Affaire Sahraouie : Le terrorisme de la minorité
Comment construire un projet de société salvateur lorsque sur le banc des nations nous, marocains, restons condamnés à jouer dans la cour des petits ?
Rien ne nous empêche de le faire déjà en interne certes, mais vu l’interdépendance de la géostratégie planétaire, il est difficile de conserver un semblant de neutralité nous plaçant hors zone létale des remous secouant le monde, et plus particulièrement le monde Arabo-musulman pour lequel nous sommes en mesure de nous demander quel bien sombre dessein semble avoir été tracé.
Au Maroc il est sûr que nous n’avons pas de pétrole, du moins pas encore, et nous avons encore moins d’idées sinon celle fixe qui cristallise l’attente de tout un peuple dans le dénouement d’une seule affaire que personne dans les hautes instances gérant le monde ne semble très pressé de résoudre.
En interne, sacrer l’affaire sahraouie dans le simple but d’en placer l’argumentaire hors de portée d’une éventuelle critique par l’agora, l’affuble immanquablement du statut d’une « sacrée affaire », puisque d’un, l’appréhender uniquement sous le biais d’une vision manichéenne (patriotes vs traitres…sic le discours de sa majesté de novembre 2015), cantonne notre diplomatie à prêcher dans sa propre chapelle, puisque déjà ce n’est pas les marocains, qui n’ont aucun doute là-dessus, qu’il faudrait convaincre en premier de la marocanité du Sahara.
De deux, le discours argumentaire s’en retrouve fortement affaiblit par la façon dogmatique de prôner l’appartenance d’un Sahara, toujours occidental au regard de l’ONU, et dont la non marocanité reste catégoriquement inconcevable, histoire à l’appui, pour l’ensemble des marocains.
Une façon de faire, nuisible à la prévalence démocratique dans tout débat de société relatif aux questions intéressant l’ensemble de la nation. Un dogme qui suinte le scepticisme, de la part d’ institutions de principe régalien, vis-à-vis du sentiment patriotique d’un citoyen lambda dont elles ont toujours snobé l’avis, jugé politiquement inapte à s’exprimer, préférant son utilisation dans un nationalisme « On Demand » lorsqu’il s’agit de faire la parade pour rattraper leur bourdes.
Coté débat, si encore veut-on vraiment l’aborder sans tabous, il ne faudrait pas perdre de vue que la priorité sahraouie a fini par placer les autres régions du royaume dans une sorte de zone périphérique de citoyenneté secondaire par l’octroi de privilèges sans limite pour les uns et de plans d’austérité pour les autres. Un déséquilibre de l’identité citoyenne que le plan de régionalisation, si appliqué correctement, pourrait encore éliminer, ou du moins masquer, en redonnant du coup le poids démocratique faisant défaut dans la gestion de ce dossier, tout en accordant l’autonomie nécessaire pour créer la synergie vitale à l’adhésion de tous au projet de réintégration d’un territoire spolié lors de la grande ère coloniale.
Côté cour des grands, les ex puissances coloniales, malgré leurs discours conciliants, restent peu enclines à reconnaître tous les effets pervers d’une décolonisation ayant laissé, volontairement ou par désintéressement, des « poches de pression » leur permettant de garder un contrôle à distance sur des territoires considérés toujours comme leur terrain de jeux favoris pour l’application d’une domination économique faisant fi des dommages collatéraux, sociaux, conséquents.
Côté droit international, la mutation de la société des nations vers la nouvelle institution onusienne, dote en même temps celle-ci de nouvelles clefs juridiques destinées en théorie à protéger les peuples jusque dans leur franges les plus minoritaires mais dont l’évasif de la formule ouvre la manne grande à l’instrumentalisation par les grandes nations jouant le rôle de gendarmes du monde.
Ainsi la seule volonté du « droit des peuples à disposer d’eux même » se retrouve être, au détriment de l’histoire des peuples, le credo de bon nombre de révolutions utilisant les minorités comme instrument de terreur pour déloger moult régimes à la légitimité démocratique pourtant avérée.
Et quand celui en sensé être, par la personne de Ban Ki-moon, le garant de l’application impartiale du droit international s’amuse aussi à agiter l’épouvantail de la minorité, Il y a de quoi se poser des questions sur l’intention œcuménique de l’institution onusienne et de ses capacités à traiter pacifiquement les affaires du monde…