samedi 13 avril 2013 - par Henry Moreigne

De Louis XVI à François Hollande

Mais comment en est-on arrivé là ? Moins d'un an après son arrivée à l'Elysée, François Hollande fait l'objet de toutes les critiques, de véritables diatribes. Un climat surréel s'est installé, d'une violence verbale inédite où la haine transparait en filigrane. Cette ambiance que droite et extrême gauche voudraient insurrectionnelle interpelle par ses analogies avec le contexte pré-révolutionnaire de 1789.

François Hollande partage les rondeurs physiques et morales de Louis XVI. Un souverain que l'on décrit comme intelligent mais manquant de caractère, que sa timidité presque maladive aurait porté à adopter des attitudes hésitantes et contradictoires. Or hésitations et contradictions, pour ne pas dire louvoiements, sont les mamelles du Hollandisme. Un président certes sympathique mais insaisissable, au pragmatisme exagéré qui lui confère un côté caméléon.

Les similitudes ne s'arrêtent pas là. Il y a aussi l'épouse, Marie-Antoinette, haïe par le peuple. Mais il y a surtout la volonté de rompre avec les habitudes de débauche de la Cour, d'avoir conscience des réformes à mener mais de ne pas donner pour autant à ses ministres (Turgot et Necker) le feu vert pour mettre en place les réformes nécessaires et juguler une dette publique abyssale. Le dernier souverain français se passionnait pour l'horlogerie. François Hollande il y a peu parlait de sa boite à outils. Comme si le président normal s'était mué en monsieur bricolage.

Autre point commun, la politique extérieure. Les Etats-Unis naissants ne sont pas le Mali mais on retrouve cette idée de soutien à un idéal de liberté quitte à ce que cela contribue à dégrader des finances déjà mal en point (1 milliard de livres pour l’indépendance américaine). Or aujourd'hui, le départ des forces françaises du Mali est loin d'être acquis avec un coût des opérations loin d'être négligeable. On parle de 400 000 € par jour et une facture déjà supérieure à 100 millions €.

Si les prémices de la Révolution sont constituées d'une crise financière doublée d’une crise morale, politique et sociale, une question de mariage cristallisait hier les mécontentements. En 1789 c'était le mariage de Figaro, la pièce de théâtre de Beaumarchais qui dénoncait les privilèges archaïques de la noblesse. Aujourd'hui c'est la question du mariage pour tous qui sert de catalyseur à une droite revancharde et à une France des mécontents.

Comment se terminera le mandat de François Hollande ? Nul ne le sait. L'intelligence c'est de ne pas reproduire les erreurs. Dans un monde en plein bouleversement notre pays attend un Christophe Colomb, un navigateur au long cours, un visionnaire capable de deviner derrière l'horizon des terres accueillantes. Pas un bricoleur du dimanche.

Or force est de constater que le pouvoir socialiste fait aujourd'hui aux français une réponse à la Marie-Antoinette du style, s'ils n'ont pas de pain, qu'ils mangent de la brioche ! Les mauvaises analyses appellent les mauvaises questions. "C'est une revolte ? se serait interrogé trop tard Louis XVI. "Non sire. C'est une révolution" lui aurait-on répondu. A méditer pour l’Élysée.

 



13 réactions


  • Dwaabala Dwaabala 13 avril 2013 09:29

    Pour le financement des interventions impérialistes il ne faut pas s’inquiéter : la réserve est de 6 milliards d’euros.


  • ecolittoral ecolittoral 13 avril 2013 13:36

    C’est vrai qu’avec un Sarkozy, son « casses toi pauv’con », ses poupées vaudou interdites, son « aujourd’hui, les Français se sentent un peu plus américains », son Fouquet’s, sa croisière en méditerranée, son amour de « la gouvernance mondiale », etc. Les Français étaient mieux lotis !


    LOUIS XVI, c’était le royaume de France.
    Depuis plus de 30 ans, ce n’est plus qu’une province à mater. Et son gouverneur DOIT obéir !

