mercredi 14 avril 2010 - par Le Canard républicain

29 mai : symbole d’une trahison permanente

Commémorer le référendum du 29 mai 2005. Entretien avec André Bellon pour AgoraVox. Alors que les principaux partis stigmatisent les électeurs en leur rappelant leur devoir électoral, il nous rappelle avec force que « le peuple a clairement dit non à un traité et une oligarchie a méprisé cette volonté et fait passer ce traité par un véritable coup d’État ».

 
Lecanardrépublicain.net : André Bellon, vous avez été député et Président de la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale. Vous faites partie des Citoyens qui ont mené le combat contre le Traité constitutionnel européen en 2005 et vous avez fondé l’Association pour une Constituante dont le site est www.pouruneconstituante.fr. Que représente aujourd’hui pour vous le vote du 29 mai 2005 ?
 
André Bellon : Il est l’expression de la souveraineté populaire, c’est-à-dire de la démocratie. Alors que tous les partis, tous les médias, tous les experts expliquaient qu’il était impossible de dire non, le peuple a exprimé sa volonté et, tout particulièrement, expliqué que le oui ne vaut rien si on n’a pas le droit de dire non.
 
En quoi, le concept de "souveraineté populaire" est-il un principe républicain ?
 
La République est née après le mouvement populaire qui, le 10 août 1792, a renversé la monarchie. Le 22 septembre de la même année, la nouvelle Assemblée nationale, appelée Convention, a officialisé le fait en instaurant la République et le suffrage universel. Jusqu’alors, le vote, lorsqu’il existait était réservé aux plus riches, ce qu’on appelait le suffrage censitaire. La République est donc le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple, ce qui est inscrit dans notre Constitution, même si, dans les faits, le principe de souveraineté populaire est tellement trahi.
 
Fin 2007, suite à votre Appel [1], vous avez créé l’Association pour une Constituante à laquelle vous avez appelé à adhérer tous les démocrates [2]. Votre Association a-t-elle réussi à faire partager cette idée que les profonds changements attendus par une grande majorité de nos concitoyen(ne)s pourraient s’amorcer à travers l’élection d’une Assemblée Constituante au suffrage universel direct ?
 
La situation est celle d’une contradiction dramatique entre les principes et la réalité. On parle partout de démocratie, on la bafoue perpétuellement. Le 29 mai est le symbole de cette trahison permanente. Le peuple a clairement dit non à un traité et une oligarchie a méprisé cette volonté et fait passer ce traité par un véritable coup d’État. C’est en réaction contre ce coup d’État que j’ai appelé à participer à une Association pour une Constituante. Les débuts ont été, bien sûr, difficiles, mais aujourd’hui, les adhésions se multiplient et nous avons déjà nombre de cercles locaux partout en France.
 
Partagez-vous cette opinion que "la France républicaine issue des Lumières, de la Révolution française, des combats du monde ouvrier et des conquêtes de la Libération, est en danger de mort"   [3]  ?
 
Oui. Une coalition d’intérêts a remis en cause des siècles de combats humanistes et, aujourd’hui, le communautarisme s’oppose à la citoyenneté, la pensée religieuse à la laïcité, les privilèges à l’égalité des droits, la pensée unique à la Liberté. Voila des décennies que les républicains sont en butte à des défis qu’on croyait dépassés, mais désormais le temps est venu de reprendre l’initiative. C’est pourquoi l’Association pour une Constituante fait le lien entre le 29 mai et la proclamation de la République et appelle symboliquement à se rassembler le 29 mai 2010. Plusieurs rassemblements sont déjà prévus par les cercles locaux. A Paris, ce sera à 11 heures à l’endroit même où fut abolie la monarchie, c’est-à-dire devant la plaque historique posée le long des grilles du jardin des Tuileries en face du 228 rue de Rivoli.
 
 
Propos recueillis par J.G. le Quartidi 24 Germinal an CCXVIII.
 


11 réactions


  • Oculus 14 avril 2010 11:34

    Contourner un vote référendaire pose effectivement un sérieux problème démocratique


  • Alpo47 Alpo47 14 avril 2010 12:22

    Tu parles !
    « Avec Sarkozy, tout est possible ». Un (ex) slogan doit on voit progressivement toute la portée.


  • Iren-Nao 14 avril 2010 13:13

    Aux armes citoyens, qu’un sang impur .....

    Ou alors fermez vos gueules et usez de vaseline.

