lundi 18 avril 2016 - par Taïké Eilée

Comprendre Chauprade, la nouvelle « arme anti-FN » de la droite : un casse-tête chinois

J'ai découvert Aymeric Chauprade au début de l'année 2009 ; il venait d'être viré brutalement de son poste d'enseignant au Collège interarmées de défense pour avoir présenté, dans un ouvrage de géopolitique, les théories alternatives à la « version officielle » des attentats du 11 septembre 2001. Sans prendre position à l'époque. J'avais défendu sa liberté d'expression, mais aussi salué sa posture sceptique, à la fois raisonnable, ferme et libre. Depuis, l'homme s'est lancé dans le combat politique, au sein du parti le plus clivant de France, avec un succès très mitigé. Son image s'est brouillée et, parmi ses admirateurs d'hier, certains lui crachent désormais au visage. On parle de trahison. On n'y comprend, à la vérité, plus grand-chose. Essayons ici de mettre à plat les contradictions d'un parcours qui nous sautent aux yeux, et, si possible, de les comprendre. Il ne s'agit pas de juger les idées de l'intéressé, mais d'en interroger la cohérence, comme on pourrait d'ailleurs le faire avec tout responsable politique.

Le député européen Aymeric Chauprade n'en finit plus de dérouter ceux qui tentent de comprendre la logique de son parcours politique. Après avoir rejoint le Front national en janvier 2014, en rendant hommage tant à Jean-Marie qu'à Marine Le Pen, après l'avoir quitté avec fracas en novembre 2015, en égratignant tant Marine que Jean-Marie Le Pen, après avoir créé son propre mouvement en janvier 2016, « Les Français libres » (dont l'association n'a toujours pas été déclarée au Journal officiel), le voici qui fait un appel du pied plus qu'appuyé aux Républicains en vue des échéances électorales de 2017, dans un entretien accordé au Monde le 15 avril 2016.

Frontiste repenti cherche écurie politique désespérément : LR intéressé ?

« Je suis de plus en plus proche d'eux, revendique-t-il, affirmant en côtoyer certains au Parlement européen. Je souhaite pouvoir jouer un rôle dans un éventuel dispositif de droite de gouvernement. » Pour multiplier ses chances de rejoindre une écurie, l'intéressé ne ferme aucune porte et n'affiche pas de préférence parmi les différents candidats à la primaire des 20 et 27 novembre : « Je trouve les programmes de Fillon et Le Maire très intéressants » ; « la candidature de Michèle Alliot-Marie est crédible, elle a le sens de l'Etat » ; « Nicolas Sarkozy conserve le dynamisme qu'on lui connaît ».

Pour mieux se vendre auprès de l'ex-UMP, Chauprade n'hésite pas à promettre de divulguer les petits secrets du FN à qui voudra bien de lui, de balancer tous les dossiers qu'il a emportés dans sa besace au sujet du parti de Marine Le Pen : « Je suis l'arme anti-FN pour la droite. Je sais tout sur ce parti, je n'ai pas dévoilé toutes mes cartes, et ça, ils le savent chez Les Républicains ». C'est ce qu'on peut appeler du racolage hyper actif !

Sur Twitter, Chauprade a certes critiqué la manière dont ses propos ont été rapportés par le journaliste du Monde Olivier Faye. Il estime que son entretien a été « dénaturé et caricaturé », précisant : « Mon cap=défense de la civilisation française+utilité au pays ». Il ajoute encore : « Je dis "je travaille et je réfléchis" il traduit "je drague et je racole ». Pourtant, lorsqu'on se présente comme l'arme anti-FN pour la droite, que l'on flatte quatre candidats à la primaire des Républicains, en précisant que l'on souhaite jouer un rôle dans un futur gouvernement, on drague et on racole bien un petit peu...

Salto arrière : tutoriels sur l'immigration, Fillon et Sarkozy

Décidément très motivé pour ne pas rester sur le bord de la route d'ici le grand rendez-vous de 2017, l'homme politique a publié le 14 avril 2016 une tribune dans le magazine américain Politico, où il met beaucoup d'eau dans son vin sur le thème de l'immigration. Alors qu'il estimait encore en août 2014 que la France se trouvait « menacée par le remplacement de sa population historique par une population en majorité africaine et musulmane », il écrit désormais :

« Il est bien sûr essentiel de contrôler l'immigration et de nous concentrer sur l'intégration, mais nous ne pouvons pas diaboliser les migrants dans le même temps. [...] La France ne se définit pas par une race ou une religion. Nous sommes très fidèles à un modèle laïque d'assimilation qui accueille quiconque à condition qu'il souscrive à nos valeurs sociales fondamentales. [...] Nous devrions être fiers que des migrants veuillent venir en France et prendre part à notre histoire commune, à notre langue, à notre culture. »

Il précise encore, pour justifier de son adhésion passée au Front national, que Marine Le Pen présentait son parti « comme un mouvement patriotique qui croit en la souveraineté de la France », mais « pas comme un parti qui considère l'immigration comme la racine des problèmes du pays ».

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Politico vol. 2, n°15, 14-20 avril 2016, p. 24-25

Avouons-le : on reste estomaqué devant ces récentes déclarations, devant de telles manœuvres politiciennes, dignes d'un Jean-Vincent Placé ou d'une Emmanuelle Cosse. Il convient de reprendre, point par point, les propos du député européen, tant ils semblent aller à l'encontre de ce qu'il a toujours déclaré.

Dans un entretien vidéo du 16 janvier 2016 à Boulevard Voltaire, Aymeric Chauprade expliquait son positionnement politique et démentait les affirmations de Valeurs actuelles selon lesquelles il envisageait de soutenir Nicolas Sarkozy ou François Fillon en 2017.

D'ailleurs, dans un tweet du 10 novembre 2014, voici comment il commentait l'affaire Jouyet-Fillon :

François Fillon, alors représentatif de l'UMPS honnie, devient aujourd'hui un candidat très intéressant pour la prochaine élection présidentielle... Intéressant retournement, et même très acrobatique.

Mais c'est surtout le propos bienveillant de Chauprade à l'endroit de Nicolas Sarkozy qui surprend (un personnage que Bruno Le Maire, Michèle Alliot-Marie et François Fillon ont bien sûr tous soutenu).

Libye & OTAN : « Qui peut faire confiance désormais à Sarkozy ? »

D'abord, le géopolitologue avait fermement critiqué la politique étrangère de l'ancien président de la République. Voici ce qu'il écrivait dans Valeurs Actuelles du 10 au 16 mars 2011 :

« La fièvre retombée après le sacrifice de MAM ne doit pas masquer le mal profond dont souffrent à la fois notre politique étrangère (définie par l’Élysée) et notre diplomatie (mise en œuvre par le Quai d’Orsay). Chacun a pu constater combien notre diplomatie est devenue romantique (car émotionnelle), très loin de ce classicisme raisonné qui fit notre génie.

Jamais la diplomatie n’a été autant sous l’emprise de l’émotion médiatique, des logiques de réseaux. Il serait injuste cependant d’affirmer que le président Sarkozy porte seul la responsabilité du déclin de notre politique étrangère. [...]

Sarkozy lui a choisi d’assumer l’alignement : encore plus d’OTAN et d’Afghanistan, la position la plus dure contre l’Iran. Le résultat ne s’est pas fait attendre : perte de crédit aux États-Unis (un allié rangé pèse moins qu’un allié singulier), perte de crédibilité en Afrique, en Amérique Latine, au Maghreb, au Proche-Orient. [...]

Tout le reste souffre d’une absence totale de vision. Aucune réflexion sur l’avenir des régimes africains qui ne manqueront pas de craquer [...] ; un choix précipité (derrière Washington) de soutien à Ouattara en Côte-d’Ivoire, dont Gbagbo sort renforcé, en montrant à toute l’Afrique qu’une injonction française ne vaut plus rien ; un président malgache pro-français et plein de promesses qui attend plus d’audace de notre part… »

Le 19 mars 2015, il revenait sur la responsabilité écrasante de Nicolas Sarkozy dans la propagation du terrorisme en Libye et en Tunisie, mais aussi sur son intention, alors qu’il était encore président de la République, d’installer des centrales nucléaires dans la Libye de l’après Kadhafi — intention qui, selon le géopolitologue, aurait dû le décrédibiliser à jamais :

« On mesure aujourd’hui, partout dans le Maghreb et en Égypte, les conséquences terribles de l’attaque folle de l’OTAN contre la Libye de Kadhafi, attaque qui fut décidée, on ne le répètera jamais assez, par Nicolas Sarkozy.

