De Villepin, leader de l’opposition à Sarko ?
C’est trop drôle... Le Modem se tait, le PS dit n’importe quoi... Et de Villepin parle comme s’il était leader de l’opposition... A trois niveaux : l’indépendance de la justice (mais oui !), l’action réformatrice de Sarkozy et le type de gouvernance de ce « Bourgeois gentilhomme » très people qui occupe l’Elysée et est entouré de « cire-pompes »...
A une semaine de son audition dans le dossier Clearstream, l’ancien Premier Ministre affûte sa défense. En passant à l’attaque. Avec une cible principale, esquissée plus que dessinée : Nicolas Sarkozy... A tel point que « l’affaire de Villepin » pourrait bien devenir « l’affaire Sarkozy », ne serait-ce que dans la mesure où à travers son cas, l’ancien Premier Ministre met en cause l’indépendance de la justice... Reste à savoir comment les juges qui viennent de recevoir une lettre de lui vont réagir....
Dans sa lettre aux juges (révélée en partie par Paris Match), il proteste contre le montant de la caution qu’il doit payer (200 000 euros). Il réitère son innocence et met en cause l’instruction : « Permettez-moi, par ailleurs, de m’étonner du procès d’intention politique qui m’est fait. Il est plus qu’absurde de m’accuser d’avoir voulu discréditer un soi-disant rival », affirme-t-il, faisant allusion, bien sûr, à Nicolas Sarkozy. Sarkozy qu’il accuse d’avoir mis et de mettre de l’huile sur le feu : « Que penser d’une instruction où la partie civile, en tout cas la seule qui retienne l’attention, est le président de la République lui-même, et à ce titre susceptible de donner à la chancellerie toute instruction qu’il juge opportune. Etrange situation pour un Etat de droit, mais je veux croire en la justice de mon pays. Je veux croire aussi en la force de la vérité et je me battrai sans relâche pour cela. »
Dans une émission enregistrée à diffuser vendredi sur France 2, de Villepin va loin, d’un façon plus précise : « Quand on dit qu’on veut pendre quelqu’un à un croc de boucher et qu’on est ministre d’Etat, ministre de la Sécurité ou président de la République, on impressionne d’une façon ou d’une autre la justice », dit-il en faisant allusion à des propos prêtés dans plusieurs livres à Nicolas Sarkozy.
« Je veux comprendre », lance-t-il enfin dans cette émission (« Esprits libres »), avant de promettre qu’il demandera « excuses et réparation » : « Le 13 au soir, la fiction d’une affaire politique dans Clearstream, qui serait au cœur du dossier sera finie. » (...)
« Quand on n’a rien à se reprocher, on n’a pas peur. » (...) « Il n’y a rien » dans le dossier, continue-t-il, se demandant « comment une affaire internationale (qui) pouvait menacer les intérêts français » serait devenue politique « par un tour de passe-passe ».
« Qui l’a organisée ? », s’interroge Dominique de Villepin : « Qui a eu intérêt pendant trois ans à multiplier les fuites de l’instruction pour démontrer que j’étais, au fond, l’homme qui avait organisé tout ça ? Il se trouve que c’est faux et qu’on le saura le 13 septembre. »
L’ex-Premier Ministre de Jacques Chirac critique aussi Sarkozy sur le plan politique : il a ainsi affirmé sur Canal+ qu’il n’était « pas sûr » que la France aille mieux si l’on se « contente » d’appliquer toutes les promesses de Nicolas Sarkozy. Dominique de Villepin a préconisé de « prendre d’autres mesures » : « Faisons en sorte, puisque l’état de confiance est là, que notre économie puisse repartir sur de nouvelles bases. Ca implique aujourd’hui des dispositions fortes. »
« J’entends dire ce que je pense », avait prévenu l’ancien chef du gouvernement, qui multiplie les interventions dans les médias depuis fin août à l’occasion de la parution de son nouvel ouvrage sur Napoléon, Le Soleil noir de la puissance.
Ce passionné qui aime à disséquer le pouvoir en presque chirurgien se pose en « conscience » de la majorité face à « l’esprit de cour » des « béni-oui-oui » et des « cire-bottes » qui menacent selon lui l’action du chef de l’Etat .
« Ce n’est pas quand vous êtes entouré de béni-oui-oui, de cire-pompes et de courtisans que vous faites avancer un pays », a-t-il dit, invoquant l’exemple du Bourgeois gentilhomme, personnage fat, entiché de noblesse, créé par Molière. « On confond parfois le pouvoir et la gloire », a-t-il souligné. « Le Bourgeois gentilhomme, c’est toujours celui qui se met en scène. C’est forcément celui vers lequel les regards se tournent. »
« Je suis celui qui remplit le rôle de conscience et d’aiguillon d’une majorité qui ne doit pas s’endormir sur ses lauriers », a-t-il expliqué, rappelant les « courtisans » à la réalité d’ « une conjoncture économique difficile », d’un « investissement pas glorieux » et d’un commerce extérieur qui « atteint les chiffres les plus mauvais ».