    Iren-Nao


  • Elisa 14 avril 2010 15:37

    Demander une constituante n’a pas grand intérêt en dehors d’un projet politique : la souveraineté populaire est un principe qui n’a de valeur qu’associé à des valeurs qui en précisent la portée. Il ne faut pas oublier que des majorités populaires peuvent parfois engendrer des monstres et que la Déclaration des Droits de l’Homme a prévu le droit à l’insurrection si tous les recours de droit ont échoué.

    La devise de notre république, particulièrement bafouée par nos gouvernants est beaucoup plus forte et fondamentale que l’opposition au communautarisme. Liberté, Egalité, Fraternité renferment le fondement même d’un contrat social aux antipodes avec l’idéologie néo-conservatrice qui nous est imposée depuis plusieurs décennies. La Liberté ne peut se diluer dans le libéralisme. L’Egalité de droit n’est pas l’égalité des chances chère à Margaret Thatcher, Tony Blair et consorts. Enfin la Fraternité est devenu contraire au principe de la concurrence libre et non faussée chère à nos élites européennes.

    Ce n’est pas d’un projet juridique dont nous avons besoin mais d’un projet de société et d’une stratégie de résistance aux coups de plus en plus durs dont le peuple est victime.

    Et de grâce, n’en rajoutons pas dans les attaques anti communautaristes qui ne concernent qu’une infime partie de la population et font la fortune idéologique des Besson et autres racistes de l’UMP et de FN !


    • Le Canard républicain Le Canard Républicain 14 avril 2010 17:42

      Bonsoir Elisa.

      En lisant votre premier paragraphe, je ne peux que vous invitez à lire l’excellent livre de Monique&Roland Weyl, Démo-cratie pouvoir du peuple : http://www.xn—lecanardrpublicain-jwb.net/spip.php?article243

      Qu’est-ce-que l’Association pour une Constituante ?
      - Promouvoir l’idée d’une Assemblée Constituante dont les membres seraient élus au suffrage universel direct. Cette Constituante aura pour tâche de changer les institutions et la règle du jeu politique.
      - Contribuer à l’élaboration de cahiers de doléances des Citoyen(ne)s devant servir de base de travail pour l’Assemblée élue.
      - Proposer des modalités concernant le processus de désignation d’une Assemblée Constituante qui répondent à l’exigence d’une réelle légitimité populaire et démocratique dépassant les clivages et appareils politiques actuels.

      Les doléances mises en ligne : http://www.pouruneconstituante.fr/spip/spip.php?rubrique71

      Par rapport aux communautarismes, je vous invite à consulter l’excellent site de l’ Observatoire du communautarisme  : http://www.communautarisme.net/

      Pour terminer, si vous avez le temps, relisez le passage du discours de Jean Jaurès donné à Castres, le 30 juillet 1904, commençant par « Démocratie et laïcité sont deux termes identiques ».

      « Dans notre France moderne, qu’est-ce donc que la République ? C’est un grand acte de confiance. Instituer la République, c’est proclamer que des millions d’hommes sauront tracer eux-mêmes la règle commune de leur action ; qu’ils sauront concilier la liberté et la loi, le mouvement et l’ordre ; qu’ils sauront se combattre sans se déchirer ; que leurs divisions n’iront pas jusqu’à une fureur chronique de guerre civile, et qu’ils ne chercheront jamais dans une dictature même passagère une trêve funeste et un lâche repos ». Jean Jaurès, extrait du Discours à la jeunesse, 30 juillet 1903, lycée d’Albi : http://www.xn—lecanardrpublicain-jwb.net/spip.php?article314

      Cordialement.
      J.G.


  • dapeacemaker911 14 avril 2010 16:09

    La democratie a la mccain... c est ceux qui en parle le plus qui....

    Pret a sortir les fourches et la mitraille ?


  • BA 14 avril 2010 20:23

    Pour savoir qui a voté quoi, c’est à cette adresse :


    http://www.assemblee-nationale.fr/13/cri/2007-2008/99020416.asp#P238_62488


    Seulement 181 parlementaires ont voté NON. Seulement 181 parlementaires ont sauvé l’honneur. Je les remercie.

    121 députés ont voté NON :


    - 3 députés UMP : MM. Patrick Labaune, Franck Marlin et Jacques Myard.


