samedi 15 juin - par H.Ramirez

Avoir raison en politique n’est pas à la portée du premier venu !

La France est en train de vivre un moment historique. Il faut nécessairement éloigner le péril d’un gouvernement d’extrême droite pour la France. Mais il ne suffit pas de faire ce constat et agir pour éloigner ce péril, il faut comprendre pourquoi la France est arrivée au bord de l’abîme.

Monsieur le Président Macron a dissous l’Assemblée nationale. Il a exercé ses fonctions régaliennes, c’est un acte constitutionnel. Mais cet acte se veut politique, il ne l’est pas ! C’est un acte politicien, et c’est là que réside sa gravité. Dans une certaine mesure, il a été obligé de le faire, et quand en politique un dirigeant est obligé d’agir de la sorte, c’est son incapacité et sa faiblesse qui se manifestent dans toute leur vérité.

Nous avons appris qu’un dirigeant ou leader est le résultat de l’articulation et de la résonance de désirs explicites et/ou inavouables de ceux qui le choisissent et le soutiennent. Le leader est l’interprète de leurs désirs. En réalité, un leader n’existe pas par lui-même, il doit être la caisse de résonance et l’interprète de la volonté d’un groupe ou d’un peuple. Quand il cesse de véhiculer ces besoins profonds, il cesse d’être le leader ; s’il n’a plus cette fonction de résonance affective, il perd son charisme et son pouvoir.

Or, par une campagne purement publicitaire bien orchestrée et de grande envergure, M. Macron a pu faire croire qu’il était cet homme providentiel et qu’il pouvait être l’interprète d’une bonne partie des attentes et des besoins du peuple de France.

Le peuple français, trompé et en conséquence déçu, se détourne aujourd’hui et se venge en votant par réaction contre monsieur Macron et en faveur du Front National (ou Rassemblement National), dans l’attente illusoire que ce parti puisse lui donner satisfaction.

À ces facteurs dus à l’élection de Monsieur Macron et maintenant à sa chute dans l’opinion publique française, s’ajoute un facteur inquiétant dû à l’espace politique français, caractérisé actuellement par sa fragilité et sa pauvreté. En revanche, face à lui et dans ce panorama politique français, il y a un parti d’extrême droite empreint de cohérence idéologique et possédant un discours invariable depuis plus de 50 ans, en contraste avec les autres mouvements ou soi-disant partis politiques.

En effet, ce parti de la famille Le Pen, d’extrême droite, n’a pas varié dans son armature idéologique centrale depuis sa fondation. Il s’exprime dans un récit xénophobe et identitaire de façon permanente. Ses fondements idéologiques puisent dans l’œuvre de Charles Maurras et ses affirmations sur le danger du remplacement du peuple français de "souche" par les étrangers et en particulier par les juifs. Cet étendard a été porté à l’époque par le mouvement de l’Action Française.

Évidemment, ce discours d’exclusion et de remplacement peut résonner et être accepté plus facilement à l’heure actuelle par tout citoyen français, quelles que soient ses origines et ses bases idéologiques, ceci étant aggravé par la vertigineuse vitesse à laquelle s’opère le changement de civilisation qui est en train de se produire à notre époque.

Or, être français dans l’absolu ne veut rien dire ; l’histoire moderne et l’histoire ancienne sont là pour nous indiquer la composition hétérogène de la population française par les vagues successives de migrants qui l’ont composée et la composent. Mais ce besoin concret d’appartenance qui se manifeste surtout à l’heure actuelle où tout semble mouvant doit se traduire par des actions et des faits concrets. Le parti de la famille Le Pen a su le rendre concret, opérationnel et source d’une possible identité supposée ou réelle. De ce fait, on peut maintenant être fier d’appartenir au Rassemblement National sans se soucier des bases idéologiques qui soutiennent et animent ce parti et ses dirigeants !

À cela s’ajoute qu’il y a pour ce parti politique de la famille Le Pen une "storytelling" que beaucoup de monde suit et voudrait imiter ou à laquelle ils souhaiteraient appartenir. Ce parti est devenu presque un produit agréable à consommer !

Face à cette situation politique, sociale et générationnelle de notre pays la France, que reste-t-il à faire et pour réagir face au danger de cette nouvelle peste brune enrobée de chocolat blanc ?

