vendredi 2 décembre 2016 - par Laurent Herblay

Cette allégance aux actionnaires qui réunit May, Trump et Fillon

2016 restera sans nul doute l’année où les peuples ont voté pour le changement, en Grande-Bretagne, pour sortir de l’UE, aux Etats-Unis, en élisant un candidat très atypique, et en France, en envoyant les deux favoris des sondages des primaires des Républicains à la retraite. Mais derrière le vent de nouveauté qui émane de ces nouveaux leaders, apparaît de plus en plus une grande continuité.

 

L’alternance sans alternative
 
Bien sûr, Theresa May a apporté un vent de fraicheur, en prenant la défense du vote de ses concitoyens, que certains voulaient, de manière très anti-démocratique, remettre en question, ou par ses propos sur l’industrie et la nécessité de mieux partager le progrès. Donald Trump a touché juste en dénonçant les conséquences dramatiques de l’anarchie commerciale, qui a détruit tant d’emplois dans son pays, tout en proposant ce contrôle des frontières tabou pour les élites globalisées. Et François Fillon a sans doute profité de son refus des excès de la politique spectacle tout en défendant des idées pas toujours en odeur de sainteté dans les grands médias, ou même dans l’opinion, donnant l’image d’un homme de convictions, à défaut de prendre la bonne direction, surtout économiquement.
 
 
Mais il y a un sujet sur lequel les trois se retrouvent pleinement : la baisse drastique de la fiscalité pour les entreprises. Theresa May envisage d’aller encore plus loin dans les baisses de l’impôt sur les sociétés mises en place par son prédécesseur : elle envisage de le descendre à 15, ou même 10% désormais. Donald Trump propose un plan considérable de baisse des impôts, qui concerne les particuliers, mais également les entreprises, puisque le taux étasunien, un des plus hauts du monde (à près de 40%), même s’il y a bien des moyens de réduire la facture, pourrait baisser lui-aussi à 15% ou 20%. Et Fillon veut d’abord utiliser les plus de 100 milliards de baisse de la dépense publique et la hausse de la TVA pour baisser plus encore les coûts des entreprises, ainsi que l’imposition de leurs profits.
 
Il y a quelque chose d’assez stupéfiant à voir ces trois dirigeants politiques aller dans une direction aussi aberrante. Rien, absolument rien, ne justifie de tels choix. Les profits des entreprises sont à des plus hauts historiques, au point d’inquiéter le pourtant peu hostile au business The Economist. Cette capacité accrue des grands groupes à accroître leurs marges devrait au contraire pousser à une hausse de la fiscalité sur leurs profits, plutôt que d’en laisser une proportion toujours plus importante à ces actionnaires qui n’ont pas été aussi riches depuis bien longtemps, comme le montre l’explosion des inégalités. Bref, non seulement, ils vont dans le sens contraire des intérêts des classes populaires qui aspirent le plus au changement, mais leurs choix économiques sont injustifiables socialement.
 
 
Il y a près de 8 ans, j’envisageais que la crise de 2008 accoucherait d’un renforcement paradoxal des idées ultralibérales. Jamais peut-être n’aurais-je davantage souhaité me tromper. Les thèses progressistes, dans le domaine économique, perdent du terrain, malgré quelques étincelles intéressantes. Car le pire, c’est que les idées ultralibérales ne semblent plus tellement rebuter la majorité des électeurs.
 


31 réactions


  • eric 2 décembre 2016 11:27

    Je vais être sympa, https://www.insee.fr/fr/statistiques/1375967?sommaire=1375977, c’est un type qui pense plutôt « bien » à ma connaissance.

    Ainsi donc, la répartition de la valeur ajoutée entre capital et travail depuis 30 an serait restée remarquablement stable aux EUA comme en France et depuis 30 ans, avec cependant une légère érosion de la part du travail.

    Mais ce que l’on constate dans d’autres études, c’est qu’après taxes impôts et transferts, il y a effectivement une légère baisse pour les ménage, au profit de ...l’État.

    Et là, il faut choisir : soit on est ravis par la qualité de services publics sans cesse meilleurs tant quantitativement que qualitativement,

    Soit on trouve que cela commence à être cher pour ce que c’est.

    C’est cette seconde réalité qui semble caractériser le « ressentis »d’une majorité croissante de français.

    Trump, le Brexit et l’ultra libéralisme n’ont rien à voir la dedans. On a multiplié les impôts les services publics, les revenus de fonctionnaires plus nombreux et, de façon concomitante, le nombre de chômeurs et de nouveaux pauvres..... Contrairement aux EUA ou la GB.

