mardi 1er décembre 2009 - par jps

A votre santé !

Un constat amer

De 2001 à 2009, les dépenses de santé des français ont augmenté de 40 à 50% en moyenne. Ce taux tient compte des cotisations versées à une complémentaire santé et ce qui est payé après remboursement. (Etude de la société Jalma, cabinet de conseil spécialisé en protection sociale).

Les plus de 65 ans sont les plus touchés car pour eux cela représente 11% de leur budget. Les jeunes (25ans) ne sont pas épargnés car cette hausse est de 68 % pour cette catégorie d’âge. Pour un couple de personnes de 55 ans, assurées à titre individuel, le coût a augmenté de 62% (et représente 7,12% du revenu disponible en moyenne). Ces dépenses de santé sont plus élevées pour les personnes ayant un contrat de complémentaire santé individuel que pour celles couvertes dans le cadre d’un contrat collectif via l’employeur

Les raisons de ce constat sont multiples

Les raisons sont la multiplication des déremboursements, les hausses des forfaits, la franchise médicale et les hausses des honoraires médicaux, y compris la généralisation des dépassements d’honoraires, alors que le revenu des Français n’a quasiment pas augmenté. Il ne faut pas s’attendre à une inversion de tendance, car les organismes de complémentaire santé envisagent d’augmenter leurs tarifs de 4 à 7% en 2010.

Plus précisément

- Dans un rapport d’avril 2007, l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) soulignait que les dépassements d’honoraires avaient augmenté "de plus de 40 % en dix ans en valeur réelle", au point de devenir un "obstacle à l’accès aux soins".

- Les consultations médicales, entre 2002 et 2007, chez le médecin généraliste sont passées de 15 euros à 22 euros. Cela représente une augmentation de salaire brut de 46,67 %.

Qui peut faire état d’une telle augmentation de salaire ?

Entre 1990 et 2004, le revenu des médecins spécialistes a progressé trois fois plus vite que celui des salariés, ( Haut conseil pour l’avenir de l’assurance-maladie – Hcaam).

- Une des raisons est aussi l’irrationalité des prescriptions des médecins qui est due aux démarchages des visiteurs médicaux pratiques déjà dénoncées dans la revue "que prescrire"

Par ailleurs, l’UFC-Que choisir (septembre 2007) avait estimé que le Plavix (clopidogrel) faisait l’objet d’une surprescription en France (+88% de 2002 à 2006), qui engendre "un gâchis important". Ainsi, "sur la période 2002-2006, c’est 350 millions d’euros de dépenses qui ne peuvent pas être justifiées. Soit 70 millions d’euros par an", alors que si, à la place, l’aspirine Protect, 27 fois moins chère, avait été prescrite cette année-là, 89 millions d’euros auraient été économisés.

- Entre autres raisons n’y a-t-il pas aussi le fait que la France compte de trop nombreux hôpitaux privés à but lucratif. En 2006 (excusez moi je ne retrouve plus la source de ces chiffres), sur un total de 3012 hôpitaux français, seuls 1008 étaient des hôpitaux publics ; 868 étaient des hôpitaux privés à but non lucratif (PNL), et 1136 des hôpitaux à but lucratif.

- Bien sûr, certains assurés contribuent, également, à accroître ce déficit par des arrêts de complaisance ou de la médication à outrance, mais là encore le médecin n’est pas exempt de toute responsabilité.

A l’avenir

Les associations et les collectifs d’usagers, notamment Collectif interassociatif sur la santé, dénoncent la disparition progressive de l’assurance maladie solidaire qui à terme pourrait ne plus rembourser que 50% des dépenses de santé. La solution serait, alors, les assurances privées que de nombreux français ne pourront s’offrir.

Déjà en 2006, 7 % des Français déclaraient ne pas avoir de couverture maladie complémentaire et 14 % des Français disaient avoir renoncé à des soins pour des raisons financières au cours des douze derniers mois, [ enquête de l’Institut de recherche et de documentation en économie de la santé (Irdes)]. Nous sommes bien loin des promesses de Sarkozy pendant sa campagne électorale lorsqu’il promettait de mieux prendre en charge les frais dentaires ou de lunettes.

