lundi 4 mai 2009 - par AJ

FN : par ici la sortie

1655753495.jpgScores électoraux en nette régression, dettes impayées, changement (contraint) de siège : le Front National est embourbé dans une situation délicate, en passe de marginaliser le parti frontiste sur l’échiquier politique français. Il y a deux ans, au lendemain d’élections présidentielles qui avaient vu l’échec de Jean Marie Le Pen, cantonné à un maigre 10,44% des suffrages exprimés, nul n’avait osé prédire une telle descente aux enfers pour le FN. Le déficit de voix alors rencontré par Jean-Marie Le Pen s’était elevé à plus d’un million de bulletin par rapport aux échéances de 2002. Quelques semaines après, la déroute des élections législatives, où le score moyen des candidats FN ne s’était pas élevé au dela des 4,8% des suffrages (contre 11% en 2002), avait été suivi de la très faible performance réalisée par le FN aux échéances municipales, incapable de dépasser la barre du simple pourcent.

Une situation financière délicate

Conséquence directe de ces scores électoraux bien ternes, une situation financière délicate, entachée par une dette estimée à 8 millions d’euros, due majoritairement (6,3M) à l’ancien député européen Fernand Le Rachinel et créancier non rémboursé du FN. La déroute des législatives a effectivement conduit à une baisse de 60% des subventions publiques accordées au FN, qui a par ailleurs dû s’acquitter des dettes des nombreux candidats frontistes n’ayant pas dépassé la barre des 5% aux élections législatives, condition nécessaire au remboursement des frais de campagne. Un an plus tard, lors des échéances municipales, les candidats frontistes s’étant retrouvés dans une situation identique avaient dû s’acquitter eux-mêmes du remboursement de leurs frais, le FN, faute de moyens, s’y était refusé.

Aujourd’hui, le parti a sensiblement freiné son train de vie, déplaçant son siège à Nanterre au profit des 5200 mètres carrés du "Paquebot", vendu à une université de Shangaï pour une quinzaine de millions d’euros. Cette somme avait permis au FN de s’acquitter d’une partie de sa dette, mais n’avait pas empêché le lienciement de 20 des 60 employés du parti.

 

Besancenot et Sarkozy, bêtes noires du parti frontiste

Qu’elle soit politique ou financière, la crise traversée par le Front National ne semble pas passagère. Le climat socio-économique, propice à une vague de contestation, n’a pas bénéficié au FN et à Jean-Marie Le Pen, qui, selon un sondage OpinionWay-LeFigaro publié aujourd’hui, ne récolterait que 7% des suffrages exprimés si le premier tour des élections présidentielles avait lieu demain.

 Pis, l’action controversée et impopulaire de Nicolas Sarkozy n’a pas amorcée le retour au bercail des anciens électeurs frontistes, confirmant l’éfficacité du "ratissage" des électeurs FN mené par l’actuel président lors de sa campagne présidentielle. L’image du ministre qui voulait "nettoyer la cité avec du karcher"n’a pas quitté Nicolas Sarkozy, lui assurant une certaine audience auprès des anciens électeurs frontistes.

En outre, le 21 Avril 2002 a choqué nombre de français, si ce n’est des électeurs FN eux-mêmes, qui avaient accordé leur bulletin à Jean-Marie Le Pen en signe de protestation, tout en se refusant à l’idée d’une participation au second tour du président du Front National.

Autre handicap rencontré par le FN, la mutation de l’électorat protestataire, qui s’exprimait jusqu’à alors par le biais du bulletin Jean-Marie Le Pen, tandis que le contexte économique a favorisé l’extrême-gauche, particulièrement Olivier Besancenot, dont les critiques à l’égard du "capitalisme sauvage" et des "patrons voyous" ont trouvé un échos à l’heure où les parachutes dorés et stocks-options des grands patrons font polémique. Ainsi, l’électorat contestataire qu’avait récupéré Jean-Marie Le Pen à l’aube des années 1990 aux dépents du PCF a embarqué dans le wagon retour, et c’est le NPA qui symbolise désormais l’électorat contestataire, témoignage de la mutation d’une classe, qui ne fustige plus les "racailles du 9-3" mais "les racailles du XVIème".

 

La succession de Jean-Marie Le Pen au coeur des convoitises

Le départ annoncé de Jean-Marie Le Pen au poste de président du FN, d’abord prévu pour 2010 puis repoussé à 2011, amorcera une période délicate et inédite pour le FN, dont le succès d’antan fut le fruit du seul Jean-Marie Le Pen. La succession de ce dernier a d’ores et déjà laissé apparaître plusieurs brèches de divisions, Carl Lang a ainsi quitté les instances du FN pour fonder le Parti de la France, qui présentera une liste concurrente à celle de Marine Le Pen lors des élections européennes.

Cette dernière, favorite pour succéder à son père, a d’ores et déjà reçu le soutien de ce dernier, qui avait estimé dans une interview accordée à Valeurs Actuelles qu’elle n’est pas populaire que sur son nom. Il y a sa personnalité,son charisme. Elle est sympathique et passe très bien dans les médias. Récemment, un sondage réalisé auprès de sympathisants frontistes dégageait une large majorité en faveur de Marine Le Pen (76%), en vue de la succession de Jean-Marie Le Pen.

