mardi 1er juin 2010 - par Raymond Viger

Faut-il légiférer l’Internet ?

En France, le sénateur Jean-Louis Masson dépose un projet de loi pour empêcher l’anonymat sur l’Internet. Son objectif est d’empêcher la diffamation retrouvée de temps à autres sur le Web. M. Jean-Louis Masson veut protéger le commerçant qui se fait lyncher par un concurrent déloyal ou encore le politicien qui subit une campagne de salissage.

 
Je suis totalement contre l’idée de perdre l’anonymat sur Internet. Personnellement, je m’identifie avec mon vrai nom et ma photo. C’est un choix personnel. Mais j’ai eu beaucoup d’échanges avec des internautes qui trouvaient sur l’Internet un espace pour parler librement. Et cette liberté d’expression leur était permise parce qu’ils étaient protégés par l’anonymat. Il ne faut pas banaliser les représailles des employeurs contre des employés qui ont besoin de s’exprimer. Plusieurs internautes m’ont avoué craindre un congédiement s’ils perdaient leur anonymat.
 
Le web social et anonyme

Je fais aussi beaucoup d’intervention auprès de personnes suicidaires qui viennent anonymement sur mon blogue pour parler de leur vécu. Et cela ne serait pas possible si les internautes avaient à s’identifier. Ces internautes déprimés et suicidaires profitent d’un espace anonyme pour livrer leur souffrance et leur vécu. Des confidences qui ne pourraient pas se faire sans cet anonymat. Un peu comme les fraternités Alcooliques Anonymes, Gamblers Anonymes et autres, l’anonymat permet une démarche vers un nouveau mode de vie.

Débordement de l’Internet anonyme

Qu’est-ce qui motive le sénateur français Jean-Louis Masson de présenter un projet de loi pour empêcher l’anonymat sur internet ? Les débordements sont quand même des cas d’exceptions. La diffamation n’y est que rarissime. Qui sont les grandes victimes de l’Internet ? Ne serait-ce pas les politiciens qui s’entredéchirent entre-eux ? Est-ce que les politiciens redoutent des attaques de leurs adversaires politiques provenant de sympathisants anonymes ? N’oublions pas que dans des cas de diffamation ou de débordement majeur, la police peut en arriver à identifier l’adresse IP des internautes. Que la police fasse enquête dans les cas de débordement et que les politiciens laissent tranquille la très grande majorité des internautes qui utilisent l’Internet adéquatement.

La violence des politiciens

Et si les politiciens ont si peur que cela des vendetta Internet contre eux, c’est peut-être parce qu’ils n’aiment entendre ce que les citoyens ont à leur dire ? Ou encore sont-ils conscients que la politique est un monde cruel et sanguinaire prêt à utiliser tous les moyens pour discréditer les hommes politiques ? Même sans l’anonymat, la politique est violente et les débordements sont la règle. Peut-être faudrait-il légiférer sur la violence de certains hommes politiques plutôt que sur la liberté d’expression des citoyens !

Pétition pour l’anonymat sur l’Internet

Circule présentement une pétition sur l’Internet pour préserver le droit à l’anonymat.

Nous tenons à affirmer notre attachement à la liberté d’expression sur Internet, qui a permis à tout un chacun de participer au formidable développement de l’information et des débats sur le réseau.

Une proposition de loi , déposée par le Sénateur Masson , prévoit de remettre en cause le droit à l’anonymat des blogueurs.Il s’agirait de leur imposer la publication de leur nom, de leur adresse mail, et semble-t-il aussi de leur adresse et de leur numéro de téléphone.

Nous considérons qu’une telle loi porterait atteinte à la liberté d’expression sur Internet. Les blogueurs qui choisissent l’anonymat le font pour des raisons liées à leur vie professionnelle ou personnelle. Sans cet anonymat beaucoup arrêteraient de bloguer.

Nous appelons les députés et sénateurs à refuser cette proposition de loi, qui contrairement à ce que prétendent ses auteurs, n’apporterait rien en ce qui concerne la protection contre la diffamation, déjà efficacement assurée par la loi actuelle. Rappelons que la loi LCEN fait obligation aux hébergeurs de blogs de supprimer immédiatement les publications litigieuses sur simple demande, et de communiquer le cas échéant à la justice les coordonnées de l’auteur.

Il n’est donc nul besoin d’une loi supplémentaire qui aurait pour seul effet de brider la liberté d’expression des internautes.