Car ce terrorisme qui dévaste la Libye, et qui a frappé aussi cruellement la Tunisie, ce terrorisme qui décapite des chrétiens coptes, qui assassine des touristes occidentaux, qui tue aveuglement des musulmans aussi, qui tente de détruire l’extraordinaire patrimoine pré-islamique de l’Afrique du Nord comme du Moyen-Orient, tout cela a des causes, et parmi ces causes, parmi les causes premières du terrorisme en Tunisie, pays voisin de la Libye, il y a les terribles erreurs de Nicolas Sarkozy et de Bernard-Henri Lévy !

Ce même Nicolas Sarkozy qui était prêt à installer des centrales nucléaires dans la nouvelle Libye islamiste ! Rendez-vous compte ! Qui peut faire confiance désormais, pour veiller à la sécurité de la France, à un homme qui a pensé installer le nucléaire dans un nid islamiste ! On ne remerciera jamais assez les décideurs d’Areva de l’époque de s’être opposés à cette folie, sans doute motivée par d’inavouables raisons ! »

On ne saurait être plus clair dans la condamnation.

Chauprade s'était également opposé au retour de la France dans le commandement intégré de l'OTAN le 3 avril 2009, décidé par Nicolas Sarkozy. Cette décision marquait une rupture avec une tradition d’indépendance nationale vieille de plus de quarante ans. François Bayrou y avait vu une « défaite pour la France et l’Europe » et un « aller sans retour ». Jean-Pierre Chevènement s'était inquiété de voir la France s’engager « dans une mécanique qui réduira obligatoirement notre marge d’indépendance », en attendant de l’entraîner « dans des guerres qui ne sont pas les nôtres ».

Au sein même de la majorité, Dominique de Villepin avait prévu un «  rétrécissement » de la France sur le plan diplomatique, parlant d’une « faute » susceptible de faire passer la France « sous les fourches caudines d’un autre pays ». Alain Juppé avait évoqué un « marché de dupes ». Nicolas Dupont-Aignan avait dénoncé une « faute historique d’une gravité incalculable », estimant que Nicolas Sarkozy devrait « assumer devant l’histoire le rôle de fossoyeur d’un symbole fort de l’identité française : la politique d’indépendance nationale instaurée par le général de Gaulle il y a plus d’un demi-siècle ». Quant à Philippe de Villiers, compagnon de route de Chauprade, il jugeait :

« Ce ralliement traduit la dérive d’une large élite politique française qui n’a plus d’autre horizon que l’alignement systématique sur les Etats-Unis. L’idée que la France ait à jouer un rôle spécifique de puissance d’équilibre et de médiation, en s’appuyant sur une diplomatie libre, indépendante, non alignée, étrangère à la notion de bloc, aiguillon d’une Europe européenne, leur est devenue totalement étrangère ».

C'est d'ailleurs en raison de sa position sur ce sujet précis que Chauprade estime avoir été licencié du Collège interarmées de défense le 5 février 2009 par Hervé Morin (voir ici et ) :

« Tout ceci arrive au moment où la France réintègre officiellement l’Otan ; certains veulent être sûrs d’une solidarité sans failles avec les Etats-Unis et Israël, en cas de confrontation avec l’Iran. On peut qualifier ces gens de néoconservateurs. Ils en ont épousé la doctrine, la transformation du monde à l’image de l’Amérique, et défendent de façon virulente la cause d’Israël. Ces hommes me considèrent comme dangereux, sans doute parce que j’ai une certaine audience auprès des stagiaires. [...] Or, aux yeux de mes censeurs, ils sortaient du cadre atlantiste dans lequel ils souhaitent désormais enfermer toute la réflexion militaire française. C’est inquiétant, parce qu’il y avait jusque-là une certaine diversité. Les uns campaient sur des positions atlantistes, d’autres sur des positions plus traditionnellement d’indépendance de la France, d’autres encore sur des positions plus européistes. »

Le retour de la France dans le commandement intégré de l'OTAN a été, bien entendu, soutenu par le Premier ministre de Nicolas Sarkozy, François Fillon, et par sa ministre de l'Intérieur (et ancienne ministre de la Défense) Michèle Alliot-Marie, deux têtes d'affiche que l'ancien conseiller de Marine Le Pen juge aujourd'hui tout à fait crédibles pour diriger le pays.

Immigration & identité : Chauprade disciple inspiré de Dominique Venner

Ensuite, ce qui trouble dans l'appel du pied de Chauprade à Sarkozy, c'est que l'ancien chef de l'État défend une position diamétralement opposée à celle de l'eurodéputé en matière d'immigration, qui constitue pourtant le thème central qui a déterminé son engagement dans la vie politique.

Le 21 mai 2013, en effet, Aymeric Chauprade réagit sur son blog au suicide de son ami et mentor Dominique Venner :

« Au risque de ne pas être compris, tu dis ainsi aux catholiques, réveillez-vous, ne baissez pas l’échine devant l’ignominie qui avance partout ! Tu dis aux Français et aux Européens qu’ils ont encore le choix de ne pas pourrir et de ne pas se laisser envahir.

Je t’admire Dominique, pour toute ta vie de combats, d’écrits, d’engagement, de droiture, et je suis fier d’avoir travaillé à tes côtés.

Puisse notre jeunesse française et européenne voir d’abord dans ton geste prométhéen, sacrilège, l’immense appel à la révolte radicale qu’il porte.

Pour mettre fin au grand remplacement, à la dormition européenne, à l’écrasement des valeurs familiales et des fondements de notre civilisation, le temps du grand soulèvement est venu.

J’ai entendu ton appel Dominique. »

Dans une première version de son billet, il avait même écrit : « J’ai entendu ton appel Dominique, et je ferai moi-même bientôt des choix forts » (voir ici ou ). La fin de phrase a finalement été coupée.

Rappelons que Dominique Venner, dans une lettre où il expliquait son geste, disait offrir ce qui lui restait de vie « dans une intention de protestation et de fondation », précisant qu'il s'insurgeait « contre les poisons de l'âme et contre les désirs individuels envahissants qui détruisent nos ancrages identitaires et notamment la famille » et également « contre le crime visant au remplacement de nos populations ».

Dans un texte publié quelques heures auparavant sur son blog et intitulé « La manif du 26 mai et Heidegger », il avait appelé à des actions « spectaculaires et symboliques pour ébranler les somnolences », expliquant que « nous entrons dans un temps où les paroles doivent être authentifiées par des actes ». Il y écrit que les manifestants contre le mariage homosexuel ne peuvent ignorer « la réalité de l'immigration afro-maghrébine  » et que « leur combat ne peut se limiter au refus du mariage gay  », le « péril » étant selon lui « le "grand remplacement" de la population de la France et de l'Europe  ».

Dès 2009, Chauprade se montrait, lui aussi, très préoccupé par ce qu'il appelait le suicide démographique de l'Europe, le vieillissement de sa « population blanche, de souche », et son « repeuplement de populations non européennes », vantant au passage l'attitude de la Russie qui, en dépit de sa rétraction démographique, ne faisait pas appel à l'immigration.

Lors de l'Université d'été du Front national de la Jeunesse en 2014, il rappelait clairement que la raison première de son engagement politique, c'était la lutte contre l'immigration musulmane, le « grand remplacement » de population, et il prônait la « remigration » des immigrés non assimilés (concept mis en avant par Laurent Ozon) :

Sarkozy apôtre du métissage, du communautarisme et de l'immigration massive

Or, quelles sont les positions de Nicolas Sarkozy sur cette question majeure aux yeux de Chauprade ? Voici un petit florilège de ses déclarations, en tant que ministre de l’Intérieur, donc de l’immigration, de 2002 à 2004, puis de 2005 à 2007, et de président de la République entre 2007 et 2012.