  • bakerstreet bakerstreet 13 avril 2013 14:17

    Reste que la réunion des états généraux n’ont été possibles qu’avec le recours de la noblesse : Elle aussi pensait que les choses devaient changer ! Comment pouvaient ils accepter d’avoir été légèrement mis à mal par un roi réformiste, et son ministre du budget, qui avait même été jusqu’à envisager de faire payer un impôt aux nobles.
    Ils voulurent que leurs perruques soient de nouveau remboursées par la sécurité sociale, et perdirent la tête.
    La situation actuelle est bien comparable à l’ancien régime, en quoi vous avez bien raison :
    Même situations de rentes, mêmes gouffres abyssales en termes d’inégalité et de justice. Fouquet, dont la richesse rendit Louis quatorze malade de jalousie, serait moins riche que les grandes fortunes françaises, et les différences de traitement sont bien supérieures qu’elles n’étaient à l’époque.

    Voilà en quoi la situation est insurrectionnelle !

    Et la personnalité de Holland n’est pas en jeu, ou si peu, tant les français maintenant ont perdu leur naïveté, et ne se font même plus amusés par ce gadget qu’est le mariage pour tous, lancé comme un os au milieu d’une meute de chiens pour faire diversion, et qu’ils ne vous mordent pas les mollets, se battant entre eux.

    On n’aurait bien tort de croire qu’on peut se passer de valeurs morales, d’espoir, de sens. L’esprit de sacrifice et de don à la collectivité, qui font le sel des nations, ne peut exister sans ses ferments.
    Quant ils sont dénaturés, moqués, humiliés, comme on l’a vu dans l’affaire Cahuzac, mais aussi dans d’autres affaires, Woerth, Tapie, Bettancourt, farces dignes de vaudevilles, il est un moment où l’homme sans espoir, autant pour lui même que pour ses enfants, peut faire corps avec d’autres, pour foutre les soit disant élites à la porte.

    C’est comme ça que se sont construits toutes les révolutions


    • epicure 13 avril 2013 18:11

      En fait le mariage pour tous aurait pu passer tranquillement, si à droite on ne l’avait pas utilisé comme étendard , pour montrer qu’elle s’opposait à hollande parce que sur le reste il s’est contenté de signer le traité de satrkozy, poursuivre les mêmes dogmes budgétaires, et avec l’ANi voter une loi qui aurait dû être voté uniquement par des député de droite (et donc rejetée par une majorité de député qui se disent de gauche). Bref c’est surtout de al droite que vient la diversion du mariage pour tous.
      D’un autre côté entre ça et l’affaire cahuzac, l’ANi est passé comme une lettre à la poste.


  • BA 13 avril 2013 14:22

    Mercredi 3 avril 2013 :

     

    Fabrice Arfi : « Pierre Moscovici a tenté de blanchir Cahuzac ».

     

    Après quatre mois de dénégations, Jérôme Cahuzac a admis détenir un compte à l’étranger, déclenchant une crise politique.

     

    Fabrice Arfi, le journaliste qui a mené l’enquête pour Mediapart, a répondu en direct à vos questions.

     

    Mez : Pensez-vous que Hollande était au courant et a essayé d’étouffer l’affaire ?

     

    Fabrice Arfi : Bonjour à tous... Pour répondre à la question beaucoup posée sur la connaissance par la présidence de la République des faits aujourd’hui reprochés à Jérôme Cahuzac, nous pouvons dire que, à ce jour, factuellement, rien ne nous permet d’affirmer que monsieur Hollande était informé, et depuis quand, du compte suisse de son ancien ministre du Budget.

    Cela étant, la question se pose évidemment, parmi de nombreuses autres. Le fait est que François Hollande, comme tous les gens qui lisent Mediapart, était au moins informé depuis début décembre et la publication de nos premières révélations d’un faisceau d’indices graves et concordants, visant l’ancien ministre.

    En revanche, il est apparu qu’un membre important du gouvernement, le ministre des Finances Pierre Moscovici, de concert avec Jérôme Cahuzac, a mis en branle fin janvier les moyens de l’Etat pour tenter de blanchir de manière factice l’ancien ministre, en diligentant ce que l’on appelle une demande d’entraide fiscale administrative avec la Suisse. Monsieur Moscovici a publiquement assumé sur France Inter la paternité de cette opération, et a dit que la soi-disant réponse des Suisses n’ébranlait pas ses certitudes sur l’innocence de monsieur Cahuzac.

