A quoi sert la politique ?
La politique a culturellement pris une importance grandissante dans nos sociétés modernes, et ce d’autant plus que les moyens de communication et les médias accessibles aux citoyens tout comme les plate-formes de blogs, se sont multipliés. Mais pourquoi s’intéresse-t-on à la politique ? Il est généralement accepté de dire sous forme de boutade : « si vous ne vous intéressez pas à la politique, c’est la politique qui s’occupera de vous ». Est-ce réellement vrai ? La politique s’est-elle jamais intéressée à vous, à vos problèmes fondamentaux, qui sont également ceux de n’importe quel être humain, indépendamment de sa nation, de sa culture, ou de sa religion ?
La plupart des gens sont attirés par le pouvoir. Le pouvoir social, le pouvoir de l’argent, le pouvoir au sein d’un parti, d’une organisation sont les formes les plus popularisées de pouvoir dans les sociétés modernes. Et également, l’histoire, entrecoupée de guerres horribles et sanglantes, nous rappelle que la politique est responsable des pires atrocités que l’humanité ait connues. Ainsi, les guerres résultent directement et principalement de la division des territoires en nations particulières, en groupes communautaires, en groupes de pensée qui ne se rencontrent jamais que dans le conflit d’intérêts limités et fragmentés. Tout cela est la politique.
Aussi, la politique s’occupe de la gestion matérielle des territoires. Et cette gestion matérielle s’inscrit dans le cadre de dogmes de pensée uniformisés au sein d’agences et organisations internationales. De nos jours, la politique est devenue principalement une activité économique de seconde main, qui ne semble tirer son essence que de la popularisation que l’on accorde à ses acteurs. Ainsi, la popularité d’un politicien est un gage de son ascension sociale, de sa réussite professionnelle, du succès de son ambition et de sa quête de pouvoir, que ce soit au sein d’un parti, ou au niveau d’une nation, ou d’un groupe de nations. L’ambition, le pouvoir, l’argent, fascinent la plupart de nos contemporains, et ainsi la politique et ses acteurs ont pris une place considérable dans le quotidien médiatique et celui des discussions.
Quel rapport peut donc entretenir un citoyen ordinaire comme vous et moi avec cette activité humaine qu’est la politique ? La première réaction face à cette question, qui n’est jamais réellement posée, est l’argumentation suivante : « la politique est essentielle, elle est une liberté acquise dans la douleur : nous vivons ici en démocratie et ailleurs les dictatures empêchent les êtres humains de vivre convenablement ». Une telle position part déjà d’une conclusion toute faite, d’un a priori bloquant ou empêchant toute perspective ou vision nouvelle sur la question de ce qu’est la politique et ce que peut bien-être son utilité. Cette idée est a priori l’acceptation de fait du cadre que les êtres humains se sont créés pour vivre, et qui est générateur de tant d’insécurité dans le monde : à savoir la division de la planète en nations, le nationalisme, qui est une forme de « tribalisme glorifié », ou en groupes de nations d’intérêts particuliers.
Ces divisions nationales sont les premières sources de guerres et de conflits dans le monde. C’est un fait, que vous le vouliez ou non. Et ainsi, en acceptant ces cadres, vous pensez vous sécuriser au sein d’une entité plus grande que vous, à la fois socialement, économiquement, et psychologiquement. Mais cette acceptation d’un cadre isolateur qu’est un groupe ou une nation ne constitue en rien une sécurité, car au contraire ces divisions sont génératrices de guerre. Ainsi, la loi de la nation la plus puissante, du pouvoir, devient la règle en politique, et plus une nation est puissante, économiquement, militairement...etc, plus elle a d’influence, seule ou en groupe, plus vous vous sentez en sécurité. Mais cette compétition d’influence entre nations est à l’échelle planétaire non seulement destructrice des relations entre les êtres humains, mais également destructrice de l’environnement et génératrice de misère sociale dans le monde.
Tout cela n’est ni de la philosophie, ni un système de pensée, mais une description des faits et l’actualité de ce qui se passe actuellement dans le monde. En raisonnant en tant que français, anglais, chinois, turc, irakien, européen, ou même occidental, asiatique, africain..., vous ne pouvez raisonner qu’en fonction de vos intérêts de groupes particuliers, et ainsi vous générez de la division dans le monde. Le cadre de la nation étant limité et devenu beaucoup trop superficiel pour appréhender la complexité du monde actuel, vous élargissez ainsi votre cadre de pensée à un groupe ou une communauté un peu plus grande (par exemple de français à européen), mais cette réaction à l’état du monde est toujours une pensée isolatrice. Que vous soyez dans une prison de 1m3 ou de 100m3 cela reste toujours une prison, même si vous vous sentez un peu plus à l’aise.
La plupart des gens aiment donc se sentir sécurisés dans des constructions illusoires, dont la politique en est le versant le plus structuré et organisé, mais sans se rendre compte que cette sécurité même est un processus isolateur et générateur de guerres et de destructions à l’échelle globale. Que ces guerres soient militaires ou économiques, il s’agit toujours de guerres, avec toute la misère et la souffrance associée. Aussi, dans cet espace de pensée que représente la politique, principalement en démocratie, car au sein d’une dictature vous n’avez pas le droit de vous exprimer, vous pensez être libre et bénéficier d’un choix. Ainsi vous votez pour tel ou tel parti, telle ou telle idéologie qui, selon votre opinion, votre éducation ou votre conditionnement personnel, vous semble le plus à même de répondre soit à votre intérêt personnel, soit à celui du groupe auquel vous êtes identifiés, familial, communautaire, professionnel, national ou autre. Mais ce choix, orienté de manière égocentrique, idéologique ou individuel est contraire au choix d’un autre, orienté également de manière égocentrique, idéologique, ou individuel. Ainsi, dans tout choix, il y a nécessairement les racines du conflit.
Si donc la démocratie est un mode d’organisation de la société né d’un processus conflictuel, dans la division, tant interne qu’externe, un tel mode d’organisation de la société peut-il jamais apporter la paix ?