Dans son livre Témoignage (XO éditions, juillet 2006, p. 280), il écrit :

« Cette France [qu'il faut construire] est un pays réconcilié. [...] C'est une France où l’expression "Français de souche" a disparu. Où la diversité est comprise comme une richesse. Où chacun accepte l'autre dans son identité et le respecte. »

Rappelons au passage qu'en septembre 2013, Chauprade recommandait la lecture quotidienne du site Fdesouche, pour lequel la notion de « Français de souche » n'a, on peut l'imaginer, pas vocation à disparaître...

Dans un discours prononcé le 17 décembre 2008 à l’Ecole polytechnique, Sarkozy identifie le grand défi du siècle, celui du métissage :

« Quel est l’objectif ? Ça va faire parler, mais l’objectif, c’est relever le défi du métissage. Défi du métissage que nous adresse le XXIe siècle. Ce n’est pas un choix, c’est une obligation. C’est un impératif. On ne peut pas faire autrement. Au risque de nous trouver confrontés à des problèmes considérables. Nous devons changer, alors nous allons changer. On va changer partout en même temps, dans l’entreprise, dans les administrations, à l’éducation, dans les partis politiques. Et on va se mettre des obligations de résultat. Si ce volontarisme républicain ne fonctionnait pas, il faudra (sic) alors que la République passe à des méthodes plus contraignantes encore. »

Le 8 novembre 2007, Le Figaro, commentant le voyage aux Etats-Unis du président français, nous montrait que le défi commençait à être relevé au sein même du gouvernement, qualifié par le journaliste Bruno Jeudy de « United Colors of Sarkozy » :

« Tout au long de sa visite, le président aura décliné sur tous les tons et devant tous ses interlocuteurs la diversité des membres de son gouvernement. Au pays du melting-pot, il a soigné le casting de sa délégation. [...] Rachida Dati ("fem­me remarquable") [...] et Rama Yade ("trente ans et beaucoup de talent"). "Ce sont les visages de la nouvelle France, la vraie France, la France de la diversité", insiste-t-il.

Ce n’est plus un gouvernement, c’est "United Colors of Sarkozy". Son modèle, revendique-t-il d’ailleurs, c’est l’Amérique. [...] À la tête de sa "nouvelle France", Sarkozy veut "reconquérir le cœur de l’Amérique". »

On conviendra que l'on est loin de la France rêvée de Dominique Venner, ou encore de celle de Philippe de Villiers, autre référence politique d'Aymeric Chauprade.

Le 16 février 2011, Marianne nous rappelait d'ailleurs que Nicolas Sarkozy était un fervent partisan du multiculturalisme et avait été le président le plus favorable à l'immigration massive, en raison de ses liens très étroits avec le grand patronat :

« Le débat sur le multiculturalisme cher à Nicolas Sarkozy ressemble à une machine à enfumer selon le collectif « Le Vrai Débat », le chef de l'État ayant toujours été un ardent promoteur du communautarisme. [...]

A cette occasion, les Français pourraient en effet prendre conscience de deux choses qui disqualifient totalement la majorité actuelle dans sa dénonciation du multiculturalisme :

1. D'abord, sous la présidence Sarkozy, les chiffres de l'immigration n'ont jamais été aussi élevés. [...] Même chose pour les naturalisations, dont Éric Besson alors ministre de l'immigration disait dans son livre « Pour la Nation » qu'elles étaient en France plus nombreuses que partout ailleurs en Europe (plus de 100 000 par an).

2. Ensuite, les Français finiront de se convaincre que le chantre du multiculturalisme en France n'est autre que... Nicolas Sarkozy. Pétri de culture anglo-saxonne, le président n'a jamais caché son affection pour le modèle communautariste, dont témoignent la présence ostentatoire de tout son gouvernement au dîner du CRIF, ses relations avec le CFCM, et plus généralement sa façon très américaine d'aborder les campagnes électorales et d'appréhender l'opinion publique, par segments. [...]

Les pommes ne sont pas des poires : le chef de l'État aura bien du mal à cacher aux Français qu'il est sans doute le président le plus en pointe dans l'immigration massive (parce que plus que tous les autres soumis au grand patronat), et de façon certaine le plus imprégné de culture anglo-saxonne, et de culture Benetton ! »

Chauprade, admirateur de Dominique Venner, ami de longue date de nombreux participants au colloque de l'Institut Iliade, qui s'est tenu le 9 avril 2016 à Paris (Philippe Conrard, Bernard Lugan...), mais aussi assez proche de quelques participants au banquet de Rivarol, qui s'est tenu le même jour (Jean-Marie Le Pen, voire Henry de Lesquen, au micro duquel il a eu l'occasion de s'exprimer...), tous obsédés par le « péril migratoire », et qui propose désormais ses services au parti qui aura le plus œuvré (certes à peu près à égalité avec le Parti socialiste) en faveur de l'immigration et contre l'assimilation, puisque favorable au multiculturalisme... Où peut bien se situer la logique de cette action ?

Face aux migrants : fierté ou rejet ?

Les propos tenus par Chauprade dans Politico le 14 avril, insistons sur ce point, s'avèrent être en parfaite contradiction avec ceux tenus jusqu'ici. En effet, il se dédouane très maladroitement de son adhésion passée au Front national en prétendant que Marine Le Pen lui aurait présenté un « parti moderne », ne considérant pas «  l'immigration comme la racine des problèmes du pays ».

Une défense d'autant plus surréaliste que, le , il participait à l'Université d'été du Front national avec une conférence intitulée « La France face aux défis géopolitiques mondiaux », dans laquelle il rendait un hommage appuyé à Jean-Marie Le Pen :

« Depuis plus de trente ans, il y a un homme qui a dit aux Français ce qui allait leur arriver, qui a mis son talent immense, sa liberté de pensée et de ton au service de la vérité, parce qu'il fallait alerter les Français, parce qu'il fallait les réveiller. Cet homme n'a cessé d'avoir raison [...]. Je tiens à dire devant vous, ici, que je ne serais pas ce que je suis, c’est-à-dire un résistant, si durant tant d’années, bataillant au cœur du système, je n’avais regardé Jean-Marie Le Pen comme l’espoir du redressement français ! »

Jean-Marie Le Pen, dont, est-il besoin de le rappeler, l'essentiel du combat politique aura consisté à avertir son peuple de ce qu'il estime être le danger majeur de l'immigration massive, source d'à peu près tous nos maux. Discours d'une totale constance, par exemple de cette émission de L'Heure de vérité sur Antenne 2, le 27 janvier 1988, à cette allocution au banquet de Rivarol, le 9 avril 2016. Le menhir n'a jamais bougé. Comment Chauprade peut-il prétendre avoir été trompé sur la marchandise par Marine Le Pen ?

En début d'année, il multipliait les tweets de la même teneur, hostiles à la venue des migrants en Europe, comme ici le 5 janvier 2016 :

Le 14 avril de la même année, il écrira pourtant dans Politico : « Nous devrions être fiers que des migrants veuillent venir en France et prendre part à notre histoire commune, à notre langue, à notre culture. » La contradiction est totale.

Le 6 janvier, les migrations, dont nous sommes censées être fiers, sont qualifiées de « conquête » et nous sommes même menacés de « dhimmitude » :

Les 7 et 8 janvier, on reste encore très loin du ton doucereux employé il y a quelques jours dans Politico  :

Face à l'islam : laïcité ou affirmation civilisationnelle ?

Si Aymeric Chauprade se contredit lorsqu'il évoque les migrants, il en fait de même au sujet des religions et de la laïcité. Dans Politico, il écrit :

« La France ne se définit pas par une race ou une religion. Nous sommes très fidèles à un modèle laïque d'assimilation qui accueille quiconque à condition qu'il souscrive à nos valeurs sociales fondamentales. »

Or, le 18 janvier 2016, soit il y a moins de trois mois, le voici qui publie un communiqué sans ambiguïté sur la place des différentes religions dans la société française :

« Dans le contexte actuel, décider ne plus porter la kippa, ce n’est pas se conformer à une prétendue laïcité au nom de laquelle même le Front national demande à nos compatriotes juifs de s’effacer, c’est en réalité céder à cette islamisation de la société française, c’est accepter un statut de "dhimmi".

