vendredi 30 janvier 2009 - par
Emmanuel Gabla : une cyber-sentinelle au CSA ?
Des 3 nouvelles têtes récemment nommées au Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, cette officine occulte dont on dit qu’elle est composée de Sages, je voudrais vous parler de celle choisie par Bernard Accoyer du haut de son Perchoir…
Car on a beau scruter la presse, l’unilatéralité de l’info en domine lourdement le sujet d’une chronique à l’autre. Il ne s’est agit en effet ça et là que de la nomination de Françoise Laborde (Nommée par Nicolas Sarkozy), notre Madame Info-Météo-peopolo nationale, la dernière Diva du service public depuis feu France Roche. Une petite phrase sur Christine Kelly, nommée par Gérard Larcher (Pdt du Sénat), et 2 petits mots pour Emmanuel Gabla, le 3ème sur la liste.
Cette nomination est un coup de maître médiatique. On vient d’élire un président noir aux US, on avait déjà Fadela, Rachida et Rama, on a eu Azouz, et voilà notre couple Christine Kelly / Emmanuel Gabla. La discrimination positive bat son plein, mais je serai le dernier à m’en plaindre.
Nous avons donc parmi nos trois nouveaux Sages :
- Françoise Laborde, la star la plus maternellement adulée du PAF,
- Christine Kelly, Icône du professionnalisme de l’info "produite" d’LCI, auteur entre autres, d’un éloge à la gloire de Fillon, et
- Emmanuel Gabla, laconiquement, et tellement unanimement que c’en est déjà suspect, présenté comme un anonyme "ingénieur des Télécommunications"... tiens, tiens... Pourquoi pas, après tout, je suis moi-même un ex-abonné au Gaz...
La Star et deux discriminés positifs, voilà de la bonne com (merci de ne pas me prendre pour un raciste primaire, faut faire gaffe avec le révisionnisme en ce moment...) ou je ne m’y connais pas.
Alors, qui est cet Emmanuel Gabla ? Eh bien... Ben, un "ingénieur des Télécommunications", comme il est dit ou écrit partout. Né à Strasbourg d’une mère médecin anesthésiste et d’un père professeur de philosophie, docteur en sociologie, Emmanuel y poursuit de brillantes études, puis polytechnique, enfin les Telecoms, dont le stage de fin d’études à l’antenne new-yorkaise de France Télécom, révèle dans le jeune fonctionnaire "le goût de la régulation, un domaine plutôt juridique vers lequel je n’étais pas à l’origine très porté en tant qu’ingénieur". Et c’est donc tout naturellement qu’Emmanuel Gable "choisit" à son retour des USA un poste en ministère, à la DG des postes et télécoms, dans dans le domaine "réglementation et international".
Le profil de notre "Sage-ingénieur des Télécommunications" se dessine...
Je voudrais ici rappeler brièvement (est-ce possible ?) quelques-unes des dernières frasques de Frédéric Lefebvre, député UMP informatiquement proche du président, relatées sur Agoravox (il s’agit en fait d’avant dernières : on se souvient de l’interview tragi-comique du palais Bourbon lors du sursaut républicain des socialistes). Frédéric Lefebvre y relatait les dangers d’Internet : tout y passait : mafia, crime organisé, milieu, sexe, violence, contrôle parental...
Une vidéo nous montrait le personnage critiquant le Web 2.0 sans pouvoir dire ce que c’était in fine. Précédemment, Lefebvre apparaissait dans les colonnes d’Agoravox suite à sa tentative de faire passer l’amendement 844 à la "loi audiovisuelle". Il s’agissait cette fois en gros d’étendre les compétences du CSA au contrôle du web. Autrement dit, le député tentait de faire introduire au sein des "sages" un super-contrôleur du web apte à redresser les tords qu’Internet nous cause à tous. Et à nos enfants ; bientôt à nos grands-parents.
Mais que l’assemblée ait refusé d’entériner la création d’un Modérateur en chef n’a pas empêché Bernard Accoyer, son président de nommer la personne la plus adéquate pour le job, un (presque) anonyme fonctionnaire : Un "ingénieur des télécommunications".
La boucle est bouclée… Frédéric, tu fais trop confiance au système parlementaire !
Alors on pourrait dès lors mieux comprendre cette nomination de cet "ingénieur des télécommunications" suivant dans l’ombre nos séduisantes et indubitables stars, car il demeure qu’Emmanuel Gabla, "ingénieur Télécom au goût de la régulation reconverti à la réglementation" a le profil de l’emploi : en plus de ses goûts pour la régulation et le juridique, il a appris les convenances auprès d’abord de Raffarin, puis sous Sarkozy, de Devedjian, pour le service duquel il s’est voué au contrôle informatique en tant que "chef du service des technologies et de la société(?) de l’information". Ce service a notamment en charge toute la politique réglementaire et de direction de la recherche et développement dans le secteur des technologies de l’information. Une spécialité faisant certainement cruellement défaut au CSA.
"Tu vois fallait pas se fatiguer, Frédéric."
Bonne chance Françoise !