vendredi 19 octobre 2012 - par PROVOLA

17 octobre 1961, 51 ans de mémoire sélective

Hollande s'y est aussi cassé les dents, en voulant faire acte de contrition, il a refusé de monter aussi haut que le devait le devoir de mémoire, c'est à dire jusqu'à De Gaulle lui-même, Papon jouant le fusible de service.

Daniel Mermet également, sur France Inter nous a rappellé la manifestation du 17 octobre 1961, Papon est cité trente fois, dans l'émission "là-bas si j'y suis", Michel Debré est cité, mais de De Gaulle pas de traces, on ne touche pas à De Gaulle, le Dieu de la République... si même "Là-bas si j'y suis" s'y met, on est mal barrés... 

Les autres médias y vont de leurs larmes empreintes de boboserie.

Pierre milliaire de l' identité nationale chère à ce comique de feu Besson, la manifestation du 17 octobre 1961 fait partie des journées historiques enveloppées d'un brouillard épais.

En juillet 1961, Maurice Papon reçoit des mains de De Gaulle la croix de commandeur de la légion d'honneur. Le général récompense ainsi le chef de gare de la déportation.

La torture est employée à grande échelle dans les caves d' hôtels parisiens pour extirper des informations sur le FLN, Michel Debré Premier Ministre Ministre et Papon, Préfet de Paris sont mis à contribution, officiellement, étonnamment, mystérieusement, De Gaulle est tenu à l'écart. Pourtant, comment peut-on ne pas comprendre que le Président omnipotent est à l'origine de cette politique âprement sécuritaire ?

Le 17 octobre de la même année, une manifestation organisée par le FLN, Front de Libération Nationale algérien en faveur de l'indépendance est réprimée de façon sanglante dans Paris. Papon préfet de police est à la manoeuvre, ...à la baguette. Des centaines de Franco-Algériens ( le chiffre exact fait toujours débat) sont tués par les forces de l'ordre dirigées par Papon, certains d'entre eux sont jetés dans la Seine.

On sait très peu de choses sur la réaction des plus hauts dirigeants au sujet de ce 17 octobre, De Gaulle ne fait pas mention de ces évènements dans ses mémoires. Sans doute était-il perdu dans ses pensées.

Bien sûr Papon est un salaud, mais quand on a dit ça, on n'a rien dit, on sauve les meubles et on n'égratigne surtout pas la République ; De Gaulle est la figure sanctifiée, un héros au dessus de tous soupçons. Avec tous les fusibles de circonstance et les subterfuges historiques, le mensonge national doit perdurer à tous prix.

Papon a toujours été le vide-ordures qui arrange tout le monde, s'attaquer à lui fait bon genre et surtout permet à la Cinquième République de se dédouanner à bon compte, de se décharger d'un maximum de casseroles encombrantes.

Car enfin, à qui fera-t-croire que De Gaulle n'était pas au courant de se qui se tramait dans les rues de Paris ? Cette question est en fait la seule qui vaille quand on désire réellement faire acte de repentance. 



7 réactions


  • Fergus Fergus 19 octobre 2012 10:17

    Bonjour, Provola.

    En l’état des connaissances, bien incomplètes, des dessous de cette ignoble « ratonnade » perpétrée sur des manifestants pacifiques, rien ne permet de mettre en cause De Gaulle, pas plus d’ailleurs que Debré, cela dit sans la moindre sympathie pour ces personnages. Qu’il y ait eu des consignes non écrites de fermeté données à Papon, c’est probable, mais il est aberrant que l’on puisse penser que des ordres de massacre aient été transmis par l’exécutif au préfet de police. Je pense donc sincèrement que l’on fait, par allusions et sous-entendus, un très mauvais procès à De gaulle et Debré.

    Mon explication réside tout simplement dans les ordres ambigus donnés par Papon aux forces de police envoyées pour réprimer la manifestation. Entre le désir d’en découdre des flics, chauffés à blanc dans un climat d’extrême-tension, et la haine anti-arabe suscitée par les attentats de l’OAS, c’est à un hallucinant dérapage que l’on a assisté. Le pouvoir n’avait rien à gagner avec un tel déferlement de violence meutrière, et c’est pour cela que tout a été fait pour occulter ce massacre dans les médias. A contrario, le pouvoir aurait gagné, à l’époque, à montrer sa fermeté vis-à-vis des manifestants algériens, fût-ce en cabosssant quelques individus et au risque d’une bavure individuelle. Le bilan de cette tragédie montre que les autorités ont été totalement dépassées.