Une prise de conscience des dangers de l’arrivée probable au pouvoir de ce parti, est tout à fait nécessaire ; sinon, la possible emprise de ce parti politique d’extrême droite sur la politique de notre pays peut être progressive, insidieuse et destructrice de nos valeurs, de notre histoire et des libertés héritées de la Révolution de 1789. Et cela peut se produire sans presque que nous nous en apercevions, sous la propagande mensongère faite par ce parti qui prône une restauration des soi-disant principes traditionnels de la société française.

LA FRANCE : UNE GRANDE NATION AVEC UNE POLITIQUE DE PACOTILLE

Force est de constater que depuis 50 ans ou plus, la France est dirigée par des administrateurs d’affaires sans aucune vision de la grandeur pour notre pays. Tout est administré à la "petite année" comme se gère une simple entreprise. Tout est manipulé et tout est gouverné au rythme des affaires et de l’indice de la bourse. Notre pays est également le royaume des lobbys qui agissent contre l’État !

L’État arrive au bout de son souffle, et rendu exsangue, il est la proie des vautours de tout bord avec l’applaudissement des hyènes de la finance !

Au nom du sacrosaint principe de la libre entreprise, on détruit la nature, on massacre les petits paysans et on stimule l’assaut meurtrier contre les vrais créateurs de richesse avec des salaires de misère !

Pour bien comprendre le désastre que nous sommes en train de vivre, il est temps de faire un vrai bilan des dernières années Mitterrand - Rocard - Delors, qui ont été incapables de tracer une vraie route socialiste en faveur du peuple français et ont dessiné cette voie de la décadence et de l’empire du capitalisme sur notre vie quotidienne et par laquelle ont cheminé allègrement Chirac, Jospin, Hollande, Sarkozy, Balladur, ainsi que ce dernier véritable pompier-incendiaire qui se trouve actuellement au Palais de l’Élysée et qui, avec son incapacité à gouverner en faveur du peuple, manipule et compose avec le risque de nous faire vivre directement sous l’emprise de l’extrême droite.

Non ! Le peuple français mérite mieux ! Les dirigeants des différentes factions sous lesquelles s’agitent les responsables de la gauche l’ont-ils véritablement compris ? Nous l’espérons ! Mais le temps presse, et les nuages annonciateurs de tourmentes et de destruction s’amoncellent déjà à nos frontières.

Une France ancrée solidement dans la justice sociale, dans le roc de la laïcité et dans la confiance retrouvée en son destin de pays phare illuminant la route du monde contemporain, comme elle l’a jadis fait, est son obligation et son destin !

 

H. RAMIREZ 

Neuilly-sur-Seine

14/06/2024



11 réactions


  • pasglop 15 juin 19:54

    Avez-vous remarqué que pendant que ce pays s’achemine doucement vers une vente à la découpe, il reste encore 48,2 % d’abstentionnistes ?


    • Lynwec 15 juin 20:28

      @pasglop

      Terrifiant de constater le peu d’évolution en ces lieux, toujours les mêmes poncifs qui ressortent.

      Avez-vous remarqué qu’en dehors de rares partis prétendument ou sincèrement souverainistes, donc opposés à l’UE, personne ne mentionne les faits suivants pourtant incontournables :
      -rien ne peut être changé de l’intérieur de l’UE-Otan
      -rien ne peut être réalisé avec l’euro qui nous plombe depuis l’origine
      -rien ne peut l’être non plus sans préalablement dénoncer la Dette fabriquée de toutes pièces par Pompidou et compagnie au profit de leurs maîtres et entretenue avec le brio que l’on sait par leurs successeurs ?

      Alors, personnellement, j’opte pour les candidats souverainistes quand ils sont présents et je m’abstiens quand il ne reste que des candidats avant tout intéressés par la gamelle... Libre à vous de faire différemment.

      Entre un fruit pourri et un fruit moisi, la différence est subtile, et je préfère alors jeûner...