    Des journaux sont même allés jusqu’à titrer : « La Suisse a blanchi Cahuzac », alors qu’aucun journaliste n’a eu entre les mains le fameux document des Suisses, et que l’on sait aujourd’hui que les questions posées par l’administration fiscale française (dont monsieur Cahuzac avait la tutelle), n’étaient pas formulées correctement. Je rappelle que cette tentative de blanchiment orchestrée depuis Bercy a eu lieu alors qu’une enquête judiciaire était en cours depuis plus de deux semaines. Cela apparaît très clairement aujourd’hui comme une étonnante tentative de hold-up sur une enquête en cours. Et l’on voit bien à quel point les aveux foudroyants de monsieur Cahuzac viennent à eux seuls briser cette manœuvre.

     

    http://www.liberation.fr/politiques/2013/04/03/cahuzac-hollande-pouvait-il-ignorer-la-verite_893326


  • travelworld travelworld 13 avril 2013 17:14

    Comparez les époques est un exercice amusant !
    L’origine de la révolution c’est Louis XIV, en effet Vauban à la fin de sa brillant carrière avait écrit un livre sur la réforme fiscale : « La Dîme Royale » qui stipulait que tout le monde devait payer 10% de ses revenus. Ce livre a été interdit par le roi, les exemplaires brulés et les possesseurs persécutes, Vauban tomba en discrédit.
    La fin du règne de Louis XIV fut sinistre, le pays était ruiné,« Que les Français étaient petits sous Louis le grand » La taille des gens avait diminué !!!
    Tout le monde tombe sur Hollande ce qui est absurde, notre endettement est ancien ainsi que notre désindustrialisation, l’histoire établira les responsabilités, de Sarkozy et surtout de Chirac et Balladur.......


  • Taverne Taverne 13 avril 2013 18:14

    Même pas un an de pouvoir et déjà le président comprend que la période propice à la réforme est close, terminée. Alors, il lui reste à légiférer par ordonnances ou à précipiter le vote pour la loi gays.

    Peut-être aussi veut-il faire vite pour renvoyer l’ascenseur à son richissime directeur de campagne ; lequel se trouve être à la tête du lobby gay - ce qui bien sûr est pure coïncidence hum hum ! (pardon : temps humide, je m’enrhume...) - Il est propriétaire de la revue Têtue notamment...

    L’homme à tête de flan est déjà usé, fini. Plus crédible. Que va-t-il faire des 4 années qu’il lui reste de mandat ?


    • CN46400 CN46400 14 avril 2013 09:55

       Ouais, dur dur les quatre années restantes...En fait Hollande a besoin de reprendre la main, et pour cela deux possiblités, pas une de plus ; référendum ou dissolution. La dissolution, sauf à avouer un penchant pour le suicide, est interdite ; reste le référendum. Là, la dificulté consiste a trouver le sujet qui peut fédérer une majorité sur le OUI.

       Sur l’économie, même en annonçant une inflexion, voire virage, à gauche, le déficit de crédibilité engrangé en 9 mois est tel qu’ Hollande est incapable, sur ce terrain, de décrocher une réponse favorable.

      Le seul moyen de rassembler la gauche, est d’aborder les pbs posés par la sénélité, désormais flagrante, de la 5° République. Evidemment, le ravalement doit dépasser la façade, et porter sur les fondations de la République, et pas seulement sur la « transparence des patrimoines des élus ».

       De haut en bas les institutions, et les pouvoirs, sont à reviser :
       
       -Le quinquennat présidentiel, depuis 2002, a fait la preuve de ces déficiences et le retour à un septennat non renouvelable est à proposer.

       -Les modes de scrutin pour le parlement (Assemblée et Sénat) sont, eux aussi frappés d’obsolésence. La proportionnelle, majoritaire pour l’Assemblée, intégrale et suffrage universel pour le Sénat, sur des listes régionales, s’impose

       -Quand aux collectivités locales, l’articulation Région-Département doit être revue, surtout dans les régions comptant moins de quatre départements. Même problématique au niveaux des municipalités-Communauté de communes-Métropole en mettant à 5000hab la limite basse des communautés de commune, à 20 ou 25 le nombre max de communes d’une communauté. Ces collectivités, comme les communes, étant soumises au suffrage universel proportionnel (Deferre).

