Fillon, en avant vers le passé
Le premier tour des primaires des républicains aura été une surprise : François Fillon arrive largement en tête avec 44 % des suffrages, il est fort probable qu’il sera désigné dimanche prochain comme candidat de ce mouvement. S’il devient Président ce sera donc pour le meilleur et surtout pour le pire. Car comment croire qu’un candidat au programme ultra-libéral et donc en décalage avec le Brexit et l’élection de D. Trump et qui a servi de « collaborateur » pendant 5 ans de Nicolas Sarkozy va pouvoir changer l’avenir du pays ?
Rappelons d’abord, que si François Fillon vient du gaullisme social (il a été un proche de Philippe Seguin), il s’est depuis longtemps affranchi de ce courant de pensée et s’est converti à l’européisme et au libéralisme depuis longtemps. Il a fait semblant pendant 5 ans d’être premier ministre sans pouvoir de Nicolas Sarkozy et il est donc co-responsable de la politique qui s’est tenue à cette période, même s’il ne gouvernait pas vraiment.
Son positionnement actuel est ultra-libéral, de tous les candidats de la primaire c’est celui qui a fait le plus assaut de libéralisme : retraite à 65 ans bien sûr, repasser aux 39 h, mais aussi suppression de 500 000 postes de la fonction publique et la pire des mesures car elle risque de précipiter le pays en récession : diminution de 5 % du PIB (100 milliards d’euros) sur 5 ans des dépenses publiques, ce qui implique une forte baisses des dépenses de santé, des dépenses de la fonction publique territoriale et des dépenses de l’Etat. Avec sûrement pour effet de lancer le pays dans une récession plus forte.
Françoise Fillon a plus aux électeurs conservateurs de l’UMP, notamment les plus âgés et les plus riches (cette primaire est un rétablissement du système censitaire) : il leur promet baisse d’impôt, pas de marche vers les mères porteuses et il s’est fait le défenseur (modéré) de plus de fermeté vis-à-vis de l’islamisme et des terroristes. Tout ce que cet électorat veut entendre (voir http://www.christophebugeau.fr).
Si sa position vis-à-vis de la Russie est plus favorable à une réconciliation, l’on verra à l’expérience quelle position il prendra vers les pays du Golfe, mais il risque d’être en décalage sur le plan économique et en matière de politique étrangère avec le nouveau courant qui se dégage en Occident. C’est donc bien en avant vers le passé que nous risquons d’avoir s’il est élu Président.
D’autant plus que sa position sur l’Europe et sur l’Euro est bien la position assumée du changement dans la continuité. Cet homme qui pourrait prendre en main le destin du pays en 2017 (à condition que son programme n’empêche pas la gauche de voter pour lui au deuxième tour), est fort mal outillé pour faire face à un début de guerre civile avec les islamistes présents en France, et à la Révolution que sa politique pourrait déclencher !