mercredi 20 mai 2009 - par Abolab

A quoi sert la politique ?

La politique a culturellement pris une importance grandissante dans nos sociétés modernes, et ce d’autant plus que les moyens de communication et les médias accessibles aux citoyens tout comme les plate-formes de blogs, se sont multipliés. Mais pourquoi s’intéresse-t-on à la politique ? Il est généralement accepté de dire sous forme de boutade : « si vous ne vous intéressez pas à la politique, c’est la politique qui s’occupera de vous ». Est-ce réellement vrai ? La politique s’est-elle jamais intéressée à vous, à vos problèmes fondamentaux, qui sont également ceux de n’importe quel être humain, indépendamment de sa nation, de sa culture, ou de sa religion ?

La plupart des gens sont attirés par le pouvoir. Le pouvoir social, le pouvoir de l’argent, le pouvoir au sein d’un parti, d’une organisation sont les formes les plus popularisées de pouvoir dans les sociétés modernes. Et également, l’histoire, entrecoupée de guerres horribles et sanglantes, nous rappelle que la politique est responsable des pires atrocités que l’humanité ait connues. Ainsi, les guerres résultent directement et principalement de la division des territoires en nations particulières, en groupes communautaires, en groupes de pensée qui ne se rencontrent jamais que dans le conflit d’intérêts limités et fragmentés. Tout cela est la politique.

Aussi, la politique s’occupe de la gestion matérielle des territoires. Et cette gestion matérielle s’inscrit dans le cadre de dogmes de pensée uniformisés au sein d’agences et organisations internationales. De nos jours, la politique est devenue principalement une activité économique de seconde main, qui ne semble tirer son essence que de la popularisation que l’on accorde à ses acteurs. Ainsi, la popularité d’un politicien est un gage de son ascension sociale, de sa réussite professionnelle, du succès de son ambition et de sa quête de pouvoir, que ce soit au sein d’un parti, ou au niveau d’une nation, ou d’un groupe de nations. L’ambition, le pouvoir, l’argent, fascinent la plupart de nos contemporains, et ainsi la politique et ses acteurs ont pris une place considérable dans le quotidien médiatique et celui des discussions.

Quel rapport peut donc entretenir un citoyen ordinaire comme vous et moi avec cette activité humaine qu’est la politique ? La première réaction face à cette question, qui n’est jamais réellement posée, est l’argumentation suivante : « la politique est essentielle, elle est une liberté acquise dans la douleur : nous vivons ici en démocratie et ailleurs les dictatures empêchent les êtres humains de vivre convenablement ». Une telle position part déjà d’une conclusion toute faite, d’un a priori bloquant ou empêchant toute perspective ou vision nouvelle sur la question de ce qu’est la politique et ce que peut bien-être son utilité. Cette idée est a priori l’acceptation de fait du cadre que les êtres humains se sont créés pour vivre, et qui est générateur de tant d’insécurité dans le monde : à savoir la division de la planète en nations, le nationalisme, qui est une forme de « tribalisme glorifié », ou en groupes de nations d’intérêts particuliers.

Ces divisions nationales sont les premières sources de guerres et de conflits dans le monde. C’est un fait, que vous le vouliez ou non. Et ainsi, en acceptant ces cadres, vous pensez vous sécuriser au sein d’une entité plus grande que vous, à la fois socialement, économiquement, et psychologiquement. Mais cette acceptation d’un cadre isolateur qu’est un groupe ou une nation ne constitue en rien une sécurité, car au contraire ces divisions sont génératrices de guerre. Ainsi, la loi de la nation la plus puissante, du pouvoir, devient la règle en politique, et plus une nation est puissante, économiquement, militairement...etc, plus elle a d’influence, seule ou en groupe, plus vous vous sentez en sécurité. Mais cette compétition d’influence entre nations est à l’échelle planétaire non seulement destructrice des relations entre les êtres humains, mais également destructrice de l’environnement et génératrice de misère sociale dans le monde.

Tout cela n’est ni de la philosophie, ni un système de pensée, mais une description des faits et l’actualité de ce qui se passe actuellement dans le monde. En raisonnant en tant que français, anglais, chinois, turc, irakien, européen, ou même occidental, asiatique, africain..., vous ne pouvez raisonner qu’en fonction de vos intérêts de groupes particuliers, et ainsi vous générez de la division dans le monde. Le cadre de la nation étant limité et devenu beaucoup trop superficiel pour appréhender la complexité du monde actuel, vous élargissez ainsi votre cadre de pensée à un groupe ou une communauté un peu plus grande (par exemple de français à européen), mais cette réaction à l’état du monde est toujours une pensée isolatrice. Que vous soyez dans une prison de 1m3 ou de 100m3 cela reste toujours une prison, même si vous vous sentez un peu plus à l’aise.

