter la dette française qui augmente inexorablement, que les plus jeunes d'entre nous auront à payer intégralement ! Et que le Front National ne ferait qu'aggraver s'il arrivait au pouvoir, renouvelant, en encore pire, les erreurs du pouvoir socialiste en 1981, en 1997 et en 2012 !