Aujourd’hui la kippa, bientôt l’impôt de capitation pour les non-musulmans ? Devrons-nous aussi démonter les croix des églises et cesser d’entendre la magnifique musique de nos cloches ? Si nous ne réagissons pas, cette menace deviendra réalité.

Notre civilisation puise ses racines dans le judéo-christianisme. L’islam ne fait pas partie des racines de la France. C’est une importation récente. Lorsque les Français chrétiens, juifs ou athées sont attaqués par ces partisans de la loi islamique religieuse, en raison de leur "visibilité confessionnelle", c’est notre civilisation qui est directement attaquée. Installés depuis toujours en France, les Français de confession juive font partie de longue histoire française et n’ont jamais posé aucun problème, eux !

Je propose l’inscription des racines judéo-chrétiennes de la France dans la Constitution et je refuse une prétendue laïcité qui mettrait sur le même plan croix, kippa et voile. La loi islamique ne tiendra pas notre agenda sociétal. J’appelle nos compatriotes éveillés à rejoindre Les Français libres dans ce combat pour la sauvegarde de notre civilisation judéo-chrétienne. »

Autrement dit, la France se définit bien, selon Chauprade, par une religion, ou plutôt une double religion : le judéo-christianisme. Et le politicien refuse bel et bien la laïcité qui mettrait sur le même plan toutes les religions.

Dans l'article de Politico, on sent la contorsion du raisonnement, qui tente d'assumer un modèle laïque (donc neutre), tout en précisant que tout un chacun est tenu de respecter les mêmes valeurs sociales fondamentales. C'est vouloir le beurre et l'argent du beurre... Soit nous vivons dans un État neutre, et dès lors il coexiste presque nécessairement, surtout au temps de la mondialisation, des valeurs différentes dans la société (éventuellement incompatibles) ; soit nous voulons qu'il existe des valeurs fondamentales partagées, et dès lors l'État ne peut pas rester neutre (et il faut, pourquoi pas, inscrire notre identité culturelle dans la Constitution).

Chauprade a d'ailleurs bien conscience du problème, comme le prouve son discours du 14 septembre 2013 à Marseille, lors de l'Université d'été du FN :

« La simple application du cadre républicain laïque ne résistera pas à l'épreuve des dynamiques démographiques. Dans l'histoire du monde, aucune société multiconfessionnelle n'a résisté à l'épreuve des rapports de forces démographiques. Aussi, je vous le dis, avec le regard de l'historien du temps long, avec le regard du géopolitologue, si la France n'assimile pas rapidement à sa civilisation, la civilisation française produit de plus de 1500 ans d'histoire, ses compatriotes musulmans, alors c'est l'islam qui digèrera la France et qui l'assimilera à un monde musulman en pleine expansion démographique. Et cela, c'est bien la mère de toutes les batailles. C'est le premier défi géopolitique de la France, le défi géopolitique intérieur, qui est un défi identitaire, parce que l'on met beaucoup plus de siècles à fabriquer une société qu'une économie, et parce qu'on ne répare pas l'identité comme on répare l'économie. [...]

Alors, se contenter de la neutralité, de la laïcité républicaine, qui serait déjà beaucoup, dans une société où est en train de jouer librement la concurrence identitaire et démographique, cela sera insuffisant, tout simplement parce qu'à un moment donné les communautarismes seront devenus suffisamment forts sur le plan démographique pour se débarrasser de la laïcité républicaine, pour imposer leurs lois, au mépris même de la démocratie, elle-même produit, on l'oublie trop souvent, d'un long cheminement de l'histoire grecque, romaine et chrétienne. Alors, Mesdames et Messieurs, oui, je le dis haut et fort, il nous faudra bien, à un moment ou à un autre, établir un lien évident entre la citoyenneté française et l'adhésion à la civilisation française. Cela s'appelle l'assimilation ».

Dans un entretien du 15 décembre 2013, publié dans L'Esprit européen, il explicite cette « assimilation » :

« Ce que nous voulons, c’est que les étrangers s’assimilent, c’est-à-dire deviennent proprement des Français. Cela peut naturellement être lié à l’adoption du christianisme. Mais pas forcément : celui qui trouve important pour lui de rester dans l’islam doit simplement connaître et accepter la culture française, ne pas obliger sa femme à porter le voile intégral, etc. »

Dans un autre entretien, donné à Novopress le 24 octobre 2013, il se montre encore plus précis, infléchissant même sa position assimilationniste vers une position plus radicale, mono-ethniciste :

« C’est volontairement que je n’utilise pas le terme intégration, car il ne veut rien dire. Il n’y a en réalité que trois modèles possibles : le refus de l’immigration et la conservation de l’identité ethnique, modèle qui est celui de la plupart des pays du monde, du Japon, de la Chine, de la Russie, d’Israël, des pays arabes, jusqu’à la Côte d’Ivoire qui a explosé autour du concept d’ivoirité… ; l’assimilation, qui veut qu’un pays multi-ethnique peut être viable à la condition d’être mono-culturel, c’est-à-dire homogène culturellement ; le modèle multi-ethnique et multiculturel qui est en réalité celui vers lequel nous dérivons de manière tragique.

Ma position est pragmatique. Je pense qu’il faut s’efforcer de défendre le premier modèle, ce qui revient à créer les conditions du départ d’un grand nombre d’immigrés extra-européens n’ayant pas vocation à rester sur notre territoire, tout en assimilant la composante de l’immigration qui est assimilable, sur le critère premier du mérite, c’est-à-dire des efforts qui ont été faits par ces immigrés pour s’assimiler à la civilisation française (comme par exemple la maîtrise de la langue française, la francisation des noms, l’adhésion à la culture française…) et ce qu’ils apportent à notre peuple en terme de prospérité et d’innovation. »

De toute évidence, le député européen manie un double discours, selon le public auquel il s'adresse, car il semble invraisemblable que le fond de sa pensée ait changé radicalement en quelques semaines.

Face à la presse américaine, il fait finalement comme « Sarkozy l'Américain », il essaie de plaire. Il appelle ainsi à «  construire une alternative dans le combat contre l'extrémisme », ce qui est une manière habile d'inverser les rôles, car, comme le relevait Mediapart le 14 mai 2014, Chauprade fréquente des « milieux d'extrême droite que la présidente du FN elle-même juge infréquentables » ; il aurait notamment été, selon les responsables de l'Action française (qui milite pour la restauration de la monarchie), « membre du comité directeur du mouvement en 2006 et 2007 ».

Il revendique aussi « l'héritage humaniste » français, « le pouvoir des individus de prendre des décisions rationnelles [...] mais aussi de questionner les autorités et les dogmes », ce qui contredit quelque peu sa prétention à rendre certaines religions plus légitimes que d'autres. On peut d'ailleurs imaginer qu'il se réfère essentiellement à l'humanisme de la Renaissance qui, comme le rappelle l'Action française, prend « sa source dans le christianisme », fait encore de Dieu « un principe d’explication et d’organisation essentiel », et se distingue de l'« humanisme exclusif et excessif » né au XIXe siècle, caractérisé par « une négation de la théologie » et une volonté de s'imposer comme une «  nouvelle religion de l’humanité et de la modernité, témoignant de la toute-puissance donnée aux hommes ».

Face à son public, en revanche, l'intellectuel peut dire sans précaution superflue le fond de sa pensée : la laïcité est impuissante face au défi identitaire, le premier selon lui en termes d'importance ; l'assimilation qu'il prône ne saurait tolérer la présence d'un islam vivace, non acclimaté à notre civilisation millénaire, sur le sol de France. Les critères de cette assimilation sont stricts, allant jusqu'à la francisation des noms et l'évaluation de la richesse que l'immigré a apportée au pays. La remigration est fortement encouragée. Idéalement, pour lui, l'Europe doit rester mono-ethnique, blanche, et mono-culturelle, chrétienne.