    - 91 députés PS et MRC (Chevènement) : Mme Sylvie Andrieux, MM. Jean Paul Bacquet, Jean Pierre Balligand, Gérard Bapt, Claude Bartolone, Jacques Bascou, Christian Bataille, Christophe Bouillon, François Brottes, Thierry Carcenac, Laurent Cathala, Bernard Cazeneuve, Jean Paul Chanteguet, Alain Claeys, Jean Michel Clément, Gilles Cocquempot, Pierre Cohen, Pascal Deguilhem, Marc Dolez, Jean Pierre Dufau, William Dumas, Jean Louis Dumont, Mme Laurence Dumont, MM. Jean Paul Dupré, Philippe Duron, Olivier Dussopt, Christian Eckert, Henri Emmanuelli, Laurent Fabius, Albert Facon, Mme Martine Faure, MM. Hervé Féron, Pierre Forgues, Mme Valérie Fourneyron, MM. Michel Françaix, Jean Claude Fruteau, Mme Geneviève Gaillard, MM. Daniel Goldberg, David Habib, Mme Sandrine Hurel, MM. Christian Hutin, Jean Louis Idiart, Mme Françoise Imbert, MM. Michel Issindou, Serge Janquin, Régis Juanico, Jean Pierre Kucheida, Mme Conchita Lacuey, MM. Jérôme Lambert, Jean Launay, Patrick Lebreton, Gilbert Le Bris, Mme Catherine Lemorton, MM. Jean Claude Leroy, Serge Letchimy, Michel Liebgott, Mme Martine Lignières Cassou, MM. François Loncle, Jean Mallot, Mme Marie Lou Marcel, M. Philippe Martin, Mmes Martine Martinel, Frédérique Massat, MM. Gilbert Mathon, Didier Mathus, Kléber Mesquida, Jean Michel, Didier Migaud, Arnaud Montebourg, Philippe Nauche, Henri Nayrou, Alain Néri, Michel Pajon, Christian Paul, Germinal Peiro, Jean Luc Pérat, Jean Claude Perez, Mme Catherine Quéré, M. Simon Renucci, Mmes Marie Line Reynaud, Chantal Robin Rodrigo, M. Patrick Roy, Mme Odile Saugues, M. Christophe Sirugue, Mme Christiane Taubira, MM. Pascal Terrasse, Jacques Valax, Michel Vauzelle, Michel Vergnier, Alain Vidalies et Jean Michel Villaumé.


    - 21 députés communistes : Mme Marie Hélène Amiable, M. François Asensi, Mmes Huguette Bello, Martine Billard, MM. Alain Bocquet, Patrick Braouezec, Jean Pierre Brard, Mme Marie George Buffet, MM. Jean Jacques Candelier, André Chassaigne, Jacques Desallangre, Mme Jacqueline Fraysse, MM. André Gerin, Pierre Gosnat, Maxime Gremetz, Jean Paul Lecoq, Alfred Marie Jeanne, Roland Muzeau, Daniel Paul, Jean Claude Sandrier et Michel Vaxès.


    - 2 députés Nouveau Centre : MM. Philippe Folliot et Jean Christophe Lagarde.


    - 4 députés non-inscrits : Mme Véronique Besse, MM. Nicolas Dupont Aignan, Jean Lassalle et François Xavier Villain.

    60 sénateurs ont voté NON  :


    - 4 sénateurs UMP : MM. André Lardeux, Roland du Luart, Mme Lucette Michaux Chevry et M. Charles Pasqua.


    - 30 sénateurs PS : MM. Bernard Angels, David Assouline, Mmes Maryse Bergé Lavigne, Alima Boumediene Thiery, MM. Jean Louis Carrère, Michel Charasse, Pierre Yves Collombat, Roland Courteau, Jean Desessard, Michel Dreyfus Schmidt, Mme Josette Durrieu, MM. Charles Gautier, Jean Pierre Godefroy, Claude Haut, Mmes Annie Jarraud Vergnolle, Bariza Khiari, MM. André Lejeune, Alain Le Vern, Jean Pierre Masseret, Marc Massion, Jean Luc Mélenchon, Jean Pierre Michel, Michel Moreigne, Daniel Percheron, Marcel Rainaud, Gérard Roujas, Claude Saunier, Jean Marc Todeschini, Robert Tropeano et André Vantomme.


    - 23 sénateurs communistes et MRC (Chevènement) : Mme Eliane Assassi, M. François Autain, Mme Marie France Beaufils, MM. Pierre Biarnès, Michel Billout, Mme Nicole Borvo Cohen Seat, MM. Robert Bret, Jean Claude Danglot, Mmes Annie David, Michelle Demessine, Evelyne Didier, MM. Guy Fischer, Thierry Foucaud, Mmes Brigitte Gonthier Maurin, Gélita Hoarau, MM. Robert Hue, Gérard Le Cam, Mme Josiane Mathon Poinat, MM. Jack Ralite, Ivan Renar, Odette Terrade, Bernard Vera et Jean François Voguet.


    - 3 sénateurs proches de Philippe de Villiers : Bernard Seillier, Philippe Darniche et Bruno Retailleau.


    Quant à tous les autres, nous leur présenterons l’addition.

    Tout se paie.


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