samedi 15 juin - par Alain Malcolm

Considérations gauchistes, et droitardes aussi (gauche-droite 3)

 

1. Énième contribution à l'Histoire naturelle de la pensée politique...

 

2. Longtemps je me suis couché tard. C'est qu'il fallait que je comprenne le gauchisme par-delà bien et mal.

 

3. Encore une panacée ? Encore un vendeur de remède miracle ?... Non : tout simplement parce que je ne cherche pas à y remédier. Cela dit il se pourrait que j'aie touché aux principes. Ouais ça se pourrait...

 

4. Tout part de la confiance et ce n'est pas une mince affaire surtout par écrit, parce que la confiance est une affaire personnelle et pour tout dire d'instinct.

 

5. On aime vivre dans la confiance mais on n'y vit pas souvent. Pour pallier à ce problème toute une frange gauchiste s'est appelée camarade, c'est significatif d'une Nolonté de méfiance. Oui : une volonté avec un N à la place du V, une non-volonté de méfiance, une anti-volonté, une volonté contraire, bref, une Nolonté. Je ne mets pas le mot en italique ni entre guillemets parce qu'il existe dans le dictionnaire même s'il est rare.

 

6. Tous les gauchistes ne sont pas dans cette camaraderie = nolonté de méfiance, ce qui ne les a jamais empêché·e·s de vivre en vertu de cette aspiration tout en ayant leur défiance. C'est ce qui arrive quand on a une nolonté de méfiance : on entre dans le champ de la défiance qui est celui du défi, de la lutte, de la provoc, de la bravade, de la mise en garde, de la mise en demeure, du soupçon, de... la mauvaise confiance.

 

7. C'est une réaction naturelle et saine dans les conditions de la camaraderie = nolonté de méfiance que cette mauvaise confiance. J'allais dire que c'était une réaction zoologique ou du moins éthologique, et si j'avais été un Louis Ferdinand Céline j'aurais écris avec des points de suspension que... c'est biologique... à ne pas confondre avec le « bio » en supermarché.

 

8. Læ gauchiste est dans le champ de la réactivité parce qu'iel est dans une aspiration camarade Noulant se méfier, pour ellui c'est un principe moral voilà pourquoi iel se défie des moindres signaux de non-camaraderie autour d'ellui. C'est vraiment éthologique ! Car à force de pratiquer ça devient instinctif comme une seconde nature – la preuve face aux droitards (sans point médian parce que les droitardEs se sentent comprises dans le neutre émasculé du français) que tout n'est décidément pas inné n'est-ce pas ? Les gauchistes peuvent s'en féliciter.

 

9. A une époque on voyait les gauchistes tiquer devant « le capital », « le patron », « la finance » : c'étaient une réactivité morale (inscrite dans leurs mœurs donc) devant ce qui ne semblait pas camarade. Etant donné que c'est allé jusqu'à porter des pinces à linge sur le nez pour aller voter Chirac en 2002, il faut en déduire qu'il y a vraiment quelque chose de célinien dans leur réactivité morale biologique. C'est un racisme sociopolitique : un sociopolitisme – je sais ça fait tâche quand on prétend lutter contre toute forme de discrimination que de discriminer ainsi sociopolitiquement... et pourtant c'est bien de la discrimination sociopolitique, à croire qu'on ne pourra jamais se passer de discriminations en fins de compte. Par exemple on s'oppose aux « nauséabondances » qui accusent de « nauséabondance » les immigrés ou autres racailles en bas de la cage d'escaliers de la barre d'immeuble de cité. Comme on dit on ne peut pas se piffer, se blairer, le flair est aussitôt aux aguets, c'est biologique, c'est-à-dire que c'est éthologique quoi et finalement devenu de zoologie humaine acquise, que le sociopolitisme.

 

10. Franchement il n'y a vraiment qu'à gauche qu'existe ce sociopolitisme, mais c'est à force de le croiser sur Internet que toute une frange des droitards et autres complosphériques s'est mise à parler de « gauchiasses » (rapport aux odeurs de merde selon eux) mais c'est assez artificiel comme terme parce que les gauchistes n'ont pas besoin de « capitachiasse » ou de « droichiasse » pour avoir de vrais réflexes discriminatoires sociopolitistes devant le capital ou la droite. La frange internautique des droitards et autres complosphériques n'est finalement pas aussi douée pour ça qu'on pourrait le croire a priori en écoutant les gauchistes ! C'est à n'y plus rien comprendre. Enfin si : ces franges de droitards et autres complosphériques aiment répéter leurs jeux de mots, c'est comme « journalope ».

 

11. Quand un·e gauchiste qualifie la France d'En-Sous-France et de F-Rance à cause des droitards, iel ne fait que répandre sa propre rancœur sur la situation. Son principe moral pro-camaraderie lance des mises en garde et des mises en demeure contre la droitardise parce que décidément « ça ne va pas ». Et dire que les droitards eux-mêmes diagnostiquent de la souffrance et des rancidités : on ne sait plus qui a raison.