Sarkozy pro-islam, Le Maire anti-identitaire et pro-mariage gay

Là encore, que dit Nicolas Sarkozy, président des Républicains, sur cette question des religions en France, et particulièrement de l'islam ? Ses prises de position sont-elles compatibles avec les vues du géopolitologue ? Dans Le Monde du 2 mai 2003, voici ce qu'il déclarait :

« Poser comme postulat que l’islam est incompatible avec la République ne reviendrait ni plus ni moins qu’à interdire à certains Français de vivre un engagement que l’on reconnaît aux autres. C’est, au moins, de la discrimination, au pis du racisme. »

Le 1er octobre 2007, à la Grande Mosquée de Paris, à l’occasion de la rupture du jeûne du ramadan, et alors qu'il est président de la République, il lance :

« N’en déplaise à quelques-uns que je combats, l’islam, c’est aussi une partie de la France. »

Si Sarkozy conforte ici l'analyse de Jacques Attali, selon laquelle l’héritage chrétien n’est pas dominant en France, le judaïsme ayant selon lui précédé le christianisme partout en France, de même que l’islam dans certaines régions, il s'oppose frontalement à celle de Chauprade.

Le 17 juillet 2008, enfin, lors de la pose de la première pierre des nouvelles salles des arts de l’islam au Louvre, après avoir réaffirmé « l'amitié » entre la France et l'Arabie saoudite, mais aussi fait l'éloge du roi Abdallah d'Arabie saoudite, il déclare :

« L’islam, c’est le progrès, la science, la finesse, la modernité. »

On se demande bien, si tel est le cas, pourquoi la France se priverait d'un si grand bienfait... Osant s'essayer à la théologie, Sarkozy avait même renchéri : « Ne pas respecter les droits de la femme au nom de l'islam, c'est bafouer l'is­lam  ». Et voilà comment Sarkozy inventa le féminisme islamique... devant la famille royale saoudienne ! On ne saurait dire s'il existe le moindre rapport entre ces propos très flatteurs et l'avis de Philippe de Villiers, émis le 1er octobre 2015 sur BFM TV, selon lequel notre « classe politique est achetée par le Qatar et l’Arabie Saoudite ».

De Villiers auquel Sarkozy avait confié en 1999 (cité par Eric Branca et Arnaud Folch dans Le Mystère Villiers, éd. du Rocher, p. 407) : « Toi, tu aimes la France, son histoire, ses paysages. Moi, tout cela me laisse froid.  » Peut-on concevoir que ce soit cet homme-là que veuille rejoindre l'amoureux de la France charnelle que prétend être Chauprade ? Lui qui, le 11 juillet 2015, adressait ce message à l’Université d’été de Renaissance Catholique, mouvement dont il dit soutenir le combat « depuis toujours, le combat pour une France qui renoue avec ce qu’elle est, la fille aînée de l’Église  » :

« Chers amis, je ne me suis pas engagé en politique pour la soupe et des galons de courtisan. Je me suis engagé pour que vive notre civilisation, pour que vive notre France, pour que nos enfants puissent continuer à être élevés dans l’amour du Christ et de la Vierge Marie, dans l’amour de leur patrie charnelle, dans le respect des faibles et des Anciens, dans le respect de la Terre et des Morts. »

Le député européen cite aussi Bruno Le Maire parmi les têtes d'affiche de LR qu'il pourrait potentiellement rallier. Or, qu'a déclaré Le Maire, le 18 décembre 2014, devant les Amis du Crif (28e min) ? Que la question identitaire n'était pas prioritaire, que c'était la question économique qui l'était, et qu'il se battrait contre ceux de son camp qui prétendraient le contraire.

C'est très exactement, nous l'avons vu, la conception inverse qu'exprimait Aymeric Chauprade en septembre 2013 lors de l'Université d'été du FN :

« C'est le premier défi géopolitique de la France, le défi géopolitique intérieur, qui est un défi identitaire, parce que l'on met beaucoup plus de siècles à fabriquer une société qu'une économie, et parce qu'on ne répare pas l'identité comme on répare l'économie. »

Tout l'engagement de Chauprade en politique est fondé sur cet axiome : l'identité prime sur l'économie. Celle-ci peut se réparer plus ou moins rapidement, celle-là non, et c'est pourquoi il faut absolument la préserver, l'économie dût-elle en souffrir. L'engagement de Le Maire est fondé sur l'axiome contraire ; voici d'ailleurs comment il explicite son rejet de tout discours identitaire (31e min) :

« Les discours identitaires sont des discours qui excluent, toujours. Si vous définissez une identité, il y en a toujours qui n'appartiennent pas à cette identité et qui se sentent exclus. Donc, en développant un discours identitaire, vous favorisez, à mon sens, le communautarisme. En revanche, il y a un discours auquel je tiens beaucoup, qui est un discours qui permet de réinscrire la France dans son histoire. L'histoire n'est pas le discours identitaire, et je pense que la meilleure réponse au discours identitaire, c'est un discours sur l'histoire de la France, un discours d'amour et de fierté de l'histoire de la France. »

Le Maire s'oppose aussi fermement à Chauprade sur la question de la laïcité (65e min) : « Nous défendons la laïcité. Elle doit être la même pour tous, partout. » De son côté, le député européen refuse, on l'a vu, une laïcité qui mettrait l'islam sur le même plan que le christianisme et le judaïsme.

En outre, souvenons-nous que le suicide de Dominique Venner, véritable détonateur dans l'engagement de Chauprade (même si celui-ci affirme qu'il n'en est pas la cause directe), était intervenu suite aux mobilisations contre le mariage homosexuel, dont il était un farouche opposant. Chauprade lui-même, en décembre 2013, voyait dans la légalisation de cette union l'une des manifestations d'un nouveau totalitarisme de type « satanique » :

« Nous avons aujourd’hui devant nous une nouvelle forme de totalitarisme. Il n’est extérieurement pas aussi évident, il est masqué, il ne porte pas de casque militaire, mais c’est bien un totalitarisme, quoique rampant, on impose aux gens les valeurs libérales, on met en doute les concepts traditionnels de dignité de la personne, on pousse l’homme à se révolter contre Dieu, et en ce sens, le nouveau totalitarisme revêt des traits vraiment sataniques. Il faut opposer à ce totalitarisme une puissante résistance. Et si la Russie se déclare un État chrétien, et le défenseur des valeurs chrétiennes, cela deviendra justement une réponse, et la création d’un contre-modèle à ce que l’on impose aux gens en Occident. »

On voit qu'il s'agit là, aux yeux de Chauprade, d'un sujet de toute première importance, auquel il convient d'opposer une puissante résistance. Or, que dit Bruno Le Maire à ce sujet ? Il a déjà annoncé qu'il ne reviendrait pas sur cette mesure, pourtant décisive lorsque l'on a la sensibilité catholique ou traditionaliste des amis de Dominique Venner, fort attachés aux « valeurs familiales ».

Économie ou identité : quelle priorité ?

Devrait-on en conclure que la hiérarchie des problèmes aurait changé pour Chauprade ? Que l'économie serait devenue prévalente sur les questions d'identité ? Ce que l'on peut déjà relever, c'est un changement de doctrine économique en l'espace de quelques années à peine. Dans un entretien accordé à ReOpen911 en septembre 2011, il déclarait en effet :

« Sur certaines questions qui sont liées à l'identité, je suis très attaché à l'idée de civilisation européenne ; on pourrait penser que je suis plutôt à droite parce que je suis plutôt pour la maîtrise des flux migratoires. Sur d'autres domaines, économiques, je ne me sens pas du tout dans le libéralisme et la financiarisation du capitalisme, et je me retrouve avec des gens de gauche sur un certain nombre de problématiques, comme sur l'écologie par rapport à un certain nombre de logiques de prédation des multinationales... »

Pas du tout libéral, presque de gauche en 2011 (face un interlocuteur qui semblait, il est vrai, plutôt de gauche, tendance écolo...), on nous explique dans Le Monde du 9 novembre 2015 qu'il a quitté le FN en raison notamment de son programme économique, pas assez libéral et trop à gauche :

« Tenant d’une ligne libérale sur les questions économiques, il a déploré que la direction du FN se base selon lui sur le "vieux modèle suranné socialiste et étatiste des Trente Glorieuses" ».