  • xmen-classe4 xmen-classe4 19 octobre 2012 10:54

    De Gaulle, le journaliste anglais ?


  • jocelyne 19 octobre 2012 18:23

    rien que la photo et mon studio est empli de naphtaline, vade retro !


  • VICTOR LAZLO VICTOR LAZLO 19 octobre 2012 18:32

    Bonjour, 


    Encore un article sur le 17 octobre 61 !

    Je voulais juste souligner, dans la lignée de ce que dit plus haut Fergus, que les Algeriens n’ont pas été les seuls à « bénéficier » des brutalités policiéres et autres à cette époque :
    Entre le massacre de la rue d’Isly , le bombardement de Bab El Oued, et les militants de l’OAS torturés et liquidés au coin du bois, et le reste, d’une maniére generale l’époque n’était pas à la tendresse.
    Et pour ce qui est de la Gauche « européenne » ça n’a pas été « doux » non plus (voir Charonne).

    Les responsables de l’époque, De Gaulle en tête, ont navigué à vue...Du moins ont-ils réussi à finir cette guerre, ce qui n’avait rien d’évident. Même s’ils l’ont « mal » finie : le génocide des Harkis, l’exode des Pieds Noirs, les massacres d’Oran et d’ailleurs en font foi.

    Si De Gaulle était le « bourreau » que vous imaginez, il n’aurait pas hésiter à bombarder le Quartier Latin et Nanterre en 68...
    De Gaulle aurait pu faire mieux, sans doute. Les quelques ouvrages que j’ai lu sur cette guerre ne le démontrent pas....

    • morice morice 20 octobre 2012 00:15

      Si De Gaulle était le « bourreau » que vous imaginez, il n’aurait pas hésiter à bombarder le Quartier Latin et Nanterre en 68...


      vous ignorez beaucoup de choses, visiblement.

      il est allé faire quoi en hélico, vers Baden Baden, DeGaulle ?

      Aller voir Massu.

      et il faisait quoi Massu ?

      Il marchait sur Paris avec des chars.
      « Il convient de préciser que dès le 11 Mai Messmer ministre des armées a décidé sur ordre du premier ministre de mettre en alerte des unités de l’armée. Cette même armée qui se prêtera au rôle de »briseuse de grève« en assurant le contrôle aérien et les transports dits »prioritaires« (courrier et personnes) ainsi que les services de voierie, les transports en commun, le contrôle douanier et même l’inhumation des morts. La garde des émetteurs de l’ORTF échoit également à l’armée en appui à la gendarmerie. Le 30 Mai, des chars convergent vers Paris ainsi que des automitrailleuses ; des troupes sont mobilisées autour de Paris (à l’ouest de Versailles et à Satory où furent enfermés tant de Communards, dont Louise Michel - et où tant furent fusillés -, tout un symbole…) »

      Ça, tout le monde le sait. Sauf vous, visiblement....

  • morice morice 20 octobre 2012 00:08

    Papon a toujours été le vide-ordures qui arrange tout le monde, s’attaquer à lui fait bon genre et surtout permet à la Cinquième République de se dédouanner à bon compte, de se décharger d’un maximum de casseroles encombrantes.


    vous rigolez ? Papon n’a pas été inquiété avant 1981.... franchement, ce torchon est à gerber, car vous laissez croire qu’on ne dénonce qu’un sous-fifre : OR c’était BIEN Papon le responsable principal, que DeGaulle engueulera juste après !

    vous auriez eu un peu plus de curiosité, vous seriez allé voir 6 ans seulement après, ou un Grimaud, à la place d’un Papon évitera tout bain de sang à Paris... alors qu’il avait les mêmes policiers sous ses ordres. Les ordres sont bien venus de Papon, qui voulait venger les morts de policiers du FLN à « un contre dix ».

    De Gaulle a laissé faire, car c’était ça ou un PUTSCH, ce que des HISTORIENS nous ont DEMONTRE.

    Cette question est en fait la seule qui vaille quand on désire réellement faire acte de repentance. 

    Vous n’avez donc RIEN compris à ce que vient de faire Hollande alors ; car ce qu’il a dit c’est que c’était un pays et sa police qui était responsable : ce qui signifie aussi son POUVOIR. Et DONC aussi DeGaulle.

    « On ne construit pas la démocratie sur des mensonges et des occultations »


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