Pierre Chappaz, Pdg Wikio

Jean-Baptiste Clot, Pdg Canalblog

Olivier Creiche, PDG d’EZ Embassy (distributeur du service TypePad)

Jean-François Julliard, secrétaire-général de Reporters sans frontières

Frédéric Montagnon, Pdg Over-blog

Tristan Nitot, Président, Mozilla Europe

Philippe Pinault, Pdg Blogspirit

Jeremie Zimmermann et Philippe Aigrain, La Quadrature du Net

Pour soutenir cet appel, vous pouvez laisser un commentaire signé de votre nom ou de votre pseudo, et indiquer l’adresse de votre blog si vous êtes blogueur. N’hésitez pas à relayer l’initiative sur votre blog, plus nous serons nombreux, plus nous aurons de chances d’être entendus !Entrevue de Jean-Louis Masson sur le projet de loi pour contrer l’anonymat sur l’Internet.

Autres textes sur l’Internet :

Fraude sur l’Internet

Wikipédia et le journalisme

Antisémitisme sur Facebook

Des meurtriers vendent leur art sur Internet



7 réactions


  • HELIOS HELIOS 1er juin 2010 10:35

    ... allons y :

    je suis objectivement POUR l’anonymat sur internet, un anonymat bien compris, un anonymat liberateur, un anonymat démocratique en quelques sortes.

    Je suis donc CONTRE le projet de loi de ce sénateur, qui à défaut de n’avoir pas vraiment compris comment fonctionnait techniquement internet aujourd’hui, a par contre tres bien compris l’interêt qu’il pouvait tirer de cette loi et l’interet qui pourait en resulter au cas un un etat deviendrait encore plus policier qu’il ne l’est actuellement. Je suis sur qu’il pourrait demander au gens de porter un code a barre dans le dos, pour que les camera de video-surveillance sache tout de suite qui vient de rentrer dans leur champ... et si par un mysterieux repli du temps, ... a la Nimitz — vous savez, ce film qui montre un porte avion americain moderne qui, au passage d’un orage temporel revient au moment de l’attaque de Pearl Harbour — donc, ce senateur est peut etre le même qui a obligé les juifs a porter une etoile jaune....

    Bonne journée...


  • jako jako 1er juin 2010 10:36

    Bonjour, perdre l’anonymat sur le net ? je ne suis pas persuadé que ce soit possible , on peux facilement vérifier quel fournisseur et obtenir facilement le nom et adresse de l’abonné mais on ne peux obtenir les identifiants de la personne connectée.
    A mon avis c’est mission impossible et heureusement


  • agent orange agent orange 1er juin 2010 11:55

    La loi proposée par le sénateur Masson est inutile et s’apparente à un acte liberticide de plus de notre société de plus en plus fliquée...
    Comme le rappèle l’article, tout internaute qui contrevient aux lois en vigueur peut être identifié par son adresse IP. Les affaires de téléchargements illégaux et de pédophilie poursuivies par la justice démontrent que l’internet n’est pas une zone de non droit.


  • M.Junior M.Junior 1er juin 2010 13:03

    Monsieur Masson s’y connait bien en campagne de salissage La preuve

    Avec humour, je ne savais que les sénateurs pouvaient se comporter en troll


    • pat30 pat30 2 juin 2010 07:30
      Merci pour le lien. 

      Ça fait un peu froid dans le dos de constater que malgré de tels agissements ce lascar participe encore à la destinée du pays.

  • Et hop ! Et hop ! 1er juin 2010 21:03

    L’usage de pseudonymes a toujours existé dans la presse et l’édition, depuis plusieurs siècles, parce que l’éditeur des affiches ou des livres est responsable de ce qu’il édite. 


    Par contre, l’usage de pseudonymes est puni comme usage d’une fausse identité, pour des publications ou des actes privés (correspondance,..). Il y a cependant toujours eu des libelles, des pamphlets et des caricatures anonymes contre les personnes en vue, en principe interdits, mais en fait tolérés. Ceux vendus à paris sur le Pont Neuf remontent à l’époque de sa construction sous Henri IV.

    Il n’y a pas de raison d’avoir moins de libertés que sous Louis XIV.

  • Internaute Internaute 6 juin 2010 20:48

    Voilà un bel exemple de la nocovité du parlementarisme. La réforme de la constitution faite par Sarkozy et qui permet maintenant à n’importe quel député de déposer un projet de loi conduit à tous les excès. Avec l’UMPS on est retourné à la 4eme république. Chacun y va de son petit projet à la con pour se faire mousser.


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