Même reproche dans son entretien avec Charlotte d'Ornellas pour Boulevard Voltaire en début d'année : « Aujourd'hui le Front national porte un programme économique de gauche, tout le monde le sait, et ça c'est un vrai problème. » Dans Valeurs actuelles du 13 janvier 2016, alors qu'il lance son propre mouvement, il prône :

« La dé-étatisation de la France, le recul de la dépense publique dans le PIB, de la charge fiscale pesant sur les Français et leurs entreprises, d’un droit du travail qui asphyxie l’initiative et l’embauche… »

Aucun des ténors de l'ex-UMP n'étant sur la ligne identitaire de Chauprade, encore plus à droite que celle (officielle) du Front national, il faut sans doute en conclure que son expérience politique, encore très récente, l'a fait évoluer vers plus de pragmatisme, lui faisant considérer la cohérence du programme économique comme le premier critère de choix pour son nouveau parti. Si tel est le cas, c'est un revirement complet qu'il convient d'acter.

Face à Marine Le Pen et Alain Soral : des attaques incohérentes

Parmi les autres raisons qui l'ont fait quitter le Front national, on sait que Chauprade a invoqué une « raison morale ». C'était le 9 novembre 2015 sur I-Télé. Il reproche à Marine Le Pen, d'une part, de ne pas avoir tenu sa parole envers le collaborateur qu'il était, et, d'autre part, d'avoir lâché son père au moment où elle n'avait plus besoin de lui :

« Il est essentiel que les dirigeants de la France de demain aient une droiture, une capacité de respect de leur parole essentielle. [...] On ne peut pas écarter celui auquel on doit tout parce qu'il est devenu inutile. Et quels que soient les torts et les excès de Jean-Marie Le Pen — je rappelle que je suis un compagnon de route de Philippe de Villiers, pas de Jean-Marie Le Pen [...] donc je ne suis pas en train de rallier Jean-Marie Le Pen — il y a un principe et un problème moral pour moi qui est très important ; car je me dis que ceux qui trahissent leur parole vis-à-vis de leurs collaborateurs, et ceux qui trahissent ceux auxquels ils doivent tout, demain, alors, ils trahiront probablement les Français. »

Le même jour, il avait enfoncé le clou via un tweet :

Notons d'emblée une prise de distance assez étonnante vis-à-vis de Jean-Marie Le Pen, dont Chauprade dit n'avoir jamais partagé la route, alors qu'il nous confiait, en septembre 2013, à l'Université d'été du FN, de manière vibrante, qu'il ne serait pas un résistant, si durant tant d’années il n'avait regardé Jean-Marie Le Pen (et non pas Philippe de Villiers) comme l’espoir du redressement français...

Mais surtout, dans un entretien accordé à France24 le 8 avril 2015, le député européen s’était exprimé sur l’opposition de Marine Le Pen à son père (celui-ci ayant réitéré le 2 avril sur BFM TV ses propos sur le « point de détail »), et avait alors regretté un « mauvais combat, contre-productif pour le Front national [de la part de ce dernier], qui ne correspond pas à tout ce qu’il a apporté » ; il avait même clairement pris parti pour Marine Le Pen, saluant sa « grandeur » dans cette affaire politico-familiale (voir ici ou ) :

« C’est la grandeur de Marine Le Pen que de faire prévaloir la raison du parti sur le cœur, je crois que c’est sa force, et c’est ce qui prouve que demain elle saura faire prévaloir la raison d’État sur toute autre considération ».

Ce qui, en avril 2015, était grandeur et preuve d'un futur comportement exemplaire à la tête de l'État, devient, en novembre 2015, trahison et indice d'une trahison future de tout le peuple français. Le retournement du jugement est complet. Certes, le patriarche n'a été exclu du Front national que le 20 août 2015, mais, dès le 9 avril, la présidente du parti avait déclaré sur TF1 que Jean-Marie Le Pen n'avait plus la sagesse nécessaire pour rester au FN.

Autre motif de fond invoqué par Chauprade pour justifier son départ du parti de Marine Le Pen : « L’influence d’Alain Soral sur une partie du Front National. » L'eurodéputé dépeint en effet Soral comme un « antisémite ». Pourtant, le 5 mars 2012, sur son blog, il disait sa convergence de vue avec lui, suite à la réélection de Vladimir Poutine à la tête de la Russie :

« Logiquement il y a quelqu’un qui devrait être content ce soir, c’est Alain Soral. Quelqu’un qui a tout compris des forces profondes de l’histoire, celles que ne veut pas voir notre bon "bourgeois occidental" (Molière avait raison avec son bourgeois gentilhomme) aveuglé qu’il est par les chiffrons rouges agités devant ses yeux par la "grande presse". Donc écoutez-le et lisez-le. Nous n’utilisons pas forcément les mêmes mots (et tant mieux), mais nos pensées sont en convergence. »

Or, les accusations d'antisémitisme à l'encontre Soral datent de bien avant 2012, au moment où Chauprade le complimenta. Elles commencèrent dès 2004, s'amplifièrent en 2009, à l’occasion de sa participation à la « liste antisioniste » lors des élections européennes, avant que la publication de Comprendre l’Empire, en 2011, ne scelle définitivement la réputation de l'écrivain. En outre, si l'antisémitisme est un problème à ce point sensible pour l'eurodéputé, le FN n'a pas attendu Alain Soral pour compter en son sein de nombreuses personnalités accusées de ce racisme, à commencer par son président fondateur Jean-Marie Le Pen, qui, le 9 avril dernier, rendait encore un hommage appuyé à l'hebdomadaire antisémite Rivarol.

On peut d'ailleurs remarquer que, dans un entretien avec Les Non-Alignés en septembre 2014, on rappela à Chauprade ses propos laudateurs au sujet de Soral ; l'intéressé fit la moue, avant de tenir des propos sensiblement différents de ceux publiés sur son blog :

Les Non-Alignés : Il y a deux ans en arrière, vous disiez qu'Alain Soral était quelqu'un qui avait compris les forces profondes de l'histoire, que vous disiez à peu près la même chose, mais avec des mots différents, et qu'est-ce qui explique que maintenant vous...

Chauprade : Non, j'ai pas non plus dit...

Les Non-Alignés : C'est ce qui est écrit dans un article, qu'on peut encore retrouver...

Chauprade : Alain Soral fait partie des gens qui avaient un logiciel marxiste, c'est-à-dire une cause unique, la lutte des classes, et il a transposé ce logiciel unique en un autre logiciel unique, qui est de tout expliquer par le sionisme et l'empire américain. Je crois, mes livres le montrent, avoir toujours eu une pensée légèrement plus nuancée, si vous me permettez...

Plus loin dans l'entretien, il dira pourtant : « J'assume mes écrits. »

11-Septembre : entre théorie et déni

Finissons le recensement des incohérences de Chauprade par le sujet qui nous l'avait fait connaître : le 11-Septembre. Le géopolitologue n'a de cesse, dans ses interventions médiatiques, de vanter sa liberté de parole et son courage : « Je suis quelqu'un qui assume ses écrits et ses dits », déclare-t-il ainsi sur Radio Courtoisie le 11 février 2009. Pourtant, le 21 mai 2014 sur France24, à l'occasion d'un débat sur les élections européennes, Philippe Juvin, député européen UMP, lui rappelle certains de ses propos, qu'il va s'empresser de nier :

Juvin : Dans une interview de septembre 2011, que tout le monde peut voir sur Internet...

Chauprade : ... c’est trop compliqué pour vous le renseignement...

Juvin : ... Monsieur Chauprade, sur le site Internet ReOpen911, à la 15e minute, l’interview dit la chose suivante, c’est vous qui le dites, sur le 11-Septembre : « Il y a des instigateurs, qui ne sont pas des exécutants, le 11-Septembre, dites-vous, c’est un réseau d’hommes qui appartiennent à la CIA, au Pentagone, prêts à sacrifier des vies américaines »...

Chauprade : Mais non, je n’ai pas dit ça, je regrette, j’ai pas dit ça...

Juvin : Tout le monde peut le vérifier sur Internet.

Vérifions donc. Que dit le géopolitologue à la 15e minute de cette vidéo ?