Le principe de la sécurité sociale était "on cotise selon ses capacités et on se soigne selon ses besoins ". Très bientôt " on se soignera selon ses capacités "

Nota bene : Nora Berra, secrétaire d’Etat en charge des Ainés a été en maladie du 23 mai au 6 novembre 2008 lorsqu’elle était chez Sanofi-pasteur. Il n’y a rien de condamnable sauf que pendant ces 5 mois et demi, elle continuait à assurer ses mandats d’élus en participant notamment à des conseils municipaux. Ce faisant elle percevait ses indemnités d’élus et de la sécurité sociale. Bel exemple ! Qu’en pense Frédéric Lefebvre qui voulait instaurer le travail pendant les congés maladies ?



12 réactions


  • matthius matthius 1er décembre 2009 18:57

    Voici un document FRANCE INTER sur les dessous du système de santé :
    http://www.france-analyse.com/ftp/2009-11-24_Lobby-et_sante.ogg


  • Phil Phil 1er décembre 2009 19:43

    Bonsoir
    rien de plus sur les fraudes ?


  • gruni gruni 1er décembre 2009 20:41

    Une médecine à deux vitesses, le modèle US ou Britannique, voilà ce qui nous attend . Payer ou crever et en silence s.v.p.


    • Annie 1er décembre 2009 20:57

      Je me dois de répondre ici. Parler du système anglais à deux vitesses était justifié il y a quelques années, mais aujourd’hui lorsque je reviens en France, et à la lumière des progrès qui ont été faits et des investissements publics dans le système anglais, où la notion de gratuité à la source n’a jamais été remise en question, je me rends compte que sans mutuelle il est impossible en France de se faire rembourser à 100%. Il y a de moins en moins de médicaments remboursables, et que la dernière fois que j’ai consulté en urgence un médecin en France pour une infection rénale, il m’a demandé d’aller retirer de l’argent à un distributeur de billets avant de faire une consultation parce qu’il n’acceptait pas les cartes Visa. L’effritement des avantages en France a été tellement progressif que l’on en revient à l’histoire de la grenouille que l’on fait cuire d’abord dans de l’eau froide. Forfait hospitalier, remboursement partiel des médicaments etc.. , désolée, mais aujourd’hui, ce que je n’aurai pas dit il y a 20 lorsque je comparais le système de santé anglais à celui d’un pays en développement, la médecine en France est à deux vitesses et dispensée au rabais.


    • Salsabil 1er décembre 2009 21:08

      Pardon par avance à l’auteur dont je n’ai pas encore lu le papier.

      Annie, je viens de lire votre commentaire et je le trouve tout à fait intéressant.

      Nous ne nous rendons pas compte à quel point notre système de protection sociale a pris un coup dans l’aile. On le sait bien sûr, en partie, mais comme vous dites, nos pertes sont insidieuses, intervenant petit à petit l’air de rien.

      Alors je me dis que c’est franchement pertinent que quelqu’un qui est habitué au système britannique en arrive à se dire qu’en France, c’est moins bien.

      C’est pertinent et c’est grave, malheureusement pour nous. Merci de votre avis.


  • Cap2006 2 décembre 2009 08:13

    Tant que nous soignerons les maladies, de préférence à soigner les malades... il n’y a d’autre issue qu’à cette course aux miracles ...
    Combien de scanner inutiles... nous y courons tous au moindre bobo, intoxiqués que nous sommes...
    Combien de vaccins faiblement efficaces ( je ne veux pas polémiquer inutilement sur le dernier en date... parlons de quelques autres...)
    Combien de visites chez le pédiatre pour un simple rhume...
    etc...
    Pendant ce temps là...
    On laisse les pesticides envahir l’eau, la nourriture...
    On encourage les particules les plus fines à pénétrer nos poumons...
    On bride toute notion de plaisir à coup d’interdit, le plus souvetn justifié par les excès d’une minorité ou les principes moraux qui devraient rester dans l’intimité de nos concitoyens...