    Dés lors, effectivement, beaucoup d’électeurs pensent qu’il faut mieux partager l’argent public.

    Les traiter de fachos ne devrait pas influer notablement sur leurs intentions de vote....


    • Spartacus Lequidam Spartacus 2 décembre 2016 13:10

      @eric

      Oui mais chez les gauchistes et socialo-nationaliste comme l’auteur, ce n’est pas la réalité qui compte, c’est de dire aux gauchistes ce qu’ils « aiment » entendre...
      .« Les entreprises sont méchantes et soyons tous jaloux »..

      Seule compte la posture de critiquer les entreprises, le marché...

    • eric 2 décembre 2016 13:52

      @Spartacus

      Je sais, mais j’ai confiance...Ces gens sont souvent très prétentieux intellectuellement. En général, vers les 50-60 ans, rattrapés par le réel, il se « droitisent ».
      Il faut les aider.
      C’est en leur mettant le nez systématiquement dans leurs erreurs que l’on peut leur apprendre petit à petit. En tous cas, avec les chats, cela marche...


    • samuel 2 décembre 2016 15:43

      @Spartacus

      Ce ne sont pas les entreprises que l’on critique... C’est leur forme juridique et la soumission à la loi du capital.

      Nuances inaccessibles à vos esprits réac !

    • Olivier Perriet Olivier Perriet 2 décembre 2016 16:06

      @eric
      En général, vers les 50-60 ans, rattrapés par le réel, il se « droitisent ».

      c’est-à-dire lorsqu’ils sont en retraite smiley  ?


    • eric 2 décembre 2016 18:52

      @Olivier Perriet

      Mais non !

      1) il n’y a pas que des fonctionnaires dan leurs rangs.

      2) Pour certains, même la retraite ne change rien. Vous passeriez par Paris vous verriez comment Hidalgo, la retraité, sauve la planète en polluant les parisiens par des bouchons.


    • eric 2 décembre 2016 18:54

      @samuel
      Qu’est ce qui vous choque, les SARL, les SA ? et pourquoi ? Quand à la soumission au capital, dans un pays ou 57% du PIB est dépensé par l’État, vos revoir vos règles de trois les gars...


    • Pere Plexe Pere Plexe 2 décembre 2016 19:16

      @Spartacus
      Un autre graphique issu de votre site de référence.

      Si naturellement ifrap à une lecture partisane qui frise le ridicule de ce graphique à aucun moment les chiffres ne sont remis en cause !


    • Jean Pierre 2 décembre 2016 19:38

      @eric

      L’Etat peux prélever tout en mettant ces prélèvements au service du capital. C’est le cas par exemple des marchés publics attribués à des entreprises privées. De nombreuses entreprises du CAC 40 doivent leur développement à la commande publique. Une part a évidemment été attribuée au salaires (des employés). Mais une large part est partie également vers l’actionnaire qui a pu réinvestir à l’étranger. De nombreuses entreprises Françaises devenues multinationales sont au départ des entreprises qui doivent leur développement à la commande publique. Par ailleurs, quand un Etat met de plus en plus de moyens policiers au service de la répression du syndicalisme salarial, est-ce autre chose qu’un service rendu au capital ? La « soumission au capital » ne peux donc se mesurer au taux de prélèvements obligatoires. 
      Ce que tu dois revoir, c’est tes capacités de réflexion, mon gars.


    • Pere Plexe Pere Plexe 2 décembre 2016 21:02

      @Yaurrick
      c’est un bon point de reconnaître les chiffres qui démontrent comment les actionnaires ont grappillé la part des salariés.


      il vous reste à acter deux trois évidences.
      Comme le fait que la part prélevée par l’état est intégralement redistribuée.
      Comme le fait que l’environnement de l’entreprise (éducation et santé des salariés,infrastructures,énergie,sécurité...) payé par l’état contribue largement à sa performance.


    • Pere Plexe Pere Plexe 3 décembre 2016 11:48

      @Yaurrick

      Je crains que les mêmes éléments factuels ne nous amènent pas aux mêmes conclusions.
      Peut être pouvons nous être en accord sur quelques points ? :

      L’efficience et les domaines d’interventions de la Fonction publique peuvent et doivent être des sujets politiques.Ils impactent largement notre société. Encore faut il aborder le sujet sérieusement...

      Assimiler nombre de fonctionnaires et dépenses publiques tient plus de la manipulation politique que de la réalité économique.

