Élection : les vaincus nous prennent pour des imbéciles

Voilà, le premier tour est passé, les dés sont jetés, et le même couple infernal se présentera aux suffrages des Français le 24 avril prochain. Chacun d’entre nous aura alors à choisir entre la peste et le choléra diront certains, ou, autre alternative le vote blanc ou l’abstention.
Certains, notamment les membres de LREM, se réjouissent de ce que le cataclysme annoncé relativement aux abstentions n’aurait pas eu lieu : ils ont tort. D’abord parce que personne n’avait annoncé qu’il y aurait plus de 30 % d’abstention, tout au plus les instituts de sondage et les politologues avaient pronostiqué qu’il y aurait une forte abstention ce qui est le cas puisqu’elle s’élève à 26,31 % des inscrits ce qui représente qu’on le veuille ou non un peu plus d’un quart des électeurs inscrits sur les listes électorales, un chiffre qui, si on ajoute les votes blancs et nuls, s’élève alors à 27,92 % ce qui est proche du tiers des électeurs : 1 Français sur 3 n’a exprimé aucun choix, ce n’est pas rien. À ces chiffres il faudrait rajouter ceux des citoyens qui ne se sont pas inscrits sur ces listes un choix qui n’est pas sans signification.
Donc, un tiers des Français qui n’exprime aucun choix entre les candidats pour les politiciens ce n’est pas un cataclysme ; prenons en acte. Toutefois, ces chiffres devront être analysés avec un regard sociologique et statistique, ce qui n’a rien à voir avec l’analyse politicienne et marketing, notamment parce qu’il s’agira alors de donner une image de la société et de ses choix électoraux au regard des « catégories sociales » et des territoires ; il ne s’agira pas, alors, de conforter tel ou tel candidat lesquels devraient examiner plus attentivement ces études afin de mieux comprendre le pays et ses citoyens.
Mieux comprendre les citoyens et leurs votes éviterait sans doute aux politicards de tous bords de proférer autant de bêtises. À commencer par les membres de LREM qui, insistant sur l’absence de cataclysme, montrent combien ils méprisent ce tiers de citoyens qui se sont abstenus, qui ont voté blanc ou qui ne se sont pas inscrits sur les listes électorales ; ceux-là ne compteraient pas, leur voix n’en serait pas une pourtant chacun de ses actes a une signification que tout gestionnaire du pays devrait prendre en compte, ne pas le faire c’est laisser 1/3 des citoyens sur le bord de la route.
Mieux comprendre les citoyens, et les respecter, c’est aussi les laisser libres de leur choix. Ce n’est pas respectueux que de leur dicter pour qui ils doivent voter, un tel agissement renvoie à des pays autoritaires ou en régime de dictature, là où le gouvernant dicte le bon vote. Ainsi, comment se fait-il que ceux qui ont perdu à ce premier tour de l’élection, dont la plupart ont fait moins de 5 % des voix, se permettent d’indiquer aux électeurs le choix qu’ils devraient faire au 2e tour de cette élection. Après avoir fustigé pendant des mois Emmanuel Macron voilà qu’ils demandent que nous votions pour lui alors que son programme est aux antipodes de ce que ces perdants proposaient : de qui se moquent-ils ? Ce n’est pas à eux de nous dire pour qui voter, ni d’ailleurs si nous devons faire barrage à Marine Le Pen, nous sommes assez « grands et intelligents » pour choisir en toute autonomie ! Le summum de la stupidité politicarde a été atteint par Yannick Jadot qui incite ses électeurs à voter pour Emmanuel Macron tout en annonçant que voter pour lui ce n’est pas cautionner sa politique ; où est l’astuce, où est la malhonnêteté intellectuelle, où est la tromperie, où est la manipulation, où est la recherche d’un maroquin ? Que Monsieur Mélenchon soit déçu par sa 3e place se comprend très bien, pour autant ça ne lui donne aucune légitimité pour nous donner des leçons de vote. Pas plus que