De Louis XVI à François Hollande
Mais comment en est-on arrivé là ? Moins d'un an après son arrivée à l'Elysée, François Hollande fait l'objet de toutes les critiques, de véritables diatribes. Un climat surréel s'est installé, d'une violence verbale inédite où la haine transparait en filigrane. Cette ambiance que droite et extrême gauche voudraient insurrectionnelle interpelle par ses analogies avec le contexte pré-révolutionnaire de 1789.
François Hollande partage les rondeurs physiques et morales de Louis XVI. Un souverain que l'on décrit comme intelligent mais manquant de caractère, que sa timidité presque maladive aurait porté à adopter des attitudes hésitantes et contradictoires. Or hésitations et contradictions, pour ne pas dire louvoiements, sont les mamelles du Hollandisme. Un président certes sympathique mais insaisissable, au pragmatisme exagéré qui lui confère un côté caméléon.
Les similitudes ne s'arrêtent pas là. Il y a aussi l'épouse, Marie-Antoinette, haïe par le peuple. Mais il y a surtout la volonté de rompre avec les habitudes de débauche de la Cour, d'avoir conscience des réformes à mener mais de ne pas donner pour autant à ses ministres (Turgot et Necker) le feu vert pour mettre en place les réformes nécessaires et juguler une dette publique abyssale. Le dernier souverain français se passionnait pour l'horlogerie. François Hollande il y a peu parlait de sa boite à outils. Comme si le président normal s'était mué en monsieur bricolage.
Autre point commun, la politique extérieure. Les Etats-Unis naissants ne sont pas le Mali mais on retrouve cette idée de soutien à un idéal de liberté quitte à ce que cela contribue à dégrader des finances déjà mal en point (1 milliard de livres pour l’indépendance américaine). Or aujourd'hui, le départ des forces françaises du Mali est loin d'être acquis avec un coût des opérations loin d'être négligeable. On parle de 400 000 € par jour et une facture déjà supérieure à 100 millions €.
Si les prémices de la Révolution sont constituées d'une crise financière doublée d’une crise morale, politique et sociale, une question de mariage cristallisait hier les mécontentements. En 1789 c'était le mariage de Figaro, la pièce de théâtre de Beaumarchais qui dénoncait les privilèges archaïques de la noblesse. Aujourd'hui c'est la question du mariage pour tous qui sert de catalyseur à une droite revancharde et à une France des mécontents.
Comment se terminera le mandat de François Hollande ? Nul ne le sait. L'intelligence c'est de ne pas reproduire les erreurs. Dans un monde en plein bouleversement notre pays attend un Christophe Colomb, un navigateur au long cours, un visionnaire capable de deviner derrière l'horizon des terres accueillantes. Pas un bricoleur du dimanche.
Or force est de constater que le pouvoir socialiste fait aujourd'hui aux français une réponse à la Marie-Antoinette du style, s'ils n'ont pas de pain, qu'ils mangent de la brioche ! Les mauvaises analyses appellent les mauvaises questions. "C'est une revolte ? se serait interrogé trop tard Louis XVI. "Non sire. C'est une révolution" lui aurait-on répondu. A méditer pour l’Élysée.