      Oui les fonctionnaires coûtent.Mais pas que.
      Ils rapportent aussi.Parfois de manière direct (douanes fisc Epic) parfois de manières indirectes (éducation santé sécurité répression des fraudes).Et leurs salaires ne doivent pas être assimilé à des pertes.Ils participent à l’économie locale (Demandez aux maires, souvent de droite, qui ont perdu des garnisons...).
      Ensuite les dépenses publiques ne sont pas que salaires de fonctionnaire.
      Par exemple la SS rémunère toubibs et labos, retraités et malades.
      Diminué le nombre de fonctionnaire c’est diminué les dépenses ...mais aussi les recettes

      Plus encore privatiser ne fait pas disparaître les coûts pour la société.
      Exemple l’entretien des routes largement privatisé reste un coût important pour les collectivités (15 milliards).Avec certains appels d’offre qui vont à des entreprises (et sous traitant) étrangères...

      Nb la fonction territoriale c’est 1,9 millions d’emplois (1.5 millions de titulaire) pas 4 millions

    • eric 3 décembre 2016 12:30

      @Pere Plexe

      Non, mais c’est juste faux..C’est un hoax lancé je crois par le Monde diplo à l’origine. Ils ont pris une année ou il y avait pour des raisons conjoncturelles un plus haut historique en faveur des salariés dans le partage de la VA et le comparent à un plus bas historique également conjoncturel, pour pouvoir conclure à une dépossessions des travailleurs sur longue période

      SI c’est moi qui vous le dit..Allez vérifier par vous même, et surtout, ne faire pas comme eux. Comparez après impôts taxes and co.

      Car pendant une période, il y a effectivement une légère hausse de la part des entreprises,...avant impôt. Leur part reste stable après prélèvement.

      A un moment, l’État a compris que si il taxait à mort les entreprises, elles mourraient...il s’est donc contenté de prélever la crème, les résultats de la croissance, et un peu plus sur les ménages.


  • baron 2 décembre 2016 13:23

    Bon déjà la masse salarial de la fonction publique c’est moins de 30% du budget de l’état, de plus le taux de fonctionnaire est dans les normes internationale des pays développés. Tout état moderne à besoin d’une fonction publique forte,.
    Pourquoi ne pas gratter des économies du coté des plus de 70 % du budget de l’état qui ne correspondent pas véritablement à du service publique ?


  • Alpo47 Alpo47 2 décembre 2016 14:29

    Il est hélas vrai que la baisse des charges des entreprises ne se traduit que très peu par une augmentation des investissements ou de l’embauche. Ce surcroit de revenus va essentiellement dans les poches des actionnaires.
    Seul avantage, conserver les entreprises, voire en attirer d’autres.


    • Pere Plexe Pere Plexe 2 décembre 2016 19:25

      @Alpo47
      Dans le cas symptomatique du Cice qui est un transfert d ’impôts des sociétés vers les citoyens l’argent à fini dans la poche des actionnaires et à détruit des emplois dans le public.


  • zygzornifle zygzornifle 2 décembre 2016 14:36

    Fillon c’est la droite extrême qui va arracher les gencives des sans dents ..... 


    • eric 2 décembre 2016 14:50

      @zygzornifle

      C’est cela oui... Vous omettez de dire qu’il est aussi un ogre cannibale mangeur d’homme méchant.

      La campagne promet. Programme contre programme qu’ils disaient...

      On est à 80% d’une classe d’âge au bac mon bon, faut renouveler vos effets si vous espérez convaincre quelqu’un.


  • Dom66 Dom66 2 décembre 2016 15:48

    J’aime bien l’exemple que certains de droite donne « L’Angleterre » comme model

    Aller chez les rosbifs pour voir les visites médicales dans des couloirs dégeus, et le délabrement des services publics. Des contrats d’une heure ETC..

    Nous allons l’avoir dans le Fion après l’avoir eu dans le derche.

    Apres la gauche la plus co..ne du monde ; nous aurons sans doute la suite de la droite la plus naze.

    Le seul point positif avec Fion c’est sur la politique étrangère en espérant que nous quittions l’Otan, et que les « gentils réfugies » se plient à notre façon de vivre.


    • Jean Pierre 2 décembre 2016 23:57

      @Yaurrick
      Les USA c’est un système de santé ou le privé à une part nettement plus importante qu’en France et au Royaume-Uni. Dans votre esprit c’est un gage de performance. Manque de bol aux USA la santé représente 17% du PIB (c’est un record mondial qui handicape les entreprises qui paient l’assurance santé de leur personnel), et malgré ce coût exorbitant c’étaient 45 millions de personnes sans couverture santé (avant que Obama ne remédie un peu à ce problème).

