Bonne idée mais projet bâclé, Monsieur le Ministre !
L'idée est bonne et aucun parent, aucun enseignant ne contrarierait pas là dessus le ministre de l'Education Nationale sur l'utilité sociale et éducative de la création de « 10 000 postes spécifiquement pour le secondaire et pour faire qu’il y ait plus de sérénité, de sécurité, d’adultes dans nos établissements..
Mais que se passera-t-il à la fin de ces contrats aidés de 10 mois à deux ans ?
Les personnes recrutées seront-ils reconduits sur leur poste ou seront-elles « jetées » pour être remplacées par d'autres ?
« Nous concevons une formation pour eux et des parcours » à l’issue des contrats, a-t-il dit.
« L’Education nationale est une grande maison, nos besoins sont importants et donc nous réfléchissons aussi à leur donner derrière une perspective, d’où l’importance des formations que nous mettons en place. »
C'est bien là sur le papier mais que se passera t-il sur le terrain ?
Les adultes relais qui interviennent dans les collèges et lycées des zones sensibles ont eux aussi des formations annoncées et même promises.
Mais en fait comme il manque des surveillants et des secrétaires, ces adultes relais partent rarement en formation, pour dire jamais.
On est dans l'urgence, un projet en remplace un autre....l'incivilité et l'absentéisme demandent une intervention immédiate : « vous irez en formation plus tard madame : » annonce un principal à une médiatrice vie scolaire.
Il est nécessaire et indispensable qu'une formation initiale soit apportée avant l'exercice de la mission afin que le postulant connaisse les fondamentaux :
- les missions et l'organisation des établissements
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une connaissance de l'adolescence
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une première formation pédagogique
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une connaissance de l'environnement....
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une approche sérieuse et méthodologiques des missions de médiation
Le Ministre a annoncé les principales missions dévolues à ces personnels ans le cadre de l’amélioration du climat scolaire : « les activités de surveillance, de sécurité et d’accompagnement des sorties scolaires, les activités d’animation culturelles, sportives ou artistiques, les activités de médiation au sein des établissements (prise en charge des élèves posant des problèmes de comportement, des élèves exclus de cours) ou en direction des familles et des centres sociaux ».
Tout cela ne s'improvise pas....On ne devient pas un polyvalent éducatif comme cela sans préparation initiale.
Depuis plus de vingt ans les gouvernements qui se sont succédé ont bricolé...Ils ont installé des contrats aidés financés directement par l'Education Nationale ou dans le cadre des dispositifs « Politique de la Ville » :
Où se trouve l'évaluation de ces feuillets superposés ?
Ne faut-il pas arrêter le bric et le broc pour créer un nouveau corps de médiateur ou d'accompagnateur en n'oubliant pas d'installer des passerelles ?
Daniel Robin, co-secrétaire général du SNES -premier syndicat de l'enseignement secondaire- s'est réjoui un peu rapidement en estimant que la création des 10 000 postes constituait une « très bonne surprise »....
La pochette surprise peut nous cacher des désagréments.
Il ne faut pas seulement un peu plus de personnels mais des personnels préparés et formés aux missions qui sont les leurs : combien de jeunes profs non formés se retrouvent chaque année désemparés devant une classe difficile ?
Rien ne remplace l'articulation des trois phases : la formation préalable, la pratique et la formation continue.
Jean-François Chalot