Madame Pécresse n’a à nous dire pour qui elle va voter, son choix ne regarde qu’elle et annoncer ce choix en même temps qu’elle reconnaît son échec c’est dire aux électeurs « suivez-moi sur le chemin de la soumission au prince ». Ce prince dont pendant des mois elle a critiqué les actions, les décisions, les options sociétales, voilà qu’elle le déifie parce qu’il serait le seul bouclier contre Marine Le Pen ; or bien des points de la gestion d’Emmanuel Macron sont pires que ce que propose Marine Le Pen, quant au traitement de l’immigration le sinistre Darmanin, ministre au combien macronien, a touché le fond de l’ignominie en organisant de véritables dragonnades contre les immigrés à Calais. Mais on peut comprendre que Madame Pécresse veuille voter pour Emmanuel Macron puisque leurs programmes sont tellement voisins et n’a-t-on pas souvent dit qu’elle pourrait être « Macron compatible ». Je n’évoquerai pas ici le cas d’Anne Hidalgo ni celui de Fabien Roussel, je risquerai de me laisser emporter par une vague de colère qui amènerait des mots sans doute outranciers ; je relèverai simplement le fait que si elle et lui ne s’étaient pas présentés, s’ils s’étaient alliés dès le départ avec Jean-Luc Mélenchon celui-ci serait vraisemblablement au 2e tour aujourd’hui. Le parti communiste était en mort cérébrale depuis que François Mitterrand l’avait réduit à n’être qu’un colleur d’affiches pour le parti socialiste, aujourd’hui Fabien Roussel vient de signer son acte de décès ! Quant au parti socialiste infecté par le cancer du néocapitalisme et de la finance inoculé par François Hollande et Manuel Valls, ce Parti socialiste est aujourd’hui en phase terminale et devrait rentrer dans un service de soins palliatifs.
Emmanuel Macron a réussi son pari : il a exterminé les partis politiques à l’exception du Rassemblement national, réduit à néant les syndicats, soumit les magistrats et renforcé la police la plus répressive qui soit. Alors à quoi bon aller voter ? Cette situation me fait me rappeler le long article d’Émile Zola le 20 août 1893 dans Les Annales Politiques et Littéraires où il écrit : « Nous voici en pleine période électorale, et la grande comédie moderne recommence une fois encore. Molière, aujourd’hui, étudierait là les appétits et la sottise des hommes. C’est une rage universelle, c’est un étalage de toutes les médiocrités, c’est la bête humaine lâchée avec ses vanités et ses misères. Au vingtième siècle, le résultat pourra être superbe ; mais, à cette heure, la cuisine en est des moins ragoûtantes. » Non Monsieur Zola, le vingtième siècle ne fut pas meilleur et le vingt et unième est sans doute pire, à tel point que les politiciens de 2022 croient comme vous l’écriviez en 1893 que « le suffrage universel n’a rien encore de scientifique, il est tout empirique. Avec la masse considérable de nos électeurs illettrés [comme l’a dit E. Macron à propos des travailleuses d’un abattoir breton], avec les honteux trafics sur la coquinerie des uns et la bêtise des autres, on ne peut savoir ce qui sortira du scrutin. » Alors mieux vaut pour les politicards, d’aujourd’hui comme d’hier, de nous dicter quoi voter. Comme vous, j’ai envie de crier « Ah ! Je la hais cette politique ! Je la hais pour le tapage vide dont elle nous assourdit, et pour les petits hommes qu’elle nous impose ! […] Quoi ? Est-ce possible, est-ce donc la France qui est là ? Non, la France est ailleurs, elle n’est pas avec la vermine qui la dévore, elle est avec ceux de ses enfants qui pensent et qui travaillent. »
Peuple de France ne te laisse pas dicter ton vote, ne laisse pas les vaincus s’incruster dans ton cœur et dans ton âme, ne les laisse pas chercher une place au soleil à ton détriment : vote pour qui te semble utile au pays, ou si personne ne te convient abstiens-toi ou vote blanc !