La plupart des gens aiment donc se sentir sécurisés dans des constructions illusoires, dont la politique en est le versant le plus structuré et organisé, mais sans se rendre compte que cette sécurité même est un processus isolateur et générateur de guerres et de destructions à l’échelle globale. Que ces guerres soient militaires ou économiques, il s’agit toujours de guerres, avec toute la misère et la souffrance associée. Aussi, dans cet espace de pensée que représente la politique, principalement en démocratie, car au sein d’une dictature vous n’avez pas le droit de vous exprimer, vous pensez être libre et bénéficier d’un choix. Ainsi vous votez pour tel ou tel parti, telle ou telle idéologie qui, selon votre opinion, votre éducation ou votre conditionnement personnel, vous semble le plus à même de répondre soit à votre intérêt personnel, soit à celui du groupe auquel vous êtes identifiés, familial, communautaire, professionnel, national ou autre. Mais ce choix, orienté de manière égocentrique, idéologique ou individuel est contraire au choix d’un autre, orienté également de manière égocentrique, idéologique, ou individuel. Ainsi, dans tout choix, il y a nécessairement les racines du conflit.

Si donc la démocratie est un mode d’organisation de la société né d’un processus conflictuel, dans la division, tant interne qu’externe, un tel mode d’organisation de la société peut-il jamais apporter la paix ?



15 réactions


  • John Lloyds John Lloyds 20 mai 2009 11:10

    La politique, ça sert à faire penser politique, pour éviter de faire penser.

    _______________________________

    ALERTE INFO


    • Abolab 20 mai 2009 12:02

      Dites-vous que pour bon nombre d’entre nous, la politique est une forme de distraction ?


    • John Lloyds John Lloyds 20 mai 2009 13:57

      Oui, c’est tout-à-fait ce que je veux dire, là où on donne les matchs de foot aux beaufs, on donne du show bizz politicard permanent aux ringards des urnes pour feindre la démocratie. Un peuple cultivé et responsable comprendrait immédiatement où toute cette farce va mener, mais une armée de zombis continuera de marcher d’un pas égal vers le chaos, raison pour laquelle il faut les maintenir dans cet état, et réinventer en permanence la politique.


    • Abolab 20 mai 2009 15:28

      Comme le dit un intervenant plus bas, n’est-ce pas déjà le chaos dans lequel nous vivons à l’échelle de la planète, avec toutes ces divisions, ces inégalités et ces guerres ? Et n’est-ce pas le chaos également au coeur même de la conscience humaine, tant collective qu’individuelle ? Car le monde extérieur que nous créons est la projection de notre monde intérieur. Si l’on est violent, anxieux, peureux, possessif, déséquilibré, l’on créera forcément une société violente, où règne la peur et l’insécurité, et où domine l’accumulation matérielle. Et la société n’est pas une abstraction, n’est pas un idéal collectif. La société est avant tout les relations que nous avons chacun d’entre nous à notre niveau personnel. Tout le reste n’est principalement qu’affaire de médiatisation et d’abstraction à destination des masses, c’est-à-dire de la manipulation et de la propagande, que celle-ci soit d’un parti ou d’un gouvernement.


  • Antoine Diederick 20 mai 2009 12:17

    la politique = pas la démocratie

    enfin, si il semble que la politique a investi tous les champs de la vie sociale aujourd’hui, il sera bon de s’interroger si cela « fait » politique, c’est à dire , si cela rentre dans la vie politique, je suis loin d’en être convaincu.

    Ce que nous croyons parfois être « politique » ne l’est pas forcement...c’est l’ambiguité à ce sujet entretenu par l’esprit du temps...


    • Abolab 20 mai 2009 12:33

      Qu’est-ce que la démocratie sinon un idéal, et qu’est-ce qu’un idéal sinon une abstraction, un « non-fait » ?


  • Gabriel Gabriel 20 mai 2009 12:59

    Politique, je crois que si l’on en extirpe la racine grecque cela veut dire gestion de la vie dans la cité. Dit moi, ce ne serait pas un peu le bordel en ce moment ?


  • Frabri 20 mai 2009 13:46

    « Il faut remplacer l’amour du pouvoir, par le pouvoir de l’amour ». Sri Aurobindo

    En attendant que le pouvoir de l’amour remplace l’amour du pouvoir, il faut limiter le pouvoir par des contre pouvoirs, en déproféssionnalisant la politique avec un seul mandat a la fois non renouvelable, en représentant tous les courants de pensée au parlement par le vote a la proportionnelle intégrale....etc

    Pour cela il faut réhabiliter la politique, et pour réhabiliter la politique il faut un « nouveau projet politique ». Sur internet il y a de nombreux « nouveaux projet politiques ». Il y en a pour tous les goûts, enfin presque, parce que j’ai pas encore trouvé de « nouveau projet politique » qui me convienne tout a fait.

    .La politique ça sert a débattre et a résoudre les conflits entre les groupes humains par la non violence. En général dans une société les dominants-te-s et les dominé-e-s ne sont pas daccord. 