        - Retour à la liste unique, proportionnelle, pour les élections européennes.

       -Interdiction de tout cumul de mandat indemnisé !

       - Doit de vote des étrangers aux élections locales !

      Sur ces bases, un référendum peut espérer un ralliement ponctuel du FdG, et même un vote d’une petite minorité de la droite qui, en conséquence, pourrait remettre le quinquennat de Hollande au dessus de la ligne de flottaison.


  • esox1 13 avril 2013 19:09

    Hollande est-il de gauche ?
    Pas pour l’instant :


  • soi même 13 avril 2013 20:11

    Comment été ton arrivé là, c’est très simple c’est qu les militants socialistes non pas réalisé comment Mitterrand à donné une tournure ultra libéral en France et au ps, et quand ils ont imposés Hollande, il non pas voulue voir qu’il n’avait pas de fracture idéologique entre Sarkozy et Hollande, c’est juste l’exercice du pouvoir qui à changer, nous avons pépère tranquille à l’Élysée à la place de l’agité du bocal.

    En clair qu’elle est la ligne politique de Hollande ne pas faire de vague, surtout ne par faire de vague, surtout ne pas faire de vague, et éclaté en silence la cohésion social qui pourrait ce révélé l’os qui lui non à sa mission de dissoudre la France dans un néant Européisme.


  • epicure 13 avril 2013 20:20

    Manque plus qu’une grosse éruption d’un volcan islandais pour aggraver la situation jusqu’à la rendre intenable, comme dans les années 1780, et le parallèle pourra être parfait.
    Si j’ai bien compris l’histoire, l’éruption volcanique a modifié le climat de l’Europe de l’ouest pendant plusieurs années, les panaches qui ont bloqué les avions c’est des pets de mouche à côté, influent surtout sur ce qui était au cœur de l’économie du pays, l’agriculture.
    Ce qui a entrainé mauvaises récoltes, donc disettes et famines, et donc une forte baisse de revenus pour les paysans plus de 80% de la population à l’époque).
    Hors comme le système féodal était « bien fait », c’est le tiers état uniquement qui payait les impôts, mais des gens pauvres ils dépensent d’abord pour ce qui est nécessaire et comptent le reste. A causse des problèmes agricoles, les paysans ne pouvaient pas payer les impôts, donc les caisses de l’état se sont vidée jusqu’à aboutir à la banqueroute.
    Et bien sûr les nobles fiers de leurs privilèges ne voulaient pas payer d’impôt. (tiens ça me dit quelque chose)
    Donc le système était bloqué.

    On se retrouve actuellement dans une situation comparable sur certains points (pas au niveau disette ou famine heureusement), où les riches s’enrichissent en période de crise et veulent faire payer les pauvres, les gens modestes.


  • mario mario 13 avril 2013 21:34

    @l’auteur

    Cette ambiance que droite et extrême gauche......

    c’est quoi l’extreme gauche ? 


  • baldis30 15 avril 2013 22:29

    après Louis XV, Louis XVI, ...
    après Louis XVI, la terreur.....
    après la terreur, le directoire,....

    Certes l’histoire ne se répète pas mais elle bégaye ! Comme sous les deux derniers rois le peuple n’est pas écouté , et le référendum sur le CPE l’a bien montré, et continue de le montrer.

    A force d’avoir négligé d’abord, assassiné ensuite, la culture et la recherche, donc au départ de tout la transmission du savoir par l’école faudrait-il s’étonner qu’on en arrivât là ? 

    « L’éducation coûte cher » disait Lincoln, « essayez l’ignorance » ajoutait-il .... 

    Saint-Exupéry traduisait cela en d’autres termes par les paroles de Rivière
    « les événements on les commande, et ils obéissent »

    il n’y a pas de fatalité , ou si peu . Et on persiste au nom d’équilibres financiers à mépriser l’avenir , la culture et la recherche.

    Et l’actuel président persiste dans la voie ntracé par les précédents . Sur un plan positif Louis XVI appuya et signa la nouvelle organisation en départements, rejetant baillages, provinces, sénéchaussées et autres fiefs, .... Aujourd’hui ce qui verrouille le système c’est bruxelles dont bien des états se passent .... eh bien il faut abandonner bruxelles et ses oeuvres, sans regrets .  smiley  smiley


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