    • pasglop 15 juin 20:53

      @Lynwec
      Oui, j’ai remarqué.
      Pour autant, d’une part, les partis souverainistes ne progressent pas mais régressent, et d’autre part, le tribunal médiatique étant passé par là, toute mise en avant de leurs arguments serait l’objet d’un anathème absolu de la part des pouvoirs en place, corps intermédiaires compris.
      Reste à attendre que le fruit pourri tombe de l’arbre, ce qui se fera au détriment des électeurs, abstentionnistes ou pas.


    • leypanou 16 juin 10:03

      @Lynwec 20:28
      on commençait à se poser des questions : malade ? clamsé ? banni ?
      Clocel a disparu par exemple (probablement banni ou dégouté par agvx par les suppressions de ses posts)


  • Tolzan Tolzan 16 juin 00:28

    Bonsoir, Vous avez écrit :

    « Or, être français dans l’absolu ne veut rien dire ; l’histoire moderne et l’histoire ancienne sont là pour nous indiquer la composition hétérogène de la population française par les vagues successives de migrants qui l’ont composée et la composent »

    Désolé, c’est inexact. L’histoire ancienne montre tout le contraire. Il suffit d’entreprendre des recherches généalogiques pour comprendre que, depuis au moins 400 ans (période qui permet d’étudier relativement facilement les registres d’état civil et les registres paroissiaux conservés en mairies), les paysans (c.a.d., au moins 90% de la population, nos ancêtres) ne migraient pas ! Ils se mariaient dans le même village ou le village voisin. Les seuls contre-exemples notables sont le départ des Huguenots de France suite à la révocation de l’Édit de Nantes par Louis XIV puis au XIXe siècle le départ des Alsaciens et Lorrains après le rattachement d’une partie de l’Alsace-Lorraine à l’empire prussien. En même temps, les recherches généalogiques montrent que la religion catholique a formaté la vie des populations, leurs coutumes, et cela jusqu’au début de XXème siècle.

    Ensuite, les premiers mouvements de population à l’intérieur du territoire national apparaissent au XIXe siècle avec le développement du chemin de fer qui facilite les déplacements individuels. Il y a alors quelques « Christophe Colomb » qui vont chercher leurs conjointes dans une autre région française, peut-être aussi la conséquence du service militaire qui envoyait les conscrits souvent à l’autre bout de la France.

    Il n’y a pas d’immigration provenant de l’étranger. Donc aucunes vagues successives. Il y a bien un peuple premier en France constitué de chrétiens blancs qui ont bâti ce pays sous la monarchie capétienne. Un des principaux facteurs constitutifs de l’identité française fut le christianisme qui construisit une société culturellement homogène.

    Il faut vraiment attendre le début du XXe siècle pour observer une immigration d’origine européenne. Ce sont des Polonais, Italiens, Espagnols et Portugais. L’intégration fut assez indolore. On n’a pas souvenir d’enseignants égorgés, de commissariat attaqué… de pillage de magasins lors de nuits d’émeutes, ni de trafic dans les cités minières, de guerre des gangs, de voiture brûlée les soirs de St Sylvestre… aucun Bataclan. ni camion fou sur la Promenade des Anglais....


  • Octave Lebel Octave Lebel 16 juin 09:27

     Nouveau front populaire.

    Les périodes d’accélération politique se caractérisent par à la fois de la confusion et de la clarification. Les forces économiques qui se ont accaparées du pouvoir politique et médiatique, constatant que leur champion avait commencé de chanceler, ont préparé les esprits à une coalition avec l’extrême-droite tout en se ménageant la carte du social-libéralisme qui a les a déjà bien servies et donc en capacité lui aussi de rendre des services. L’enjeu de fond mais aussi le danger vital pour elles étant la mise en place d’une démocratie fonctionnelle de citoyens respectés et en capacité de se faire respecter et de mandants responsables, s’appuyant sur des institutions renouvelées organisant le pilotage de l’économie par le politique et garantissant justice sociale et solidarité conjuguées avec une responsabilité écologique partagée équitablement.