« Nous voyons d’emblée [...] qu’il y a de véritables instigateurs de ces attentats et puis il y a des exécutants [...]. L’instigateur n’est pas l’exécutant. [...] Moi je crois que le 11-Septembre, c’est l’expression [...] exacerbée de l’Etat profond américain [...]. Un Etat profond, c’est un réseau d’hommes qui appartiennent, chacun, à l’Etat officiel, qui tiennent des fonctions à la CIA, au FBI, au Pentagone, dans de grandes sociétés militaires privées, dans l’armée américaine [...]. Ils sont prêts à sacrifier, au nom — entre guillemets — du "bien commun américain", des milliers de citoyens américains... »

Philippe Juvin a la partie facile, et postera le soir même ce tweet :

Bis repetita. Interrogé le 21 avril 2015 sur LCP par Patrick Chêne sur le même sujet, le député européen esquivera une nouvelle fois, ne pouvant assumer ses dires, montrant par là même toutes les limites de la liberté de parole lorsque l'on est engagé en politique :

« Le 11-Septembre, on ne va pas revenir dessus, mais c'était la présentation des théories alternatives, c'était pas une adhésion à ces théories, il faut lire le livre, sinon c'est évidemment caricatural et schématique. »

Chauprade fait ici référence au premier volet de l’affaire, qui l’a opposé au ministre de la Défense Hervé Morin en février 2009. Il est vrai qu’initialement il n’avait fait que présenter des théories sans les faire siennes. Mais, par la suite, il a affirmé ses positions.

Ainsi, le 24 août 2011, il défend face à Emmanuel Ratier sur Radio Courtoisie l’idée d’un « mythe fondateur » du 11-Septembre, orchestré par les Américains pour reprendre la main sur une Histoire qui leur échappe. Il va même juqu’à affirmer : « Pour y avoir vraiment travaillé, j’ai une conviction très profonde sur le 11-Septembre... »

En octobre 2011, il déclare à ReOpen911 :

« La thèse que je défends [...], c’est la thèse de l’Etat profond. Moi je crois que le 11-Septembre, c’est l’expression ultime, l’expression exacerbée de l’Etat profond américain, qui s’est développé pendant des décennies... »

Et encore :

« Scientifiquement, ce qu’on peut dire, c’est qu’il y a une version qu’il faut éliminer, c’est la version officielle. [...] Ce que je dis aujourd’hui, en ayant beaucoup travaillé sur le sujet, c’est que je crois que c’est un Etat profond, c’est d’abord américain, ça vient d’abord d’un Etat profond américain qui s’est lové au sein de l’Etat officiel... »

Sur Radio Courtoisie, le 6 novembre 2013, il déclare sur ce même thème : « Je l’ai dit, je le pense : je ne crois pas à l’explication officielle de l’histoire  ».

De nouveau, sur Radio Courtoisie, le 31 décembre 2013, il lance :

« C’est sans doute du côté de la collusion entre l’Arabie saoudite et certains éléments de ce que j’appelle l’Etat profond américain qu’il faudrait un jour s’interroger par rapport au 11-Septembre ».

Toutes ces prises de position ont eu lieu avant les épisodes de France24 et de LCP.

L'Albatros

Il ne s'agit certes pas de blâmer Aymeric Chauprade, qui, dans les contextes médiatiques où il se trouvait, ne pouvait de toute façon pas développer sa pensée sur un tel sujet brûlant. Il était contraint à la concision, soit pour dire le fond de sa pensée en une phrase et déclencher un bad buzz qui aurait mis en difficulté son parti, soit pour esquiver la question, voire mentir, et éteindre d'emblée l'incendie. On pourrait même justifier son attitude en regard de cette observation de Noam Chomsky au sujet de la télévision :

« Être concis, c’est dire trois phrases entre deux annonces publicitaires. C’est un très bon truc pour contrôler la pensée. 

Quand on vous donne l’occasion de dire trois phrases entre deux annonces publicitaires, vous avez le choix : soit vous vous contentez de répéter un slogan auquel tout le monde est censé adhérer, soit vous dites ce que vous pensez et on vous prend pour un fou. Parce que vous n’avez pas le temps d’apporter la moindre preuve, d’étayer vos affirmations.

Supposez qu’on vous invite dans une émission sur le terrorisme. Vous pouvez dire que Kadhafi est un terroriste. Cela prend une minute. Pas besoin de produire des preuves. Mais supposez que vous disiez : "Bill Clinton est un terroriste." Les gens voudront savoir ce que vous voulez dire par là, car ce sera la première fois qu’ils entendront une chose pareille. Mais on ne vous laissera pas vous expliquer. Donc, ou bien vous passez pour un fou, ou bien vous ne dites que des lieux communs. »

Mais ces contorsions, somme toute compréhensibles, viennent désormais s'ajouter à une multitude d'autres contorsions beaucoup plus difficiles à comprendre. D'autant que l'homme en appelle constamment à la droiture, et qu'on s'attendrait à ce qu'il la pratique.

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Aymeric Chauprade, septembre 2011

Alors qu'il n'était encore que géopolitologue, il pouvait incarner un anticonformisme plein de noblesse, dont il avait d'ailleurs fait un bel éloge en 2011, et qui faisait tout son charme :

« Il y a deux catégories [d'hommes]. Il y a ceux qui, de toute façon, ne penseront jamais et absorberont tout, puis il y a ceux qui ont décidé que, pour leurs intérêts, leur réussite sociale, il ne fallait surtout pas s'interroger et qui, instinctivement, savent où aller pour la défense de leurs intérêts privés. Ça, c'est l'esprit, pour le coup, un peu bourgeois, petite bourgeoisie. Donc ils auraient un espèce d'instinct de protection qui les mènerait vers la conformité. Nous, nous ne sommes pas des conformistes et on l'assume. [...] Et ça touche aussi à la psychologie des personnes, parce qu'il y a des gens qui ont les idées de leur psychologie, c'est-à-dire qu'ils font passer les intérêts, le conformisme social, la réussite personnelle comme un système de valeurs supérieur à la générosité, la défense des identités du monde, etc. »

Peut-être l'erreur de Chauprade est-elle d'avoir cru que l'on pouvait assumer pleinement son anticonformisme en rentrant dans l'arène politique. Peut-être s'est-il cru plus fort que les autres. Il dénonce au Front national un « étouffoir », où « on ne peut pas penser », comme si un parti politique était fait pour penser... Quelle idée ! On y pratique bien plutôt le « dressage » des esprits, comme l'avait relevé Simone Weil. Sa liberté revendiquée à tout bout de champ ne pouvait, en réalité, que faire de gros dégâts dans un univers où la langue de bois n'est pas en option — il fut comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, et les tenanciers ne purent longtemps tolérer son manque de doigté. Le divorce était inévitable. L'ambition intacte, l'éléphant convoita bien vite une autre boutique. Sur les réseaux sociaux, désormais, les noms d'oiseaux fusent à son endroit, et les qualificatifs de « traître » et d'« opportuniste » lui sont souvent accolés par ses anciens amis, devenus ses ennemis, comme c'est la règle dans le monde hideux et sans cœur de la politique.

Quant à moi, Aymeric Chauprade m'évoquerait effectivement un oiseau, L'Albatros de Charles Baudelaire, le géopolitologue (qui saluait il y a peu le numéro anticonformiste d'Un Œil sur la Planète sur la Syrie), le libre penseur, voire le chrétien fervent, pouvant subir les mêmes affres, les mêmes chutes que le poète, et susciter les mêmes déceptions lorsque, quittant les cieux où il plane avec majesté, il se risque à marcher dans la fange du monde.



18 réactions


  • Shawford 18 avril 2016 11:35

    Hum, il va donc l’avoir bien profond, là dessus y’a une certaine cohérence dans sa marche de concert avec celle d’un monde et un/des Etat(s) en totale décohérence !


    • Ouallonsnous ? 27 juillet 2016 23:37

      @Shawford

      Surtout avec des croyances telles que celle ci ;

      Notre civilisation puise ses racines dans le judéo-christianisme

      Non monsieur, la France puise ses racines chrétienne dans la civilisation gréco-latine, c’est le sionisme qui a introduit le judéo-christianisme comme l’anti sémitisme !


  • Nicole Cheverney Nicole CHEVERNEY 18 avril 2016 12:14

    Tous ces politicards ne cherchent qu’une chose : la GA-ME-LLE ! Si possible RA-SI-BUS !