 

 

12. L'élitisme et le populisme, le mondialisme et le souverainisme, le gauchisme ou le fascisme, tout ça tout ça...

 

13. A la différence de læ gauchiste, le droitard (sans point médian parce que la droitardE se sent comprise dans le neutre émasculé du français, bis repetita) n'est pas dans une éthologie moralisatrice. Quand le droitard moralise cela se voit parce qu'il prend des airs moralisateurs. Par contre quand læ gauchiste moralise ça ne se voit pas en vertu de son vertuisme évidentiel.

 

14. Le vertuisme évidentiel des gauchistes, c'est pas le vertuisme catégoriel des droitards. Le vertuisme catégoriel des droitards est même catégoriel pour les droitards, c'est-à-dire que les droitards savent que le vertuisme est une catégorie entre les démarches et qu'ils n'y souscrivent pas tous loin de là. Céline...

 

15. Le vertuisme évidentiel procède de l'évidentialisme (tout comme nolonté c'est aussi un mot qui existe, et qui désigne la spontanéité avec laquelle on juge des choses « évidentes » au déni de tout scepticisme). C'est-à-dire plus simplement que les gauchistes ont aussi des préjugés en matière de bonnes mœurs, leurs mœurs se présenteraient-elles sous les traits du convivialisme et du libertarisme, puisqu'alors les principes moraux sont convivialistes et libertaristes. De même que Jean-Paul Sartre disait que « tout est politique » il faut admettre que « tout est moral ». C'est pourquoi læ gauchiste est vertuiste en vertu de ses « évidences ».

 

16. Comme læ gauchiste se croit trop du côté de la science (mais la science ça n'existe pas : il n'existe que des recherches scientifiques plus ou moins méthodiques produisant des résultats plus ou moins assurés)... eh bien læ gauchiste est souvent scientiste, laïcard voire antireligieux. Et de ce fait il accuse le droitard d'ignare, théocrate voire superstitieux quoi que le gauchisme foisonne aussi d'idéologies new age. Enfin là où læ gauchiste est læ plus doué·e c'est pour se distinguer du complotisme... sinon qu'el le fait sur la base de son évidentialisme qui confine au lyssenkisme.

 

17. Le lyssenkisme c'est « la science » quand on s'en sert par vertuisme évidentiel de ce qu'on a des réflexes moraux aspirant à la camaraderie = noulant la méfiance... C'est biologique.

 

18. Et Céline c'est ce qui reste du droitard quand le gauchisme règne (c'est pour ça que le Figaro nous en ressort tous les ans un énième hors série) : un être lâche, rabougri, fielleux, éminemment moderne dans son antimodernisme et symbolisant même les gauchistes quand on y réfléchit bien. Céline c'est l'antimoderne éminemment moderne en fait.

 

19. La plume étant plus forte que l'épée le roman célinien est sauf. Il faut distinguer l'art de l'artiste... mais pas l'artiste de l'homme. (M'en vais me réécouter du Noir Désir tiens.) (Pis ça m'fait r'penser à Saez aussi...)

 

20. Il y a ces gauchistes qui écologistes invoquent la Magna Mater Domina Natura croyant pouvoir causer en son nom et tancer leur petit monde... Cette Dea Gaïa n'éprouve d'ailleurs que de la défiance pour l'humain, même celleux qui prétendent défiamment la défendre... C'est trop de voir entre les gauchistes les féministes et les transgenristes se retourner même contre les gauchistes au point que ce soit tout bénef pour le Medef (l'écriture inclusive n'est d'ailleurs que de défiance féminine et transgenre). La mauvaise confiance règne... la Nolonté de méfiance... la « camaraderie » et ses aspirations... De la mouscaille pour les cinoques ! Pas étonnant que Jean Cau ait viré sa cuti...

 

21. C'est pour ça que læ gauchiste détestera toujours le droitard : parce que le droitard ne voudra être éthologiquement camarade. Le droitard n'hésite pas à se méfier et cela jusqu'à la xénophobie, le droitard n'accorde sa confiance qu'après s'être méfié, le droitard n'a donc pas à se défier particulièrement sauf en cas de signes de trahison, le droitard est sélectif pour échapper à la mauvaise confiance et n'avoir que de la bonne confiance quand il en a. Comment læ gauchiste le lui pardonnerait-iel ? Læ gauchiste rêve d'une bonne confiance absolue. Læ gauchiste voulait juste que tout le monde s'aime à la folie. Mais læ gauchiste n'était pas moins réaliste que le droitard : iel voyait bien que ce n'était pas le cas. C'était juste qu'iel ne pouvait pas se passer d'une telle aspiration et qu'iel en voulait à mort à tous ceux qui restaient plus terre-à-terre.

 

22. Le gauchisme n'avait ainsi pas peur du bellicisme devant Poutine ou Netanyahou et voulait la guerre pro-ukrainienne et pro-palestienne. Par camaraderie !

 

 



 

 

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