Marine Le Pen, qui a assuré vendredi sur l’antenne d’Europe 1 qu’elle serait bel et bien candidate au poste de présidente du FN, sera opposée à Bruno Gollnish, dont les critiques à l’égard de Marine le Pen ont été des plus virulentes, il lui avait ainsi fait porter la responsabilité de l’échec des présidentielles 2007, qui serait due à la campagne de dédiabolisation qu’elle avait menée.

Mais au-dela de l’identité du successeur de Jean-Marie Le Pen, c’est la capacité de survie du mouvement sans son leader fondateur qui pose question. Les excellents résultats enregistrés lors des différentes présidentielles depuis 1988 n’ont effectivement jamais été suivis par des performances similaires lors des élections intermédiaires, posant la question de l’aura du FN lorsqu’il évolue en l’absence de son leader. En outre, l’hypothèse d’une éventuelle absence de candidat frontiste lors des élections présidentielles de 2012 n’est pas à exclure, faute de parrainages sufisants. Les élections municipales de l’an dernier ont effectivement vu le renouvellement des mandats de seuls 250 des 535 maires ayant accordé leur parrainage à M.Le Pen en 2007. La scission avec Carl Lang, qui pourrait être suivi par Bruno Gollnish compliquerait alors la chasse aux parrainages...au grand bohneur de Nicolas Sarkozy ?

 

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9 réactions


  • LE CHAT LE CHAT 4 mai 2009 11:44

    Faut pas vendre la peau de l’ours .....
    Parti à 5% , le FN est remonté à 8 % dans un autre institut de sondage , mais le chômage à 10% à la fin de l’année va faire monter la mayonnaise vers le seul parti identitaire proche des classes populaires !
    d’autre part , le Maire PS d’Henin Beaumont dans la circonscription où s’est présentée Marine est en tôle pour malversations , ça va pas la deservir !


  • unandeja 4 mai 2009 14:32

    Le FN était déclaré mort lors de la scission avec Maigret....c’était la veille du 21 avril 2002 ; la veille de son apogée.
    Je suis plutôt pessimiste quant à l’avenir du FN mais me garderais de tout pronostic hâtif. Le contexte mondial évolue largement en faveur des nationalisme (les dégâts considérables de la crise financière mondiale, les camouflets que l’UE inflige sans arrêt aux peuples européens, l’incompétence avérée de nos gouvernants depuis tant d’années...).

    Le FN est actuellement endormi mais il faut se méfier de l’eau qui dort.


  • unandeja 4 mai 2009 14:33

    PS : mais nous avons une analyse pour une fois assez objective et cela mérite un vote positif  :)


  • non666 non666 4 mai 2009 15:26

    Pour sa « baisse » : Pendant des années, les instituts de sondages sous-estimaient volontairement le score du FN pour produire « le bandwagon effect » ( l’effet de meute, l’instinct du troupeau )qui pousse les gens, comme des moutons vers le centre du troupeau, la ou est le berger et ses chiens rabatteurs, les journalistes...

    Quand le pari de Sarkozy (jouer le discours du FN) reussit, et qu’il usurpe une parti de ses voix, comme par hasard les sondages deviennent fiables.

    Pour , les sodages comprennent TOUJOURS des questions qui situent exactement le « profil » de la victime, independanment des questions beaucoup plus brutales ou plus franche (pour qui voterez vous ?...)

    Vous voulez vous en convaincre ?
    Cherchez « politest » (test politique) sur internet, faite le, et vous verrez que le sondage sait toujours exactement votre « profil ».

    La rhétorique actuelle, metanht en avant la vérité des sondages sur la base de la seule periode ou les sondages ont été vérifié (2005...) , est en train d’essayer de desamorcer la remontée previsible du vieux et de son machin dans les resultats europeens.

    Ils ont loupé le meurtre de la Bète, et elle se relève, fort mecontente, et affamée...

    L’UMP est coincé à gauche par un Bayrou qui recupère enfin la place perdu depuis Mitterand par la droite chretienne democrate au profit des marxistes .
    L’UMP est coincé à droite par un Fn qui peut desormais pretendre etre le seul parti encore debout pour les souverainistes qui ne font pas d’aplat ventrisme envers les talonettes elyséennes. De plus TOUT ce qu’annoncait les souverainistes en general et le FN en particulier se realise :
     1) Mondialisation non democratique, au profit d’interets controlés outre atlantique
    2) Flot migratoires hors de controle
    3) Mise en pauperisation des salariés français coincé entre la fuite des usines vers l’etranger et la mise en concuurence avec les etrangers sur le sol nationnal.

    L’UMP est donc mal , colonne par deux derriere le nain qui defendait bec et ongle le formidable modele anglo-saxon...