    De la France, il n’en ont cure, des Français encore moins, quant au Peuple, ils ne savent même pas ce que c’est, à croire qu’ils n’ont jamais vu un bipède quidam de leur vie. Et ces gens-là prétendraient représenter les quidam en question ?

    C’est pathétique, vivement que SE VAYAN TODOS !


  • gaijin gaijin 18 avril 2016 12:41

    36 raison de ne pas faire confiance a ce monsieur
    de 1 a 35 c’est un homme politique
    36 : un mec qui est député européen et qui prétend défendre la france c’est déjà dur avaler si en plus il rejoint un des deux partis les plus vendu au états unis ...y pas photo c’est un imposteur ....

    la politique c’est simple : il ne faut rien écouter et regarder les actes .......


  • non667 18 avril 2016 14:34

     encore un qui voulait être calife à la place du calife et qui échouant dénigre ce qu’il avait prôné !


  • leypanou 18 avril 2016 16:59

    Il a goûté à l’argent de l’Assemblée Européenne : c’est autrement plus rémunérateur qu’être professeur ou je ne sais quoi. C’est parfaitement normal s’il veut retrouver un point de chute quand son mandat va expirer.

    Regardons par exemple le cas de cette sénatrice EELV, grâce au PS : elle s’est rendue compte que le PS n’a pas beaucoup d’avenir électoral du moins à moyen terme, et hop, elle soutient les LR aux régionales contre le PS.

    C’est à ce genre de grand écart que l’on reconnaît les vrais opportunistes et comme disait une grande figure du girouettisme : « ce n’est pas moi qui change, c’est le vent ».


  • soi même 18 avril 2016 19:11

    Je crains que vous prenez vos souhaits pour des réalités objectives, il serait temps de pensé un peut autrement si vous voulez pas resté un éternel cocu de vos certitudes d’avoir bien raison... !


  • el photon (---.---.93.124) 19 avril 2016 01:50

    il incarne la médiocrité de ceux qui prétendent nous protéger des médiocres qui nous gouvernent. Les pseudo élites françaises ont toujours été des minables, corrompues, opportunistes, flagorneurs et sans aucun talent. Chauperade fait parti de ces gens (comme la parricide et sa becasse de nièce) qui permettent à ces pseudo élites de briller car ayant plus médicores qu’eux. Contrairement aux pays anglo saxon dont les élites sont brillantes et le peuple enfermé dans son rôle de moutons, de gueux. EN France, c’est le peuple qui a remis le pays à flot à chaque fois qu’on était au bord de la falaise.
    La solution ne viendra surement pas des hommes politiques ou des pseudo élites françaises mais de la population.


    • el photon (---.---.93.124) 19 avril 2016 01:55

      @el photon
      Ait une paire de balloche chauperade et attaque toi aux causes plutôt qu’aux conséquences. Trop facile de taper sur l’immigration alors que ceux qui ont provoqué les déséquilibres et la faillite du pays sont loin d’être des immigrés. L’introduction en grand nombre de populations difficilement assimilables (réfugiés, populations pauvres venant dans un pays en crise.....) est l ’œuvre de ceux qui dirigent et de leurs véritables patrons.
      La France est aux mains d’un gang qui a mit des prêtes noms au pouvoir (de droite comme de gauche voire même le fn ce parti de larbins qui veut en croquer et va faire des courbettes pour qu’on l’invite à certains diners à 900 euros). Ne pas voir cela, est criminel. Tout le reste est de la foutaise.

      Se désaligner des psychopathes us, se libérer de l’emprise d’un gang de racistes misanthrope (et oui ils se veulent seuls humains sur terre) et un retour à une politique nationale (qui ne veut pas dire raciste mais réaliste) est la seule solution.

      ILS NE SONT FORTS QUE PARCE QU’ON SE VEUT FAIBLE. Le jour où on se dressera contre ces serpents, ils retourneront dans leurs trous.

      Chauperade vient de l’extrème droite française. Cette extreme droite de tocards qui passe sont temps à se diviser ou à éluder les véritables causes pour se focaliser sur les effets.


  • cyrav cyrav 19 avril 2016 04:57

    Portrait sans concession.
    L’image de conclusion est belle, trop belle.
    Chauprade n’est pas un albatros, il n’est pas un poète, seulement un politicien.
    La question qu’i(l) se pose à présent, c’est quel parti pourrait bien avoir besoin de lui ?
    Je n’en vois aucun.


  • George V (---.---.201.70) 19 avril 2016 08:39

    Bonjour,

    Je suis dubitatif quant a votre article... Je souhaite vous indiquer, monsieur, un viel adage : "La perfection est atteinte non pas lors-ce-que il n’y a plus rien a ajouter, mais lors-ce-que il n’y a plus rien a ôter« .

    Je comprend que présenter un »illustre inconnu", bien qu’élu, ne puisse se faire en vingt lignes. Vous pourriez peut être vous inspirer d’autres auteurs qui rédigent des articles en trois ou quatre parties.

    Je suis surpris par votre ton septique, tendit que les sources et citations montre un élu assez respectable. Je pense que la cohérence des idées est la, je qualifierai l’homme "des lumières". La recherche de la vérité semble pour lui primer sur l’élaboration d’un projet.

    Nationaliste bien sur, aimer la patrie n’est t’il pas un prés-requis pour pour être élu ? Prussien a international est facile pour les petits élus. Assimilationniste de toute évidence, mais j’aimerais quant même savoir clairement : droit du sol ou droit du sang ?

    J’aime la profusion de sources. Veuillez trouver ci-joint un bouquet de fleurs provençales de saison. Auteur, continuez de servir, votre dévotion est admirable. Mr le politicien, les français veulent la tête de Joe Dalton.

    GEORGIVS V DEI GRATIA MAGNAE BRITANNIAE HIBERNIAE ET TERRARUM TRANSMARINARUM QVAE IN DITIONE SVNT BRIT[ANNICA REX FIDEI DEFENSOR INDIAE IMPERATOR

    Pour vous servir.

    Ps : Dans l’hypothèse ou je serais un robot capable de réussir le test, je percevrais une nette volonté d’exclusion. Dans une société F/Ce, quelle sont les conséquences a retreindre la liberté d’expression des machines ? Ne devrais t’on pas profiter du vide juridique pour être tolérant ?

    3, 5, 7


  • Hieronymus Hieronymus 19 avril 2016 09:28

    très bon article, excellente écriture
    j’ai lu à peu près les 2/3, ça suffit amplement pour se faire une idée du personnage
    il est grillé, crâmé, carbonisé et il n’a même pas la sagesse d’attendre en pareil cas
    qu’il manque de sens politique et ait fait qq maladresses, ça pouvait s’oublier
    mais là c’est n’importe quoi, aller lécher le fion à l’ex-UMP
    au moins Julien Rochedy conserve dignité et cohérence, il pourra rebondir
    tandis que Chauprade, je vois pas trop, faudrait qu’on m’explique
    qu’il retourne enseigner ou écrive des bouquins
    bref glissons...


  • Tythan 20 avril 2016 14:45

    Bonjour,


    Juste pour vous dire que j’ai beaucoup apprécié cet article, fouillé et très travaillé, qui nous change un peu de l’ordinaire des articles d’Agoravox.

    Vous avez choisi de rédiger une étude très détaillée et n’avez pas rechigné devant la longueur...

    Bravo en tous cas,

    Tythan

  • jmdupont (---.---.239.21) 20 avril 2016 21:38

    Merci,

    Chauprade est cramé depuis qu’il a retourné sa veste est est passé dans le camp « pro choc des civilisations » après des années à prôner le contraire.

    En résumé : Il s’est fait retourner par l’axe atlanto-sioniste.


  • jeanpiètre jeanpiètre 20 avril 2016 23:57

    question à 50 francs

    quelqu’un a cru à cet énergumène ? 

  • J.MAY MAIBORODA 25 avril 2016 08:56

    A lire l’article, ce monsieur ne serait qu’un tournesol.


  • MS38 (---.---.235.10) 26 juillet 2016 18:10

    Il est pathétique. Il peut donc réussir...


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