    Glucksmann, ayant un peu regonflé le PS avec des voix prises aux écologistes mais ayant échoué à torpiller le NFP, la carte Hollande à partir d’un coup de théâtre de préfecture rappelant les heures glorieuses du PS est maintenant sortie, rencontrant le manque de volonté politique de son responsable Olivier Faure, comme dévitalisé par l’agonie lente du vieux PS parti sur le même chemin démissionnaire que LR pour avoir comme lui trahi ses origines sans vouloir en tirer les conséquences pour un renouveau. Encore un effort a-t-on envie de dire. Cela en dit long sur la considération que ces gens d’intrigues et de coulisses portent à leur pays et leur concitoyen. La clarification est meilleure que les faux-semblants parce qu’elle fait gagner du temps et donc de la force et de l’efficacité. Un mal pour un bien donc.

    Restons donc lucides et vigilants et soutenons à travers le NFP ceux qui n’ont jamais changé d’engagement afin de battre le véritable adversaire à deux têtes, la macronie et la lepénie et tous ceux qui dans leur sillage espèrent une place fusse d’opposant homologué par leurs maîtres.

    L’arbitre, c’est nous, les citoyens-électeurs. Qui faisons entrer et sortir du terrain ceux qui ne nous respectent pas et dont la conception de la politique est de nous vouloir sous leur coupe le temps d’une élection pour pouvoir ensuite nous faire marcher à leur pas. Exactement selon la manière dont les médias, à grands renforts de sondages, décrivent ce qu’ils disent être la vie politique. Comme s’il ne devait pas avoir de réflexion politique en dehors de l’offre des partis homologués par le système et ce que nous en disent les parleurs homologués par les castes médiatiques.

     

     

     

     

     

     


    • Octave Lebel Octave Lebel 16 juin 09:33

      @Octave Lebel

      Ne perdons pas de vue les enjeux en cause ni nos intérêts collectifs qui sont les mêmes qu’en 2022 et 2017 que j’ai rappelé par ailleurs dans un article publié ici cette semaine →  

      « La marche à monter, c’est celle de la fin des oligarques qui s’abritent derrière la façade d’une démocratie libérale qui se dit représentative. Marchons résolument vers une démocratie de citoyens. C’est essentiel, car si la démocratie est désirable, il faudra aussi, comme nous l’avons appris à nos dépens, que nous ayons les moyens de nous préserver de ceux qui la détournent. Il s’agit donc par un processus constituant incluant notre participation de citoyens de fonder une VI° république afin de construire une démocratie fonctionnelle et responsable. C’est un gros morceau mais ne pas le faire, c’est nous préparer des lendemains de plus en plus difficiles et aventureux. Il s’agit de tout faire pour que notre pays et l’Europe politique deviennent des entités non alignées, indépendantes et respectées, fondées sur la justice sociale et la responsabilité écologique. Défendons-nous et votons en masse pour ce chemin et ne laissons plus le terrain à des usurpateurs et leurs combinaisons sans fin qui nous épuisent ».

       

       


  • Spartacus Lequidam Spartacus Lequidam 16 juin 09:42

    Que de conneries.

    La France est un pays socialiste qui s’ignore..

    Ce qui manque c’est un Milei, qui rétablisse les comptes public et dégage la vermine socialiste...

    Malheuresement nous ne sommes pas comme l’argentine...


  • zygzornifle zygzornifle 17 juin 08:51

    Raison sur quoi ...

    Mettez tous les politiques au SMIC et ils iront piller ailleurs ....


  • zygzornifle zygzornifle 17 juin 09:16

    Aucun des partis en compétition ne mérite de gouverner la fRance ....

    En fait on vote si on le fait pour celui que l’on considère comme le moins destructeur ....

    De toute façon on sera baisé et on assistera a des parjures, des mensonges en bande organisée.

    Les campagnes des partis ne sont que de la pub, un miroir aux alouettes, de la poudre a perlimpinpin, les partis agitent leurs programmes comme un hochet devant les yeux d’un enfant .....

    Tout le monde le sait, il faudrait zéro électeur pour mettre fin a cette parodie théâtrale mais cela n’arrivera jamais.

    Le vrai changement ne se fera que dans la rue au sommet des barricades et dans la violence, le reste ne sert qu’a balader l’électeur en le bernant un peu plus a chaque élection..... 


  • Parrhesia Parrhesia 17 juin 09:53

    >>> Or, être français dans l’absolu ne veut rien dire ; <<<

    Même dans l’absolu, cela dépend pour qui et depuis quand.


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