    La seule carte que Sarko a est de tenter d’annoncer la mort du FN en esperant qu’elle survienne ce coup ci.
    Après la politique de non-communication sur l’Europe, habile de la part des partis traitres (UMP/PS) qui ont voté le TCE bis(traite de Lisbonne) contre la volonté du peuple français, vient desormai la politique de ringardisation, de diabolisation des ennemis principaux.

    Point original ce coup ci : ce n’est plus le FN qui est diabolisé, c’est Dieudonné.
    Le FN, comme le modem n’ont le droit qu’a des ringardisations sensé rentre ces votes simplement stupides. Les animateurs de talk shox sont priés de nous faire rire sur ces deux nouveaux ringards tandis que leurs fausses postures de moralistes de theatres sont reservés a Dieudonné.

    Pourquoi ?

    Car l’Immigration, mise en oeuvre pour unifier les niveaux de salaires au niveau mondial grace a quelques traitres chez nous a ses propres logiques.
    14 millions de colons supplementaires depuis la Liberation , cela fait de 7 à 10 millions de musulmans qui ont leurs propres logiques, leurs propres solidarités, leur propre lobbying. L’UMP de Sarkozy esperait qu’il recupererait cet electorat comme Chirac l’avait fait. Mais malgrès rachida, fadela et rama il ne pardonne pas aux lobbies qui soutiennent Sarkozy....

    En tentant de nous faire entrere Israel, derriere la Turquie, par la porte de derriere de l’Union pour la mediterranée, Sarkozy esperait blouser ce vote immigré.
    Hela, il lit, non seulement la presse française aux ordres, mais aussi et surtout la presse arabe....
    Or cette presse a compris le leurre qu’etait l’UPM et a qui etait destiné le ticket d’entrée dans l’UE....

    Alors les aparatchick de l’UMp peuvent bien s’agiter et chercher des moyens legaux d’interdire Dieudonné comme il le fire naguère avec le FN, la seule chose importante est qu’en ce moment , ils aient peur .

    Car le resultat (ils diront qu’ils n’a pas de valeur nationnal...) est bel et bien un sondage des rapports de force EXACT dans notre pays.
    Le lendemain de ce vote nous saurons qui est vraiment minoritaire dans ce pays.




  • noop noop 4 mai 2009 17:22

    Le prochain scrutin européen s’annonce dur pour... l’Ump.
    Et la gamelle sera d’autant plus lourde que les médias « bien intentionnés » lui savonnent la planche en l’annonçant vainqueur alors que ce genre de scrutin est toujours très défavorable aux gouvernements en place...

    Cela, plus un Ps en piteuse état, peuvent faire du Npa et du Fn des heureux « perdants ».

    Le Fn a son avenir devant lui. Hélas je dirai, car sa présence comme celle du Npa révèle la destabilisation de la société française face à la mondialisation.

    Sur le sujet mais en plus subjectif
    http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/un-songe-une-humeur-55447


    • non666 non666 4 mai 2009 18:24

      La gamelle risque d’etre d’autand plus forte que le PS et l’UMP, de concert, ont reformé le scrutin europeen dans un sens qu’ils esperaient leur etre favorable.

      http://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/mathematique-et-magouilles-51285

      Or , en dessous de 10%, dans la plupard des regions, on n’a pas d’elus.
      Le plus important est dans les « paliers » intermediaires : a 15,01% on risque d’avoir deux deputés en piquant les restes a ceux qui n’ont pas franchi la limite.
      Mais a 22 ou 23% on aura aussi 2 deputés.

      Du coup la loi electorale que ces abrutis ont pondus sensée eliminer le Fn, l’ultra gauche et evenituellement tous les « petits partis » risque de se retrouver etre un grand systeme auto-equilibreur...

      Il n’est plus du tout absurde d’envisager un passage sous la ligne de zero deputés aux « grands partis » dans certaines regions.



  • Internaute Internaute 5 mai 2009 10:48

    Moi j’ai 9 ans et je remarque que l’arrivée de candidats hors établissement est toujours obstruée par le barrage des parrainages.

    Le parrainage en soi n’est pas idiot mais il devrait être uniquement une réponse d’un notable à la question « M X est-il sérieux lorsqu’il prétend être candidat ou est-ce un rigolo qui se sert de ce tremplin à d’autres fins ? ».

    En premier lieu, chaque notable devrait pouvoir valider plusieurs candidats et non pas un seul.

    Le système inique de parrainage ne sert qu’à filtrer les candidats dont le pouvoir en place veut bien pour concourrir. Ainsi, le peuple n’a le droit de voter que pour une palette de candidats pré-sélectionnés par l’UMPS. Ce n’est pas cela la démocratie. Comme une fois élus ils font ce qu’ils veulent pendant des années, qu’au moins le jour de l’élection ils acceptent la voix populaire.


    • non666 non666 5 mai 2009 19:57

      Le systeme des parrainages n’est pas seulement stupide, il est anti-democratique.

      Dans quel systeme, les candidats du parti B devraient ils demander aux elus du parti A, en place, le droit d’etre candidat ?

      Que signifie ce syteme du parainnage sinon une vassalisation complete des elus envers ceux qui tiennent les investitures des partis en place et empeche par la meme toute nouvelle force d’apparaitre ?


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