    Nous vivons une époque formidable.
    PS : on = nous


    • jps jps 2 décembre 2009 08:54

      @cap 2006

      vous avez raison. Au demeurant il conviendrait de pousser un peu plus loin votre réflexion. En effet, tous ces abus, que vous soulignez si justement, ne peuvent se réaliser sans la complicité de certains médecins qui profitent de ce système. Je regrette que vous ayez été ainsi fourvoyé par les arguties de la droite, qui se garde bien de responsabiliser le corps médical. Les véritables malades doivent ils payer pour autant ?


  • jps jps 2 décembre 2009 08:46

    @cap2006
    vous avez raison. Au demeurant êtes vous sûr que ceci constitue la principale raison des déficits des compte sociaux ? Vous reprenez les arguments, à peine voilée de l’UMP. S’il y a la gabegie que vous soulignez, si justement, n’est-elle pas dûe à la complicité des médecins ? Les véritables malades doivent-ils payé pour autant ? Vous voyez on en revient à la complicité de certains appartenant au corps médical qui profitent de ce système. Je regrette que vous ayez été ainsi fourvoyé par les arguties de la droite.

     


  • Francis, agnotologue JL 2 décembre 2009 09:58

    Les dépenses de santé sont les recettes de Big Pharma et Big médica. Ces industries n’échappent pas à la logique du profit et de la croissance qui sont aux entreprises capitalistes ce que l’air et le carburant sont aux véhicules à moteur.

    Il n’y a pas de magie : ou bien ces entreprises cessent d’accroître leurs chiffres d’affaire, ou bien c’est leur ponction sur le PIB qui va continuer de croître, et donc vider nos portefeuille, avec ou sans Sécu.

    De fait, la Sécu n’est viable que si les professionnels de la santé sont responsables : ils ne le sont pas dans un contexte économique où la finance représente une bulle grosse comme 30 fois le PIB mondial. Cette bulle est une épée de Damoclès suspendue au dessus de l’économie mondiale, et ceux qui sont en capacité de la laisser tomber sont insatiables.

    La Sécurité sociale et la médecine libérale sont incompatibles : c’est à la fois le mariage de la carpe et du lapin, un mariage incestueux, et une chimère démoniaque.

    Et ce n’est pas parce que les US s’y mettent que c’est une bonne chose : au contraire, c’est le signe que le libéralisme y est en train d’investir de nouveaux domaines, même là-bas où il a à déjà à peu près tout investi.

    Pour moi, de deux choses l’une : ou bien on abandonne la Sécu, cette chose qui autorise la gabegie, ou bien on nationalise la santé, en commençant à faire une vraie prévention. 


  • TSS 2 décembre 2009 18:00


    qu’en est il du fiasco Douste Blazien de la carte vitale avec photo ?...!!


  • Thierry LEITZ 2 décembre 2009 18:02

    Cher JL

    Je vous cite :

    « La Sécurité sociale et la médecine libérale sont incompatibles : c’est à la fois le mariage de la carpe et du lapin, un mariage incestueux, et une chimère démoniaque. »

    D’accord avec vous. Financement public d’activités privées d’utilité publique certes, mais donnant lieu à des profits parfois excessif qui alourdissent la charge de la collectivité et rendent le système instable.

    Personne ne demande à des professionnels de santé de travailler pour la gloire. Mais la sauvegarde de la Sécu exigerait une sérieuse remise à plat. Est-il normal de s’enrichir à grande vitesse dans des zones peuplées alors que d’autres médecins rament en campagne, alors qu’un tiers de français peine à boucler leur fin de mois, alors que le tabac se vend partout à prix modéré, pour ne parler que de ces problèmes...

    Les dépenses explosent quand les cotisations se contractent. Intenable.

    A financement public, service public, sans recherche de rentabilité, ce qui est clairement la caractéristique des intervenants de santé.

    Mais aucune chance qu’une telle réforme ne soit seulement envisagée, vu la composition du parlement et le statut de cumulards député-professions libéral d’une large partie des représentants (de la profession). Le peuple, c’est quoi de nouveau ?

    Il faudra le leur rappeler au bon moment, s’il n’est pas trop tard...




  • Lucrezia 2 décembre 2009 18:06

    Irresponsabilité du systèmes, des acteurs certes, mais que dire de l’irresponsabilité des assurés Français qui consomment de la médecine comme au Super-marché !


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