      L’OMS classe le système de santé US derrière des tas de pays nettement plus pauvres. 
      En résumé : cher, ne couvrant pas tout le monde, et inefficace..
      Un système médical non étatiste peu donc être extrêmement mauvais. La comparaison n’est pas du tout à l’avantage de ce système privé.
       Si les médias vantent les mérites du privé, c’est parce que les médias sont détendus par des groupes industriels et financiers qui aimeraient mettre la main sur des secteurs porteurs de profits potentiels.Et si vous reprenez le discours dominant des médias, c’est pour des raisons qui ne concernent que vous. Etes vous naïf, fanatisé ou payé pour cela ? Je n’en sait rien.

  • jamjam 2 décembre 2016 19:47

    allégance ?


  • Antenor Antenor 2 décembre 2016 23:51

    Il est gentil Fillon de vouloir donner à nos entreprises les moyens de se développer... à l’étranger. L’augmentation de la TVA en faisant baisser la consommation pénalisera le plus les entreprises qui font l’essentiel de leur chiffre d’affaire en France. On est heureux de savoir qu’EDF gère l’électricité de Londres. La question n’est pas celle du capitaliste ou du communiste, la question est celle des frontières et du protectionnisme. Diminuer les impôts sur les multinationales, c’est affaiblir nos défenses. La baisse des impôts ne peut être envisagée qu’en échange du rapatriement des activités délocalisées et cela doit se doubler évidemment d’une politique douanière hyper agressive. Le but n°1 des entreprises françaises doit être de fournir le marché français avec des produits fabriqués dans des conditions décentes. C’est cela une politique de civilisation.


    • Captain Marlo Fifi Brind_acier 3 décembre 2016 06:47

      @Antenor
      Les euro-atlantistes ( de gauche ou de droite) refusent à mettre en cause l’ euro. Alors qu’il est trop cher pour les produits français à exporter, au moins 25% trop élevé/dollar.
      L’euro est pourtant la principale cause du chômage.


      Comparaison du chômage entre les pays de la zone euro et les 10 pays de l’ UE qui ont gardé leur monnaie nationale. 4 points d’écart, c’est énorme.

      Pourquoi refusent-ils de parler de la nocivité de l’ euro ? Parce que l’euro a été une décision politique, et pas un choix économique. Il a été mis en place, justement pour empêcher les Gouvernements d’utiliser la dévaluation de la monnaie, et les obliger à « envoyer les Etats Providence aux égouts ».

      Pour ceux qui veulent comprendre le rôle de la monnaie dans l’économie :
      « UPR- La tragédie de l’ euro », ils en saurons plus que tous les experts de la télé.

  • izarn izarn 3 décembre 2016 00:24

    Rien ne réunit Trump, May ou Fillon...
    Seul Trump est élu, May est la remplaçante non élue de Cameron, et Fillon n’est pas élu....
    Ensuite la politique européiste proposée par Fillon ne correspond pas à celle de May, ni de Trump. La politique extérieure de Mays ne correspond pas à celle de Trump...
    Trump semble vouloir controler la globalisation économique, ce n’est pas le cas de May, ni de Fillon....
    Alors ils sont réunis pour favoriser les actionnaires ?
    Oui, et alors ? Et les autres n’ont pas fait exactement la meme chose depuis 25 ans ?
    Ou est la nouveauté ? Ou parler pour ne rien dire, ne sachant pas ou elle se trouve ?
    Et pourtant il y a bien une nouveauté....Le début de la fin d’une globalisation controlée par une seule puissance, une seule monnaie, le dollar, et de toutes banques qui en dépendent.
    Bref une anti-globalisation impériale (le stade ultime du capitalisme), qui n’implique pas forcement une diminution des échanges...
    Voila un début d’analyse productif.
    A bon entendeur, salut !


  • Captain Marlo Fifi Brind_acier 3 décembre 2016 06:54

    L’auteur mélange les carottes et les navets.

    -1- Le Brexit, c’est la volonté de souveraineté et d’indépendance.

    -2- Trump, pour l’instant, ce sont des promesses.

    -3- Fillon ne veut pas de Frexit, il veut continuer le travail réactionnaire et conservateur que lui demande Bruxelles. Il s’est contenté de piocher dans les GOPé élaborées par la Commission européenne. C’est du copié/coller, comme Hollande.


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