    • Abolab 20 mai 2009 15:39

      Comme le fait un intervenant plus haut, mais dans une version plus optimiste pour votre part, vous pensez que le temps va résoudre la crise humaine actuelle.

      Nous avons été conditionnés à cela : « avec le temps, viendra la paix, l’amour, la liberté » ou que sais-je encore...

      Depuis des millénaires d’existence, l’humanité, malgré des progrès techniques incroyables, n’a jamais réussi à actualiser ces belles paroles. N’est-ce pas que quelque chose cloche dans la conscience humaine ? N’est-ce pas cette idée de temps psychologique qui représente l’obstacle à l’actualisation de la paix dans le monde ? Si vos souhaitez faire la paix, vous la faites maintenant, vous n’attendez pas qu’elle « tombe du ciel » dans le futur !


  • Le chien qui danse 20 mai 2009 18:24

    La politique c’est cadrer et organiser le vie collective. La vie collective devient à son tour une puissance de conditionnement que nous ne maîtrisons (toujours) pas. Le politique est très présent actuellement parcequ’il est justement de mauvaise qualité.
    La puissance collective est fagocitée par une minorité se rétrécissant, alors qu’elle devrait (ou aurait dû) nous affranchir des limites de nos personnes. La mutualité des rapports individuels et leur myriades de croisement devrait nous apporter une richesse, un développement et une aventure de vie autrement plus captivante que les scores du cac40 et ce dans tous les domaines.
    Internet est d’ailleurs un nouveau symbole de cet universalité à laquelle nous sommes voués, même et surtout à notre corps défendant.( c’est pour cela qu’il faut le contrôler car c’est angoissant de ne pas contrôler....)
    Face à l’angoisse du fait que nous ne savons rien d’ou nous venons et ou nous allons on invente une agitation au présent pour se faire l’illusion de vivre . C’est à ça que sert la politique et depuis longtemps et quel desastre.
    En être amené à être dirigés par ceux qui croient le moins en l’avenir du monde, c’est cela la première des misères engendrant les autres.


  • Le chien qui danse 20 mai 2009 18:26

    Une bonne politique bien menée devrait être complètement invisible et laisser le champ libre à la citoyenneté.
    Et bien sur à l’amour comme dit Sri Aurobindo (et bien d’autres).


  • Christoff_M Christoff_M 22 mai 2009 02:30

    La politique a force de se mettre partout de se meler de n’importe quoi, d’etre utilisée à toutes les sauces, surtout dans des buts de buzz et de marketing, a perdu son ame...

    Vous me direz quand les coachs, gourous et conseillers en com en tout genre, ce que j’appelle les marketeurs débarquent dans La Politique, ne vous étonnez pas de voir depuis 2007 le paysage politique français transformé en fourre tout et grande surface à idées sans saveurs !!

    Le talent et la conviction, ce ne sont pas des questions de budgets, or qu’est ce qui amène au pouvoir un candidat dans nos « démocraties » l’argent et la pub !!

    On voit le résultat !! les partis politiques français en 2009 sont des arènes de luttes pour des petits joueurs a l’ego surdimentionné !! pour les idées et les convictions on attend depuis la mort de Mitterrand et la mise à l’écart de Le Pen !!


    • Abolab 22 mai 2009 09:47

      L’on peut se demander, si l’on est un tant soit peu sérieux, pourquoi, les êtres humains quels que soient leur nationalité, et particulièrement ici dans nos pays démocratiques, ont légué tant de pouvoir aux politiciens, ont donné tant d’importance à la politique, et ont relégué à ses acteurs, la responsabilité quasi-totale de leur comportement en société, à travers les différents pouvoirs régulant la collectivité.

      Est-ce parce que les êtres humains se sentent irresponsables, faibles, sans sécurité, qu’ils ont besoin d’avoir des têtes pensantes qui agissent à leur place afin de créer une société à laquelle ils adhèrent de manière intellectuelle, au travers de principes et d’abstractions ? Mais les personnes qu’ils élisent ne sont pas différentes d’elles, elles sont aussi irresponsables, faibles, confuses, idéologues, sans compassion ni véritable intelligence. Sinon, elles ne rechercheraient pas le pouvoir, sûrement !

      Est-ce alors que l’irresponsabilité des êtres humains crée une société irresponsable gouvernée par des personnes irresponsables, car limitées par des intérêts fragmentés au sein d’idéologies qui divisent les êtres humains entre eux et générant la guerre, l’injustice et la misère dans le monde ?


  • elodie 19 septembre 2009 15:09

    pourquoi les hommes ont besoin de la politique pour vivre


  • Paul Cosquer 19 septembre 2009 15:39

    La politique
    me donne des tics.
    Je m’suis fait exempter
    pour raison de santé.

    Assez de barbouzes
    pour deux-mille douze.
    Je resterai dans mon coin.
    Je ne compterai même pas les points.

    Bon, j’aiderai François quand même, de mon mieux.
    Pour le geste...


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